Monsieur bêtise

Ecrit par Farida IB



*** Pendant ce temps à Lomé ***



Khalil…


Nahia criant : il a fait quoiiii ???


Moi biaisant : il va bien, nous sommes encore à l’hôpital.


Nahia : de toute façon, j’arrive, je suis déjà en route.


Moi : pas besoin, je gère la situation.


Nahia bourrue : oui, tu as géré et on a vu ce que ça a donné !


Moi : c’était un petit accident de rien du tout.


Nahia : le genre de petit accident qui vous conduit à l’hôpital ?


Je soupire seulement.


Moi : sois prudente s’il te plaît.


Click !


Elle me raccroche au nez après avoir poussé un soupir rageur. Je me tourne vers Nabil et regarde une nouvelle fois le bandeau recouvert de sang autour de sa tête avant de soupirer à mon tour.


Nabil (le visage paniqué) : elle est furieuse.


Moi : mouais, elle n’a même pas voulu m’écouter.


Il croise les mains sur la nuque.


Nabil : soit elle me punit jusqu’à la fin de mes jours, soit elle me tue pour faire court. 


Moi (décroisant ses mains) : lol elle n’ira pas si loin. Je suis là ne t’inquiète pas, je vais calmer le jeu.


Nabil la petite voix : ok.


Moi : bon, on y va. On va payer tes médicaments ensuite, on ira prendre une glace avant la tempête.


Il me regarde et acquiesce un sourire, sitôt il crispe de douleur.


Moi fronçant les sourcils : ça ne va pas ?


Nabil : oui, j’ai un peu mal à la tête.


Moi : pourquoi tu n’as pas dit ça au docteur toute à l’heure ?


Nabil : je n’avais pas mal en ce moment.


Moi (me levant prestement du banc) : ok, on ira lui expliquer ça.


Nabil : non ça peut aller, il doit avoir prescrit un médoc pour ça.


Moi : puisque nous sommes encore là, pourquoi ne pas aller lui dire ça directement ?


Nabil le regard fuyant : il voudra me faire de nouvelles injections.


J’arque le sourcil.


Moi : tu as peur des piqûres ?


Il se gratte le milieu de la tête.


Moi sourire dérisoire : tu fais le bad boy alors que tu as peur d’une petite piqûre de rien du tout ?


Nabil faisant la moue : ça fait mal les piqûres.


J’ai un rire de gorge.


Moi : non mais quel peureux !


Nabil : roohh tonton Lil, je n’ai peur de rien.


Moi : oui c’est ça, tu vas répéter ça devant ta mère.


Nabil : je n’ai pas dit que je n’ai pas peur de maman.


Moi : voilà, tu viens de confirmer que t’es un froussard.  


Il me suit en boudant jusqu’à ce qu’on arrive sur le parking de l’hôpital. Je l’installe à côté de moi et nous prenons d’abord par la pharmacie la plus proche avant de nous poser dans le petit restaurant non loin de l'agence. Je lui fais prendre ses comprimés après qu’il ait fini son plat de frites au poulet et nous commande des glaces par la suite. C’est alors que nous les mangeons qu’il me raconte l’incident dans les détails.


Nabil : en fait Rissa la fille qui me plaît.


Moi le coupant : c’est laquelle ? La Capverdienne ou la Rwandaise ?


Nabil : nan, Eva-Nilda, je l’ai vu parler à Rodrigue à la récré. Tu sais celui qui se prend pour le plus beau mec de l’école là, même Laïla le kiff. (levant les yeux au ciel) Je ne sais même pas ce que les filles lui trouvent, il a des oreilles énormes comme ça...


Il mime la taille, ce qui me fait sourire lentement.


Nabil moue dégoûtée : le gars il est même pas beau, il me répugne !


Moi : ok, mais qu’est-ce que ça à voir dans le fait que tu te retrouves à tomber d’une planche à roulettes ?


Il prend le temps d’avaler deux cuillerées de son entremet avant de parler.


 Nabil : Jelani (je hausse le sourcil.) la Rwandaise ! (oui de la tête.) bah il l’aime bien Lancôme (son pote) et comme moi Rissa me plait plus je la lui ai laissé. 


Moi désignant la coupe devant lui : on t’apporte une autre ?


Nabil me fixant interloqué : je peux ? Maman, elle n’aime pas…


Moi : tu en veux ou pas ?


Nabil hochant la tête : oui, s’il te plaît.


