Malick (2)

Ecrit par Meritamon

Malick

 

Éva me rend fou. Fou de rage, fou de désir, fou d’elle, fou de remords.

Elle est la raison de ma déchéance, de ma chute du paradis perdu.

Elle ne répond pas à son téléphone, choisit délibérément de m’ignorer. Ça me rend cinglé juste de penser qu’un autre type la touche.


J’ai toujours voulu attirer son attention: D'abord lorsque nous étions petits quand je lui ai pris son vélo par taquineries, puis en grandissant quand je me suis découvert une passion pour le basketball, et même à travers mes excès. Elle choisit de m' ignorer alors que je me tape d’autres filles sous son toit, dans la pension de sa famille, pour la mettre en rage. Je donne un extra à ses frères pour qu’elle nettoie les traces de mes ébats afin qu’elle sache que j’existe et que je baise des filles plus belles, des filles plus sexy.

Pourtant quand ces filles sont dans mes bras, c’est à elle que je pense...

Je pense à sa bouche, à sa longue nuque, à ses seins, ses hanches. Je pense à ce qu’elle est, Éva. Je pense à ces choses que je voudrais lui faire.

J’ai l’impression d’être maladroit quand je lui parle. Elle a cette façon de lever les sourcils, hautaine et dédaigneuse. Pour elle, je suis le foutu enfant de riches sans intérêt, qui a la vie facile.

 

Éva est une allumeuse.

 

Un matin, j’avais dormi une nuit entière à la pension après avoir fêté et ramené une nana que je connaissais d’un autre lycée; mon mode opératoire était simple : je textais l’un de ses frères, qui confirmait que la voie était libre et me remettait incognito la clé de l’une des chambres. J’y passais à peine une demi-heure, prenait rapidement mon pied, sans me soucier du plaisir de la fille, qui était bien contente d’avoir couché avec la star de l’équipe de basketball et se vanterait auprès de ses copines. À mon départ, je hélai un employé à la réception, et si je croisais Éva, c’était la cerise sur le gâteau, puisqu’elle n'avait pas le choix de s'exécuter pour nettoyer tout. Elle me gratifiait alors de toutes sortes d’injures et je me promettais de revenir encore lui gâcher sa journée.

 

Ce matin-là, Éva s’était introduite dans la chambre pour sa corvée de ménage et me retrouvai endormi au milieu du lit, enroulé dans les draps. Nu. Et seul. La fille avait déguerpi à l’aube. Éva avait reculé d’un pas, surprise; puis, avais émis un juron de colère qui me réveilla.

 

-          Tu te lèves et tu dégages illico! Menaça-t-elle, de toute sa formidable colère.

Cela me fit rire de la voir en furie et taper du pied, attendant impatiemment que je m’en aille.

-          C’est comme ça que tu traites les hôtes de ta pension? Et d’abord, j’ai payé comme tout bon client.

J’avais du mal à émerger du lit, me frottai les yeux, engourdi par l’alcool que j’avais eu de la misère à cuver, l’alcool qui m’était interdit par mes parents et mon entraîneur car j’étais obligé de me conformer à un régime irréprochable pour le grand athlète qu'ils souhaitaient que je devienne. Et à ce propos, ils étaient très stricts.

 

-           Je fais le ménage. Je ne veux pas te voir traîner ici.

Je me frottai les yeux, amusé par la petite scène qu’elle me faisait et m’étirai en baillant.

-          Viens me rejoindre, lui proposai-je, provocateur. Tu me donnes envie, petite sœur à Taher. Regarde…

 

Je lui désignai la bosse qui s’était formée sous le drap. Ma formidable érection qui la laissa de marbre. Elle me répondit qu’elle n’avait rien à faire avec le jouisseur précoce que j’étais, me rappela que je passais moins de 20 minutes avec mes amantes à la pension.

Cette affirmation me fit éclater d’un rire tonitruant. Je me levai d’un bond et me dressai de toute ma hauteur face à elle, nu, beau, la défiant de ne pas me regarder. Je ris de nouveau en secouant la tête, incrédule.

-          Tu es très perspicace. Et drôle. Pour info, je peux durer très longtemps, et donner beaucoup de plaisir. Laisse-moi te montrer.

Elle planta son regard dans le mien sans vaciller et déclina durement mon indécente proposition.

-          Je voudrai que tu t’en ailles à présent.

-          Pourquoi tu es si farouche avec moi? Je sais que tu n’es pas aussi innocente que tu en as l’air.  Tu as couché avec d’autres garçons.

