Mi figue mi raisin
Ecrit par Farida IB
Khalil…
Ce matin, je me suis réveillé dans l’optique de persévérer dans mon opération séduction. Nous sommes aux environs de 8 h et malgré que j’aurais dit oui sans hésiter à une grasse matinée, je me suis préparé au même moment que Nahia et me revoilà à mon poste comme depuis trois jours. Je ne sais pas si c’est normal dans ce pays d’entendre tout chez le voisin, mais ce n’est pas pour me déplaire. Au contraire, cela me permet de maîtriser le moindre de ses mouvements et de me préparer en conséquence. Par contre le fait qu’elle pianote sur son ordinateur dans la nuit profonde est un brin chiant.
J'attends une quinzaine de minutes pour la voir émergé de son appartement. Elle bloque la porte puis s’approche de moi une expression neutre sur le visage. Une fois à ma hauteur, elle retire ses lunettes de soleil et les place au sommet de sa tête ensuite elle prend le temps de me regarder de haut en bas avec une mine sceptique.
Nahia : bonjour,
Moi ton gai : bonjour princesse.
Elle me fixe quelques secondes le sourcil arqué d’interrogation avant de reprendre.
Nahia : vous comptez partir où comme ça ?
Moi arquant le sourcil : comme ça comment ?
Nahia (me jaugeant du regard) : vous voulez, vous rendre à une activité sportive en chemise et blazer simili cuir, jean denim et baskets ? Quoique les baskets, ça peut encore aller.
Moi baissant la tête penaud : euhhh je n’ai pas autres choses à mettre.
Elle pousse un soupire ardent en passant devant moi et je reste perdu sans trop savoir quoi faire. Elle arrive sur le palier des escaliers avant de se tourner à demi dans ma direction.
Nahia : vous attendez quoi pour me suivre ? Déjà que vous allez nous mettre à la bourre ne nous faites pas perdre plus de temps.
Je me décale du mur tel un automate et presse mes pas vers elle encore sous le choc. Pendant qu’on descend les escaliers, je prends le temps de la détailler, elle porte un ensemble, legging taille haute et sweat à capuche avec une brassière sur une paire de basket. C’est la première fois que je la vois sans ses tenues apprêtées et je dois dire que ça lui donne une allure très, trop, plus qu'aguicheuse qui éveille en moi des pulsions. Toutefois, quand je me suis rappelé de ses grands airs, j’ai tôt fait de rabattre mon clapet avant de prendre place à côté d’elle. Elle démarre et prend la direction du carrefour que nous empruntons souvent pour son agence, ce qui m’intrigue quelque peu.
Moi : nous n’allons pas chez tes parents ?
Nahia : si, mais avant ça, il faut que je vous trouve une tenue convenable.
Moi : ah euh ok.
C’est tout ce qu’on se dit jusqu’à un carrefour en T où son téléphone se met à sonner au moment où elle prend par la gauche pour tomber sur la route national inter état, comme indiqué sur un panneau. Puis, elle jette un coup d’œil sur l’écran du téléphone et se concentre à nouveau sur sa conduite. C’est un numéro non enregistré, ne me demandez pas comment je le sais, je vous informe juste. La même scène se répète jusqu’à un feu où je décide de pousser ma curiosité.
Moi : vous ne répondez pas ?
Nahia simplement : non.
Elle redémarre à peine quelques minutes que ça sonne à nouveau, mais cette fois c’est écrit Mécano. Elle vérifie puis décroche.
Nahia : bonjour (…) oui (…) non (…) d’accord.
Je lui jette un coup d’œil et ça me vaut un sourcil arqué, je hausse les épaules.
Nahia : je ne suis pas là et je rentrerai vers la soirée (…) laissez donc la clé au concierge (…) oui oui, je vais récupérer ça chez lui en rentrant (…) exact, N° C (…) D’accord merci, passez une agréable journée.
Moi la taquinant : est-ce que vous savez que c’est interdit de décrocher un appel en conduisant ?
Nahia (me jetant coup de l’œil) : ce n’est pas vous qui vouliez toute à l’heure que je décroche ?
Moi : oui, mais ce n’était pas le même numéro.
