Le russe
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 38
Le temps passe et avec lui nos douleurs et nos inquiétudes. Elles peuvent s’accroître et nous hanter de sorte à nous faire vivre dans ce douloureux souvenir de nos échecs passés.
Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Je dirai que pour moi, plus le temps passe et mieux je me sens. La vie ne peut pas être plus belle que celle-là.
Si ?
Alors si elle l’est, c’est que j’aurai plus d’argent que je n’en aie déjà. Cette motivation qu’est l’argent pour moi n’est plus à démontrer. Ils le savent tous. Ces personnes que je côtoie depuis un an déjà savent que j’ai un penchant assez poussé pour les billets.
Sinon tout va bien pour moi et ce dans le meilleur des mondes. Mes affaires prospèrent et elles sont à leur top niveau. Le marocain est peut-être le pire amant que je connaisse, mais c’est sans doute le meilleur en affaire. Avec lui quand on baise on baise. Mais quand on travaille, et on le fait jusqu’à ce qu’on ait des résultats satisfaisants. Je profite donc de lui et de ses bons conseils. Il me fait gagner et fais fructifier ma fortune.
Côté sentimental, je ne me plains pas du tout. Je ne m’attache pas aux hommes.
Je couche juste avec et après je les jette comme de vielles peaux de bananes. Ils ne me servent qu’à satisfaire mes nombreux fantasmes. A quoi d’autres pourront-ils me servir ?
Depuis la mort de Moctar, je n’ai plus eu de nouvelles de sa famille et c’est mieux ainsi. Moins je les vois et mieux je me porte. Avec tout ce que j’ai, je n’ai pas vraiment besoin d’eux dans ma vie. Je ne suis pas hypocrite au point de vouloir d’eux. Dans tous les cas, j’ai déjà eu ce que je voulais, à savoir Moctar et tout ce qu’il possédait comme biens.
Que demander de plus ?
Alors j’en profites. Oui je profite de la vie. De la belle vie devrais-je dire. Il faut savoir profiter des grâces de cette vie et ne pas se limiter aux petites choses. J’ai toujours pensé que notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur ; notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite. C'est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus. Pourquoi devrais-je être comme tout le monde quand j’ai la latitude d’être telle que je suis ?
Nous sommes dans une société où chacun veut ressembler à l’autre. Il faut pourtant être sa propre source de motivation. Je ne côtoie pas les personnes qui ne savent pas ce qu’elles veulent. Qui tâtonne, qui vont à pas de velours sur les sentiers de la vie. Je n’ai pas besoin de ce genre de personne. Il m’en faut plus à moi. Alors lorsque je rencontre un nouvel être, ce que je veux savoir, c’est s’il peut décevoir quelqu’un d’autre afin de rester vrai envers lui-même. S’il peut supporter l’accusation d’être un traitre et ne pas trahir sa propre âme. Je veux savoir s’il a suffisamment de foi pour être digne de confiance. Je veux savoir s’il sait voir la beauté même si ce n’est pas beau tous les jours.
Il y a de la beauté dans la laideur de certains jours. La seule chose qui pourrait nous emmener à voir cela, c’est d’être soi et de ne pas regarder les évènements de la vie avec un œil étranger. Se faire sa propre opinion de tout ce qui nous entourent, sans que celle-ci ne soit influencer par un quelconque avis extérieur.
C’est ainsi que je fonctionne depuis longtemps et je ne m’en porte pas vraiment mal. Bien au contraire, tout marche très bien pour moi. Alors pourquoi changer une formule gagnante pour faire plaisir aux autres ? du moment où tout va bien pour moi dans tout ce que je fais, je resterai tel que je suis. Que cela n’en déplaise à certains.
*******
****Un matin dans le bureau de Yasser****
—Etes-vous sûr qu’elle acceptera de se plier à ce qu’on lui demandera ?
—Bien sûr. Elle n’a pas d’autres choix. Et puis je compte sur sa cupidité légendaire pour qu’elle succombe. Le rassurais je.
Ce russe m’énerve avec toutes ses questions à n’en point finir. Je suis fatigué de lui répéter les mêmes choses depuis un mois déjà. Mais il faut dire que je n’ai pas fait grand-chose pour le convaincre du fait qu’elle acceptera de faire cela. Et comme je le disais tantôt, je compte sur son amour sans limite pour l’argent afin qu’elle soit partante. Dans le cas contraire, on se fera buter tous les deux.
