L'incroyable anniversaire
Ecrit par Farida IB
Nahia…
Tina (plissant le front) : Nahia ?
Je la dépasse et me dirige droit vers sa cuisine, elle me rejoint en quelques secondes puis sans rien dire, branche le chauffe-eau et nous fait du thé vert à la menthe. Elle attend de remplir les tasses avant de parler.
Tina : je t’écoute.
Comme si on m’avait branché une pile électrique, je déversai tout en quelques minutes et finis par soupirer de soulagement.
Au fait, je suis longtemps restée prostrée au milieu du salon de Khalil après notre discussion, enfin. si on peut appeler ça une discussion, Puis je suis sortie de là complètement dévastée. Du coup j’avais besoin de me vider, il me fallait nécessairement entendre une vérité crue. C'est ainsi qu'à défaut d’aller vers mamie, étant donné que la maison sera bondée de monde ce matin, j’ai pris ma voiture et j’ai foncé tout droit ici.
Depuis que j’ai terminé mon récit, elle me regarde et secoue simplement la tête du genre, elle est dépassée par mes agissements. Je la comprends parce que moi-même ma vie me dépasse. (soupir).
Elle lève enfin ses yeux et me fixe longuement avant de parler.
Tina : Adja qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?
Moi redémarrant : ce n’est que maintenant je me rends compte que j’aimais vraiment sa compagnie et tout ce que nous avons partagé dernièrement. (fixant un point imaginaire) J'avoue qu'il faut sans faire abstraction de son caractère étourdi, hautain et puérile, dire qu’il est vraiment aimable, magnanime et très attentionné. Ma vie était devenue plus facile depuis qu’il a imposé ce rapprochement entre nous et j’ai tout gâché. (la fixant) Je te jure que ce n’était pas mon intention de le blesser, j’étais en colère et j’ai… (soupire.).
Elle pousse la tasse qu’elle met en évidence devant moi.
Tina (d’un ton impétueux) : bois !
J’obéis sans rechigner. Elle prend également deux petites gorgées de la sienne avant de prendre place sur la chaise à côté.
Tina me réprimandant : pucette, le type a pris soin de toi comme personne ne l’avait jamais fait auparavant, il a pris ton fils sous son aile, ton humeur était devenue nickel depuis et tu rayonnes à cause de ça, au travail, c’est le happylife et j’en passe… Alors pourquoi tu n’arrives pas à lui faire confiance ? Qu’est-ce que tu lui reprochais réellement dans cette histoire ? (énumérant) De t'avoir proposé d’assurer la garde de ton fils ? Ou que ton fils soit lui-même parti se faire fendre le crâne et qu’il se soit occupé de lui comme il le ferait avec son propre enfant ? Ou simplement parce que c’était facile de l’accuser lui ?
Je baisse la tête un peu penaude.
Moi : j’ignore vraiment pourquoi j’étais en colère contre lui.
Tina crue : oh que si, tu le sais bien !
Je relève la tête et la regarde.
Tina (pointant la tasse) : aller bois !
Je prends la tasse et la vide à moitié.
Tina ton docte : pourquoi te sens-tu obliger de voir le mal partout ? Il n’est pas ton petit ami Nahia, du moins vous n’en êtes pas encore là. (j'arque un sourcil.) Oui, parce que c'est une éventualité à prendre en compte.
Moi : lol
Tina : bref, il n’est pas Bilal encore moins Manaar ou tous ces idiots qui ont sapé ta confiance. Il fait tout ça parce qu'au-delà de l'apparence que tu t'obstines à lui prêter, il est une bonne personne mue par de bonnes intentions. Et à l'opposé de tous ces idiots cités plus haut, c'est ton bonheur et ton bien-être qui le préoccupe plus, il le fait pour te faire plaisir tu comprends ? Alors pour la première fois qu'une personne fait preuve d'altruisme envers toi, j’aurais souhaité que tu ne laisses pas ton passé venir l’entraver dans son élan. (me prenant la main) Ton passé ne devrait pas être une source de haine et de méfiance en toi, non. Tu peux piocher là-dedans pour te rappeler certaine leçon, mais pas t'en servir tout le temps comme exemple. Pourquoi ne te dis-tu pas simplement qu’il peut-être la part de perche que Dieu te tends pour pallier un tantinet à toutes ces années de souffrance et d’injustices ?