Nahia : ah ouais ? Comment êtes-vous au courant de ce genre détail ? (ajoutant d’un ton narquois) M. Ben Zayid vous m’espionniez peut être.
Moi (cherchant une échappatoire) : j’ai regardé sur l'écran au cas où ça vous intéressera de savoir.
Nahia : hmmm
Moi : c’était pour vous permettre de mieux vous concentrez sur la voie.
Nahia (sur le ton de la plaisanterie) : Ben Zayid, admettez que vous m’espionniez, ça ne diminuera pas pour autant la taille de vos cheveux.
Moi surpris : parce que vous connaissez la taille de mes cheveux ?
Nahia : excusez-moi gueule d’Arabe, je ne savais pas que vos cheveux étaient un secret de polichinelle.
Je la fixe hébété, Wallah cette fille est un mystère enveloppé dans une énigme.
Nous faisons à peu près une vingtaine de minutes de trajet encore puis elle s’arrête devant une géante boutique avec une élégante façade portant le nom de la boutique sur laquelle nous sommes en train de travailler. J’attends qu’elle coupe le moteur pour descendre et contourner la voiture pour lui tenir la portière. Elle me regarde étonnée.
Moi faisant le fier : weh, ça m’arrive d’être galant.
Elle prend tout son temps pour prendre ses affaires avant de descendre, ensuite elle me tend les clés de la voiture avec un sourire en coin.
Moi me saisissant des clés perplexe : c’est pourquoi ?
Nahia : merci pour cette soudaine galanterie. (ajoutant) Pendant que nous y sommes occupez-vous de garer la voiture sur le parking (pointant l’espace du doigt) là-bas.
Moi : mais ?
Nahia me dépassant : je vous attends pour rentrer dans la boutique, ou serait-ce mieux pour vous de me rejoindre à l’intérieur ?
Je soupire de rage en m’installant au volant.
Nahia claquant la langue : je vous attends donc à l’entrée.
Cette petite, je vais lui donner la fessée bécasse un jour, je vous jure.
Je trouve difficilement une place de libre pour me parquer, il a fallu que j’attende qu’un conducteur vienne déplacer son véhicule pour pouvoir le faire finalement. À mon retour, elle était déjà à l’intérieur de la boutique et causait gaiement avec les caissières. On sent que c’est une habituée des lieux parce que, toutes les filles s'adresse à elle en l’appelant tata.
Moi (lorsque j’arrive à sa hauteur) : vous n’avez pas respecté les termes du contrat.
Nahia trop relax : time is money dear, je n’allais pas vous attendre indéfiniment. (se tournant vers une caissière) Bon Clarisse, il est là. Donnez-lui tout ce que vous avez comme tenues de sport pour qu’il fasse ses choix.
La Clarisse louchant sur mon torse : ok tata, tout de suite. Suivez-moi monsieur s’il vous plaît.
Ce que je fais.
Elle nous dirige vers un passage pâle de couleur craie, qui relie l’entrée au reste de la boutique qui débouche sur des salons séparés abritant une gamme complète de vêtements, chaussures et accessoires pour enfants bien agencés sur des étagères. Nous prenons ensuite des escaliers flottants fait de dalles transparentes en acrylique avec des éclairages intégrés pour arriver au premier étage décoré aussi comme le rez-de-chaussée, mais sont posés sur les étagères une gamme de vêtements, chaussures et accessoires pour femme. Nous arrivons au deuxième où je me sens enfin dans mon élément. Là, je me fais tout de suite accoster par deux vendeuses, qui, à l’instar de toutes celles que nous avons croisé, sont tirées à quatre épingles, bien coiffées avec un large sourire aux lèvres.
La dénommée Clarisse (aux deux autres) : il a besoin de vêtements de sport, je vous laisse vous occuper de lui. Yayra, tu me ramènes monsieur à la caisse lorsqu’il aura trouvé ses goûts.
La fille à laquelle elle vient de s’adresser hoche la tête.
Moi la rattrapant au vol : vous avez dit mes goûts ?
La dénommée Clarisse : oui monsieur, tata Nahia a dit d’en choisir plusieurs.