J’appelle la serveuse qui prend sa nouvelle commande. Il se lance dans son récit dès qu’elle rebrousse chemin.


Nabil : donc, à la récré, j’ai fait comme tu me l’as dit et exactement comme avec tata Yumma hier soir. Je lui ai dit qu’elle est belle et qu’elle devrait sortir avec moi puis elle a sourit puis elle m’a dit que j’étais beau aussi et qu’elle aime mes boucles. 


Moi : en parlant de ça, tu devras les enlever avant qu’on ne rentre à la maison.


Nabil faisant la grimace : oui.


Moi : vas-y je t’écoute.


Nabil : ce soir notre prof nous a libérés un peu plus tôt donc… 


Je plisse les yeux.


Moi : pardon ? Vous avez fini plus tôt que prévu ?


Nabil : oui, c’est ce que je viens de dire.


Moi fronçant les sourcils : et pourquoi tu ne m’as pas appelé ? 


Nabil (baissant la tête) : je voulais m’amuser un peu avant de rentrer à la maison.


Moi le grondant : non non et non je ne suis pas du tout d’accord avec ça, dans ce cas tu me préviens avant d’y aller. 


Nabil tête toujours baissée : d’accord, je te présente mes excuses.


Moi : ça va, je ne veux juste plus que ça se répète (il hoche la tête.) vas-y continue.


Il y a longtemps, que la serveuse est revenue poser la nouvelle coupe sur la table hein, mais trop occupé à narrer sa bourde. 


Nabil : en fait, je n’avais pas prévu me retrouver là-bas. Je m'étais réfugié à la bibliothèque pour faire mes devoirs, ainsi je serai tranquille tout le week-end. J’étais à fond dedans, j'avais même presque fini quand Rissa a débarqué. Elle a attendu que je finisse de faire les miens pour l’aider. C’est ce qu’on était en train de faire et puis son grand frère est venu la chercher pour l’esplanade. Elle ne voulait pas partir sans moi et moi, j’étais curieux de faire du roller. 


Moi surpris : tu n’en avais jamais fait ?


Nabil : non, maman n’aime pas ce genre de jeux.


Moi : et voilà où ça t’a mené de désobéir à ta mère.


Nabil : mais c’était cool !


Moi : peu importe ! (ajoutant) C’est le genre de risque que tu ne devrais jamais prendre.


Nabil argumentant : je ne voulais pas faire la mauviette devant Rissa (sur le ton de l’admiration) si tu vois comment elle assure grave. 


Moi : ce n’est pas être une mauviette que de refuser de faire quelque chose que tu n’as jamais faite encore que c’est un jeu dangereux. Là, tu as pris un risque inutile. Champion, une chose que tu devrais savoir c'est qu'on ne prend de risques pour une femme sans être certain que c’est la bonne. 


Nabil : ah oui ?


Moi : oui ! Bon ça, ce n’est pas encore ton niveau. Néanmoins, garde ça jalousement pour toi.


Il hoche la tête.


Moi continuant : si ta Rissa ne veut pas de toi parce que tu ne sais pas faire du roller tant mieux parce qu'il y a plein plein de filles qui n'aiment pas le faire non plus. Voilà que tu te retrouves avec un bandage sur la tête et elle n’a même pas pu attendre qu’on vienne te chercher.


Nabil : elle avait peur à cause du sang qui coulait à flot.


Moi : ce n’est pas une raison ! (je me passe la main dans les cheveux.) Ok, on va dire que c’est une erreur de débutant. Sauf qu'à partir de dorénavant, les filles, tu oublies.


Nabil : mais…


Moi bourru : tu te tais et tu m’écoutes.


Nabil soupirant : ok.


Moi : au moment opportun, je me chargerai personnellement de te guider. Pour l’instant, tu te concentres sur l’école. On est bien d’accord là-dessus ?


Nabil : hmm


Moi : à propos de ta mère, nous savons tous les deux qu’elle va réagir au quart de tour.


Nabil soupire débité : ouii


Moi : ok, si tu ne veux pas t’en sortir avec une commotion cérébrale, tu l’écoutes sans discuter lorsqu’elle sera en train de te gronder. Tu n’essaies pas de te justifier, tu te tais juste et tu attends que la colère lui passe pour aller t’excuser.


Nabil : ok… Je peux demander quelque chose ?


Moi : oui, vas-y.


Nabil : c’est quoi une commotion cérébrale ?


Moi : c’est un violent choc.(expliquant) Tu vois le choc que tu subiras quand elle t’aura collé une gifle parce que tu auras voulu la contredire sera plus violent que celui que tu as ressenti après ta chute.


