Le dîner.

Ecrit par sandol-roy

Le dîner. 
 
Evan, encore allongé sur le lit de Nika, se réveille doucement, les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux. Il la regarde longuement. Elle est toujours endormie dans ses bras, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller, sa respiration régulière. Il sourit en observant ses traits fins et délicats. Puis ses pensées dérivent… 

Evan (en pensées) : Je me souviens de la première fois où je t'ai vue. C'était à Bujumbura, chez l’oncle Phil. J'étais venu en vacances, et elle… elle était là. Ses yeux, son regard glacial, son teint diaphane, sa taille élancée, et puis ses formes voluptueuses. Oh ses courbes ont été généreuse depuis notre jeunesse. Au début, je dois avouer que je ne m’intéressais à elle que pour son corps. Je n’avais jamais vu une fille comme elle. Elle était certes svelte mais avait quand-même une forme quelque peu pulpeuse. Elle était alors pour moi la petite-amie idéale. Je suis aussi très élancé, et malgré tout ce que vous avez pu entendre sur les garçons grands de taille, ce n’était pas du tout mon genre de sortir avec les “bouteilles” comme j’avais tendance à surnommer les filles courtes. Depuis la première fois que mes yeux se sont posés sur elle, je n’avais pas cessé de l’observer. Elle était mon genre de fille à 100%. Elle m'a regardé comme si j'étais un extra-terrestre. Franchement, elle n'avait pas l'air de me prêter la moindre attention. Elle était tellement distante, froide même. Et puis, il y avait David, mon cousin maternel, qui semblait avoir toute son attention. J’ai donc pensé qu’ils étaient ensemble. C'était le genre de relation où je savais que je n'avais aucune chance.  

Flashback :  

Evan (pensées) : Je me souviens la première fois où nos yeux ses sont croisé. Au début j’étais, trop timide pour m'approcher, alors je me suis mis à l'observait de loin. Je n'ai même pas eu l'occasion de lui parler ce jour-là. Puis j'ai commencé à en savoir un peu plus grâce à David. Avec lequel je n’avais jamais vraiment échangé auparavant. J’étais plus vieux d’une année et je le trouvais vraiment trop jeune pour que lui et moi nous puissions nous rapprocher. Mais juste pour avoir des informations sur elle et espérer tenter ma chance, j’ai commencé à être proche de lui. J’ai par la suite appris que Nika, la filleule de ma tante Hélène, était là parce que sa mère était malade. Elle était née et avait grandi en Allemagne, mais était récemment revenue au pays parce que son père venait d’y ouvrir un centre médical. Malheureusement, sa mère était tombée gravement malade peu après leur au pays. Elle avait doncaller se faire soigner à l'étranger, et Nika était restée chez mes cousins pour un temps. Ce n'était pas facile pour elle. J'ai vu un côté d'elle que personne ne voyait. Elle se fermait au monde. Mais petit à petit, on est devenus amis, proches même… ce qui a énormément déplu à mon cousin d’ailleurs. Durant mon séjour de quelques semaines elle et moi étions devenu inséparable. Je suis d’abord devenu son ami, malgré son effort constant à me repousser. Mais elle n’a pas pu supporter mon charme très longtemps. (Sourire). Il faut dire, que personne n’aurait pu le faire. Encore à l’époque j’étais un missile. Du haut de mon mètre quatre-vingt-quatre à seulement 16ans, avec mon teint cacao et mes traits fins, je faisais retourner les têtes à mon passage. Chez moi en Belgique, les filles tombaient comme des mouches à mon simple sourire, alors je ne comprenais pas pourquoi elle, elle résistait. J’ai donc fait d’elle un objectif, tout au long de mon séjour. Lorsque j’ai appris par le billet de David que Nika était en faite plus vieille, je n’y ai pas vu un frein à notre amour. Mais plutôt une sorte d’encouragement. Je venais de trouver la raison pour laquelle elle m’avait tant repoussé. Elle a toujours fait plus jeune. Alors qu’elle devait avoir peut-être 18 ans, elle en faisait 14. Effectivement, Nika est plus âgée que moi. De deux ans. Elle avait et a toujours d’ailleurs, un visage qui ne vieillis pas. J’ai donc développé une autre tactique, en jouant de ma maturité, j’ai réussi à l’atteindre. J’avoues qu’avant elle je n’avais jamais penser à m’engager dans une relation sérieuse. Je ne voyais en les filles que des petites créatures pouvant faire office de jouer en cas d’ennuie. C’était d’ailleurs mon but au départ, me jouer de cette insolente mais, c’est quoi la phrase déjà ? Ah oui, l’amour a ses raisons que la raison elle-même ne comprends pas. A la fin de mon séjour j’étais raide dingue d’elle. Intelligente, douce, belle et distingués. Elle était la fille idéale et j’avais pour ambition de l’épouser. Je le lui ai d’ailleurs dit avant mon départ. 