Elle relève mon menton d'un doigt et me fixe dans le blanc des yeux.
Tina doucereuse : tu as droit au bonheur comme tout le monde chourie et voilà ta part de bonheur. Tu peux te revêtir une capote émotionnelle si tu veux, mais profites-en énormément. En tout cas jouis de cette aubaine pendant que tu en as encore l'occasion et arrêtes de faire chier le monde !
Moi la petite voix : ok.
Flottement.
Moi : qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Il est vraiment furieux contre moi.
Tina (se levant) : tu sais ce qui te reste à faire. Maintenant dégages de ma cuisine, je dois rattraper mon sommeil.
Moi : rhoo, c’est ce que Khalil m’a dit toute à l’heure pour me renvoyer de chez lui.
Tina : il ne t’a même pas bien chassé !
Moi boudant : rhoo Tina.
Je me lève subitement de ma chaise en poussant un hurlement étouffé.
Moi : mon Dieu Nabil, je ne l’ai pas prévenu avant de sortir.
Tina bourrue : est-ce que Satan et satane ont fini de jouer ampé (la marelle) dans ta tête ?
Moi (sur le ton de reproche) : Tina !
Tina : bref, j'envoie les enfants à quelle heure ? Et c’est même où la fête ?
Moi : 14 h, je te dirai l’endroit plus tard si j’ai plus d’informations concernant.
Tina bougeant : à 14 h donc.
Elle s’en va et attend d’être loin dans le couloir pour crier.
Tina : Adja dégage de ma cuisine.
Moi : au revoir ohh Amah.
Tina : Elli !
Je m’envole dans un éclat de rire avant de me lever pour prendre la voie opposée à la sienne. En arrivant à la maison, j’étais résolue à tout faire pour rattraper le coche avec Khalil. À l’étage, à peine, je poussais la porte que Nabil déboule de la cuisine l’air terrifié et me saute au cou dès qu’il m’aperçoit.
Nabil : maman !! Tu étais où ? Nous nous sommes inquiétés.
Moi arquant le sourcil : vous ?
Il s’accroche à ma taille pendant qu’on marche vers ma chambre.
Nabil : oui, tonton Lil et moi.
Moi : en parlant de lui, il est là ?
Nabil : il est déjà parti, il a dit qu’on devrait se dépêcher.
Moi arquant le sourcil : partir où ?
Nabil : bah chez grand-Pa, pour la fête. Tu as oublié que c’est aujourd’hui la fête de Naïla et Laïla ?
Moi : mais il est parti par quel moyen puisque l’autre voiture est encore là ?
Nabil : il a pris un taxi moto.
Moi criant : quoi ???
Il sursaute.
Moi : pardon, je ne voulais pas te faire peur, tu dis qu’il a pris un zem ?
Nabil : oui, il dit qu’il a envie de prendre un bol d'air.
Moi (recherchant mon téléphone) : c’est quoi cette histoire ? Laisse-moi appeler ta tante.
Nabil ton amusé : rhoo maman comme s’il allait lui arrivé quelque chose.
Je lance l’appel sans plus prêter attention à son sourire moqueur. Amou décroche à la première sonnerie.
Moi d’entrée de jeu : bonjour Khalil est là-bas ?
Amou : bonjour petite sœur, oui, je vais bien, tes neveux grosses têtes vont bien également, ils…
Moi ton pressant : Amou orrhh réponds-moi.
Amou : tu disais quoi déjà ?
Je soupire doucement.