Oui ! ces gens ne jouent pas leur blé. Et quand ils investissent, ils veulent un retour. Mais surtout un retour positif. Les affaires ne sont plus au beau fixe ; et cela je l’ai cachée à ma douce Akabla qui ne fait que dépenser à tout vent. C’est une acheteuse compulsive et voici où cela nous as mener. Au bord du gouffre ; mais surtout du mauvais gouffre. Je ne connais pas plus mauvais et sadique personne que ce foutu russe d’Ivanov. Et le pire dans toute cette histoire, c’est que je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. J’ai pourtant toujours fais attention à ne pas empiété sur son territoire, cependant il a fallu que cette foutue negresse au cul en feu aille se jeter dans son antre.
Je me passe une main nerveuse sur le visage. J’ai vieillis pour ce genre de bêtise. Et j’ai du coup envie de retourner dans mon Maroc natal. Je crois cette affaire sera le dernier coup sur lequel je vais bosser. Après quoi, je m’en vais. Je liquide tout ce que j’ai comme biens dans ce pays et je rentre à la maison. J’en ai plus que marre.
Marre que mon nom trempe dans toutes les histoires louches et salaces de la capitale ivoirienne. Par ailleurs, le marché de la drogue et des filles de joie est en train de revenir aux mains des russes et ces gens ne font pas dans la dentelle. Ils éliminent tout ce qui se mets en travers de leur chemin ; et à vrai dire, je n’ai pas envie d’être un dommage collatéral de la recherche de gain sans frein de cette catin.
Merde !
Quelle idée de dealer dans mon dos.
Je devrai lui casser la gueule pour cette bêtise.
Elle a été sur leur territoire et voilà que cela se retourne contre moi. Dans la mesure où tout le monde sait que c’est moi son mentor. Je lui ai pourtant répété à maintes reprises que le côté sud-ouest de Zone 4 n’est pas le nôtre. Mais il a fallu qu’elle aille rouler son gros cul dans leur bar.
Mon Dieu… j’ai juste envie de taper quelqu’un ou quelque chose car je sens la colère monter en moi.
—Je vous fais donc confiance monsieur Yasser afin que les choses se passe pour le mieux. Répondit-il avec son fort accent russe.
Celui-là doit être habitué aux pays francophones vu la manière dont il s’exprime bien en français. Ses yeux d’un bleu presque trop sombre me fixent d’un air entendu. Son regard loin de me rassurer me fait plutôt froid dans le dos. Je l’imagine déjà me plantant un couteau scandinave dans le cœur. Il n’est pas trop grand de taille et est très trapu. Rien que de l’imaginer nu, me donne envie de vomir.
—En effet vous pouvez compter sur moi. Par ailleurs je vous présente mes excuses pour toutes ces rencontres manquées. Je pus vous assurer que cela ne se reproduira plus.
Il me sourit d’une manière un peu trop doucereuse. Cela cache bien entendu une exaspération qu’il essaie de contenir. J’ai trop longtemps côtoyer ce type d’homme pour ne pas savoir de quel bois il est fait. Alors je ne peux que le caresser dans les sens du poil, si je ne veux pas que mon corps soit retrouver dans l’une des décharges de la commune de Marcory. Nous savons tous dans le milieu que c’est leur signe. Un corps dans une décharge d’ordure est la signature que cette personne a été tout simplement flinguée par les russes. Même la police judiciaire le sait. Raison pour laquelle ce genre d’enquête ne sont menées nul part. ils ont le tout Abidjan dans leur poche. Et leur relation s’étend jusque dans les hautes sphères du gouvernement. De ça je n’en doutes point.
Quand on connait le degré de corruption qui prévaut dans ce pays, on ne peut croire qu’à ce genre de chose.
—Vous y avez tout votre intérêt très cher. Vous savez tout comme moi que les russes ont horreur du retard, nous considérons cela comme un manque de respect nom.
—Bien sûr que je le sais monsieur. Mais comme je vous le disais tantôt, cette erreur est dû à une incompréhension qui bien entendu m’incombe. Et que je me presse de réparer auprès de vous.
—Je compte bien sur vous.