Evan ferme les yeux un instant, se rappelant la dernière fois qu'il l'a vue pleurer avant son départ pour Bruxelles le même été. Il avait été choqué de voir la belle et douce Nikaël, habituellement si forte, aussi vulnérable et c’était promis que plus jamais il ne la verrait pleurer, qu’il veillera sur elle pour l’éternité. Mais avant même qu'il puisse lui dire quoi que ce soit, elle s'était rapidement ressaisie, et il était parti. Ils avaient continué leur relation à distance, et à chaque instant passé loin d'elle, il se sentait plus accroché à elle. Depuis, il n’avait pas raté une seule opportunité de revenir au Burundi. A chaque vacance scolaire, même si ce n’était que pour deux semaines, Evan revenait toujours pour elle. Depuis 3ans maintenant, Nika était retournée en Allemagne pour ses études. Même si Evan lui vivait aux Etats-Unis, cette idée l’avait beaucoup rassuré car sa famille vivait en Belgique, et que à chaque descente, ils allaient passer des week-ends ensemble. Elle venait à peine de finir ses études médicales et lui en était à sa troisième en écoles de commerce. Il était fier de dire à tout le monde que sa chérie était en médecine. “Belle et intelligente” disait-il souvent. Il commença à imaginer leurs enfants. Evan sourit à cette dernière pensée. Il comptait la mariée aussitôt qu’il aurait fini ses études. Il la regarde encore une fois. Il se penche doucement et commence à l'embrasser tendrement sur le visage, la réveillant en douceur. 

Nika (gémissant à moitié endormie, souriant en même temps) : Mmm... Evan... Arrête... 

Moi (riant doucement) : Tes tellement mignonne quand tu fais ça... 

Il retire doucement son bras gauche d’elle, et se lève. Il se dirige vers la salle de bain, son esprit encore préoccupé par Liliane et l'incident de la veille. Il se rappelle comment il avait emmené Nika au restaurant prendre leur petit-déjeuner après les évènements de l’hôpital, comment ils avaient regardé des films ensemble jusqu’au petit matin avant de se glisser sous les draps pour s'endormir en s'enlaçant. En entrant dans la salle de bain, l'image de sa cousine allonger sur le lit d’hôpital de refait surface. Evan fronce les sourcils, un instant perdu dans ses pensées, avant de se retrouver sous l'eau de la douche. 

Moi(pensées) : Liliane... Est-ce qu'elle va mieux ? J'espère que cet accident n'aura pas trop d'effets sur elle. Je dois passer la voir plus tard. 

Il s'apprête à se rincer le savon quand soudain, la porte de la salle de bain s'ouvre brusquement. Nika apparaît, toute paniquée, enveloppée dans les draps. Elle regarde autour d'elle avec un air nerveux. 
 
Moi (sourire narquois): Alors toi, t’as vraiment du mal à te passer de moi. Tu veux me rejoindre ? 
 
Nika (chuchotant, inquiète) : Van, mon père est rentré. J’ai entendu le portail s’ouvrir. 

Moi(surpris, mais souriant) : Quoi ?! 

Je me dépêche de fermer la pomme de douche, et Nika me fait signe de me cacher derrière la porte. Elle s'habille rapidement avec une petite salopette et un débardeur, avant de sortir discrètement de la chambre. 

Nika (chuchotant en sortant) : Reste là, je vais faire diversion. 
 
Le corps embibé d'eau, je me précipite pour enfiler mes vêtements de rechange se trouvant dans une petite valise bleue que Nika range toujours sous son lit. La veille, quand je suis sorti de l’hôpital, je portais un pull et un pantalon de pyjama. Et à notre arrivé chez elle, Nika est allée les laver. Je m'habille vite, tout en entendant les bruits de pas de Nika et des employés qu’elle salue sur son passage. 

Nika descend rejoindre son père qu’elle trouve en train de discuter avec le jardinier. Pendant ce temps, Evan, tout juste habillé, prend son téléphone et attend dans la chambre. Il sourit quand Nika revient et les deux échangent un regard complice. 