Nabil grimaçant un sourire : je vois, en plus maman, elle a une droite d’enfer.


Moi sourire en coin : voilà, tu es prévenu. 


Nabil me fixant : tu seras là pour me défendre hein ?


Moi : je serai là t’inquiète, finis ta glace nous allons rentrer. Il vaut mieux que nous soyons à la maison avant elle.


Nabil (regard contrit) : euh, je n’ai plus faim.


Moi : ok ! Je paie l’addition, on y va.


Nabil : d’accord.


Je règle la note et nous reprenons la route pour la maison. 



Alors voilà toute l’histoire…


À notre arrivée à la maison hier soir, nous avons laissé Nahia à ses paperasses et avons passés la soirée entre mecs dans mon appartement. Bon, il faut dire que depuis que nous avons franchi la barrière tous les deux, il passe toujours la nuit chez moi lorsqu’il est avec sa mère. Et quand c’est le cas, nous passons du temps à jouer sur sa console, à suivre le journal, à regarder du foot, parler des filles, bref des choses entre mecs. Je dois avouer que ce sont des moments que je chéris de plus belle parce qu’il est très intéressant comme enfant. Avec lui, j’arrive à avoir des discussions de grandes personnes et nous pouvons passer des heures à discuter. Ça c'est parce qu’il est très intelligent et très en avance sur son âge. Le seul problème, c’est qu’il lui arrive d’avoir des tiques de filles. On comprend vu l’environnement dans lequel il grandit, c’est pour ça que j’essaie de lui apprendre quelques habitudes de garçons à chaque fois que j’en ai l’occasion et il suit bien. C'est dans cette perspective que je l'ai encouragé ce matin à passer à la phase pratique. Bien sûr, après son entraînement avec Yumna hier qui a été une réussite totale soit dit en passant. Nous nous sommes séparés devant son école sur cette conclusion et cet après-midi, j'étais au bureau, concentré à remettre de l’ordre dans les idées de Nahia par rapport à notre dossier lorsqu’il m’a appelé pour m’annoncer qu’il a eu un petit accident hors de l’école. J’ai rappliqué en catastrophe et c’est à tout bringue que je l’ai envoyé à l’hôpital parce qu’il gisait dans une mare de sang quand je suis arrivé. Heureusement pour nous qu'il y avait plus de peur que de mal. C’était une petite ouverture sur le crâne qu’ils ont dû suturer, mais rien de bien grave. 


Intimement, j’appréhende un peu la réaction de Nahia d’autant plus que son fils compte sur moi pour le défendre auprès d’elle alors que je ne sais pas encore comment je me défendrai personnellement. Et dire que j’étais de plus en plus à l’aise avec elle, j’aimais bien l’atmosphère qui régnait entre nous dernièrement. Par ailleurs, j’ai fini par donner raison à ma sœur et à la sienne. C’est une fille aimable et serviable, très facile à vire quand elle ne fait pas sa miss. J’ai également compris après certaines  analyses que le revers de la médaille est dû au fait qu’elle a peu confiance en elle autant qu’elle en fait aux autres du coup elle voit le mal partout. Or, j’avais raté le coche dès le début avec ce que vous savez. Je l’ai compris à mes dépens et je fais de mon mieux pour ne plus baisser dans son estime. Autant dire que je préfère mille fois être son ami que son ennemi. C’est pourquoi cet accident tombe vraiment mal, connaissant le personnage, ce sera un retour à la case départ. Déjà qu’elle hésitait à me confier son fils. (soupir).


Nabil : tu l’aimes hein ma maman ?


Je me déconnecte de mes pensées et dresse mes oreilles pour être sûr d’avoir bien entendu.


Moi : Nabil ? Tu as dit quelque chose ?


Nabil (sans faire acte de ma question) : maman, elle n’a personne en ce moment, enfin il y a tonton Manaar qui l’appelle souvent. Bon lui, on peut zapper inh, je l’aimais bien avant, mais il faisait tout le temps pleurer maman. Depuis que tu es là, elle sourit plus et devient de moins en moins grincheuse. Tu sais, avant elle ne m’aurait jamais laissé partir avec elle hier, elle avait toujours mille choses à faire. Moi, je sais que c’est parce qu’elle veut être seule pour pleurer. (souffle) Avant que tu n’arrives, elle pleurait tout le temps et ça me brisait le cœur de la voir ainsi. Là je sais que j'ai fait une bêtise et qu'elle va nous gronder, mais elle n’est pas méchante ma maman. Tonton Liam avait dit que c’est parce qu’elle souffre dans son cœur qu’elle fait parfois la méchante et je vois qu’il a raison parce qu’on dirait qu’elle ne souffre plus maintenant. Et ça, c’est parce que tu es venu donc si tu l’aimes réellement ma maman, je peux t’aider à sortir avec elle parce que je te préfère moi à tonton Manaar.


