Les Horloges 3 ~ ©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

Ecrit par ngengeti

  La cinquième dimension temporelle de ces fameuses horloges, car…

Nul ne sait l’heure...1

Seule une fois, une remarque lui avait été faite sur le nombre de plus en plus croissant de ces objets, marqueurs-du-temps-qui-passe, à travers sa demeure. 

Il a répondu sur la défensive ou une attitude et un ton qui signifiait que le sujet n’était pas ouvert au débat : 

 - Il «collectionne ses montres et horloges comme d’autres le font pour d’autres objets. » ©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

Le temps passait et il revenait de ses périples et constatait que plusieurs de ses horloges étaient pétrifiées, et il se mettait au travail.

Il réparait souvent le coucou chanteur.  Cette horloge dont les oiseaux sortaient de leur petite maison perchée au sommet du cadran de la montre, par les battants qui s’ouvraient suivant le nombre spécifique d’heures qu’elles devaient marquer. 

Ce coucou qui était sujet à un arrêt fréquent, avait plusieurs anomalies de fonctionnement, tels que la fermeture restreinte des portes de la maisonnette qui abritaient des coucous chanteurs ; la cassure de sa pendule en boit ; ou encore le difficile accès à son boitier de batteries. Tous ces défectuosités étaient sûrement suite au déménagement ou une mauvaise manipulation, ou encore due à une bousculade d’un passant inattentif.

Mais toujours, il trouvait le moyen de le faire fonctionner à nouveau, malgré tout, en s’énervant des fois, ou patiemment d'autres fois.

Pendant longtemps, ce coucou était souvent à l’arrêt le plus longtemps de toutes ses horloges. Le temps qu’il revienne de son voyage pour le raviver de son sommeil. Ensuite une autre prenait la relève dans sa clinique amateur de réparation. ©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

Il se faisait la remarque que les bons horlogers mécaniques se font de plus en plus rares.

Ces derniers, les techniciens, avaient l’habitude d’opérer dans les zones marchandes. Mais, ils s’y trouvaient de moins en moins parce qu’ils ont soit changé d’activité ou, se sont relocalisés, ou encore, ont fait leur temps : ne sont plus de ce monde et n’ont pas eu de successeurs. Plus d’apprentis praticiens férus de l’entretien de ces mécaniques minutieuses et complexes.

Le savoir faire se perdait peu à peu. « Avec le temps, tout s’en va… »

Toute une ère tournait la page, comme les hommes qui en faisaient partie. ©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

 Tout s’en allait, telle la vie de l’homme, dont nul ne savait l’heure où elle s’arrêterait.

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Il était une époque où, pour marquer le départ d’un homme, on arrêtait le pendule de son horloge.

La remettait-on en marche après son enterrement ? Quel en était le protocole ?  

Une petite recherche dans certains folklores dit que l’arrêt de l’horloge marquait l’heure exacte du décès du défunt. Et ces horloges étaient maintenues ainsi, durant toute la période transitoire avant la levée du corps et son enterrement.

Il en était de même pour tout objet marquant le temps en sonnant ou tout objet scintillant. Cela évitait toute distraction pouvant dévier le mort de son cheminement entre les deux mondes : du nôtre, vers l’haut-delà, ou le monde des morts.

~©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

Ainsi donc, il s’est révélé que de nombreuses personnes se sont endormies pendant ces périodes de sommeil des horloges appartenant à l’homme parti en voyage ; Et ne se sont pas réveillées.

Ces personnes sont parties pour le sommeil éternel.

Elles sont parties au fur et à mesure que ces horloges s’immobilisaient. Tels des pantins désarticulés dont les fils se seraient coupés des bouts de boit auxquels ils étaient attachés.

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Les fils de leurs vies étaient sectionnés par les Heures grecques, filles de Jupiter, leurs jumelles les Parques, filles de la Nuit/ l’Erèbe/ Jupiter et Thémis. Du haut de l’Olympe*, veilleuses des destins et des fils du temps, marqué par ces horloges soudainement, brusquement pétrifiées dans leur élan.

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©Ngengeti ~Alavolee-Onafly

Les Horloges