Nika (s'appuyant contre la porte) : Je suis désolée, je n'avais pas prévu que mon père rentre si tôt. 

Moi (sourit et l'embrasse passionnément) : Ne t'excuse pas. Tu n’aurais pas pu savoir. 

Ils entendent les pas du père de Nika qui se rapproche. 
 
Oscar (criant depuis l'escalier) : Chérie ?! Viens déjeuner ! 

Nika (se retirant rapidement de ses bras, avec un sourire désolé) : Désolée, mais il faut que j’y ailles. 

Evan, pressé de s'éclipser, se dirige vers la fenêtre. Nika l'aide à l’escalader. Ils échangent un dernier baiser, puis Evan saute discrètement. Il saute de l’étage et se retrouve dans le jardin. Il envoie un baiser à Nika et celle-ci lui mime qu’il doit l’appeler quand il rentre.  
 
Oscar (ouvrant la porte de la chambre de sa fille) : Ma puce, qu’est-ce que tu fais à la fenêtre ? Tu vas avoir un coup de froid. 
 
En entendant cette remarque du père de Nika, je me faufile hors du jardin et me dirige vers le parking de la concession, sur mon passage, je lance des sourires discrets au domestiques que je croise en train de dresser la table dans le jardin. Ces dernières gloussent et me font un signe discret de la main. 
Je fais de même et mexfiltre rapidement en direction du portail. 

Evan s'approchant du portail, où le garde le reconnaît et lui sourit. 

Garde (souriant) : Vous avez bien dormi, petit chef ? 

Evan (répondant à son sourire en glissant cinq billets de 10.000 Francs dans la poche de la chemise du garde) : Très bien, merci Abdoullah. 
 
Abdoullah: (tout sourire, les yeux rivés vers ses billets) Ah Grand chef. Que Allah se souviennent de toi éternellement. Passez une excellente journée et revenez nous très vite chef. 
 
Evan : Passe une bonne journée à toi aussi. 

Une fois dans la rue, il arrête un taxi et indique la direction de l’hôpital après avoir récupérer un bouquet de fleurs chez un fleuriste de rue près de l’établissement. Arrivé là-bas, il croise Chloé dans le hall, la meilleure amie de sa petite-amie. Qui lui apprend alors que Liliane a quitté les lieux la veille. Il la remercie et prends un autre taxi qui me ramène vers le manoir Rukundo. 

Quelques minutes plus tard : 
 

Evan 

J’entre dans la maison et trouve toute la famille attablée pour le petit-déjeuner. Je me précipite vers Liliane et lui tend un énorme bouquet de fleurs. 

Evan (tout sourire, après avoir salué tout le monde à Liliane) : Voici pour toi, la plus belle des cousines. 
Tarah: Eeh, mais il y a à peine deux jours, tu disais que c’était moi ! 
Evan: D’innombrables choses peuvent se produire en deux jours. Commence déjà à t’habituer car tu viens de te faire remplacer. 
Tarah: Mxiou !! N’importe quoi ! 
 
Il sourit, amusé et tends le bouquet à sa cousine qui l’accepte volontiers. 
 
Liliane (observant le bouquet): Que je suis chouchouter aujourd’hui. 
Evan: Comment ça ? 
Noah (taquin) : T’es vraiment à la traîne, hein Evie ? Le futur mari de Liliane t'a devancé. 

Evan remarque alors un énorme bouquet de fleurs sur la chaise de Liliane. 

Tout le monde éclate de rire. Liliane, taquine, se tourne vers lui. 

Liliane (souriant malicieusement) : Voilà ce qui arrive quand on délaisse sa cousine preferé dans un lit d’hôpital. 
 
Tarah: Qui c’est qui s’est fait remplacer à présent ? 

Evan (se dirigeant précipitamment vers Liliane, feignant d'être désespéré) : Oh, Liliane, ne commence pas avec ça ! Je suis tellement désolé, je voulais être là pour toi... je te le jures mais... 
 
Il la prend dans ses bras par derrière et la couvre de baisers. 

Evan (en l'embrassant sur la joue) : Je te promets que je serai là à chaque instant maintenant. Pardonne-moi. Ne me remplace pas. 

Liliane (riant, tout en se détachant doucement de lui) : T'es incorrigible, tu sais ça ? Donc, tu te fous royalement de m’avoir delaissé ? Mais au simple fait d’imaginer que tu as maintenant un rival te fait trembler ?! 

