ma belle-fille : chapitre 6
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Maintenant, je le vois de plus près. Je reste bouche bée et je
l’observe s’approcher à pas lents. J’espère juste que le vertige ne me
joue pas des tours. Le bailleur est à présent devant moi.
Mon Dieu ! Je rêve ou quoi ?
Même dans un sommeil profond, je reconnaîtrai ce visage. Je ne l’ai jamais oublié malgré la brève aventure. Je m’exclame :
- Edmond ?
Il répond :
- Esther ?
Son visage s’illumine ; on y sentait de la joie. Il se précipite vers
moi pour m’embrasser mais instinctivement, la colère prend place en moi.
Je m’esquive et le repousse d’un geste de la main.
- Ne me dis
pas que tu es content de me revoir après m’avoir abandonné si
cruellement, sachant que je portais un enfant de toi !
- Rassieds-toi Esther et calme-toi, je vais t’expliquer.
- Je me demande bien comment tu peux te justifier.
- Esther ! Je suis si content ! tu es toujours aussi jolie que dans mes souvenirs.
- J’attends plutôt tes explications.
- Esther, je te jure que je t’ai réellement aimé ;
- Mensonges !
Je bouillonnais de colère ; pourtant Edmond paraissait si sincère dans sa déclaration. Il reprend :
- Ce ne sont pas des mensonges mais la vérité ; d’ailleurs je t’aime
toujours. Tu te souviens que j’ai dû rentrer précipitamment parce que ma
mère était malade ? Une fois sur place, elle est décédée quelques jours
après. Cela a été une période difficile ; il fallait attendre pour les
obsèques. C’est ce qui a fait que je suis revenue un mois après au lieu
de deux semaines comme promis. Il n’y avait pas comme aujourd’hui des
téléphones portables pour que je puisse te prévenir et tes parents ne
disposaient pas de téléphone fixe chez vous. Dès mon retour, je suis
passé chez toi voir ta mère mais elle m’a dit qu’elle ne savait pas où
tu te trouvais car ton père t’avait chassé de la maison. Je t’avais
cherché en vain. Je me sentie tellement coupable que je me souviens
même avoir fait passer des annonces à la radio. Je n’ai pas pu finir mon
stage et je suis rentré; j’ai laissé mon adresse aux voisins au cas où
tu passerais. Six mois plus tard, je suis revenu sur les lieux pour voir
si tu as été retrouvée mais tes parents avaient déménagé. Je t’assure
que depuis, je n’ai pas la paix du cœur te concernant ; j’avais
l’impression d’avoir foutu ta vie en l’air ; je ne savais pas si tu
étais en vie et cela m’a torturé des années. J’ai toujours prié Dieu
tout ce temps et enfin il m’a répondu après trente années, puisque tu es
là, devant moi.
- J’avais pensé que tu m’avais abandonné, Edmond.
- Pour rien au monde, je n’aurais fait cela ; j’ai beaucoup de respect
pour la femme et encore plus pour toi qui m’a offert sa virginité par
amour ; j’ai vécu toute ma vie espérant te revoir un jour et ce jour est
arrivé. Comme quoi, Dieux exauce notre prière au temps qu’il faut et
non au temps au temps que nous le voulons. Alors que deviens-tu ? Et la
grossesse ? L’avais-tu gardé ?
- Oui ;
- Quelle bonne
nouvelle ! Cela veut dire que j’ai un enfant déjà tout grand. C’est une
fille où un garçon ? Quel est son prénom ?
- Tu poses trop de questions à la fois, Edmond ; c’est un garçon ; je l’ai prénommé Rudy.
- Quand pourrais-je faire sa connaissance ?
A ces mots, je fonds en larmes.
- Mais que se passe t-il Esther ?
Je pleure de plus belle.
- Esther, je t’en prie, réponds-moi ;
Edmond prend un mouchoir et essuie mes larmes. Les gestes d’amour sont
toujours spontanés et pleins de tendresse. Il me prend ensuite dans ses
bras pour me calmer. J’ai toujours su au fond de mon cœur que notre
brève histoire n’était pas que charnelle. Il m’avait réellement aimé.
J’en ai maintenant la preuve.
- Maintenant parle-moi Esther ; qu’est-ce qui te tracasse ?
- C’est mon fils
- Notre fils ?
- Oui,
- Que se passe t-il avec lui ?