Moi : ah ok.
Sitôt qu’elle soit partie, l’une des vendeuses se rapproche de moi et se met à me jauger pendant que l’autre prend mon tour de taille à l’aide d’un ruban mesureur. Elles disparaissent par la suite vers un rayon après m’avoir installé sur un siège. Pendant leur progression, je prends le temps d’observer le lieu et je dois dire que je suis éberlué par ce que je vois. Chaque compartiment de la boutique est composé de macassar pour les sols et les tables, d’acier inoxydable brossé pour les étagères, de papier peint vénitien et d’installations en marbre Calacatta. En gros, une atmosphère moderne, des finitions texturées, des palettes de couleurs bien harmonisées, des matières luxueuses qui reflètent un glamour raffiné et concomitamment le goût raffiné du propriétaire. Je pense d’ailleurs que ce concept de design plairait bien au cheikh ou à tonton Sharif. Ça serait bien que le propriétaire me passe les plans pour que je leur montre, enfin je verrai ça avec la miss.
Une vendeuse (me sortant de mes pensées) : monsieur venez s’il vous plaît.
Je la suis jusqu’au niveau d’une installation sur-mesure en acier inoxydable noirci et poli, avec des miroirs fumés gris. Il a fallu qu’elle me fasse passer la porte pour me rendre compte que c’est une cabine. Elle pose un assortiment de vêtements de sport sur une barre de fer et me laisse mon intimité. J’essaie rapidement sa sélection et opte pour deux pantalons de survêtement, un Lacoste, un sweat à capuche et deux Tee-shirts, tous griffés au nom de la boutique. J’en déduis que c’est une marque, enfin, je vais demander tout ça à la miss. Je sors de la cabine vêtu de l’un des Tee-shirt et un pantalon de survêt et vais retrouver les vendeuses. L’une d’entre elle me ramène à la caisse comme lui avait enjoint la caissière. Je retrouve Nahia qui se choisit des lunettes au niveau de la maroquinerie et les essaye devant le miroir à côté.
Moi : je suis là.
Elle se retourne et me regarde de bas en haut et finit par un raclement de gorge.
Moi l’air de rien : j’espère que ce que vous avez vu vous a plu.
Nahia : ouais, ça change !
C’est tout ce qu’elle dit en posant les lunettes sur la vitre, puis fait volte-face vers la caisse. La caissière finit son compte et lui dit le montant, elle paie par PayPal et prends les sacs contenant mes achats et mes vêtements initiales que la vendeuse qui m’avait ramené gardait dans sa main depuis tout ce temps. Une fois, dehors, elle attend sur le trottoir le temps pour moi de faire sortir la voiture du parking et de charger les courses. Elle se remet au volant puis nous redémarrons vers la maison de ses parents.
Nahia : il faudrait que vous pensiez à faire le change, si je continue de payer vos courses, vous allez devoir me rembourser avec un taux d’intérêt.
Moi lui souriant : c’est noté (du tic au tac) il me semble que c’est sur la campagne d’un produit de cette boutique que nous avons travaillé ces deux derniers jours.
Nahia : mouais.
Moi : et j’ai aussi l’impression que vous êtes une habituée des lieux.
Nahia hochant la tête : yup, la boutique appartient à ma copine.
Moi abasourdi : c’est une femme le propriétaire de cette boutique ?
Nahia : oui et la proprio de la marque que vous portez, enfin que nous portons en ce moment.
Moi : et vous dites que c’est votre copine, c’est-à-dire que vous avez la même tranche d’âge.
Nahia : oui, c’est ce que j’avais dit. Et oui nous sommes presque de la même génération. (expliquant) Elle est mon ainée d’une année.
Moi écarquillant mes yeux : eh beuh, vous êtes quoi ? Des Wonder Women du Togo ?
Nahia : lol on peut dire ça, parce qu’il faut le dire nous avons travaillé et continuons de travailler très dur pour être à ce niveau.
Moi : je n’en doute pas une seconde. (pause) Au fait, je me suis entiché du plan de sa boutique et je me demandais si je pouvais les obtenir pour augmenter le catalogue de mon père. Il est architecte en fait.