Le rire envahit la pièce et tout le monde quitte la table. Philippe, sur le point de partir pour le travail, s'approche d'Evan avec un air sérieux. 

 Philippe (d'un ton grave, en regardant Evan) : Écoute, Kagabo... Fais attention. Nous savons tous les deux ce qu'il en est avec le docteur. Il n'apprécierait pas de savoir qu'un chrétien fréquente sa fille. Ça pourrait devenir compliqué. 

Evan (avec assurance, regardant son oncle dans les yeux) : Je l'aime vraiment, tonton. Et je te promets que je ferai tout pour qu’elle soit mienne. Ce n’est pas juste un jeu pour moi. Notre relation est sérieuse, et je veux m'assurer que tout se passe bien, même avec son père. 

Oncle Philippe (soupirant, mais rassuré) : J'espère que tu sais ce que tu fais, jeune homme. Si tu tiens vraiment à elle, alors fais les choses comme il le faut. Je te fais confiance, mais sois prudent. 

Il pose une main amicale sur son épaule, puis s'éloigne, partant au travail. Pendant ce temps, Liliane se tourne vers ses petites sœurs. 

Liliane (souriant, excitée) : Que diriez-vous d'aller faire un tour dans les boutiques ? 

Tarah et Sarah, ravies, les yeux brillant de joie. Noah, qui semble faussement agacé, lève les yeux au ciel. 

Noah (faisant semblant de se fâcher) : Hors de question, vous ne pouvez pas y aller sans moi, vous vous croyez où ? 

Liliane (riant, taquine) : T’inquiète, je te ramène une peluche. Promis ! 

Noah rigole, et Liliane va se préparer. Elle revient après sa douche, habillée de façon décontractée, et rejoint ses sœurs au salon. Leur grand-mère, assise dans un coin, les regarde d’un air sévère. 
 
-Il faut se méfier des sorciers, mes enfants. Ils sont partout, et on ne sait jamais qui est qui... 
 
Tarah semble agacée, Sarah est visiblement exaspérée. Elles restent silencieuses, semblant attendre l’arrivé de leur sœur. Dès qu'elle arrive, leur grand-mère lui lance un regard noir. 

Liliane (d’un ton acerbe, en se dirigeant vers la porte) : Tu devrais sortir de ta chambre un peu plus souvent, mamie, histoire de voir plus souvent ta petite-fille preferé. Ça te ferait du bien. 

Le visage de la vieille dame se déforme sous l'effet de la rage. 

Grand-mère (hurlant furieuse) : Tu n'es et ne seras jamais ma petite-fille ! 

Sarah, ne supportant plus la tension, réplique avec force. 

-Dans ce cas, peut-être que toi, tu devrais penser à quitter la maison, puisque si notre sœur n’a pas ton sang, alors aucun d’entre nous ne l’a. 

Le silence s'installe un instant, avant que Liliane ne décide de partir. Elle se tourne vers ses petites sœurs. 

Liliane (avec un sourire forcé, mais déterminé) : Allez, on y va les filles, on reste pas ici à écouter ces histoires sans fin. 

Le trio quitte la maison, se dirigeant vers la voiture. Une fois à bord, Tarah sourit et parle à Sarah. 

Tarah (souriante, fière de sa grande sœur) : C’était géniale, Sarah. Mais je parie que le bruit à la maison va être insupportable à notre retour... 

Sarah (d'un ton décontracté) : On verra bien. Je m'en fiche, de toute façon. 

Liliane (d’un ton plus sérieux) : Merci, Tarah, mais je n'avais pas besoin de ça. Je sais me défendre toute seule. Pas la peine de trop t'en faire. 

Liliane démarre la voiture, et elles se dirigent vers les boutiques. 
 


 
Plus tard dans la journée 
Nous nous trouvons au Club du Lac Tanganyika les petites et moi. Un beau restaurant au bord du lac Tanganyika. Le shopping de ce matin s’est passé à merveil. Je ne m’étais pas autant amuser depuis une éternité. C’est fou comme les petits moments comme ceux-là peuvent être agréable. Malgré notre différence d’âge assez prononcé, je ne me suis pas du tout ennuyé ou même senti un peu trop vieil pour leur blagues, aussi absurde qu’elle ne soit. Nous devrions faire ça plus souvent. Cela m’a fait prendre conscience qu’il n’est jamais trop tard pour renouer les liens avec les siens. Et justement, l’un des passage du livre que je feuillette actuellement de Susana Fortes dis exactement la même chose. Il y a un buffet à volonté au resto de l’hôtel et après l’arrivé de nos boissons, nous nous levons simultanément pour nous servir Tarah et moi alors que Sarah se dirige vers les toilettes.  
 