Moi : Khalil, il est arrivé chez vous là-bas ?
Amou : gueule d’Arabe ?
Je soupire bruyamment.
Amou : c’est bon ohh, on voit que ton sens d'humour à fait un tour à Tchamba (chez nous), bof il est là ton collègue. Sauf qu’il est très pris en ce moment par l’aménagement du mini stade. D’ailleurs, vous faites quoi encore tous les deux à la maison ? Il faut que Nabil vienne se faire maquiller, on attend également les autres enfants. Vu leur nombre, il faut qu’on commence tôt et bien attendu, la priorité est donnée aux enfants de la maison. La charité bien ordonnée commence par soi-même, dit-on.
Moi perdue : maquillage de quoi ?
Amou : bah maquillage des enfants, tu n’es pas au courant que tous les enfants seront maquillés à l’effigie de leur héros préféré de dessin animé ? En tout cas, j’ai demandé qu’on termine par mes bambi (les triplés) il ne faut pas qu’ils en viennent à transformer la splendide villa de mes parents en maison type bamba.
Moi (encore plus perdue) : je ne comprends rien de ce que tu dis.
Amou ton agacé : bon viens toi-même voir ce qui se passe, ne me perd pas le temps tssrrr.
Moi soupirant : ok !!
Amou : n’oublie pas d’avertir tes copines pour qu’elles envoient leurs gamins très tôt.
Moi : ok.
Je raccroche et reste dans les vapes un moment, c’est la voix de Nabil qui me sort de mes pensées.
Nabil élevant la voix : maman, mais je te parles.
Je lève un regard interrogateur sur lui.
Nabil : je demandais si tu veux prendre ton petit-déjeuner avant qu’on ne parte. Moi, je veux vite partir, j’ai hâte de voir mon cosplay Naruto.
Moi étourdie : quel petit déjeuné ? Quel cosplay ?
Nabil: bah le petit-déjeuner que tonton Lil a fait, mon costume pour la fête.
Je prends un grand souffle, je comprendrai tout ça plus tard.
Moi : viens.
Il se crispe d’un coup et me suit docilement jusqu’au niveau du lit, je prends place dessus avant de tapoter la place à côté de moi. Il s’assoit et jette son regard en brousse.
Moi posément : je pense t’avoir suffisamment grondé pour ce que tu as fait, mais je veux vraiment que tu saches, je ne suis pas fière de toi.
Nabil la petite voix : je sais et je suis désolé de t’avoir désobéi.
J’ouvre les yeux et la bouche quelques secondes étonnée, admirative avant de reprendre.
Moi : j’espère que tu te rends compte de la gravité de l’affaire bien que tu t’en es sorti de justesse cette fois. Imagine si ça avait été plus grave que ça, qu’est-ce que j’allais devenir moi ?
Nabil tête baissée : je te présente mes excuses pour ma conduite non-exemplaire, je te promets que ça ne se répétera plus.
Moi (sonnée, mais faisant genre) : en tout cas, j’attends de voir ça. La prochaine fois, je ne vais vraiment pas te rater.
Nabil hochant la tête : tu peux compter sur ma parole d’homme.
Moi amusée : tu te crois déjà homme toi ? Pardon attend encore un peu.
Il m’accompagne dans mon rire.
Moi sérieuse : loulou, tu sais, si je te donne toutes ces restrictions, c’est pour éviter que ce genre d’accident survienne. Tu es conscient du fait que je peux me retrouver à l’autre bout du monde après un seul coup de fil ? Tu sais aussi que ton père est très occupé et tes grands-parents ont leurs lots quotidiens qu’ils doivent gérer. (oui de la tête) C’est pour ça que je m’assure que tu puisses être assez responsable pour prendre soin de toi tout seul comme un grand.
Il sourit en hochant la tête.