—Vous ne serez pas déçu. Dis-je en souriant de manière hypocrite.
Je transpire à grosse goute dans mon costume taillé sur mesure. Qui du coup est un peu trop serré à mon goût. J’ai juste envie d’enlever ma cravate et de pendre ce prétentieux avec. Mais la mine de son gorille derrière me décourage de toute tentative vers son patron. Ce dernier qui est resté à l’écart depuis qu’ils sont dans mon bureau ne me quitte pourtant pas des yeux. Il semble être prêt à donner sa propre vie pour sauver ce gredin.
—J’attends donc votre appel pour me confirmer que cela pourra se faire le week-end prochain.
—Mais…
—Mais quoi monsieur Yasser ? cria-t-il au point de me fait sursauter. Je ne peux plus attendre. Le temps c’est de l’argent et je n’en aie plus à perdre avec vous. Je fais bien évidemment allusion aux deux, à savoir l’argent et le temps. Les deux me sont précieux ; je ne joue donc ni avec l’un, ni encore moins avec l’autre. Et croyez-moi que je peux tuer pour cela ; mais ça vous le savez déjà. N’est-ce pas ?
Je déglutis avec peine. Je prends une note dans ma tête pour bousiller la gueule de cette maudite bonne femme. Elle s’est foutu dans la merde et m’a entrainé avec elle. J’aurai dû écouter mes compères et la chasser dès que j’ai eu ce que je voulais d’elle. Ce que la sotte ne sait pas, c’est qu’elle m’a fait comme son représentant légal en ce qui concerne tous ses biens. Il ne lui reste plus que des miettes. Et c’est avec ça qu’elle se promène dans les nombreux pays du globe. Sa confiance aveugle en moi m’a été d’un grand secours. Elle me croit tellement riche, qu’elle pense que je n’en veux pas à son argent. Mais ce qu’elle ne sait, c’est que de l’argent on en a jamais assez. Elle devrait pourtant le savoir ; elle qui a tué et brisé des vies pour ce même argent. Comme l’on combat, comme l’on meurt. J’ai pris ses propres armes pour la combattre et bien sûr, elle n’y a vu que du feu.
Comment le saura-t-elle ?
Je suis trop intelligent pour qu’elle puisse se douter de quoi que ce soit. Mais pour l’instant, il faut qu’elle règle ce problème avant qu’il ne nous pète à la gueule.
—Ne vous énervez pas pour si peu… j’ai… comment dire… j’ai juste eu un oubli. Sinon la date que vous donnez me conviens bien évidemment. Je n’ai qu’à juste informer la concernée et nous seront prêt pour le rendez-vous. Vous satisfaire est pour moi une priorité de grande envergure.
—C’est ce que j’aime le plus chez vous mon cher Yasser. Vous engouement à me faire plaisir au prix de mille et un effort.
Je lui souris avec dévotion et le raccompagne à la porte. Lorsqu’il s’en fut aller, je desserre enfin ma cravate et la jette loin de moi.
—Putain de merde de bordel !!!! criais-je avec rage. Dans quoi m’as-tu mis Akabla ? dans quel maudit bourbier m’a-t-elle jeté ? Carole ? appelais-je.
Cette dernière accourra comme si elle se réveillais d’un mauvais rêve.
—Que foutiez vous depuis le temps que je vous ais appelez ?
—Mais monsieur Yasser vous venez à peine d’hurler mon nom. Se défendis-t-elle.
—Vous êtes là pour répondre à mes besoins et devez êtes toujours prête à venir quand je vous fais appelle. Vous êtes là pour me sortir de la merde. Alors ne me faites pas chier. Bon je vous ai assez vu. Dégagez de mon bureau.
—Mais…
—J’ai dit dehors. Hurlais-je de plus belle. Vous êtes sourde ou quoi ?
Elle s’en alla aussi prestement qu’elle était venue. Sans demander son reste. Je sais que je la gronde inutilement car elle n’est pas la cause de mes déboires, mais j’ai besoin de me défouler sur quelqu’un. Et comme le mouton broute là où il est arraché, c’est elle qui va payer le prix de ma colère.
C’est le principe de la vie professionnelle. Une règle d’or. Quand le boss a les boules, ce sont les employés qui prennent les pots cassés. De toutes les façons, je la paie pour ça. Pour passer mes coups de colère sur elle. Alors qu’elle accepte ça, ou qu’elle se casse de mon entreprise. Parce que ce n’est pas à moi de supporter ses humeurs à elle.