-          Uniquement quand ils me plaisent. Ce qui est loin d’être ton cas.

 

Je pouffai de rire, loin d’être insulté.

-          Tu mens si mal.

-          Peut-être. Mais tu n’as rien à me prouver, Malick.

 

Sans me jeter un autre regard, elle se mit à enlever furieusement les draps comme s’ils avaient été recouverts par la peste; Elle les aurait jetés volontiers à la poubelle si elle en avait eu l’occasion. Elle passa le balai et la vadrouille alors que je prenais ma douche en sifflotant un air grivois entendu à la radio.

Elle essaya de calmer sa colère en frottant, rangeant et époussetant. Elle tenait à faire disparaître toute trace de moi de la chambre. Elle se donnait de la peine pour rien puisque j’avais décidé de revenir le lendemain et de faire l’amour dans les nouveaux draps qu’elle s’est donné tellement de mal à mettre.

Je sortis de la salle de bain, une serviette nouée négligemment autour des hanches. Mon corps était parfait. J’en étais conscient à ce moment-là plus qu’aucun autre jour de ma vie.

Je mis une éternité à me rhabiller. Mes gestes étaient délibérément lents et se voulaient sensuels. C’’était comme un strip-tease à l’envers, avec pour seul but de lui démontrer après chaque morceau de vêtement remis, tout ce que qu'elle allait manquer en me snobant.

Je me préparai à ouvrir la porte pour m’en aller quand elle m’ordonna sèchement de rester. Elle s’avança dans ma direction sans me regarder et mit le loquet à la porte, autant surprise que moi de la tournure que prenaient les choses.

-          Je veux que tu me manges la chatte.

 Le simple fait qu'elle lance cette phrase dans toute sa crudité et son indécence me fit dresser les poils des avant-bras et accélérer les battements de mon cœur. On ne m'avait jamais rien dit d'aussi érotique de toute ma putain de vie. Je crus même qu'elle plaisantait.

Au contraire, sans me quitter des yeux, elle releva sa jupe et fit glisser sa petite culotte, amusée de mon trouble.

-          Tu sais bien t’y prendre, non? Tu t’en es vanté toi-même. Alors, montre-moi comment tu fais.

Je fus désarçonné un moment, parce que je n’avais jamais fait ça, à personne! Et cette petite morveuse me demandait, non, m’ordonnait de me mettre à genoux et de lui donner du plaisir oral, en se plaçant égoïstement dans la position de celle qui reçoit les caresses à mon détriment. Son jeu était de m’obliger à lui dispenser du plaisir en m’oubliant pour une fois. Dieu! Cela piqua mon intérêt au plus haut point et m’excita comme jamais. Adossée à un meuble commode, elle écarta les jambes et attendit en me narguant, me défiant de me mettre à genoux. Elle crût que j’allais me dégonfler sans doute, et je sentis un émoi en elle quand je m’approchai et avec un plaisir non dissimulé, je m’humectai les lèvres, comme un enfant à qui l’on proposait une part de son dessert favori.

-          Je vais le faire et je te promets que tu vas me supplier d’arrêter, menaçai-je gravement.

Je m’exécutai à genoux. Mes mains remontèrent sur elle graduellement en caressant d’abord ses chevilles, qu’elle avait fines, puis les jambes et finirent par lui enserrer les cuisses comme un étau. Je levai les yeux vers elle, elle était bouleversée,  j’annonçai cérémonieusement en y mettant une pointe d’humour:

 « C’est parti…».

Les baisers que je déposai sur sa vulve furent d’abord de doux effleurements, ensuite mes premiers coups de langue, à la fois lents et profonds lui arrachèrent un gémissement, et elle s’agrippa de toutes ses forces sur le rebord de la commode. La suite fut une douce extase. C’était plus bon que je ne l’avais imaginé. Je la léchai, la goûtai, mordillai son clitoris. J’introduisis adroitement mes phalanges en elle, amusé de lire la folie du plaisir dans ses yeux, d’entendre les gémissements qu’elle eût du mal à réprimer, ses doigts emmêlés dans mes cheveux. Je la trouvai magnifique. J’abandonnai sa vulve et vint l’embrasser, mêlant ma langue à la sienne en un baiser torride, comme j’en avais toujours rêvé. Mes mains s’introduisirent dans son chemisier à la recherche de sa poitrine. Puis, je la soulevai par les fesses à deux mains et me dirigeai vers le lit où je l’allongeai. Passionnée, elle m’aida à virer mon t-shirt de bord et fit courir ses doigts fins sur mes biceps, ma poitrine et mes épaules que j’avais particulièrement larges, qui l’enveloppaient comme d’immenses ailes.