Moi poursuivant : je veux avoir le cœur en paix partout où je serai parce que tu es mon œuf et je ne supporterai pas que quelque chose de mal t’arrive. (ajoutant) Je peux être parfois maladroite dans mes actes, mais je fais tout ça pour ton bien et j’espère que tu le sais ?
Nabil (acquiesçant de la tête) : je le sais maman.
Moi : fine, je peux compter sur toi pour que ce qui s’est passé hier ne se reproduise plus jamais jamais jamais?
Nabil : promis maman.
Moi : je te crois (me levant) bon allons voir ce que tonton Khalil a fait comme petit-déjeuner et tu m’expliques ce que cette histoire de costume et de maquillage viennent chercher dans votre fête.
Il n’attend pas qu’on s’installe autour de la table cuisine pour se mettre à raconter leur superbe fête avec une grande excitation. Je l’écoute ensuite en dégustant le délicieux œuf au lait. Ce que je retiens de son récit c'est que le type a transformé la petite fête que j’avais prévu faire aux enfants pour leur dixième anniversaire en un incroyable anniversaire. Mon Dieu, il a sorti tout cet argent d’où ? Rien que pour habiller et maquiller la trentaine d’enfants qu’ils seront, il doit avoir dépensé toute une fortune vu que le budget alloué n'aurait pas été suffisant pour faire tout ça. Bon pour le moment, ce n’est pas le plus important.
Moi commentant : super, ça promet votre fête.
Nabil content : ouiii.
Moi l'air de rien : je te laisse profiter de la fête, mais à partir de demain, tu seras puni pour ce que tu as fait. Tu ne reviens plus par ici avant deux semaines.
Nabil (affaissant ses épaules) : et moi qui pensais que pour une fois, je ne serai pas puni.
Moi sourire espiègle : comme ça, tu réfléchiras par deux fois avant de prendre des décisions sans consulter un adulte.
Nabil : mais maman je…
Moi : trois semaines.
Nabil (dans un soupir) : ok ok j’ai compris.
Moi : emballé et pesé ! (du coq à l’âne) Tu as pris tes médicaments ?
Nabil le ton boudeur : oui, tonton Lil me les a fait prendre.
Moi faisant fi de son humeur : ok, cool, n’oublie pas de les prendre avec toi toute à l’heure.
Nabil ton las : d’accord.
Je lève le regard de sa mine boudeuse et le pose sur le sparadrap sur sa tête avant de pousser un petit soupir.
Moi : qu’est-ce que nous allons dire à ton Grand-Pa ? C’est moi qui vais me faire remonter les bretelles parce que j’ai été incapable de prendre soin de son Marwan chéri.
Il acquiesce un petit sourire.
Nabil : bah, je vais mettre un chapeau.
Moi lui montant la joue : ok, on va faire ça ! Bon, je me prépare et on bouge avant que ta tante ne commence à me gazer d’appels.
Nabil riant : elle fait ça tout le temps maintenant.
Moi : tu as remarqué non ?
On se regarde puis on se sourit.
C’est pendant le trajet vers la maison des parents que j’envoie un message de groupes à mes copines pour qu’elles avancent leur heure d’arrivée. Depuis que j’ai démarré, Nabil n’a pas arrêté de vanter les mérites de son tonton Lil. Mon pauvre bébé, si seulement il pouvait moins s’attacher à lui pour ne pas être très déçu lorsqu’il s’en ira d’ici. Mais bof, on…
Je mets un frein à ma pensée pour prêter plus attention à ce qu’il vient de dire.
Moi : je ne t’ai pas suivi, tu peux reprendre ?
Nabil : je disais que je veux être comme lui quand je serai grand.
Moi : non avant ça.
Nabil la petite voix : que ça serait trop génial si tu pouvais laisser tonton Manaar pour te marier avec lui.
Bon laissez moi freiner d’abord.
Moi : tu as vu tonton Manaar là où ?
Nabil (geste évasif de la main) : il t’appelle maintenant tout le temps et...
