Un amour de père?
Ecrit par Nadia.K
Les vacances scolaires étaient arrivées.
Contrairement aux années précédentes, Aya n'avait pas eu le droit de voyager.
Son père s'était farouchement opposé à ce que sa fille quitte le territoire, ou
même la maison familiale pour les vacances. Elle n'irait donc pas visiter l’Amérique
du nord avec ses cousins et n'avait même pas le droit de passer le week-end
chez une de ses amies.
La décision de Paul était sans fondement pour Béné car la
petite avait été brillante cette année scolaire mais à chaque fois qu'elle
avait essayé d'aborder le sujet avec lui, il était catégorique voir même
désagréable.
La petite avait tempêté, pleuré, tenté même une grève de
la faim (de quelques heures seulement cette gourmande) mais rien n'y fit. Son
père resta campé sur ses positions.
Aya, en pleine crise d'adolescence était d'un naturel
capricieux mais son attitude cette fois-ci manquait de rendre folle sa mère.
Elle était incontrôlable toute la journée, causant à Béné des migraines sans
pareil mais rasait les murs les soirs quand son père rentrait. Sa fille,
l'accusait maintenant de ne pas l'aimer, d'être aveugle à sa souffrance. Aya
faisait tout un mélodrame de peu et plus d’une fois, Bénédicte dû faire
appel à tout son sang-froid, se remémorer sa longue course pour avoir un enfant
afin de ne pas en coller une à sa fille. Bénédicte espérait chaque jour de ces
vacances que la rentrée des classes soit fixée au lendemain.
Si bien qu’elle commença à en vouloir à son mari pour l’avoir
mise dans cette situation puis de pointer aux abonnés absents quand il s’agissait
de gérer le tempérament bien trempé de sa progéniture. D’ailleurs, Paul
rentrait de plus en plus tard. Il était nerveux, à fleur de peau, agressif à la
moindre petite remarque. Lui aussi l’acculait avec son humeur, tant et si bien
qu’elle avait l’impression d’étouffer dans sa propre maison. Les seuls moments
de répits qu’elle avait, étaient quand le père allait border sa fille les
soirs. Il passait une bonne heure à discuter avec la princesse, enfermés dans
sa chambre comme s’ils se racontaient des secrets d’Etat mais il ressortait à
chaque fois de meilleure humeur et Aya la laissait tranquille jusqu’au
lendemain matin.
Elle s’était habituée à être souvent exclue
quand ces deux-là se retrouvaient. Ça ne l’affectait que très peu désormais.
Après un mois dans cette atmosphère lourde,
Bénédicte reçu un appel de sa cousine :
-
Allo ? Boucle d’or ?
-
Oh Jeanne, quel est ce surnom ?
Répondit-elle en riant
-
Ma chère vu que tu es enfermée dans ta tour d’ivoire
depuis plusieurs semaines, c’est comme ça que je vais t’appeler !
-
Pauvre de moi ! La princesse est
déchainée actuellement et quand c’est le cas son père n’aime pas que je la
laisse aux employés. Je suis de corvée littéralement. Mais dis-moi, comment tu
vas ?
-
Je vais super bien. Je vais être ton
chevalier servant pour cette fois ! Il y a le diner Gala de la fondation
de la première dame « Un cœur pour aimer » ce week-end. Viens te
détendre un peu. Vu l’hôte ton mari ne pourra pas refuser.
-
Je ne sais pas trop. A part aller écouter
les discours pompeux de ces dames, je crois que je vais m’ennuyer plus qu’autre
chose.
-
Mais mon Dieu ! Qui donc a échangé Béné
la mondaine pour cette rabat-joie ? Rendez-moi ma cousine s’il vous plait.
-
Tu exagères trop !
-
De toute façon, je t’attends et ce n’est pas
discutable. On ne s’ennuie jamais quand il y a du champagne. A Samedi ! »
Jeanne venait de raccrocher sans autre forme
de procès. Cette fille était définitivement folle !
Le samedi du gala, Béné avait décidé qu’elle
ne sortirait pas. Elle n’était pas présentable avec ses yeux bouffis d’avoir
trop pleuré.
Elle avait eu une dispute violente avec Paul
le matin. Il ne la touchait plus depuis un moment et à chaque fois qu’elle s’en
plaignait, elle recevait de la part de son mari des réponses acerbes. Tantôt
sur son physique, tantôt sur sa façon de faire l’amour. Son mari lui avait
craché au visage ce matin qu’il ne la désirait plus. Il ne savait que faire d’une
vieille peau comme elle et heureusement il avait trouvé son bonheur ailleurs. D’ailleurs,
il estimait qu’il était temps pour lui d’avoir un autre enfant.
Bénédicte était profondément blessée :
elle s’était accommodée du fait qu’il la trompait régulièrement et qu’il n’était
le plus doux des hommes dans ses propos ; mais depuis la naissance de sa
fille, il s’était assagit. Ils avaient trouvé leur équilibre.