Nahia : ok, je lui en parlerai. Euhh à une condition.
Je souris, c’était trop beau pour être vrai.
Moi : laquelle ?
Nahia : vous m’aidez à finir son spot la semaine prochaine, hier elle m’a fait un caca nerveux au téléphone. Vous savez, les hormones de femme enceinte.
Moi ton incrédule : euh, c’était elle au téléphone hier, qui plus est enceinte ?
Nahia me jetant un coup d’œil : décidément, vous m’espionnez M. Ben Zayid.
Je me sens con tout à coup d’avoir pensé qu’elle puisse être bisexuelle, ohh le con !!!
Moi faisant diversion : je ne vous espionnais pas, j’étais là donc j’ai tout entendu. Bof, pour votre doléance, j’accepte volontiers à condition aussi que vous pensiez à me verser un salaire.
Nahia : no problem sir.
Moi : merci d’avance alors.
Nahia : ohh je vous en prie.
Je la regarde du coin de l’œil intrigué, c’est moi ou elle m’a l’air plus détendue et moins acerbe ce matin ? En tout cas Ben Zayid reste concentré !
Flottement.
Nahia reprenant : au fait, au retour, nous allons embarquer les enfants une fois de plus. Habituellement, ils passent certains week-ends avec moi.
Moi : ok M’dame, message reçu.
Nahia : lol.
Il y a encore un flottement que j’interromps.
Moi : vous voyez, ça vous va bien mieux de faire moins l’hautaine.
Nahia au tac : apparemment, vous n’avez pas envie que ce moment perdure.
Je lève les yeux au ciel.
Le reste du trajet se fait en silence jusqu’à chez ses parents. Là-bas, elle gare dans la maison puis revient me chercher pour ensuite nous faire traverser un dédale de couloirs qui mène à un passage étroit au bout duquel se trouve un même portillon que celui de l’entrée de la maison. De là, je pouvais voir un immense terrain assimilable à un stade. Mes doutes se sont confirmés lorsqu’elle ouvre le portillon et que je découvre un terrain configuré et équipé pour divers jeux de ballon et Jeux olympiques. On aurait dit un micro stade, enfin, c’est un micro stade et c’est bluffant tout ça. Enfin, c’est une idée de génie, enfin Waouhh !!
Je me rends compte que je l’ai dit tout haut lorsque Nahia s’est retournée pour me fixer un sourire au coin des lèvres.
Nahia : je vous présente notre terrain familial.
Moi m’éclaircissant la voix : c’est vraiment magnifique.
Nahia : merci !
Des voix s’élèvent au fur et à mesure qu’on avançait, je pense que c’est une discorde parce qu’on entend distinctement les voix de la sœur de Nahia (désolé, je n’ai pas retenu son prénom) sa belle-mère et les enfants. Elle hâte le pas vers l’attroupement et je fais de même. Les enfants se précipitent vers nous lorsqu’ils nous aperçoivent de loin.
Nahia (lorsqu’ils sont plus proches) : qu’est-ce qui se passe encore ?
Eux : tata !!
Nabil : maman ! Enfin, vous êtes là (se tournant vers moi) bonjour tonton Lil.
Les autres : bonjour tonton Lil.
Moi leur souriant : bonjour bonjour, bien dodo ?
Eux en chœur : ouuuiiiiii !!!
Nahia boudant faussement : weh moi je suis l’arbre ici.
Moi narquois : la jalousie fait maigrir.
Nahia roulant des yeux : tchuiippp !!
Ils l’entourent, quelques-uns par la taille et ceux qui le peuvent lui font la bise.
Eux : rhoo bonjour tata.
Elle s’abaisse ensuite vers les tous petits et reçoit une myriade de bisous.
Nahia : que vous arrive-t-il encore ?
L’une des jumelles faisant la moue : maman elle a tout mélangé, nos tenues.
Nahia plissant le front : comment ça ? J’ai veillé à ce qu’on inscrive vos prénoms à l’intérieur.
Eux contents : whoupiii nous allons vérifier.
