Le jour J
Ecrit par Pegglinsay
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Le jour tant redouté arriva. Ce fut un jeudi et le vol était prévu pour trois heures quinze. le ciel était assez sombre et des éclairs zébraient. C' était comme si la nature se liguait contre son départ, ressentait notre douleur. On se tenait la main et j' évitais de le regarder pour ne pas pleurer. il lacha mes doigts et passa son bras autour de moi.
-Chérie?
-...
-Léa!?
Je ne pouvais pas repondre, j'avais une boule au fond de la gorge et m' empêchait de prononcer un mot.
-Chérie regarde moi! dit-il en prenant mon visage. Ehhh dear, tout va bien se passer. Regarde moi Léa...tu vas me manquer...
-Tu me manques déjà réussis-je à dire en le serrant dans mes bras.
Son père nous regardait dans le rétroviseur avec un air abattu. On restait ainsi jusqu'à son arrivée à l'aéroport Toussaint Louverture. Je luttais afin de ne pas pleurer mais je n'ai pas eu assez de courage. Le soleil était absent et un brise assez frais commençait à souffler. Il était déjà une heure et c' était le moment de se separer. Il embrassait son père et salua le chauffeur, un voisin, qui était venu nous déposer. Je les laissais près de la voiture et aida mon mari avec sa malette. Arrivés devant la porte d' entrée, on s' arrêta et se fit face. Pour la première fois je vis des larmes couler des yeux de mon mari. Je lui pris dans mes bras .
- Tout ira bien mon chéri, tout ira bien.
On resta ainsi pendant quelques minutes, puis je me détachais de lui.
-Bon c'est l'heure cher monsieur.
-Oui chère madame dit-il en essuyant ses larmes. je t'aime Lea Jean Martin
- Je t'aime aussi David Martin. Il est tant que tu t'en ailles , dis-je en essayant de plaisanter.
-Prends soin de mes p'tits gars dear.
- Je le ferai.
On s'embrasse une dernière fois et je lui lache la main.
- Au revoir ma chérie!
-Au revoir... Je n'arrivais pas à terminer ma phrase. je pleurais comme une madeleine, il me reprit dans ses bras.
- Arrête de pleurer chérie, c' était pas comme si j'allais mourir ou vous abandonner.
- Je sais mais...
Il Étouffait le reste de ma phrase avec un baiser. On s'embrassait comme si notre vie en dépendait. On ne prêtait guère attention à ceux qui nous entouraient. c'etait plus qu'un baiser. C'était une promesse indélébile, marquée au fer rouge sur nos coeurs "pour toujours et à jamais".
Il prit sa mallette et s'en alla. je le regardais à travers les vitres jusquà perdre sa silhouette. je restais figée devant la porte tout en essayant de me convaincre que je ne suis pas entrain de faire un mauvais rêve. Je sentis quelqu'un me toucher , je me tournai et remarqua mon beau-père.
- les garçons t'attendent Léa, il faut partir.
- Bien sur les garçons...
Je sais que dès maintenant j'allais vivre pour mes p'tits gars. Notre vie ne sera plus la même. une vie sans la présence de leur père. Un puzzle inachevé.
- Oui! Les garçons attendent leur mère, murmurai-je en regardant par dessus le vitre.
David
Trois ans s' écoulèrent depuis mon départ d'Haiti. il me reste quatre mois avant que mon visa n'expire et cela me turlipine comme pas possible. Je sais que le but que j'avais en arrivant dans ce pays n'est pas encore réalisé mais je peux dire que tant bien que mal j'ai pu aider ma famille. A mon arrivée ce n'etait pas facile, j'ai galéré deux mois avant de trouver un ptit boulot dans un restaurant; je faisais la vaisselle et avais un salaire hebdomadaire. Deux fois fois par mois, j'envoyais mon salaire à ma femme. Je sais que c' était une pitance, mais que faire quand on a autant de facture à payer. le plus dur c' était la première année, parfois je me réveillais en sueur et pleurais un bon coup; ma famille me manquait et le fait de les entendre ne suffisait pas. Passé le cap de deux ans, ce fut moins douloureux, on commence à s'habituer à l'absence de l'autre.
Nicolas avait maintenant dix ans bientot onze et Eric en avait 7. Je suivais leur développement corporel à travers les photos que m'envoyait leur mère chaque semaine. De plus en plus, ils me ressemblaient et grandissaient à la vitesse d'une éclair. Léa! que dire d'elle? Elle était mon tout; l'ancre de mon navire. Elle affrontait vents et marrées pour élever nos deux fils dans ce fouttoir de pays. Pendant la première année, elle était devenue l'ombre d'elle même. Ma mère m'appelait pour me dire qu'elle ne mangeait presque plus et se laissait aller par mon absence. Je l'appelais, lui parlais; elle me disait toujours que tout allait bien. Je savais que c' était faux. Ainsi pour lui donner un moyen de s' évader de son quotidien, j'ai pris un deuxième job pour être en mesure de lui payer sa dernière année en science de l'education. Au début de notre mariage, elle avait du faire un sacrifice en choisissant de terminer l'une de ses études. Elle avait laisser tomber les sciences de l'education. Aujourd'hui elle les a bouclées et maintenant postule pour une bourse en master en science de l' éducation. Elle a repris sa vie en main et me rend fier de l'avoir comme femme.