Bref, on s’est retrouvé sur un côté de la route parce que j’ai beugué sur sa première question. 


Moi débité : ah bon ?


Nabil : oui.


Moi : toi seul sais sur quoi tu t’es basé pour faire ton analyse. Par contre tu vas me dire sur quoi tu te bases pour penser que je l’aime ta maman.


Il se redresse et se tourne vers moi.


Nabil : ok, nous allons parler de mec à mec.


Je hoche la tête et le regarde amusé.


Nabil : tu dis que j’ai des manières de filles parce que je reste trop souvent avec elles…


Moi l’interrompant : et j’ai raison parce que ce sont les filles qui racontent des histoires en prenant par la version longue. Les hommes sont directs donc va droit au but.


Nabil (joignant et les relâchant simultanément ses doigts) : ok, tu l’aimes maman !


Moi le fixant abasourdi : je n’ai jamais dit ça, enfin, je ne l’aime pas ta maman. Enfin, pas comme tu le penses.


Nabil : si, tu l’aimes et tu n’as pas besoin de le dire. Cela s’inscrit clairement sur ton visage quand vous êtes ensemble tous les deux, tu devrais voir la bouille que tu fais ! Tu souris comme ça (mimant un large sourire) un sourire idiot comme celui que fait tonton Liam à tata Amou.


Moi ébahi : d’où tu sors ça ?


Nabil (se frottant le menton) : c’est ça le bon côté d’être entouré de filles.


Moi : lol tu n’y es pas du tout, si je regarde ta maman comme tu le dis, c’est que je suis content de la voir.


Nabil : tu me donneras raison un jour, en tout cas, tu as ma bénédiction si tu veux l’épouser.


Moi beuguant une fois de plus : puisque je te dis que non !


Nabil avec conviction : et moi, je te dis que si !


Je redémarre complètement dépassé.


Moi : je ne veux pas me lancer dans un dialogue de sourds avec toi, on va rentrer et tu vas te contenter de te faire remonter les bretelles par ta mère.


Nabil faisant une grimace : roohh tonton Lil tu casses le feeling.


Je bouscule la tête en riant doucement.



……


C’est à un mètre à la ronde qu’on remarque la Mercedes de Nahia garée à la devanture de la maison avant de l’apercevoir elle-même adossée à la portière du côté conducteur, lunette au sommet de la tête. Un silence pesant envahit l’habitacle d’un coup, j’avale difficilement ma salive et me racle la gorge avant de me tourner vers Nabil qui s’est enfoncé dans son siège.


Nabil : elle est déjà là.


Moi : j’ai remarqué.


Nabil : ça va être ma fête.


Moi : notre fête, rectification. Nous allons à l’abattoir.


Il me jette un coup d’œil pendant que je gare derrière le véhicule de Nahia. On descend au même moment et il contourne pour se mettre à l’abri derrière moi alors que j’avance vers elle. Elle a une expression neutre sur le visage, ce qui est plutôt bon signe.


Moi : bonsoir,


Nahia (la voix tendue, mais posée) : bonsoir (enchaînant) j’ai besoin de la clé pour ouvrir les portes du garage, le gardien n’est pas là.


Je vais les chercher dans la voiture et vais les ouvrir toujours suivi de près par Nabil. Dès que c’est fait, je fais rentrer la Range rover après elle. On se retrouve à prendre les marches en file indienne dans un silence plat. C’est lorsque Nabil traîne les pas pendant qu’on se rapproche de mon appartement qu’elle se tourne vers lui furieuse.


Nahia ton dur : toi, tu passes ici.


Il s’exécute la tête baissée, je les suis et attends qu’elle referme la porte avant de parler.


Moi : écoute d’abord ce qui s’est passé avant de t’emporter.


Nahia cinglante : je n'ai pas besoin de tes explications, je sais juste que tu m’as convaincu de te laisser la garde de mon fils et je reviens le retrouver la tête recouverte de sang.