Ils courent aussitôt vers la maison, je regardais le spectacle un peu sonné. En fait, il y a ces petits indices qui m’amènent à croire qu’elle peut être une fille sympathique, altruiste et bienveillante. L’interaction entre sa famille et elle démontre qu’elle constitue un point de repère pour eux autant qu’ils constituent son point névralgique. Bof, ça reste encore à prouver parce qu’avec elle, il faut s’attendre à tout.
On rejoint le comité parental pour les salutations d’usage, sitôt elle rejoint le harem sous le géant parasol couvrant un espace aménagé servant de tribune, fin je crois. Elle leur distribue des bises puis se colle étroitement à mamie qui la repousse vainement, ce qui entraîne un fou rire. Sa sœur les laisse et viens m'accoster pour me présenter au reste de la famille. Bon, il n'y a que son oncle et la femme de l'oncle qui se sont ajoutés au nombre encore que celle-ci m'a déjà été présentée. J’avoue que tout ça est nouveau pour moi, mais bon, c’est l’intégration.
Un moment, je me retrouve à donner un coup de main à son père pour l'installation des équipements.
Père Nahia me souriant : notre équipe surpassera celle des femmes pour une fois.
Moi répondant à son sourire : Nabil me l’avait fait comprendre, ça me fait plaisir d’être utile à quelque chose.
Père Nahia : le plaisir est pour nous de vous compter parmi nous. Mettez vous à l’aise surtout, ici nous sommes en famille.
Nahia arrivant à ce moment-là : pa’a arrête de lui faire la courbette, ce n’est pas un donateur.
Père Nahia : c’est notre invité, il mérite le maximum de déférence.
Elle tchipe et s’en va, son père la regarde les sourcils froncés et moi, je souris juste. Les enfants reviennent quelques minutes plus tard habillés par paire. Le père de famille lance le top pour un tournoi de baseball après avoir fixé les règles du jeu. Nous débutons avec une équipe masculine que je forme avec son oncle, son beau-frère, son fils, son cousin et son père en tant que coach contre une équipe féminine qu’elle forme avec sa sœur et les jumelles. Nous avons eu la totale avec elles, bandeaux de guerrière, chant d’avant match, coachée par mamie, en plus elles avaient l’air à fond dans leur délire (rire). Lorsque leur rituel prend fin, nous enfilons tous des gants et nous échauffons quelques minutes avant de lancer les hostilités. Le jeu commence timidement puis progressivement chacun faisait ressortir son talent d’attaquant et de défenseur, de lanceur et de frappeur. Ce fut la bonne humeur jusqu’à la cinquième manche où nous étions à égalité et les tours passaient à flots. À un moment c'était mon tour de défendre l'équipe donc au coup de sifflet de mamie, Zeina me lance la balle que je frappe tellement fort qu’elle atterri sur les côtes de Liam alors qu'il partait s’asseoir sur le banc de réserve. Il tombe lourdement par terre et se tortille de douleur.
On se précipite vers lui, tout le monde parle en même temps.
Nahia criant à tue-tête : non mais ça va pas non ? Vous vous êtes cru où ?
Moi (me confondant en excuses) : je suis désolé, je crois qu’elle est partie toute seule.
Leurs enfants en panique : papaaaa
Sa tante : ah !!
Mamie/Mère Nahia : oh nonnnnn !
Les autres retenant leur souffle : oouuoohhh !!
Sa sœur quand on arrive à son niveau : ohh mon Dieu, ça va bébé ?
Moi effaré : toutes mes excuses, j’ai seulement voulu la dégager hors du terrain.
Nahia vociférant : vous vous êtes cru dans un tournoi international peut-être ? C’est un simple jeu en famille, de l’amusement simple ! Non mais…
Moi begayant : je suis vraiment désolé, je… Je…
Son beau-frère grimaçant : no panic, ça va, ça peut aller. Ne vous inquiétez pas.
Son oncle au beau-frère : tu peux te relever tout seul ?
Il essaie, mais n’y arrive pas, avec l’aide de son oncle, on le porte délicatement en retrait pendant qu’une des jumelles court chercher la trousse de secours suivant l’instruction de sa mère. Pendant ce temps, je lui procure des premiers gestes de secours les mains tremblantes alors que Nahia pousse des soupirs rageurs.
