La triste réalité
Ecrit par Nadia.K
*** Huit semaines plus tard
« Je ne peux pas l’accepter ! »
Rire nerveux.
« C’est plus que ce
que je peux supporter ! C’en est trop ! Qui
peut le croire ? Même moi je n’y crois pas encore … »
Bénédicte était en plein monologue enfermée dans
sa chambre de jeune fille, dans la maison de son père. Sa vie était un
casse-tête. Une énigme pour génie, elle ne savait pas comment se sortir de
cette histoire. Son mari et sa fille ? Sa fille et son père ?
Existe-t-il seulement une solution à ça ?
Si quelqu’un sait ce qu’elle doit faire qu’il le lui dise.
Après avoir découvert tout, comme un voile
venait de s’ôter de ses yeux. Paul n’était qu’un être abjecte qui méritait de mourir
comme le rat d’égout qu’il était. Elle le haïssait de tout son cœur, le
maudissait ensuite puis se haïssait elle-même.
Sa vie était un échec. Ce soir-là, il n’avait
pas parlé. Il n’avait rien fait d’autre que se lever et lui claquer la porte au
nez, le croirez-vous ? Elle s’était jeté sur la porte telle une furie,
tambourinant cette porte avec toute l’énergie qu’il lui restait. Quel monstre
avait-elle fait entrer dans sa vie ?
Le premier coup de poing qu’elle reçut, elle
ne le vit pas venir. Paul, le regard injecté de sang venait de lui donner une
droite aussi forte que s’il était en championnat de boxe. Les autres coups,
elle les vit bien venir, tout au moins au début. Après son œil saignait trop,
il n’y avait que la morsure de la douleur dans sa chaire et dans son âme qui lui
rappelait le passage à tabac qu’elle subissait.
Ses oreilles entendaient bien les injures de
cet homme, ses oreilles entendaient bien le bruit que faisait ses côtes cassées
et celui bien plus fort de son cœur brisé.
« Tu as vraiment cru que je t’aimais ? Plus
stupide que toi n’existe pas ! Je t’ai épousé et supporté pour le pouvoir.
Tu n’es qu’une pauvre cruche comment pourrais-je t’aimer ? Heureusement qu’Aya
n’a rien de toi ! Son corps, sa prestance, son intellect ! Tu ne lui
arriveras jamais à la cheville ! Comment tu oses nous interrompre ?
Je vais en finir avec ta misérable vie aujourd’hui ! C’est aujourd’hui que
tu meurs ! »
Autant de parole qu’il débitait coup après
coup. Ses oreilles entendaient tout même si elle se sentait partir peu à peu.
Il se tut enfin, mit ses mains autour de son cou et serra. Trou noir !
Bénédicte se réveilla 4 semaines après dans
un lit d’hôpital, avec des bandages partout, des blessures encore douloureuses
et des flashs horribles de cette fameuse nuit cauchemardesque.
« - Infirmière !!! Appelez tout de
suite le médecin ! Elle s’est réveillée »
Les médecins se succédèrent à son chevet ?
Vérifiant ses constantes alors que Jeanne la regardait pleine de compassion.
Paul déboula dans la chambre et l’embrassa :
« Mon amour ! Enfin tu es réveillée !
J’ai vraiment cru que j’allais te perdre ! Dieu merci, Dieu merci tu es
réveillée ! Ne me refais plus jamais ça s’il te plait ». D’une voix empreinte
à l’émotion, il lui ajouta : « J’ai cru mourir tellement j’avais
peur de te perdre ».
Elle assistait à la scène interdite.
Incapable de dire mot. Son cerveau commandait à sa bouche de parler, mais sa
langue était trop lourde pour sortir le moindre mot.
Le médecin : « Elle va aller mieux
Monsieur. Votre femme est une battante. Elle a vraiment frôlé la mort. Ses
fonctions cognitives marchent correctement. Elle retrouvera peu à peu l’usage
de la parole et se fera plus expressive. Il lui faudra beaucoup de repos
pour se remettre mais je suis confiant et je pense que son pronostic vital n’est
plus engagé »
Paul : « Ca veut dire qu’elle va
aller mieux ? Elle n’a pas perdu la mémoire ou quelque chose du genre ? »
Le médecin : « Elle a subi un traumatisme.
Son esprit va se réadapter à la réalité peu à peu. Les souvenirs lui
reviendront normalement par flash. Il faudra la rassurer quand cela arrivera.
