La révélation
Ecrit par lpbk
Sa main remonte le long de ma cuisse.
Lentement. Sensuellement.
Des frissons me parcourent toute entière.
Ma respiration s’accélère.
Mon cœur bat la chamade.
Sa bouche suit le même parcours que sa
main quelques instants plus tôt. Chaque baiser me fait tressaillir. Je manque
de gémir, de lui hurler d’accélérer le mouvement. J’ai tellement envie de lui.
Je sens un sourire se dessiner sur ses
lèvres lorsqu’il les approche de la partie la plus intime de ma personne.
Il sait l’effet qu’il me fait.
Il sait que je suis en feu.
Il sait que je le veux. Là. Maintenant.
Il me laisse sur ma faim, délaissant cette
zone pour remonter le long de mon abdomen. Où sa langue trace un sillon
brûlant, de mon nombril au creux entre mes seins. J’expire le peu d’air qui se
trouvait encore dans mes poumons.
C’est alors que ses dents viennent
titiller mes tétons, déjà très sensibles. Il les mordille. Les suçote tour à
tour. Les assaillant pour mieux les cajoler ensuite. Je me consume.
Littéralement.
Je sens le désir palpiter dans mon
bas-ventre. Ses caresses vont réussir à me faire jouir. Je suis au bord de l’explosion.
Brrrrr ! Brrrrr !
Un son étrange se fait tout à coup
entendre, perturbant ce moment orgasmique. Je décide de l’ignorer et me
concentre sur mon partenaire… qui a disparu !
Brrrrr ! Brrrrr !
Mais laissez-moi en paix ! Je veux
mon orgasme !
Brrrrr ! Brrrrr !
Non, ce n’est pas possible. Pourquoi
maintenant ? Il était si proche…
Brrrrr ! Brrrrr !
Je sursaute. Mes yeux s’ouvrent alors.
J’étais en train de rêver ! Ce n’est
pas possible. Je ne peux pas avoir fait ça.
Je suis vraiment en manque. J’ai fait un
rêve érotique avec André !
Merde !
La soirée me revient alors en pleine face,
tel un boomrang. Et c’est surtout la scène du baiser qui reste gravée dans ma
mémoire. Qu’ai-je fait ?
Brrrrr ! Brrrrr !
J’attrape mon smartphone, qui n’arrête pas
de vibrer. J’avoue que je suis partagée entre l’envie de l’envoyer finir sa vie
contre le mur d’en face, et celle de le remercier de m’avoir réveillée
puisqu’il ne s’agit que de mon réveil qui sonne. Je crois que s’il n’avait pas
sonné, j’aurais fait une grosse bêtise.
La raison est toujours la plus forte. Je
me lève et file sous la douche pour le rafraichir les idées. Et surtout oublier
un certain ex-amant. Je me sèche puis enfile la combinaison que j’avais
apprêtée la veille. Elle affine ma taille. Je parachève le tout avec des
escarpins. Je mets une touche de maquillage, dompte ma perruque en un chignon
coiffé-décoiffé et me voilà fin prête.
J’attrape une banane dans la corbeille de
fruits et la mange tout en lisant mes mails.
Me revient alors en mémoire celui de Franck,
allias Numéro Cinq. Je ne l’avais pas complètement oublié, de plus je m’étais
promis de lui répondre. Je me sens d’humeur conciliante et décide donc de lui
accorder une seconde chance.
Je prends la peine de relire son message
avant de rédiger le mien.
Mélanie : Franck,
J’ai pris le temps de réfléchir à la soirée de mercredi.
Tu étais ivre et je l’étais tout autant, voire plus. Ton attitude n’a
pas été des plus galantes, ni des plus sympathiques mais tu sais le
reconnaitre, ce qui est déjà un grand pas.
Je pense, moi aussi, que tu pourrais être un homme génial, qui gagne à
être connu. La situation dans laquelle nous t’avions mises, mes amies et moi,
n’était pas des plus confortables. Je m’en excuse, d’ailleurs.
J’accepte également tes excuses, car je dois dire que tu n’es pas le
seul à blâmer dans cette histoire.
Je pense être prête à te donner une seconde chance et à oublier la fin
de cette soirée qui ne nous met, ni l’un ni l’autre, en valeur.
A bientôt.
Je prends le temps de me relire puis, sans
réfléchir davantage de peur de me dégonfler, je clique sur
« Envoyer ». Les filles vont me détester lorsqu’elles sauront que je
l’ai recontacté mais je verrais avec elles plus tard. Pour l’heure, je dois
rejoindre Olivia et Anaïs pour faire le point sur les fleurs choisies pour le
bouquet et les décorations.
— J’étais tellement excitée ce matin, m’annonce Olivia,
que je n’ai pas pu résister à l’envie de venir dès l’ouverture.
Je souris à ma cliente avant de répondre.
— Je te comprends tout à fait. Je serai aussi excitée si
j’étais à ta place. Le mariage approche à grands pas.
Nous revoyons les trois bouquets qu’avait
proposés Anaïs.