Mère Nahia se voulant rassurante : ne vous mettez pas dans cet état, ce n’est rien de bien grave. Enfin, on l’espère.
Nahia vénère : QUOI ? Regardez, il n’arrive même pas à se relever. Je pense qu’il faut même l’envoyer à l’hôpital.
Sa sœur (sur un ton de reproche) : Nahia !! (à son mari) Tu te sens mieux chéri ? Si ça ne va pas, on va à l’hôpital.
Beau-frère : ça va mamour, ses massages m'ont fait du bien (essayant de se relever) je pense que je peux m’asseoir à présent.
On l’aide à le faire, la petite revient avec le trousseau et sa mère me tend un baume premier secours que j’applique à l’endroit avec un massage approfondi. Il grimace au début ensuite, il commence à sourire.
Beau-frère : je crois que ça peut aller.
Sa sœur : tu es sûr bébé ? Tu peux bien tourner les reins ce soir ?
Beau-frère lui souriant : très bien même Mamour.
Voix d’enfants : c’est quoi tourner les reins ?
On glousse entre adultes, la miss passe devant moi en me toisant et en tchipant.
Sa sœur maugréant : Nahia, c’est bon quoi !! Liam va bien, tout est rentré dans l’ordre donc arrête de faire culpabiliser le monsieur.
Mamie : vraiment !!
Nahia me fixant avec mépris : tsuiippp !!
Je présente encore une fois mes excuses au blessé et à la famille. Tout le monde le prend en fair-play sauf la miss bien sûr.
Beau-frère : bon, le jeu peut reprendre.
Nahia hautaine : jouer si vous voulez, moi, je n’en ai plus envie.
Père Nahia : jeune fille, tu m’arrêtes tes manières, c’est quoi ton problème en fin de compte ?
Sa sœur : ohooo ?
Moi intervenant : je crois que je vais prendre une pause moi aussi.
Nahia dans sa barbe : kouunnn !
Ça lui vaut des regards assassins qu’elle ignore royalement en allant s’asseoir sous le parasol.
Nabil : et si nous faisons de l’accrobranche ?
Père Nahia : une prochaine fois Marwan (fixant la montre à son poignet) je pense que c'est l’heure des collations.
Les enfants euphoriques : yeeesssss !!!
Nous nous installons sous le parasol puis les femmes s’activent pour nous apporter des mets aussi succulents que délicieux, mais le traumatisme que j’ai subi toute à l’heure m’empêche de me régaler comme il le faut. Nous mangeons dans une ambiance festive meublée par une sélection de musiques arabe, c'est fait exprès pour me faire honneur, je crois. L’atmosphère avec Nahia est restée tendue jusqu’à la fin du repas. On entreprend ensuite de ranger les équipements utilisés dans une pièce de la maison où il y avait divers matériels et accessoires de jeux pendant que les femmes se chargent de ranger les ustensiles. C'est après tout ça que je me retrouve une nouvelle fois avec son père et son oncle en attendant que les enfants et elle finissent de s'apprêter. Quand c’est fait, je les remercie chaleureusement pour l’accueil et présente une fois de plus mes excuses à son beau-frère. On se retrouve ensuite à la devanture avec sa sœur qui l’aide à installer les enfants pendant que je charge le véhicule. Quand sa sœur finit, elle s’approche de moi et me souffle :
Sœur Nahia : ne suivez pas les choses de ma sœur, elle est un peu irritée dernièrement sinon, c’est une chic fille.
Moi sceptique : euhh ok.
Sœur Nahia me pressant l’épaule : vous verrez quelle personne exceptionnelle elle est une fois que vous l'aurez appréhender.
Moi évasif : ok.
Je veux bien y croire, mais avec sa réaction de toute à l'heure, je crois qu’elle m’a définitivement blacklisté. Enfin, je ne veux plus me bercer d’illusion. Je lui suis antipathique depuis le début et je ne crois pas que ça puisse changer un jour. Dorénavant, je me concentre sur l’essentiel qui est de finir cette mission et de rentrer à Abu-Dhabi. Parce que c’est bon quoi !!!