Tarah (dans mon oreille): Tu vois le bel homme à ta droite, celui assis juste à la table à côté de la nôtre ? 
 
Moi (vérifiant): Mhuum ? 
 
Tarah(cris étouffé): Non, ne te retournes pas. Il ne cesse de te regarder, depuis notre arrivés. Son regard n’arrête pas de virer de son ordinateur à ton visage Lili. Je crois que tu lui plais. Tu devrais aller le saluer. 
 
Moi: Mais ça va pas non ? ça ne se fait pas voyons.  
 
Tarah: Et pourquoi pas ? Nous sommes au vingtième siècle. 
 
Moi: D’accord mais je ne vais pas me baser sur tes dires et directement aller accoster une personne que je ne connaît ni d’Eve ni d’avant. Si ça se trouve c’est peut-être toi qu’il regarde. 
 
Tarah: Eurhhk. 
 
Moi (riant): Quoi eurk ? Donc il est beau pour moi mais pas assez pour toi ? 
 
Tarah: Non c’est pas ça mais juste que cela ferai de lui une sorte de pédophile non ? 
 
Sa dernière remarque m’évoque des souvenirs douloureux et je préfère me taire et continuer de me servir, après quoi je retourne vers notre table. Où nous finissons notre plat en toute quiétude. Ma journée avait pourtant si bien commencé jusqu’à ce que Tarah réveille ces vieux démons que j’avais enfouis en moi depuis si longtemps. Sarah, qui a sûrement senti la tension dans l’air nous questionne pour savoir si il s’est passé quelque chose pendant son absence. Et avant que je ne réponde que non, le monsieur dont Tarah me parlait tantôt se pointe vers notre table. Son parfum attire directement mon attention mais je ne sais pas d’où je l’ai senti. 
 
Inconnu (voix grave): Bon-après-midi demoiselles ! 
Qu’est-ce qu’il veut encore celui-là avec sa voix mielleuse. Je suis certaine que ce n’est pas sa voix au naturel. Il a le teint cacao, grand de taille, chauve mais jeune, assez musclé aussi. Je ne réponds pas contrairement à mes sœurs. Et je replonge ma tête dans mon milkshake en feuilletant mon livre. Je ne suis vraiment pas d’humeur pour les baratineurs aujourd’hui. Il ne semble pas resigné malgré ça et en vient même à demander les prénoms des filles. Bien entendu elles répondent mais moi je continue à lire mon bouquin.  
 
Inconnu(voix grave): Je ne sais pas où mais j’ai l’impression de vous avoir déjà vu quelque part mademoiselle. Est-ce que l’on se connaît, ma belle ? 
 
J’aurai pu continuer dans mon mutisme mais cette dernière phrase a pour effet de réveiller mon petit côté sauvageonne. Je vous l’ai dit, ce n’est ni le jour, ni le moment. 
 
-Ah bon ! Cela m’étonnerai beaucoup voyez-vous car je fréquente rarement les mêmes endroits que les gigolos.  
 
-(souriant)Même si votre réponse n’a rien avoir avec ma question, je suis heureux de savoir que tant que je serai en votre présence, aucun “gigolo” ne viendra nous importuner. 
 
-(à mes sœurs) Mais il est con lui ou quoi ? 
 
-Ah ! Un gros mot, ça ne va pas vraiment avec votre doux visage vous savez. 
 
-Ah oui ? 
 
-Oui, les jolies filles normalement, ça n’injurie pas à tout vent. 
 
-Ah oui ? 
 
-Oui.  
 
-Donc en plus ça me traites d’impolies ? 
 
-Je n’ai jamais dis ça, j’ai dit que... 
 