Nabil intervenant : maman ce n’est pas…


Nahia : toi, tu vas m’attendre dans la chambre. (hurlant) Tout de suite !


Moi posément : calme-toi s’il te plaît.


Nahia vénère : me calmer ? Tu me demandes de me calmer ? 


Moi : c’était un accident…


Nahia (avec de grands gestes des bras) : qui n’allait pas se produire s’il était retourné chez mes parents comme prévu.


Moi plissant les yeux : mais ça n’a rien à voir, l’accident est survenu pendant qu’il était encore à l’école.


Nahia : si ! Ça a tout à voir. Il faisait quoi au palais des congrès alors qu’il était censé être à deux kilomètres de là-bas ? (se tapant la poitrine) Nabil me connaît, il n’oserait jamais quitter son école pour s’aventurer je ne sais où. 


Moi : je n’étais pas au courant non plus qu’il y était.


Nahia criant : tu étais censé le savoir parce qu’il était (articulant) sous ta responsabilité ! 


Moi : Aynia (mon coeur) j’ai dit de baisser d’un ton !


Elle bloque un moment silencieux, c’est là que je me rends compte de ce que je viens de sortir comme mot.  Pfff voilà que je commence à parler de travers parce que je panique.


Nahia plissant les yeux : comment viens-tu de m’appeler ?


Moi : j’ai juste inversé ton prénom, mais là n’est pas la question. (commençant) J’étais moi aussi pris au dépourvu comme toi lorsqu’il m’a appelé vu que c'était prévu que je passe les récupérer à l’école pas sur un terrain la tête amochée. Il ne m’a pas non plus prévenu de ce qu’il voulait faire du skateboard…


Nahia m’interrompant : j'en venais,  depuis quand il fait du skateboard ? (se remettant à hurler) Nabil sort de là, vient me dire depuis quand je t’ai autorisé à faire de la planche à roulettes.


Nabil déboule au bord de la panique.


Nabil : maman je…


Nahia (le sondant de la tête au pied) : c’est quoi ça ? Tu t’es frisé les cheveux ? (touchant son oreille) ? Tu as touché à mes affaires ?


Moi répondant : j’avais trouvé ça mignon…


Nahia ton rageur : c’est toi qui lui apprends les choses de bandits ?


Moi : Aynia…


Nahia criant : tu arrêtes de m’appeler comme ça !


Moi tiquant : désolé, c’est un lapsus.


Nahia à Nabil : toi tu m’enlèves tout ça, et tu vas me chercher une  tondeuse.


Il s’en va puis elle se tourne vers moi la mine dégoûtée.


Nahia : et dire que j’avais pensé un instant m’être trompée sur ta personne, mais non! Il a suffi que je baisse un peu la garde pour que ton naturel revienne au galop.


J’arque un sourcil.


Moi : je voulais te donner un coup de main.


Nahia faisant volte-face : weh et tu en a assez fais.


Moi la suivant : ça y est ? Tu vas une fois de plus me juger taratata sur les apparences ?


Nahia se tournant à demi : tu ne me laisses pas le choix donc !


Moi : avec toi, il suffit d’une petite erreur pour que tu envoies balader tout ce que j’ai fait de bien d'un revers de main, pourquoi tu fais ça ? 


Nahia d’un trait : parce que je n’attends pas mieux venant de toi, parce que tu n’es pas mieux que les autres. Bref, tu finis toujours par me décevoir toi aussi !!


J’ouvre les yeux et la regarde stupéfait.


Moi la fixant dans le fond des yeux : Aynia, je ne suis pas les autres !


Nahia : arrête de m’appeler…


Elle se tait parce que je viens de claquer la porte de son appartement. Je rentre dans le mien et vais me chercher un verre d’eau que je vide d’un trait avant d’aller me coucher tout habillé. Je l’entends vociférer sur Nabil un moment ensuite, c’était au tour des ustensiles de subir sa colère. Je finis par l’ignorer et me mets à tchatcher avec mes potes qui parviennent à me décolérer , ensuite il y a Mélissa qui essaie de me joindre par appel Whastapp. Je zappe dessus et me déconnecte sans crier gare, causer avec une femme, c’est la dernière chose que j’ai envie de faire en ce moment. C'est trois quarts d’heure plus tard qu’on l’entend parler de nouveau.


Nahia : le dîner est prêt.


Nabil : je n’ai pas faim.


Moi : moi non plus.


Nahia : tant mieux parce que j’allais même vous intoxiquer tous les deux.




Le tournant décisif