ma belle-fille : chapitre 5
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Malgré toute l’ingratitude dont mon fils a fait preuve à mon égard, je
n’ai pas cessé de prier pour son bonheur. Je regrette juste de l’avoir
poussé à se marier à Mirabelle.
J’avais rendez-vous avec mon futur bailleur ; je décide avant de partir
de faire un crochet chez l’homme de Dieu. Après la prière, il me dit : «
Ne te décourage pas, Dieu décantera la situation, sois juste patiente ;
tu vois ainsi, que c’est très important de prier pour les enfants dès
leur jeune âge afin de tracer leur avenir conformément au plan de Dieu.
Cela lui aurait évité de rencontrer sur son chemin une telle femme ; ou
peut-être, tu l’aurais démasqué malgré sa gentillesse ; où encore il se
serait passé quelque chose qui empêche cette union ; dans le bonheur,
comme dans le malheur, confie- toi et ton entourage à votre Créateur ;
quelque soit ta religion, la prière n’a jamais été une perte de temps, ;
toutefois, sois convaincue d’une chose : là où il y a la prière, il y a
la victoire ».
Je le remercie et m’entreprend de me rendre
chez le futur propriétaire afin de m’entendre avec lui sur les clauses
de la location.
J’étais en train de chercher un taxi pour me
rendre chez ce dernier quand une voiture s’arrête à mon niveau. Au
volant, une femme. Elle baisse la vitre et s’adresse à moi :
- Bonsoir maman, comment vous-allez ?
Je la reconnais sans difficulté malgré le fait qu’elle ait pris un peu de poids. C’est Sandra, une ex-fiancée à Rudy.
Dans le temps, c’est ma volonté qui passait chez mon fils ; alors quand
une femme ne me plaisait pas, il s’en séparait. Ce n’est pas que je
l’exigeais ; c’est lui-même qui me disait : « maman, je constate que tu
n’apprécies pas ma fiancée ; je ne veux pas épouser une femme qui ne te
plaît pas. »
Je me souviens que Rudy malgré mon avis tenait à
Sandra. Mais je la trouvais un peu trop réservée et je ne l’appréciais
réellement pas. Quand elle venait voir Rudy, elle me saluait juste et
s’enfermait avec Rudy dans sa chambre jusqu’à son départ. Elle me
disait « Au revoir » avant de s’en aller. Voyant que je ne l’approuvais
pas, Rudy a fini par se séparer d’elle. Je me souviens de la
conversation qu’un soir, Rudy et moi avons eu à propos d’elle :
- Maman, tu sais, j’aime bien Sandra ;
- C’est le plus important pour un couple ;
- Mais, j’ai remarqué que tu ne l’apprécies pas ;
- Ecoute, Rudy, c’est avec toi qu’elle va se marier ; si tu l’aimes, bon vent, ne tiens pas compte de mes sentiments ;
- Non, maman, je dois en tenir compte ; je n’épouserai que celle qui te
plaira vraiment ; je n’ai pas envie que ma mère et ma femme ne
s’entendent pas.
- Rudy, fais ce que ton cœur te dit. En amour, personne ne décide pour l’autre.
- Tu as renoncé à te marier parce que je ne voulais pas ; alors en
retour, je ne t’imposerai pas une femme que tu n’apprécies pas.
- Tu ne me dois rien. Je ne voudrais pas être responsable de ta séparation avec Sandra.
- Je sais ce que je fais maman. Maintenant, dis-moi la vérité : cette fille te plaît-elle ?
J’hésite un moment et je réponds « Non ».
Par la suite, j’ai remarqué que Sandra ne venait plus à la maison.
J’ai alors compris qu’il avait mis fin à leur relation. Quelques mois
plus tard, il me présenta Mirabelle qui m’accroche dès le premier
regard.
Mirabelle était joviale et dégourdie. Elle m’avait
charmé tout de suite par son sourire et sa politesse. Elle s’était même
presque agenouillée en me saluant. Une vraie comédienne !
Mirabelle prenait le temps d’échanger avec moi et m’aidait même à la
cuisine ; elle venait faire des courses pour moi. Rudy était vraiment
content quand il nous voyait bavarder ensemble ; Mirabelle était à mes
petits soins ; bref, elle avait les parfaites qualités d’une bonne
épouse. Ah ! Que l’apparence est trompeuse !
Je réponds à la salutation de Sandra.
- Je vais bien, merci.
- Vous me reconnaissez ?
- Bien sûr.
- Ok, où allez-vous ? Je peux vous déposer.
- Non, merci, je vais prendre un taxi.
- J’insiste maman, laissez-moi vous rendre ce service.
J’entre dans la voiture.
- Comment va Rudy ?
- Il se porte bien.
- J’ai appris qu’il s’est marié il y a peu.
- Effectivement ; et toi ?
- Pas encore ; mais je suis fiancée et cela ne saurait tarder.
- C’est une bonne nouvelle.
Nous conversons de tout et de rien jusqu’à destination.
- Je vous dépose où exactement dans le secteur, maman ?
- On m’a indiqué la maison ; laissez-moi juste ici et je vais me renseigner.
- Non, maman, je vais attendre et vous déposer à destination ; il fait chaud et marcher ne serait pas agréable.
- Ok, laissez-moi rappeler celui chez qui je me rends pour en être certaine.
Je rappelle mon futur propriétaire et je me rends compte que nous
sommes à deux rues de la maison. Sandra me dépose exactement devant la
maison.
- Merci infiniment Sandra. C’est très gentil à toi.
- Je vous en prie maman, c’est un plaisir de vous aider. Passez mon bonjour à Rudy.