Il faudra l’entourer de beaucoup d’attention. C’est bien que vous soyez-là,
elle se sentira plus en sécurité »
Paul : « Merci docteur. Merci pour
tout. Je vous serais éternellement reconnaissant »
Alors que Jeanne, en retrait jusque-là s’avançait,
Paul expliquait :
« Mon amour, je sais que tu ne
comprends pas forcément ce que tu fais dans ce lit. Tu as été agressée à notre
maison de Bassam. Tu pensais nous y trouver Aya et moi mais tu es tombée
malheureusement sur des cambrioleurs qui ont essayés de te tuer. Heureusement
que Jeanne m’a appelé le lendemain quand elle n’arrivait pas à te joindre. Je
me suis tout de suite rendue à la villa où je t’ai trouvée presque morte. Mais
Dieu merci, tu es vivante »
Jeanne : « Je suis tellement
désolée. Je m’en veux tellement si tu savais. Si je ne t’avais pas conseillé d’y
aller rien de tout cela ne serait arriver »
Paul : « Ne t’en veux pas Jeanne. Ça
devait arriver ».
Toute la journée, Béné reçut visite sur
visite. Paul ne la quittait pas d’une semelle. Elle était restée dans le coma,
4 semaines. Ses proches s’étaient inquiétés. Elle ne reçut ni la visite d’Aya,
ni celle de son père. Elle bouillait de rage au fur et à mesure que les
souvenirs affluaient. Elle était également terrifiée, il avait voulu la tuer une
fois. Il pourrait recommencer. D’ailleurs il la surveillait comme du lait sur
du feu. En fin de journée, une fois seuls, Paul recouvra son vrai visage. Avec
une froideur sans pareille il lui dit au creux de l’oreille :
« Je sais bien que tu ne peux pas parler
pour l’instant. Mais tu comprends bien ce que je te dis. Si jamais, il te vient
à l’idée de donner la vraie raison de ton état je terminerais le travail que j’ai
commencé. Cette fois je ne te raterais pas ou alors je te ferais passer pour
folle et je t’enfermerais dans un asile jusqu’à la fin de tes jours. Boucles-la !
C’est un conseil »
La convalescence de Bénédicte se poursuivit
à l’hôpital 3 longues semaines avant de pouvoir quitter l’hôpital. Elle parlait
maintenant, réagissait normalement mais était dévastée de l’intérieur et ça
faisait mal : bien plus que la douleur physique. Elle avait dû mentir aux
agents de police en charge de l’enquête. Elle avait affirmé qu’elle se
souvenait juste qu’il y avait 3 ravisseurs. Mais elle ne se rappelait de rien d’autres,
même pas de leurs visages. Elle le savait, l’enquête allait être classée sans
suite.
Son mal être, elle ne pouvait le communiquer
à personne, les menaces de Paul sur elle puis quelques jours après sur son père
et Aya, la soumettaient au silence. Ses nuits étaient ponctuées de cauchemars
où elle revivait cette nuit atroce. Ses journées étaient meublées de remords :
elle aurait dû écouter son père et s’éloigner de Paul dès le départ. Rien de
tout cela ne serait arrivé. Elle aurait dû prêter plus attention aux appels à l’aide
de sa fille, elle aurait dû la protéger.
Hélas, Bénédicte ne pouvait que souffrir en
silence et laisser sa peine la submerger. Elle voyait Aya chaque jour à son
chevet : la pauvre petite agissait normalement. Quand tout cela avait-il
commencé ? Elle ne saurait même pas le dire. On lui avait expliqué que son
père était en France pour se faire soigner, il avait eu un malaise après avoir
appris son agression. C’est la raison pour laquelle il n’était pas passé la
voir.
Béné était si préoccupée que le silence de
son père ne l’inquiétait pas. Même au téléphone, ils ne s’étaient pas parler.
Elle aurait dû s’inquiéter. Un malheur ne
venant jamais seule, le jour de sa sortie de l’hôpital, on lui avoua que son
père était mort des suites d’un infarctus pendant qu’elle était dans le coma.
Le lendemain Bénédicte enterrait son père
sans avoir eu la chance de lui dire au revoir.
Aujourd’hui, dans sa chambre de jeune fille
elle faisait l’amer constat que Paul avait si bien manipulé son père qu’il
avait fait de lui son successeur avant sa mort. Son père devait être persuadé
que Paul, utiliserait son patrimoine à bon escient, qu’il s’occuperait bien d’elle.
Elle était pieds et poings, liée à cet
homme. Sans protection, sans argent, sans personne pour la soutenir si elle
voulait se défaire de lui. C’était cela la triste réalité.