Moi ouvrant les yeux : tu m'espionnes ?
Nabil haussant l’épaule : bah, c’est l’écho.
Je soupire dépassée.
Moi : et qu’est-ce qui te fait penser que tonton Khalil est mieux que lui ?
Nabil : t’es belle quand t’es avec lui maman.
Moi hébétée : pardon ?
Nabil d’un ton craintif : ne crie pas s’il te plaît.
Moi : je ne veux pas crier, je veux juste que tu développes.
Nabil petite mine : ah ok ! (il se redresse sur son siège et se tourne vers moi) C’est vrai que tu es belle quand tu es avec lui, tu souris plus et ton visage est plus détendu. Ça te rend vachement belle.
Moi secouant la tête dépassée : possible, mais ce n’est pas pour ça que je dois me marier avec lui. Enfin ça ne se décide pas comme ça, il faut d’abord qu’on soit ami, ensuite (hésitante) petits amis avant de parler de mariage.
Nabil : mais vous êtes déjà des amis nan ?
Je lui jette un coup d’œil.
Nabil arquant le sourcil : vous n’êtes pas amis ?
Moi troublée : oui oui, nous sommes amis.
Nabil claquant la langue : voilà, il ne reste plus qu’à l’aimer parce que lui, il t’aime bien.
Je freine brusquement, ce qui le fait sursauter et fait jacasser les autres conducteurs alignés derrière moi. Je lâche des excuses avant de redémarrer.
Moi à Nabil : toi, tu vas m'arrêter de suivre les feuilletons avec ta mamie, d’ailleurs un garçon ça ne regarde pas les feuilletons.
Nabil : wep, tonton Lil a dit ça aussi.
Moi (lui jetant un autre coup d’œil) : qu’est-ce que vous vous êtes dit d’autre tonton Khalil et toi ?
Nabil souriant énigmatique : des tas de choses et surtout des choses d’homme.
Moi : lol.
……
Nous sommes au milieu de l’après-midi et la fête bat déjà son plein, le mini stade est bondé de tous les héros de Disney et de Mangas Tv. Les heureuses du jour papillonnent partout en Elsa et Anna suivies de prêt de Yusef leur Olaf (rire). Tout ça est tellement beau à regarder et si amusant à la fois que même les adultes qui étaient censés laisser leurs enfants sont restés pour profiter de la fête. Il faut dire que le sweet table à l’image du dernier né « Reine des Neiges » n’a laissé personne indifférente et les cakes topper sur les gâteaux ainsi que les pâtisseries sont justes… Les mots me manquent pour décrire le goût of ça, je vous assure que les manquent me mots. Enfin, comme on le dit ! Même si Laïla a pleuré parce qu’on a mangé le visuel personnalisé en leurs noms (rire).
En résumé, il a fait emménager trois tentes. Une, réservée à la table de dessert qui est centrée sur les gâteaux d’anniversaire, un layer cake citron-pavot et des Cupcakes enneigés auxquels sont associés des gourmandises, de la limonade à coloration turquoise et des Jellys de la même couleur. La deuxième tente abrite des tables d'ateliers organisés par tranche d’âge, du coloriage pour les plus petits, la décoration des couronnes pour nos grandes, et pour les petits hommes le raccrochage du nez d’Olaf à côté duquel se trouve un Chamboule tout Olaf avec des fausses boules de neige pour tout le monde. Un home cinéma occupe la partie supérieure de la tente à l’extrémité des deux autres, bon pour le moment, je n’ai aucune idée de son utilité. Bref, le reste de l’espace est occupé par des adultes regroupés par affinité. Je suis assise avec mes Cop’s de toujours, mangeant des boules de neige et buvant dans les petits verres bleus griffé des images du dessin animé. Enfin, je dois préciser que tout est pailleté en bleu ciel, blanc et argent ici, il y a des étoiles argentés partout, des stickers panini et des petits Olaf découpés pour les chemins de table. Bref rien à redire, les jumelles voulaient une fête Reine des neiges, elles sont servies.
