Réveillé depuis quelques minutes, Dodji observait inlassablement sa femme qui dormait à ses côtés. Elle lui paraissait tellement fragile en ce moment. Les traces de larmes sur son visage témoignaient qu’elle avait apparemment pleuré, juste avant de s’endormir. Pourquoi se demandait ‘il ? Il ne se souvenait pourtant pas s’être disputé avec elle. La dernière fois qu’il lui avait parlée, elle allait au bureau. Qu’a-t-il bien pu se passer là-bas ? Il en était là dans ses pensées quand elle ouvrit les yeux. Elle se contenta de l’observer un moment. Il lut dans son regard de l’hésitation et des interrogations.

-Coucou ma belle, lui dit ‘il enfin, rompant le silence. Je te regardais dormir.

Elle sourit de soulagement. Il la reconnaissait. Dès qu’elle avait ouvert les yeux, et l’avait vu en éveil, c’était la première question qu’elle s’était posée. Allait ‘il la reconnaître ?

-Tu t’es réveillé il y a un moment alors, lui dit ‘elle. Tu te sens mieux maintenant ? Et le mal de tête ?

Dodji ne comprenait pas. Pourquoi lui demandait ‘elle cela. C’était’ il plaint de mal de tête ?

-Oui ça va, finit ‘il par répondre avec hésitation. Me suis-je plaint de mal de tête ? lui demanda t’il.

Donan l’observa un moment, comprenant qu’il avait apparemment oublié l’épisode de l’évanouissement. Elle s’inquiéta encore plus. Elle se releva et s’assit sur le lit.  Après un court instant, elle lui demanda.

- Qu’est ce qui se passe Dodji ? Qu’est ce que tu as ? Parle-moi.

Dodji fit semblant de ne pas comprendre.

-De quoi tu parles ma chérie ? Je n’ai rien.

-Vraiment ? lui répondit Donan excédée. Quand je suis rentrée plus tôt, tu étais étendu sur le sol, inconscient. Et quand finalement tu as repris conscience, tu ne te souvenais même plus de moi. Moi qui suis ta femme. Dr Sèdjro aussi était là et tu ne l’as pas reconnu. Tu te plaignais de mal de tête atroce. Et Apparemment même si tu me reconnais à nouveau, tu ne te souviens plus de tout ce que je viens de dire. Tu as des trous de mémoire Dodji ; et ne me dis pas que ce n’est rien. J’ai demandé au Dr Sèdjro, mais il n’a rien voulu me dire.

Dodji se tut un moment, ne sachant quoi lui répondre, se demandant s’il fallait tout lui dire. Mais il finit par y renoncer se convaincant que ne pas lui dire était ce qu’il y avait de mieux pour elle. Mais il savait qu’elle ne se contenterait plus d’un « je n’ai rien ». Il lui dit alors :

-Tu as raison chérie. Mais je te rassure, c’est rien de grave. Un petit traumatisme crânien suite à la bagarre avec Karl. Tu sais qu’il n’y est pas allé de main morte avec ton petit mari, plaisanta t’il.

Mais cela ne fit pas rire Donan.

-Mais si tu as des troubles de mémoire, cela doit être grave.

Mais il la contra par une logique imparable.

-Si c’était grave, penses-tu qu’on m’aurait laissé rentrer de l’hôpital ? Non ma chérie. Ce n’est pas grave. Tout rentrera dans l’ordre d’ici quelques semaines.

Elle le crut et fût soulagée qu’il n’ait rien de grave ; mais elle commença à s’en vouloir. Elle le lui dit.

-Je m’en veux, tu sais. Cette bagarre était de ma faute.

-Bien sûr que non ma chérie. Tu sais bien que le problème avec Karl est plus profond que ça.

Elle soupira. Elle ne le savait que trop bien, pensa t’elle. Elle lui dit mine de rien.

-Je l’ai vu aujourd’hui.

-Qui ?  Karl ? Il a refait surface ? lui demanda Dodji en se relevant et en s’asseyant à son tour.

-Pas vraiment ? Disons que c’est moi qui suis allée le trouver. Je t’ai menti plus tôt quand je te disais que j’allais signer des documents au bureau.