Je lui raconte tout. Edmond était dépassé après mon récit.
- Ecoute Esther, calme-toi ; où sont tes autres enfants ?
- Rudy est mon enfant unique.
- Ok, d’abord on va oublier cette histoire d’appartement et tu vas
demeurer ici. Ensemble, nous réfléchirons calmement à une solution.
- Demeurer ici ? Et ta femme ? Tes enfants ?
- Je n’ai ni femme, ni enfants.
- Comment ça se fait ?
- Tu es restée dans mon cœur longtemps ; finalement je me suis marié
sous la pression de ma sœur et de mes frères des années plus tard à une
amie de ma sœur ; cette femme en voulant accoucher a perdu la vie ; le
bébé non plus n’a survécu. Depuis ce jour, je suis découragé et je n’ai
plus rencontrer une femme que j’aime au point de l’épouser. Ton ombre
plane en moi et cela m’empêche de vivre d’autres histoires d’amour comme
il faut. Même ma défunte épouse me le reprochait.
- Et ce jeune homme qui est venu m’ouvrir le portail ? Qui est-ce ?
- C’est mon neveu.
Je suis très contente d’avoir retrouvé Edmond en traversant une telle
situation. C’est comme si Dieu m’a envoyé quelqu’un pour partager ma
lourde peine et m’aider à trouver une solution. Cette personne est en
plus le père de Rudy et le seul et unique homme qui a réellement compté
pour moi.
J’ai été soulagée par ses explications car toutes
ces années, j’ai cru qu’il m’avait abandonné. Je suis également
heureuse du fait qu’il soit un homme libre ; ainsi, nous pourrons
réfléchir posément à la situation de Rudy qui, pour l’heure, est ma
seule préoccupation.
Quelques jours après notre rencontre, je
m’installe effectivement chez Edmond. Nous convenons qu’il appelle Rudy
et insiste pour le voir sans pour autant décliner leur lien de parenté.
Connaissant Rudy, il risquerait de le prendre pour un fou s’il lui
disait qu’il était son père.
Finalement, Edmond obtient un
rendez-vous avec Rudy. Ils ont convenu de se voir dans un restaurant de
la ville. Nous décidons d’y aller ensemble. Nous entrons dans le
restaurant et je remarque que mon fils est avec sa femme. Dès que Rudy
me voit, il refuse de nous parler. Edmond, révolté hausse le ton en
s’adressant à Rudy.
- Petit, comment peux-tu ainsi traiter ta mère ?
- Qui êtes-vous pour me parler ainsi ? D’où sortez-vous ? Je savais
que cet appel ne sentait pas bon ; je n’ai rien à vous dire. Encore
moins, à celle qui vous suit.
Il se lève, tire sa femme par la main et s’en va. Mirabelle en passant à côté de moi, me toisa.
Je regarde Edmond en lui disant :
- Tu vois ce que je te disais ?
- C’est très grave ; ce comportement est tout sauf normal. Je prends
dès à présent la situation en main ; en attendant, sois sereine.
Nous retournons à la maison. Nous dinons puis nous bavardons un moment
dans le salon en suivant la télévision ; soudain, Edmond se rapproche de
moi et me dit :
- Esther, et si nous reprenons notre histoire où nous l’avons laissé ?
Je fus envahie par une certaine gêne.
- Pourquoi tu te réserves Esther ? Tu aurais pu être ma femme si les
choses ne se sont pas déroulées ainsi. Le seul enfant que j’ai est de
toi, je ne suis pas marié et toi non plus. C’est normal que nous nous
mettons ensemble.
- Oui, mais je suis vieille maintenant.
- Non, tu n’as que quarante-huit ans et tu parais à peine quarante. Et
même si tu étais vieille, moi je te veux ainsi ; c’est Dieu qui m’a mis à
nouveau sur ton chemin.
- Je vais y penser mais après que mon fils ait retrouvé sa lucidité.
- Je m’en occupe personnellement. Cela prendra du temps mais je reste convaincu qu’un jour, il sera délivré.
Edmond est très croyant heureusement ; nous avons la même vision tous
les deux en ce qui concerne la spiritualité et nous savions tout au fond
de nous que ce n’est que Dieu qui pouvait décanter cette situation.
C’est pourquoi nous ne manquons jamais de prier même si parfois je me
demande si Dieu écoute encore mes prières
.