À ma table, toutes les discussions sont centrées sur l’organisateur de la fête. Les filles ne tarissent pas d’éloges à son égard, d’ailleurs, il n’a eu droit qu’à des commentaires laudatif depuis qu’il a lancé les hostilités. Comme je m’y attendais, il a passé son temps à me snober, mais est free avec tout le monde surtout avec mamie avec qui il a passé tout le temps à discuter. Je me suis pris un vent en essayant de faire une approche du coup, je suis aussi dans mon coin. J’ai encaissé subtilement de toute façon, je l’ai bien cherché. Espérons seulement qu’il revienne très tôt à de meilleurs sentiments.
Zaïdia (secouant la main devant moi) : allô la terre !
Moi : pardon, tu me parlais ?
Zaïdia fronçant les sourcils : tu en fais une tête ce soir.
Tina : elle a des problèmes de couple.
Je fusille Tina du regard, elle hausse les épaules.
Murielle : ne me dis pas que vous vous êtes déjà disputés Manaar et toi, ça fait quoi ? Deux semaines que vous en avez remis une couche ?
Pendant ce temps, je lui fais les gros yeux qu’elle ne remarque même pas.
Tina surprise : pardon ?
Zaïdia : tu t’es réconcilié avec Manaar.
Moi biaisant : pas tout à fait.
Murielle : ce n’est pas ce qu’il m’a dit, il a même quitté sa pimbêche pour toi.
Rhoo Muri aussi !
Zaïdia : hein ? (se tournant vers moi) Nahia, c’est vrai ce qu’elle raconte ?
Je les regarde juste avec de petits yeux.
Tina remuant la tête : qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de cette fille ? Tu dors à côté d’un vrai mec qui organise des fêtes d’anniversaire de rêve pour tes nièces qu’il connaît à peine, qui plus est à tes petits soins et tu trouves encore le moyen d’aller traîner dans la médiocrité. Qu’est-ce que tu lui trouves au juste à cette marionnette indécis, lunatique et manipulateurs qui jouent trop avec ton cœur ? (avec humeur) Pourquoi ne peux-tu pas te passer de cet imbécile ?
Murielle fixant Tina : mon frère n’est pas un imbécile !
Tina la toise.
Zaïdia : je trouve même le superlatif trop faible pour lui.
Tina vénère : vraiment ! Un sans foi, une crapule de la pire espèce.
Murielle (sur un ton de reproche) : Tinaaa !!
Tina vénère : tu es libre de lui rapporter ce que j'ai dit, je l’attends même depuis.
Moi : lol.
Elle me lance un regard noir.
Zaïdia me poussant la tête : toi vraiment, je me demande parfois si tu es bête ou si quelqu’un joue aussi avec ta photo quelque part. En tout cas, si tu laisses le beau ténébreux moi, je prends. (articulant) Tu es prévenue.
Tina : elle va même laisser pourquoi ? Quitte à l’obliger à se placer.
Moi agacée : mais vous voulez que je fasse quoi avec un mec qui est là pour une durée déterminée ? Avant d'élucubrer, n’oubliez pas qu’il est juste de passage et qu’il est appelé à retourner dans son pays.
Tina tchipant : comme si ça allait empêcher quelque chose ! Bradley et moi avant vécu comme ça un bon moment nan ?
Moi : sauf qu’aujourd’hui vous êtes ensemble et dans le même pays ! (souffle) D’ailleurs, nous n’en sommes pas encore là et il n’en sera rien du tout, je ne vais pas me jeter comme ça dans l’inconnue. (du tic au tac) Et avant de me juger chercher à connaître les raisons qui m’ont motivé à reprendre avec Manaar, de toute façon si ça ne marche pas, j’ai encore le choix de le quitter.
Zaïdia : on sait tous que c’est une perte de temps, ça ne va même pas faire long feu.