Il n’a pas le temps de finir sa phrase que le reste de mon milkshake atterri sur son visage. Je ramasse ensuite mon sac, y jettes vite fait mon livre et mon portable avant de prendre la direction vers la sortie. Pendant tout ce temps, ce jeune homme est resté immobile, les yeux fermés. Comme s‘il n’arrivais pas à croire c qui venait de lui arriver. Je suis sûre qu’il n’a pas souvent eu de “Non” comme réponse à son cirque. Lorsque je le dépasse, je me rends compte que mon milkshake a aussi fait des ravages et n’a pas atterri que sur lui mais aussi sur son ordinateur à côté. Je jette un dernier regard coup d’œil à ce monsieur et bien que je ne l’aperçoive que par derrière, je le vois inerte. Je déteste faire objet de commérage et m’arrange toujours à éviter cela quand je peux mais cette fois-ci c’est un peu de ma faute. Il y avait à peu près 4 personnes dans la grande pergola où était servi le buffet et leur attention ne se porte que sur nous. J’accélères mon pas en entendant les petites s’excuser par derrière et essayer d’essuyer le monsieur. Une fois dans la voiture je reprends mon souffle et réfléchis longuement à mes actes. Je ne comprends pas ce qui me prends en ce moment. Trois minutes plus-tard, j’entends les portières s’ouvrir et je sais que ce sont elles. J’attends qu’elles s’installent avant de lancer: 
-Je ne veux entendre aucun commentaire. 
Avant de démarrer la voiture et de me diriger vers la maison. 
 
 


 
3 jours après 
Je range mes affaires frénétiquement dans ma valise, essayant de ne rien oublier pour mon vol dans à peine quatre heures. Le stress monte, mais je me force à rester concentrée. Les vêtements sont soigneusement pliés, les accessoires rangés, et les documents pour le sommet aussi.  

Soudain, on toque à la porte. C'est Noah que je reconnaît à sa voix. 
-Liliane, tu peux descendre ? Maman t’appelle, les invités sont là ! M'informe-t-il.  
 
Je prends une profonde inspiration et descends. Que ne fut ma surprise en voyant un visage qui m’est tellement familier. 
 
Hélène: Et voici ma fille aînée, Liliane.  
 
Je fais fi de sa présence et salue la petite famille du générale. J’avais oublier que c’était aujourd’hui qu’ils étaient invités à la maison. Il n’a pourtant pas cessé de me le rappeler, mais j’ai la tête ailleurs en ce moment. Nous nous installons au salon et Sarah commence à servir les boissons pendant que le générale et mon père discute. Je sens un regard insistant sur ma personne et je sais pour sûr d’où il vient. Mais je décide de l’ignorer. Je suis assise près de la seule fille de la fratrie et comme tout le monde discute avec ceux dont il se rapproche, je me tournes vers elle et constate qu’elle est nerveuse. Elle se triture les doigts. Jintroduis alors la discussion entre nous deux. 
  
Moi: Alors tu es en quelle année ? Natasha c’est ça ? 
 
Natasha(tout sourire): Euh oui oui, enfaite je fais une année sabbatique pour l’instant. Alors je ne sais pas encore ce que je ferais après. 
 
Moi: Et aucune filière ne t’intéresse ? 
 
Natasha: Euh non pas vraiment ! 
 
Moi: Ah dommage, je dis toujours qu’une femme ne peut être que belle. Quand elle a en plus la tête remplie c’est top. 
 
Natasha: (sourire timide) 
 
Moi: Je suis sérieuse tu sais ! Je n’ai jamais été forte en une quelconque matière à l’école. J’étais ce que l’on qualifie de “cancre”. Mais j’étais une grande bosseuse et cela à énormément jouer en ma faveur tu sais. Je te conseillerais alors de vite reprendre tes études. Une fille aussi jolie ne peut pas être sans diplôme ! Viens me voir si tu as besoin de conseils ou de quoi que ce soit d’ailleurs. 
 
Natasha: Merci ! 
 
Tante Violette apparaît ensuite pour nous inviter à rejoindre la table, ce que l’on fait. Mais, monsieur reste en retrait. Comme je suis la dernière à rejoindre la salle à manger, il m’attrape le bras et nous échangeons ensuite un long regard avant qu’il ne décide de me lâcher.  
 
Philipe (depuis la salle à manger): Ça va chérie ? 
 
Moi: Oui Papa, notre invité veut juste que je lui indique les latrines. C’est par ici ! 
 
Il me suit et nous continuons jusqu’à dans le couloir qui mène vers les chambres et au lieu de l’emmener dans les toilettes au fond j’entre précipitamment dans l’une des chambres.  
 
-Quand est-ce que tu comptes leur dire ?  
-Pas maintenant, je reviens à peine du Maroc.  
-Moi aussi figures-toi mais je suis prêt Liliane, à t’épouser, à te présenter au miens et à faire de toi ma femme. Alors c’est aujourd’hui. 
-Ce n’est pas le moment je te dis. 
-Si. Et si tu ne le fais pas, moi je le fais.  
 
Il retourne les talons et retourne à table où je le rejoins quelques minutes plus tard. 

LES OMBRES DU PASSE