L'orgueil ne peut pas te sauver

Ecrit par Plénitudes by Zoé

Chapitre 16 : L’orgueil ne peut pas te sauver


**** Thierry ****


Je prends une inspiration pour me donner du courage, ce que je veux faire n’est pas facile. Surtout que je ne m’attendais plus jamais à venir ici. J’inspire, j’expire, approche mon doigt de la sonnette et puis non, je ne suis pas prêt, je suis sur le point de faire demi-tour quand j’entends des voix dans le couloir, les voix de Sabine et Marla pour être plus précis. Et l’origine de ces voix qui se rapprochait… Qu’est-ce que je fais ? Je me suis mis à paniquer ne sachant où me mettre et sentir les sueurs froides dans mon dos. Bon, quand il faut y aller, il faut y aller.


**** Sabine ****


Moi : Oh Thierry, salut.

Thierry : Bonjour Sabine, bonjour Marla…

Marla : …

Moi (les regardant tour à tour) : Il se passe quelque chose ?

Thierry : Non, ne t’en fais pas. (Regardant Marla) Je peux te parler un instant ?

Marla (l’air paniqué) : Je… je t’attends chez moi Sabine.

Puis elle disparut presqu’à la vitesse de la lumière. Je me demande vraiment ce qui s’est passé entre ces deux-là, mais tant qu’ils ne m’en parlent pas d’eux-mêmes, je ne pourrai rien faire pour les aider. Surtout que je n’ai rien reçu les concernant tous les deux mais plutôt séparément. Bref, cela tombe bien que Thierry soit là aujourd’hui.

Moi : Tu veux entrer quelques minutes ?

Thierry : Ce n’est peut-être pas une bonne idée.

Moi (levant un sourcil) : Décidément quelque chose ne va pas. Il y a quelques mois tu aurais sauté sur l’occasion en cherchant à me séduire.

Thierry (surpris) : Tu le savais ?

Moi (déverrouillant ma porte) : Bien sûr que je le savais ! Je sens ces choses-là à des kilomètres.

Thierry (me suivant chez moi) : Tu le savais et tu n’as rien dit ? Pourquoi ?

Moi : Assieds-toi s’il te plaît. Disons que c’était le meilleur moyen pour moi de capter ton attention ; je te sers quoi ? Jus d’orange, eau, sirop de grenadine ? Je n’ai pas d’alcool par contre.

Thierry : De l’eau ça ira, merci. Capter mon attention pourquoi ?

Moi : Avant de te répondre, je dois savoir si tu as toujours des vues sur moi, parce que je veux que tu puisses te concentrer sur ce que je vais dire et non sur moi.

Thierry (tête baissée, se grattant la tête) : Je mentirais si je disais que tu ne me plaisais plus mais ce n’est plus une idée fixe pour moi de te mettre dans mon lit, (relevant la tête) ma copine est enceinte et je dois revoir mes priorités.

Moi (sourire) : Félicitations, un bébé est toujours un heureux événement.

Thierry : Ce n’est pas si heureux que cela dans mon cas. Ma copine ne me l’a pas encore dit, elle pense que je l’ignore et comme je ne sais pas si elle l’a fait exprès ou pas je fais semblant de rien. Ou plutôt je faisais semblant de rien jusqu’à ce que je fasse ce rêve la nuit dernière où j’étais papa d’une petite fille. J’ai ressenti un tel amour venant d’elle que ça paraissait réel alors à mon réveil je me suis dit qu’il fallait que je répare mes erreurs.

Sabine : Raison pour laquelle tu étais planté devant l’appartement de Marla lorsque nous t’avons trouvé…

Thierry (gros soupir) : Je me suis dit que je devais commencer par m’excuser auprès d’elle, même si les excuses ne peuvent pas réparer le mal fait. Cela me ronge depuis des mois.

Moi : Tu sais quoi ? Attends-moi une minute, je vais voir si je peux la convaincre de t’écouter au moins. 

Thierry (faible sourire) : D’accord.


**** Thierry ****


Sabine me laissa seul dans son appartement le temps de se rendre chez Marla, j’espère que cette dernière voudra bien m’écouter au moins.