Lorsque je sors de la voiture, je me rends compte que les choses ne
sont pas toujours telles que nous les croyons. Cette fille que je
n’appréciais pas venait de me surprendre. Alors même qu’elle n’avait
plus aucun intérêt avec mon fils, elle m’a quand même rendu service. Et
pourtant je la trouvais réservée et renfermée! C’est plutôt des gueules
d’anges comme Mirabelle que j’aurais dû me méfier. A mon âge, j’aurais
dû savoir que tout ce qui brille n’est pas de l’or. Aujourd’hui, je paie
le prix fort pour cette erreur. Comme le dit un adage, « les gens sont
comme les livres : les uns trompent par leur couverture, les autres
surprennent par leur contenu ».
Je suis devant le portail de la
maison de mon futur propriétaire mais avant de sonner je repense encore
à ce que je traverse comme situation avec Rudy ; bientôt quatre mois
que je n’ai pas de nouvelles de lui ; on dirait une année, tellement
j’ai trouvé le temps long ! Je souffre comme c’est pas permis. Mon seul
fils, mon seul parent m’a rejeté ; je me sens très seule malgré le
soutien de mes amies..
Mirabelle m’a bien eu. Mais quel est ce
charme que même nos prières n’arrivaient pas à détruire ? L’homme de
Dieu a raison : j’aurais dû toujours prier pour Rudy même quand nous
avons commencé à être heureux. Je suis croyante mais je reconnais, je me
suis plus vraiment consacrée à la prière quand notre vie a changé ;
j’ai même jamais prié pour le mariage de Rudy ; pourquoi quand tout
semble aller bien chez nous les êtres humains, nous oublions qu’il faut
continuer à confier notre quotidien au tout-puissant ? Lorsque tout
semble aller dans notre vie, nous devenons juste religieux : nous allons
à l’église pour les chrétiens et nous faisons les cinq prières pour les
musulmans. Nous accomplissons juste des formalités religieuses. Mais
nous ne nous adressons plus à notre Créateur en lui parlant directement
comme nous le faisons quand nous avons un problème. Nous oublions même
de le remercier pour le fait que nous n’avons aucun problème.
Maintenant, quand la souffrance revient, nous courons encore vers lui.
J’ai foi que cette situation aura une solution. Mais quand ? L’attente
est longue et mon cœur saigne. Vais-je pouvoir supporter tout ceci
encore longtemps ? Si au moins j’avais ma famille avec moi, surtout mes
deux frères avec qui j’étais très complice ? Je me demande où ils sont
et ce qu’ils sont devenus. Je n’ai que l’image de deux garçons de vingt
et vingt-deux ans en tête. Je ne sais même pas si je vais les
reconnaître si je les croisais.
Je me décide enfin à sonner.
J’appuie la sonnerie avant de me poser la question de savoir qui vais-je
demander ? Je ne connais même pas son nom ; on s’est juste parlé au
téléphone et je l’appelle Monsieur. De toute façon, je verrai son nom
inscrit sur le contrat de bail que je vais signer tout à l’heure car je
le rencontre pour cela.
Un jeune homme vient m’ouvrir le portail.
- Bonjour ; j’ai rendez-vous avec Monsieur qui habite ici.
- Oui, il m’a prévenu, vous devez être la nouvelle locataire, il vous attend.
J’entre dans la maison, une magnifique demeure. En pénétrant dans
l’intérieur de cette très belle maison, on remarque immédiatement une
piscine à débordement qui fait le tour de la propriété à un tel point
que l’on perd la notion de terrasse. Le lieu est d’un luxe inédit.
Je comprends de ce fait, que mon futur bailleur est un homme très
riche. D’ailleurs, son appartement que je m’apprête à louer se trouve
dans un immeuble, pas des moindres.
Le jeune homme me fait
entrer et me demande de m’asseoir. Une jeune fille vient me servir de
l’eau. Je suppose que c’est une femme de ménage.
- Je vous sers une boisson Madame ?
- Non, merci, l’eau me suffit.
- Ok, le patron sera à vous dans un instant ;
En attendant qu’il ne vienne, j’observe la salle où je suis installée ;
le maître et la maîtresse de cette maison doivent avoir du goût. La
décoration d’intérieur est juste au top. Le salon allie qualité et
confort. De jolis tableaux décorent les murs de la pièce. Un tapis
persan orne le sol. Tout est beau et propre.
Un des tableaux
accrochés au mur attire mon attention ; il y était écrit : « Parfois,
juste une prière peut changer les choses ; d’autres fois, c’est la
persévérance dans la prière qui peut changer les choses ».
Cet
écriteau me donna du courage. C’est comme si Dieu me parlait à travers.
Sans doute, les propriétaires de cette maison sont des croyants. Je
ressens un apaisement spirituel et je reprends foi.
Je
continue à scruter mon environnement jusqu’à ce que peu de temps plus
tard, mon futur propriétaire fait son apparition à l’autre bout de la
très grande salle de séjour ; je soulève la tête et nos regards se
croisent puis se froncent simultanément. Il me regarde drôlement.
J’espère que je ne suis pas chez un vicieux ou alors il se peut que
c’est moi qui voit mal ; en effet, mes yeux tournaient car je sentais un
léger vertige dû certainement à la faim qui me tenaillait. En effet, je
n’ai rien mangé de la journée. L’inconnu se rapproche tout en me
scrutant intensément. Au fur et à mesure qu’il avance vers moi, une
sensation étrange m’envahit. Maintenant, je le vois de plus près. Je
reste bouche bée et je l’observe s’approcher à pas lents. J’espère juste
que le vertige ne me joue pas des tours.
A suivre………………………………