Murielle : cette fois, il est vraiment décidé.
Tina remontée contre elle : toi, tu te tais ou je te balance ce carton de jus. Manaar toi-même si c’est injure.
Murielle sourire narquois : mais c’est vrai !
Zaïdia : Muri arrête pour toi, tu veux que je te fasse un dessin ?
Murielle avec un rire de gorge : apparemment, il est délivré.
Tina : koum, j’attends de voir ça. (à moi) Donc tu ne veux pas tenter ta chance avec tonton Lil ?
Moi : Tina (soupire.) il y a trop de paramètres à prendre en compte.
Zaïdia : lesquels ?
Moi : le fait que je ne le connais pas vraiment et qu’il vit à l’autre bout du monde par exemple.
Murielle : tout ça, ce sont des faux problèmes.
Tina (se tournant vers elle sacrcastique) : tu ne la préserves plus pour ton soi-disant frère ?
Elle lui tire la langue, Zaïdia et moi rions pendant que Tina la tchipe.
Murielle : en tout cas commencez d’abord ensuite vous aviserez.
Moi : mais dites moi, dans tout ça vous voulez que je me mette à faire une cour assidue au gars, c’est ça ?
Tina : si tu ne sais pas t’y prendre, je suis là coco pour t’apprendre.
Zaïdia/Murielle : moi aussi !
Zaïdia : nous n’allons certainement pas te laisser passer à côté d’une belle opportunité.
Moi dépassée : qui vous dit même que le gars me calcule ?
Tina : la go, il t’a déjà ajouté à son cœur.
Elle finit de parler et pompe frénétiquement son breuvage.
Moi roulant les yeux : tu n'y es pas du tout.
Tina : en tout cas !
Khalil…
La fête tire vers son apothéose, en ce moment les enfants sont captivés par la diffusion de l'exclusivité de la "Reine des neiges 2" après l’activité Karaoké. Le film est à trente minutes de la fin, le parfait timing pour terminer en beauté avec la remise des cadeaux. Bon sans vouloir paraître narcissique, je peux dire que j’ai assuré comme un prodigue (rire). Les jumelles ont l’air de planer sur un nuage et les autres semblent bien s'amuser, en grosso modo tout le monde est content. J’appréhendais un peu d’être mal à l’aise à cause de Nahia, mais j’ai trouvé le moyen de l’éviter depuis qu’elle est arrivée. Je dois dire merci à mamie qui m’a été d’une très bonne compagnie durant toute la journée. Il faut dire que plus je la découvre, plus elle me plaît et mieux je comprends sa relation avec Nahia. Elle est très spéciale comme personne, c’est le genre qui peut guérir un cœur meurtri, changer ton humeur en peu de mots. Là, je me retrouve seule à la table où nous étions assis tous les deux parce qu’elle s’est éclipsée après s’être plainte d’un coup de fatigue. J’attends la dernière étape de la fête pour rentrer et faire un grand roupillon moi aussi parce qu’il faut le dire, la journée a été un peu affligeante.
Je me lève en même temps que Nahia et ses copines lorsque l'équipe débarquent avec les cadeaux des enfants pour la distribution.
Tina : mais dit-donc, tout ça rien que pour elles ? (sur le ton de la plaisanterie) Tonton Lil, je fête mon anniversaire le mois prochain hein et je veux la même fête enfin plus que ça si possible.
Je souris lentement pendant que les autres rient franchement.
Moi : d'accord, message reçu.
En fait, il y a en plus du lot des présents prévus par tout le monde, des petits paquets pour les autres enfants de la famille et les invités. Histoire de les remercier pour leur présence et en même temps pour qu’ils se sentent tous dans le bain.
Zaïdia : j’espère que nous avons aussi droit aux cadeaux.
Nahia : lol, tu es un enfant ?
Moi répondant à sa copine : il y en a pour tout le monde, enfin il y a plein de sacs de surprises en surplus.