Quelques minutes plus tard, Marla pousse doucement la porte de l’appartement mais la garde entrouverte, je sais qu’elle n’a pas confiance alors je me lève prestement sans toutefois m’avancer vers elle. Je lui laisse l’espace nécessaire pour qu’elle puisse légèrement se détendre.

Le silence menaçait de s’éterniser alors je me jetai à l’eau :

Moi (me mettant à genoux) : Tout ce que je peux dire c’est pardon, je ne peux rien dire de plus pour pouvoir justifier ce que je t’ai fait, c’est d’ailleurs injustifiable, je ne sais pas ce qui m’a pris et je comprendrais tout à fait que tu ne puisses plus jamais être dans la même pièce que moi mais s’il te plaît trouve dans ton cœur la force de me pardonner.

Marla : …

Moi (levant les yeux vers elle) : Je touche le fond, je ne dors plus, je ne mange plus, je ne peux plus supporter (ma voix se brisant) mon propre reflet dans le miroir tant je me fais l’effet d’un monstre doublé d’un lâche. Si je le pouvais je mettrais fin à mes jours mais je ne peux pas car des gens comptent sur moi. (Les larmes aux yeux) Je suis tellement désolé.

Marla (le visage fermé) : Relève-toi ! Je refuse que tu t’agenouilles devant moi… S’il te plaît relève-toi.

Moi (me remettant sur mes pieds en baissant la tête) : …

Marla : Je ne sais même pas quoi te dire tellement te regarder m’insupporte, tu ne peux pas imaginer ce qui se passe en moi, je me sens brisée, je suis là, je rigole et d’un coup je me souviens que je suis une victime, que j’ai été violée. C’est gravé à l’encre rouge dans mon être, je suis une victime de viol. Tu comprends ce que cela veut dire ? Snif, as-tu la moindre idée de ce que l’on peut ressentir ? JE T’AI POSE UNE QUESTION !

Moi : …

Marla : Non tu ne peux pas savoir ! Parce que tu n’es pas une victime ! Snif, dans toute ma vie je me suis forcée à paraître heureuse même si le monde autour de moi s’effondrait, même si ma famille s’effritait et tombait en petits morceaux, même si ‘ai été abandonné tellement de fois que j’ai fini par croire que je le méritais ! Je n’ai plus laissé personne m’approcher alors coucher à droite à gauche c’était censé être sans risque émotionnel ! Mais malgré tout j’ai toujours pu me relever et sourire, j’ai toujours pu jusqu’aujourd’hui. Ma confiance en moi est brisée, je n’arrive plus à sourire, je ne peux plus, c’est au dessus de mes forces ! Tu dis que tu ne dors plus, que tu ne manges plus, que tu ne peux plus te regarder dans le miroir ? Moi ça fait des années que je n’y arrive pas mais maintenant je me regarde dans la glace et tout ce que je vois c’est une personne qui fait pitié ! Et cela c’est pire que de ne pas pouvoir se regarder tout court ! (s’essuyant les yeux). Alors non, tu ne peux pas venir te planter devant moi, la bouche en cœur et vouloir que je te pardonne, je ne peux pas, je n’en ai pas envie. Si je peux encore me lever chaque jour c’est parce que je te hais, je te hais tellement que j’en tremble chaque fois que j’y pense en me disant que j’aurais dû ce soir-là t’enfoncer ce couteau dans la gorge au lieu de simplement t’égratigner la poitrine ! Tu serais mort et je serais en paix (s’effondrant au sol).

Moi (en larmes) : Je suis désolé, tellement désolé (faisant un pas vers elle)

Marla (hurlant) : Ne t’approche pas de moi ! Va-t’en ! Je ne veux plus te voir !

Sabine (accorant) : Marla, calme-toi chérie (se tournant vers moi) il vaut mieux que tu t’en ailles Thierry, je vais essayer de la calmer.

Moi : Désolé.

Puis je pris la porte dans l’intention de ne plus jamais mettre les pieds dans cet immeuble, j’ai besoin d’aide mais je ne sais vers qui me tourner, je ne peux en parler à personne, surtout pas à Nadège. Mais j’ai besoin d’aide, qui pourra me porter secours ? Le remords me ronge de l’intérieur.

Le Fardeau des Autre...