Je viens de me rendre compte que je n’ai pas encore parlé à Akabla de ce que veut les russes.
Putain !
Elle a intérêt à accepter. Dans la mesure où c’est de sa faute si nous sommes dans ce bordel. Je ne vais pas tomber tout seul. Soit elle accepte, soit elle finit six pieds sous terre. Je ne vais pas payer pour sa bêtise.
—Carole. Appelais-je à nouveau.
—Oui monsieur. Répondis-t-elle aussitôt.
Je la regarde surpris.
—Je savais que vous m’appelleriez à nouveau ; je suis donc restée derrière la porte à attendre. Dit-elle comme pour répondre à ma question muette.
—Appelez mon avocat ainsi que monsieur Tra.
—Qu’est-ce que je leur dis monsieur ?
—Dites-leur que je veux qu’il ramené leur cul de black tout de suite. Par ailleurs vous allez faire une note de service pour inviter tout le personnel à une réunion de crise pour demain 10 heures.
—C’est compris monsieur.
Elle sortait lorsque je l’interpelle.
—Oh ! Et avant que je n’oublie Carole.
—Oui monsieur Yasser.
—Cherchez un nouveau boulot.
—Oh.
C’est tout ce qu’elle dit en me regardant les yeux tout rond. Mais elle ne fait pas cas de ce que j’ai dit et s’en alla.
Oui. Elle a intérêt à ne surtout pas faire de commentaire. Car je n’en ai vraiment pas besoin à l’heure qu’il est. La seule chose que je veux à l’instant précis c’est de me perdre dans la chatte de cette diablesse de malheur. Alors comme un besoin impératif, je prends mes téléphones et la clé de ma voiture. Direction, la douce demeure d’Akabla.
Je passe devant mon assistante qui me regarde sans comprendre.
—Mais monsieur qu’est-ce que je fais de vos rendez-vous ? ils m’ont dit qu’ils sont déjà en chemin.
—Dites-leur de m’attendre dans mon bureau. Et ils ont intérêt à être là à mon retour. Sinon ils sont tous les deux virés sans autre forme de procès.
Je descends à toute vitesse et m’engouffre dans ma belle Mercedes ML. Je fais signe à mon chauffeur de ne pas venir. J’ai besoin de conduire. J’espère que la vitesse m’aidera à me calmer avant que je n’arrête chez elle. Sinon je risque de la défoncer dès que je la verrai.
********
—Oh mon chéri, mais il fallait me prévenir de ta venue. Tu me prends au dépourvu. M’accueillait –t-elle en me souriant.
La diablesse.
—J’aime prendre les femmes au dépourvu. Ça ne leur laisse pas le temps de mettre tout leur artifice. Je te veux au naturel aujourd’hui.
Elle avait juste noué un pagne sur sa poitrine. Et ses seins pointaient en l’air de me défier de les toucher.
—J’aime les défis. Murmurais-je.
—Tu as dit quoi ?
—Rien. Mets-toi à genou sur le sur le divan et vite. Je ne suis pas là pour discuter.
Je l’avais trouvé au salon de sa villa. Depuis la mort de son mari, elle s’est offerte une coquette villa dans la nouvelle cité qui jouxte l’aéroport. De chez elle, on peut entendre le décollage et l’atterrissage des avions. Je me demande comment elle fait pour dormir dans ces conditions. Je préfère la tranquillité de ma résidence à ce bruit assourdissant.
Voulant être seul avec elle, j’ai demandé à la domestique d’aller faire les cents pas en prenant soin de lui glisser quelques billets violets avec lesquels elle pourra se divertir.
—Ici ?
—Oui ici. Répondis-je.
—Mais le personnel pourrait nous voir. Tu ne voudrais pas qu’on monte pour que je te fasse une petite gâterie ?
—Non je veux ici et maintenant. Par ailleurs j’ai envoyé ta fille de ménage se balader ; et ton gardien n’a pas intérêt à venir ici. Sa place c’est à la guérite et pas dans la maison. Trêve de bavardage.