Zaïdia (se tournant vers les autres tout sourire) : n'est-ce pas qu'il est génial tonton Lil ?
Murielle : génial est peu dire.
Tina : vraiment !
Nahia taquine : merci tonton Khalil.
On s’échange un regard abrégé par l’arrivée des enfants.
Les jumelles (lui sautant dans les bras) : tata !!
Nahia : mes amours, vous avez aimé la fête ?
Naïla : j’ai crocrooo aimé, c’était trop génial !
Laïla : crocrocro superrrrrrrr, je veux ça tous les ans.
Nahia souriant : ravie pour vous (me fixant) on dit merci à tonton Khalil.
Elles quittent les bras de leur tante pour les miens comme si elle s’y attendait.
Elles : merciiii tonton Lil.
Moi leur souriant : pas de quoi princesses.
Zeina : je veux la même fête aussi pour mon anniversaire.
Nabil : moi aussi.
La chorale : moi aussi !!
Moi leur souriant : promis vous aurez la même fête.
C’est l’euphorie générale jusqu’à ce qu’on ne raccompagne les derniers invités. Je laisse Nahia et l’équipe qui se mettent d'accord sur le processus de rangement qu’ils projettent sur le lendemain et vais chercher mes affaires à l’intérieur de la maison. C’est alors que je discute avec sa sœur et son mari qu’elle débarque à son tour pour chercher les siennes.
Nahia : Khalil on rentre ensemble ?
Moi pris de court : euhh
Amou arquant le sourcil : pourquoi devriez-vous rentrer en détail et d’ailleurs pourquoi, êtes-vous venus en détails ?
Moi biaisant : elle avait des choses à faire.
Nahia : wep, bon je vais dire au revoir à mamie et aux parents et nous levons le camp.
Moi : euh ok.
Amou (nous fixant tour à tour) : vous deux vous êtes suspects.
Liam : qu’est-ce que tu vas chercher encore ?
Amou : je ne cherche rien, ils sont louches. Ils sont restés distants toute la journée.
Nahia lève les yeux au ciel et s’en va vers les escaliers sans dire mot.
Moi (me tournant vers sa sœur) : tout va bien t’inquiète.
Amou regard insistant : tu es sûr ? En tout cas, si elle te casse les couilles, tu me le dis pour que je lui casse sa minouche.
Liam (sur un ton de reproche) : Amou !!
Amou : bah quoi ?
Moi souriant : c’est noté.
Ce sont les enfants qui nous raccompagnent lorsque Nahia revient quelques minutes plus tard. Nabil nous libère finalement après avoir longuement échangé tour à tour avec nous deux.
En rentrant à la maison, personne ne parle durant les premières minutes du trajet. C’est elle qui finit par briser le silence.
Nahia : merci de m’avoir sauvé la mise (ajoutant) une fois de plus.
Moi simplement : je t’en prie.
Nahia : tu dois avoir dépensé plus que le budget que j'avais mis à ta disposition.
Moi : oui.
Nahia me jetant un coup d’œil : tu me feras le point pour que je te rembourse le surplus.
Moi : pas besoin, j’ai fait ça pour les enfants.
Nahia : Khalil tu n’es pas obligé de…
Moi sec : c’est pour les enfants que je l’ai fait et j’aimerais bien qu’on en parle plus s’il te plaît.
Son visage se décompose sitôt.
Nahia soupirant : ok.
Une grande tension règne dans le véhicule jusqu’à la maison. Dès qu’elle coupe le moteur, je descends et me dirige vers le portail lorsque j’entends le bruit d’une portière qu’on ferme derrière son véhicule. La curiosité me pousse à me retourner pour tomber sur la silhouette de...
Moi plissant les yeux : Mélissa ?
Mélissa me souriant : enfin, tu es rentré !
Mes loulous toutes mes excuses pour hier, à rattraper bien sûr. Bisou bonne journée.