Aujourd'hui j'ai décidé d'aller rencontrer l'un de mes cousins qui m'aide dans les démarches afin d' être légal dans ce pays qui est loin d' être le mien mais je m'en fait avec. J'entre dans un KFC et le voit deja assis près d'une fenêtre.
- what's up man?
- ou konnen, nou poze n, (on se maintient) lui répondais-je en lui donnant un grand accolade.
- on commande something avant...
-non ca va pour moi, juste un soda
-great, dit-il en allant passer la commande.
Quinze minutes plus tard, on était attablé et commençait les choses sérieuses.
- David je vais être sérieux avec toi, si tu ne te bouges pas aussi vite tu seras expulsé du pays et t'aurais perdu quatre ans de ta vie pour rien. La seule façon d' être résident dans ton cas c'est de se marier à une résidente. Et tu sais que j'ai raison. Cela ne sert à rien de reculer l'inévitable mon pote.
-Tu te souviens que j'ai déjà une famille en Haiti...
-Ben... je crois que ta femme comprendra la situation. Apres deux ou trois ans, tu pourrais divorcer et les rentrais au pays. Sinon tu vas devoir y retourner mon frère. Le pire, la vie devient plus dure de jours en jours, et tu ne peux pas retourner en Haiti pour aller te morfondre dans la misere. Certes ici on ne roule pas sur l'or mais au moins on a de quoi manger, se déplacer et se loger. Réfléchis mec et repense à la proposition de Rosa. Quatre mille dollars pour un mariage de ce genre c'est un cadeau je te dis; c'est une très belle offre. Ce n'est pas facile de trouver une femme de la trempe de Rosa qui decide de sacrifier plusieurs années de sa vie pour t'aider. Résigne-toi, donne lui les quatre mille puis deux ans plus tard tu sera libre mec de faire ce que tu veux.
J' écoutais Mike tout en buvant mon boisson, ce qu'il disait n'était que la vérité. Je n’avais pas envie de rentrer ; je me sentais déjà bien ici, apart le fait que ma famille manquait. Je remerciais mon cousin et prenais congé de lui.
Assis dans mon studio je réfléchissais aux dires de Mike. Je me souviens des doutes de Léa à cette époque, elle m’avait parlé de ces mariages. Je lui avais assuré en disant que jamais je me mariais pour avoir des papiers. Maintenant que faire ? Retourner dans mon pays est impensable en plus si je le fais je ne pourrai plus jamais retourner aux Etats-unis. Je me lève et commence à faire les cents pas.
- Dieu aide-moi, murmurai-je
Je pris mon téléphone et regarda l’heure, il est déjà 5 heures. Il me reste 2 heures avant d’arriver à mon second travail. Trois nuits sur sept je suis agent de sécurité dans un parc d’attraction pour enfants. J’aurai le temps d’appeler ma femme. Je lance l’appel sur whatsapp et attends, heureusement qu’elle est en ligne.
- Hi dear !
- Bonsoir mon chéri ! comment tu vas ? une bonne journée ?
- Comme toujours vous me manquer, mais ca peut aller…
- J’allais justement t’appeler, je viens à peine de renflouer mon compte.
- Ah ok. Comment tu vas dear ? dis-je en m’asseyant.
- Ce n’est pas la forme David. Eric est malade et demain je compte l’enmener a l’hopital…
- Malade !?, je me mis debout.
- T’inquiète chéri, il a une fièvre et la direction de son école à du m’appeler pour venir le chercher. Et j’ai remarqué une éruption cutanée...
- Quoi ? t’aurais du l’ emmener après l’ école Léa et si c’est grave !
- Tu penses qu’il est aussi facile d’enmener un enfant à l’hopital vers les midi !!! à moins que ce soit une urgence ! En plus j’avais pas assez d’argent en main, j’ai du aller faire un retrait cette après-midi, dit-elle d’une voix irritée.
- Désolé cherie ! Je me suis emporté. Je vais voir ce que je peux faire. Demain je t’envoies ce que j’ai pour le moment.
- D’accord cheri. Désolée également, je suis irritable depuis ce matin. J’ai envoyé Nicolas chez sa grand-mère, comme ça, demain de très tot je pourrai aller dans le centre de santé qui se trouve à Delmas 18. Malheureusement l’hopital public est en grève alors je ne vais pas perdre mon temps là-bas. Meme si je sais que je vais depenser plus dans ce centre.
- Fais ce que tu trouves le mieux b. J’ai pas beaucoup mais demain je t’envoies soixante-dix dollars, c’est tout ce que j’ai pour le moment.
- D’accord Dave
- Je dois te laisser b. il est déjà l’heure et je dois aller travailler…
- On se parle demain. Je t’aime !
- Je t’aime aussi ! Prends soin de toi ! Embrasse les garcons de ma part.
- A plus mon chéri.
- A plus.
Je me tiens debout pendant quelques minutes et pense à ce que j’avais à dire à ma femme. Je lui ai même pas mis au courant de la situation. Ce n’est pas le moment propice pour parler de cette histoire. J’attendrai qu’elle soit moins préoccupée. J’espère qu’elle comprendra que je fais tout cela pour le bien de notre famille. En tout cas, c’est ce que je crois.
Ps: Je suis nouvelle sur Muswada alors n'hesitez pas à me dire ce que vous pensez de cette histoire.
Je compte publier chaque lundi, mercredi et jeudi. Si il y a un changement d'horaire je vous le dirai.
JE VOUS REMERCIE!!!!!!!!!!!!