Je ne lui lasse pas le temps de répondre que je la retourne et la force à se mettre à genou. Je relève par la suite son pagne ; et comme par magie, elle ne porte aucun sous vêtement. Cela a pour effet de décupler mon excitation. Alors je fais descendre mon pantalon aussi rapidement que me le permets mes mains fébriles et d’un coup sec je m’introduit en elle.
Elle gémit bruyamment.
Mes mouvements sont brusques et sauvages. Je veux lui faire mal autant que je suis énervé contre elle. Je veux la blesser dans sa chaire. Je veux la punir de mettre nos vies en danger. Mais surtout je ne veux pas qu’elle ressente du plaisir. Mais c’est mal connaitre Akabla. Elle maitrise tellement bien l’art du sexe que j’ai l’impression qu’elle a été une geisha dans sa vie antérieure.
Dans tous les cas, c’est moi qui profites de ça maintenant. Moi et moi seul.
Plus pour longtemps. Me rappelle ma conscience sournoise.
Cette pensée décuple mes forces et je m’introduis en elle de manière à pouvoir lui faire mal. Je n’arrive pas à lui faire mal. Putain c’est elle qui me fait mal. Je crois que je suis amoureux d’elle et tout se mélange dans ma tête.
J’entends le bruit d’un avion qui décolle. Ce bruit assourdissant fait monter le plaisir en moi et je monte avec lui. Je décolle en même temps que l’appareil. Le plaisir. La jouissance. Ce langage commun de nos deux corps ne tarde pas à se présenter. Et nous décollons tous les deux en même temps que cet avion. Pourtant témoin de notre montée au septième ciel, tandis que lui ne s’arrêtera que dans les premiers cieux.
Après avoir être revenu d’entre les anges, je me lève et me rhabille prestement.
—Mais où vas-tu chéri ? on n’a pas encore fini. Et tu ne m’avais jamais lessivé de la sorte. Dit-elle d’une voix rendu mielleuse par le contentement. Je ne sais pas ce que tu as aujourd’hui, mais tu devrais toujours dans ce genre d’état…. Tu as été divin.
—Hum.
—C’est tout ce que tu trouves à dire ? tu n’es pas beaucoup bavard.
—Ecoute je vais en venir a fait.
—Je suis toute ouïe alors.
—Nous sommes dans la merde. Ou devrais-je dire que tu nous as mis dans la merde ; avec ta stupidité légendaire.
—Moi ? répond-t-elle d’une voix plaintive.
—Oui toi.
Je lui fais le point de tout ce que je sais et de ce qu’elle a fait s’en juger utile de m’en parler. Peut-être que si je l’avais su un peu plus tôt j’aurai pu y trouver une solution avec qu’on en arrive à cette extrémité. Mais le vin est tiré, et quitte à le boire, elle aura une plus grande quantité que moi.
—Non je ne peux pas faire ça. Cria-t-elle hors d’elle. Tu n’aurais pas dû accepter pareille imbécilité.
—Tu aurais dû y penser avant d’aller te pavaner dans cette maudite boite et d’y vendre ta merde de drogue. Et non contente de cela, il fallait que tu fasses affaire avec eux. Et puis je n’avais vraiment pas le choix. De toutes les nationalités de ce pays, il fallait que tu ailles te coltiner à ces salopards.
—Mais je ne savais pas qu’elle était avec ces gens. Elle m’a juste dit qu’elle aime les bijoux que je porte. Elle m’a flatté. Je suis une femme ; j’ai donc été ravi qu’une aussi belle femme s’intéresse à ce que je porte d’une part. Et d’autre part cette histoire de drogue n’est que pure mensonge. Ce n’est pas moi qui ait dealer ce jour-là. C’est une autre. Il la confond surement avec moi.
J’émets un petit rire désabusé.
—Tu n’es pas le genre de femme sur laquelle on peut se tromper. Il a dit que c’est toi.
—Ce n’est pas moi. Crois-moi chéri.
Elle se lamentais et n’arrêtais pas de me supplier de la sauver.
—Je ne peux rien faire pour toi ma beauté. C’est ça ou soit ils nous tuent tous les deux.
Elle pousse un cri effrayé.
—Et quand je parle de tuer, je ne fais pas allusion à la balle que tu as mise dans le cœur de Moctar par inadvertance. Ça été une mort bien trop douce. Je te parle de mort lente et douloureuse. Je te parle de torture et d’autres horreurs que ton esprit ne peut même pas imaginer. Tu as donc intérêt à pendre ton beau cul pour me suivre le week-end prochain.