La première action
qu’Edmond entreprend est de faire suivre Mirabelle. Je lui demande de
m’expliquer pourquoi il agissait ainsi.
- Ne sais-tu pas que
pour mieux combattre l’ennemi, il faut bien le connaître ? Je veux tout
savoir d’elle, ce qu’elle fait en dehors de chez elle, ses moindres
mouvements, qui elle fréquente.
- Ok, à quoi ces informations te serviront-ils ?
- Tu verras ; juste laisse-moi faire.
Avec le temps, je découvre qu’Edmond avait eu une bonne idée. Plusieurs
fois, en l’espace d’un trimestre, Mirabelle s’est rendue en dehors de
la ville chez un féticheur en compagnie de sa mère. J’avais donc raison :
Rudy est envoûté.
Et pourtant Mirabelle lors de ses
fiançailles avec Rudy se montrait très pieuse. Je me rends compte
qu’elle donnait juste une image. Comme beaucoup de gens d’ailleurs font
semblant d’adorer Dieu alors qu’ils sont fortement impliqués dans des
pratiques occultes très poussées. Et pourtant, seul Dieu le Créateur est
digne d'être adoré à cause de son amour pour nous. Mais la plupart des
êtres humains mélangent la lumière et les ténèbres. S’ils pouvaient
seulement connaître la face cachée de ce monde méconnu et secret, trop
souvent banalisé !
Pourquoi Mirabelle a – t-elle éprouvé le
besoin d’envoûter Rudy ? Mon fils l’aime et l’apprécie ; moi aussi, je
l’estimais et j’ai poussé Rudy à l’épouser. Elle n’avait aucun problème ;
pourquoi alors trouve t-elle nécessaire de procéder ainsi ? Je pensais à
tout ceci, assise au bord de la piscine de la maison. J’étais dans ma
rêverie quand Edmond posa sa main sur mon épaule.
- A quoi penses-tu, Esther ?
- Aux visites de Mirabelle et sa mère chez le féticheur ; je me demande pour quelles raisons ;
- Moi, je pense qu’elles ont constaté que tu es très complice avec Rudy
; elles veulent juste t’écarter pour être tranquille. Elle a dû
l’envouter lors de leur lune de miel.
- Je me demande même si elle l’aime vraiment. Pourquoi sent-elle le besoin de m’écarter ?
- Pour mieux profiter de ses biens ; je ne pense pas qu’elle l’aime ;
notre fils est juste un bon parti sur lequel elle et sa mère ont mis la
main. Mais tu n’as pas décelé à temps le piège. Dis-moi, après combien
de temps se sont-ils mariés suite à leur première rencontre ?
- Pratiquement une année, Edmond
- C’est trop peu. Esther, comment as-tu pu laissé notre fils épouser une femme qu’il a rencontré en si peu de temps ?
- Je n’ai pas fait que le laisser Edmond, je l’ai même poussé à le faire.
- C’est pourquoi tu es la première à subir les pots cassés.
- Que comptes-tu faire maintenant ?
- Continuons à prier Esther; c’est Dieu qui nous répond en nous
inspirant des pensées qui débouchent sur des stratégies à adopter ;
- Je suis émerveillée par le fait que malgré toute l’opulence dans laquelle tu vis, tu impliques tant Dieu dans ta vie ;
- Pourquoi devrais-je me détourner de mon Créateur simplement parce
que je suis riche ? Qui est la source de cette richesse si ce n’est lui ?
Et de qui dépend mon souffle de vie ?
- Tu es très sage
Edmond, tu n’as pas changé. J’ai toujours su que tu étais un type bien.
Mais malheureusement, la vie nous a séparé très vite.
- L’important est que cette même vie nous ait rassemblé aujourd’hui.
- Je me demande comment j’aurais pu traverser cette situation toute seule.
- Tu n’auras jamais sur tes épaules une charge que tu ne peux
supporter. Quand vient les moments de souffrance, penses-y. Ton âme ne
sera jamais imposée d’une charge supérieure à sa capacité ; tu as déjà
traversé des situations de grande souffrance et tu t’en es sortie ;
cette fois-encore, tu t’en sortiras, surtout que tu n’es pas seule ; je
suis là.
- Mais pourquoi dois-je passer par de si grandes et dures épreuves ?
A suivre…….