Les trois sont exquis, délicieux et même
« absolument parfaits ». Cependant les deux premiers manquent tout de
même de peps. Les tons blancs rappellent le côté mariage mais ne sont pas assez
bohèmes pour Olivia. Elle opte ainsi pour le dernier bouquet plus coloré, avec
son mélange de dahlias, d’œillets, de roses aux noms variés et de gypsophiles.
Sa passementerie en dentelle blanche le rend très élégant.
— Pour moi, ce bouquet s’accorde parfaitement avec mon
thème de « bohème chic ». je voudrais que mes demoiselles d’honneur
en aient dans le même style, mais des plus petits que le mien, évidemment.
— Et que voudriez-vous pour la boutonnière des
hommes ? s’enquit Anaïs.
— Une simple rose blanche, qu’en pensez-vous ?
— Pourquoi ne pas lui associer un peu de gypsophile et
une touche de feuillage. Relié avec une ficelle, cela pourrait être intéressant,
non ? suggérai-je, à mon tour.
— Tu as toujours d’excellentes idées, Mélanie, me
félicite Olivia.
Je dois dire qu’elle n’est pas difficile à
satisfaire.
Nous discutons pendant encore deux bonnes
heures des décorations qui viendront enjoliver le jardin des Felton et la
maison des mariés.
L’arche fleurie est l’élément
in-dis-pen-sable de tout mariage en extérieur. Des roses de différentes
couleurs pastels seront associées à du feuillage retombant et des rubans.
Olivia suggère d’y ajouter des voilages blancs ou rosés, ce qui s’avère être
une brillante idée.
Pas de chemin de table pour a future
mariée qui trouve cela trop traditionnel pour le coup. Masi plutôt des boules en
verre à suspendre sur des supports métalliques recouverts de passements de
couleurs claires. A l’intérieur, y seront glissées des bougies ou diverses
fleurs. Elle tient tout de même à ce que des petits bouquets viennent
agrémenter les chaises, lesquelles seront recouvertes d’un voilage blanc ou
rosé, selon ce qui sera retenu pour l’arche.
— Avez-vous pensé à une couronne de fleurs, pour orner
votre chevelure ? propose alors Anaïs.
— Qu’en penses-tu, Mélanie ?
— Tu m’as dit que tu voulais laisser tes cheveux flottés
librement. La couronne viendra sublimer ton afro.
Cette matinée a été fructueuse puisqu’Anaïs
et moi avons les grandes lignes des décorations. Nous sommes toutes les trois
entièrement satisfaites
— Que dirais-tu d’aller manger ensemble, avant d’enchainer
sur le choix de la robe.
— Excellente idée, acquiesçai-je.
— Je t’invite dans l’un de mes restaurants préférés. Il n’est
qu’à quelques rues d’ici, m’entraine Olivia.
Quelques minutes et nous sommes installées
à l’une des tables du Persée. Le personnel est bienveillant et connait
visiblement très bien Olivia, qui a droit à un traitement de star.
— Je t’invite ! me lance Olivia alors qu’un serveur
nous apporte le menu.
— Non, je…
— Fais-moi plaisir, s’il te plait ! fait-elle mine
de me supplier, en prenant un air de chien battu à la André.
J’éclate de rire, et elle fait de même.
Olivia commande pour nous deux menus
dégustation du chef à neuf plats. Rein que ça. Il est même précisé qu’aucun
ingrédient n’est répété dans le menu.
Je m’apprête donc à savourer un sabayon de
tapioca aux huitres et caviar Sévruga de Russie, un tartare d’albacore
autrement dit de thon, un gâteau de l’Hudson au foie gras, entre autres
délices.
— Tu verras, tu vas te régaler. D’ailleurs, c’est ici
que Pierre m’a fait sa demande…
— Oui, je sais.
— Tu le sais ? répète Olivia, interloquée.
— André m’en a parlé, hier soir…
— Tu as vu André, hier soir ? s’exclame la sœur de
mon « client », faisant se tourner quelques têtes désapprobatrices.
— Oui, il voulait se faire pardonner d’avoir fait une
bourde lors de la dégustation pour votre repas. Il m’avait promis de me parler
de votre histoire, à Pierre et toi.
— Et André est un homme de parole… me rétorque Olivia
sarcastique. Tu sais, reprend-elle sérieusement, André ne t’a jamais oubliée.
— André et moi, c’est de l’histoire ancienne ! De l’eau
a coulé sous les ponts.
— Toutes ses petites-amies étaient ton antithèse.
— Qu’essaies-tu de me dire ?
— Qu’il a essayé de t’oublier mais qu’il n’y est jamais
parvenu. Toutes ses pimbêches, qui se pavanaient à ses côtés, étaient
terriblement insipides, artificielles et bêtes à manger du foin, comme disait
ma mère. Tout ton contraire en somme.
— Non, c’était juste…
— André est et a toujours été amoureux de toi. Aujourd’hui
encore, il a des sentiments pour toi. Ca crève les yeux.