—Mon Dieu. Qu’est-ce que je vais faire.
Elle pleurait cette fois de plus belle.
—Tu aurais dû y penser avant de t’aventurer sur un terrain que tu ne maitrise pas du tout.
—Aide moi. Je t’en prie. Je ne veux pas faire ça.
—Tu le devra pourtant. Car crois-moi, je n’ai pas envie de finir découper dans un sac poubelle. J’ai d’autres projets pour moi. Alors tu vois, tu vas te taire et faire ce qu’on te demande sans rechigner.
—On pourrait s’enfuir loin. Toi et moi et on ira refaire notre vie loin de tout ça… et puis…
—Boucle là s’il te plaît, Intimais-je. Tu vas finir par me casser les couilles. Je ne veux plus t’entendre. Ce n’est pas une demande que je faisais. Mais plutôt une information que je te donnais. Et crois-moi que tu n’as pas intérêt à t’enfuir, parce que non seulement tu seras retrouvé. Mais tu finiras de la manière la plus pitoyable qui puisse être. Alors apprête toi moralement pour ce qui t’attends.
—Mon Dieu. Est-ce un cauchemar. Pleurait –elle en se lamentant de plus belle.
—Non ma belle. Ce n’est rien de tout ça. C’est juste un pan de ton histoire ; tout cela te servira de témoignage ; tu as voulu jouer dans la cours des grands. Tu dis donc assumer. Et puis vu que tes finances ne sont plus au beau fixe, tu devras accepter.
—Quoi ? hurla-t-elle. Comment ça mes finances ne sont plus au beau fixe ? qu’est-ce que cela veut dire ?
—Eh calme toi. Quand il s’agit d’argent tu te mets dans tous tes états. Mais ce que tu ignores, c’est que cela te rapportera du fric. Pas mal de fric.
—Ah bon ?
Je me trompe peut-être, mais j’ai crois voir une lueur d’espoir naitre sur son visage, pourtant si dévasté tout à l’heure.
—Je pourrai donc avoir de l’argent ?
—Bien sûr. Mentis-je. Je ne voulais pas te dire ça, pour ne pas que tu penses que je veux t’exploiter à des fins pécuniaires.
—Tu sais que quand il s’agit d’argent, je ne fais pas de manière. Je ne savais pas qu’il y avait un enjeu. Ok je vais accepter finalement comme je le dis souvent ; les billets n’ont ni odeur ni couleur.
Elle claqua la langue en un bruit que je déteste au plus haut point.
Mais je n’en fais pas cas. Du moment où elle est ok ; moi ça me va. Je viens juste de me rendre compte que cette fille carbure vraiment à l’argent. Comme elle aime si bien le dire, l’argent est son fuel. Et dire que je croyais être amoureux d’elle quand je la défonçais. J’eu un haut le cœur invisible.
Jamais au grand jamais je ne tomberai amoureux de cette poubelle.
Je lui explique comment les choses se passeront avant de m’en aller. Je me trompe peut-être, mais je crois qu’elle a plutôt hâte que le weekend end arrive. A chacun ses motivations. Elle s’est fait une raison en acceptant son sort ; du moment où sa motivation a été touchée du doigt, elle accepte sans rechigner.
—Je pourrai snifer un peu de rose blanche ce jour-là.
—Comme tu le voudra ma belle. On fera comme tu le sentira. L’essentielle est que le russe soit content.
—Il le sera.
—Je t’appelle le jour d’avant pour tout coordonné avec toi.
—Sans faute. Je reste à l’écoute.
Je lui fais une bise sur le front et sort de la maison.
Je retourne à mon bureau. Plus que jamais, le besoin de quitter Abidjan est grand. Il faut que je parte après tout ça. Parce que je ne sais pas pourquoi, mon intuition me révèle que rien de bon ne sortira de tout ça. Je n’aurai qu’à liquider tout ce que j’ai comme biens ici. Ils sortiront comme de petits pains. La communauté marocaine est beaucoup représentée en Côte d’Ivoire, alors je n’aurai pas de mal à tout vendre en un temps records.
Il faut que je
quitte ce pays dans un mois maximum. Je veux partir loin de tout ça.