-C’était pour aller le voir alors ? lui demanda-t-il

-Non pas exactement. Je me suis souvenue qu’il avait dû déposer un dossier quand je l’engageais comme chauffeur. Et je me suis dit qu’il y aurait peut-être un autre numéro à lui dans le dossier. J’étais partie le vérifier. Je ne t’ai rien dit car je savais que tu allais vouloir t’en mêler et j’étais convaincue que cela aggraverait la situation vu qu’il t’en voulait. Moi je n’étais pas liée à votre histoire avec lui et…..

Elle marqua une pause hésitant à lui dire la suite.

-Et quoi ? lui demanda-t-il.

-Il m’avait dit qu’il m’aimait.

-Quoi ? Il a dit quoi ? Depuis quand ? Ne m’avais-tu pas dit qu’il ne s’était rien passé avec lui ?

-Oui bien sûr, il ne s’est rien passé entre nous. Le jour où il m’a raconté son histoire, il a aussi avoué qu’il était amoureux de moi.

-Et pourquoi tu ne m’avais rien dit ?

-Je ne voulais pas aggraver la situation entre vous deux. C’était ton frère après tout, et s’il y avait une chance que vous recolliez les morceaux, je ne voulais pas la gâcher avec ça.

-Et pourquoi me le dis-tu maintenant alors ?

-Parce que j’ai perdu l’espoir d’une possible réconciliation entre vous. La situation ne peut être pire que ça ne l’est actuellement ; et rien ne fera renoncer Karl. Pardonne-moi de t’avoir caché cela et de t’avoir menti tout à l’heure.

Dodji se tut un instant et fini par lui demander.

-Et toi ? Tu l’aimes ?

-Quelle question ? S’offusqua-t-elle.  Bien sûr que non ! C’est toi que j’aime !

-Comment te croire maintenant, vu que tu m’as caché tout ça. Et que tu m’aie menti pour aller le voir ?

-Mais je viens de t’expliquer pourquoi  mon cœur? Crois-moi s’il te plaît  quand je te dis que c’est toi que j’aime.

Dodji ne lui répondit pas par rapport à cela et lui demanda plutôt.

-Que s’est ‘il passé quand tu l’as vu ?

-D’abord, en quittant la maison, je n’avais pas prévu le voir. J’allais juste vérifier s’il y avait un autre contact à lui dans son dossier. Mais je n’ai pas trouvé d’autre numéro de téléphone. Par contre j’ai trouvé une adresse mail. Je lui ai donc envoyé un mail lui disant qu’il fallait que je le voie et que c’était urgent. Je peux te montrer le mail si tu veux.

-Non continue, lui dit ‘il.

- J’étais entrain de consulter quelques courriers en attente quand j’ai reçu une réponse de lui. Plus précisément un appel d’un de ses assistants qui me disait qu’il me donnait rendez-vous chez lui dans une heure. L’adresse qu’il m’avait envoyée était à une quarantaine de minutes du bureau. Donc je me suis aussitôt levée pour y aller. Mais ça ne s’est pas passé comme je l’espérais. Je pensais pouvoir le convaincre de renoncer mais non.…Il m’a proposé un marché.

-Hum…… Lequel ? lui demanda Dodji.

-Il…. Il m’a demandé de divorcer et de l’épouser et il renoncerait à tout ; finit ‘elle par dire d’une traite après une seconde d’hésitation. Mais j’ai refusé et je suis partie.

-Hum…..,,  se contenta de répondre Dodji après un moment de silence.

Il fut pris tout d’un coup d’une profonde lassitude. Il finit par se lever sous le regard anxieux de Donan qui ne savait plus que penser de son silence. Elle se leva aussi et lui fit face.

-Dis quelque chose mon chéri. Tu me crois n’est ce pas ?

-Que dire Donan ? Il doit beaucoup t’aimer apparemment, s’il est prêt à renoncer à tout pour toi. Moi j’ai essayé de le contacter depuis deux mois, ne tombant à chaque fois que sur ses assistants et jamais il ne m’a rappelé.

-Mais tu me crois n’est ce pas ?

-Oui ma chérie, je te crois. Il lui fit une bise sur le front et se dirigea vers la sortie.

-Mais où vas-tu ?

-J’ai besoin de marcher un peu, lui dit ‘il en sortant.

Donan se laissa choir sur le lit un peu perdue.

 

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