-          Ton corps me plaît, murmura-t-elle. Il est comme sculpté dans de l’acier.

Je m’émus à la vue de ses seins tendus que j’avais réussi à dégager du chemisier à moitié ouvert, et gobai sans retenue ses mamelons.

Elle m’arrêta alors que je dégrafais ma ceinture avec cette envie furieuse de la prendre sur le champ. Dehors, des échos de voix nous parvinrent, c’était Taher qui appelait sa sœur à la réception. Éva et moi, nous nous regardâmes, figés un instant, tendant l’oreille vers la porte; elle écarquillait les yeux, un doigt sur mes lèvres pour m’intimer, et c’était inutile après tout, de garder le silence alors que les pas et la voix de son frère qui arpentait furieusement la cour à sa recherche, se rapprochaient. Je finis de ne plus faire cas de la présence de Taher à l’extérieur de la chambre, j’avais envie d’Éva et je voulais lui faire l’amour, l’entendre crier de plaisir sous moi, qu’elle fut accro et tomba amoureuse de moi.

- Non, dit-elle en chuchotant, peu convaincue elle-même par son opposition, Ce n’est pas une bonne idée…

- Allez… ça te plaira, laisse-moi t’aimer, chuchotai-je en l’embrassant éperdument. J’ai tellement rêvé de ce moment avec toi.

Éva dit tout simplement, plus raisonnable que moi :

-          Taher va nous trucider s’il nous trouve ensemble.

Nous savions qu’il en était capable. Je  soupirai de déception et roulai sur le côté du lit où je restai un moment, l’avant-bras cachant mes yeux, j’essayai de refréner mon excitation. La possibilité de se faire prendre par son frère ne m’enchantait pas. Pendant ce temps, Éva cherchait sa culotte, la trouva roulée en boule sur la commode et la remis. Elle me jeta un coup d’œil et constata que j’avais du mal à faire partir  mon érection.

-          Tu peux rester encore un peu si tu en as envie, le temps que les choses reviennent à la normale.

 

J’opinai, embarrassé et j’eus envie de savoir si elle avait aimé ma performance.

Cela la fit rire. Elle répéta même ma phrase pour la tourner en ridicule : « Ta performance? Ça t’inquiète tant que ça, mon opinion »?

Moi, sérieusement : « Oui, c’est important. Pour quand on va se reprendre plus tard ».

J’avais dit qu’Éva était une fichue tentatrice? Une diablesse? Elle me fixa sans ciller alors que remettais mon t-shirt:

-          Il n’y aura pas de prochaine fois, Malick.

Ce fut dur sur moi. Mon égo en prit un coup.

-          C’est absurde! Tu ne peux pas ignorer ce qui s’est passé plutôt. Notre attirance réciproque, la chimie qu’il y avait.

-          Peut-être qu’il y avait quelque chose. Mais c’est dans notre intérêt à tous les deux que les choses reviennent comme on les a toujours connues. Toi, la foutue vedette de basketball, et puis moi… je me fiches de ce que tu diras pour me définir…

-          Tu n’es qu’une allumeuse…

Elle sourit et accepta sans se formaliser le qualificatif que je lui donnais. Son attitude m’enragea. Je me levai, soudain refroidi et lui lançai avec ce qui me restait de fierté.

-          Ce que je t’ai fait, te lécher comme ça, je ne le fais pas aux autres filles. Genre jamais.

-          Et je dois prendre ça pour un compliment? Me lança-t-elle en se moquant clairement de moi.

« Je dois donc être spéciale. Putain, c’est incroyable comme tu es macho! Pourtant, tu as tout aussi bien pris ton pied ».

Plus. Je pense que j’ai pris plus mon pied qu'elle. C’est la première fois que ça m’arrivait. Peut-être parce que j’étais déjà amoureux d’elle.

-          Je m’en vais, inutile de discuter avec toi. J’oubliais à qui j’avais affaire, lui dis-je à court d’arguments, en ramassant ce qui me restait de dignité. Cette fille me rendait sensible, s’en approcher c’était courir la chance d’être meurtri. C’était qu’une allumeuse, une manipulatrice me convainquis-je, en sortant.

 


Candeur et décadence