Bénédicte avait mal mais était aussi folle
de rage à l’idée qu’une petite pute voulait lui voler l’homme qu’elle aimait
envers et contre tout. Elle allait la trouver et lui régler son compte histoire
qu’elle apprenne à jouer dans sa catégorie. Aussitôt pensé, aussitôt fait :
Béné appela son homme de main et le mis en charge de l’affaire.
Malgré la douleur, elle réussit à s’endormir.
Lorsqu’après 4 heures, elle se réveilla, il n’y avait point d’Ayabba. Son mari
était passé la chercher il y a quelques heures, ils allaient passer le week-end
ensemble… Sans elle.
Bénédicte se consola avec le fait, qu’Ayabba
étant là, il n’allait pas être avec sa pute. C’était déjà un soulagement. Elle
se prépara alors et se rendit au gala.
-
Boucle d’or ! Tu es sortie de ton château !
-
Ohrr Jeanne. Toujours dans l’abus !
-
Tu es magnifique ma belle. Ça sent la femme
comblée par son mari ajouta-t-elle en riant.
Les autres femmes sur la table rirent tout
autant, mais aucune n’avait vu comme Jeanne le voile de tristesse qui avait
couvert le regard de sa parente alors même qu’elle souriait de toutes ses
dents.
Jeanne ne releva pas. Elle se mit en tête de
divertir Béné toute la soirée et elle le fit avec brio.
A la sortie du gala, elle la prit toutefois
de côté :
-
Qu’est ce qui ne va pas Béné ?
-
Je ne comprends pas, fit-elle avec la mine
étonnée
-
Pas de ça avec moi ! J’ai bien senti qu’il
y a quelque chose qui te préoccupe. Tu as des problèmes avec ton mari ?
Bénédicte mise à nue, hésita toutefois à
parler. Les gens avaient tant la langue pendue dans leur sphère qu’il valait
mieux en général sécher ses larmes et sourire même quand tout va mal. Mais bon,
après tout c’était Jeanne. Elle était la plus vraie des membres de sa famille
et Bénédicte savait elle-même tellement de choses compromettantes sur la vie de
cette dernière qu’elle savait que jamais elle ne la trahirait si elle se
confiait.
Après un soupir, Bénédicte expliqua dans les
grandes lignes à sa cousine que son mari avait une maitresse et qu’il s’éloignait.
Il était même allé en week-end sans elle avec leur fille.
-
Mais rejoint-les !
-
Comment ça ?
-
Tu sais où ils sont ?
-
Oui à Bassam.
-
Donc tu pars avec ton chauffeur les
rejoindre. Depuis quand tu es devenue molle Béné. Après toutes les batailles
que tu as menées pour être avec ton mari tu vas le laisser t’échapper ?
Va le rejoindre ! Incruste-toi. Si c’est
le corps jeune qu’il veut la chirurgie existe. Qu’il comprenne bien que tu vas
faire ce qu’il faut pour le récupérer. Il est avec ta fille, donc il ne fera
rien ce soir, vu comment il l’adule.
-
Tu as peut-être raison …
-
Pas peut-être ! J’ai raison. Allez vas-y !
Bénédicte galvanisée fit la bise à sa
cousine et s’en alla.
Son chauffeur l’amena à leur villa de
Bassam. Après avoir sonné plusieurs fois sans succès, elle se souvint qu’elle
rangeait une clé dans le pot de fleur proche du portail.
Elle récupéra la clé et renvoya le chauffeur
avec la voiture à Abidjan.
La maison était étrangement calme. Aucun
domestique, aucun bruit, pas même une mouche.
Juste la fenêtre de la chambre principale
qui laissait passer la lumière, preuve de la présence de quelqu’un dans la
maison.
Pour une raison qu’elle ignore, le cœur de
Bénédicte se mit à battre à tout rompre. Son esprit, lui criait de s’en aller,
de ne pas rentrer dans la maison mais elle ne le pouvait pas elle avait renvoyé
le chauffeur. Crispée et angoissée sans raison apparente, elle prit les
escaliers menant à la chambre principale.
Ce soir, son cœur apeuré la guidait. Elle ne
s’auto glorifia pas de la décoration de sa maison. Pas cette fois. Le luxe
insolent qui se dégageait de son environnement ne la fit pas s’enfler d’orgueil.
Pas cette fois.
Comme un robot, elle montait les marches ;
chaque pas étant plus difficile au fur et à mesure qu’elle se rapprochait des
gémissements qu’elle entendait. Ces gémissements qu’elle saurait reconnaitre
entre mille. La porte de la chambre n’était pas fermée : elle n’eut qu’à
la pousser de sa main tremblante pour que dans son cerveau s’imprime à jamais
cette vision d’horreur.
L’impensable, L’abomination ultime. Etait-ce
cela cet amour paternel qu’il lui portait ?
Elle s’écroula en larmes par terre
renversant au passage un vase, alors que Paul se libérait de ses pulsions
animales. Pris en flagrant délit il sursauta et porta son regard sur elle ;
Aya, elle ne bougeait pas. Elle était comme absente, le regard vide.
"Petit mot : Désolée pour l'attente. J'écris en fonction de l'inspiration que j'ai et j'en ai manqué sur ce chapitre là. Le sujet abordé est difficile à transcrire"