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Ecrit par kony ariane
Elisabeth
Guenou
C’est normal
que le père de Stella demande à me rencontrer avec mon fils. Ce garçon est trop
bizarre. C’est en ville que j’ai appris qu’il a mis une annonce dans le journal
comme quoi son mariage avec Stella Toupé est annulé. J’ai du mal à croire que
je vais devoir expliquer que mon fils ne veut plus de ce mariage.
J’ai eu son
frère qui m’a informé de ce qu’on se retrouve directement chez les Toupé.
Lorsque mon
chauffeur se gare devant leur somptueuse demeure, je constate que la voiture de
Ken y est garée. Mes fils se sont empressés de sortir. Ken avec son air
suffisant qui m’insupporte me lance un bonsoir à peine audible. Ce garçon je ne
le comprends pas. C’est le rebelle de la famille.
Marc
Antoine Guenou
Eh ben c’est
un comité qui nous reçoit. Il y a les parents de Stella et deux autres
personnes que je ne connais pas. Ils ont tous le visage serré. Ça s’annonce
bien.
Après des
salutations sèches, ils nous invitent à nous asseoir. Stella n’est pas présente
dans le salon.
C’est Toupé
père qui prend la parole
-Elisabeth
ton mari et moi avons entretenu de très bonnes relations. Même après sa mort
toi et moi avons continué cette bonne entente.
-en effet
- c’est dans
le journal que j’apprends Que le mariage de nos enfants est annulé. J’exige une
explication.
Maman
voulait répondre mais Ken a pris la parole
-sauf votre
respect Monsieur Toupé le premier concerné c’est moi.
-je ne te
parle pas à toi mais à ta mère
--il va bien
falloir que vous m’écoutiez. Stella est votre fille et j’avais beaucoup
d’admiration et de respect pour elle
-tu avais
dis tu ?
-oui
j’avais. Je ne vais pas l’insulter non mais elle est loin de la personne que je
croyais.
-et c’est à
la veille de votre mariage que tu t’en rends compte ? Imagines-tu
l’humiliation que tu jettes sur nous ?
-
humiliation dites-vous ? Et moi que puis je dire ? Faites la venir
qu’elle vous dise elle-même la raison de mon désistement
-ma fille
est bouleversée. Je me fous bien de votre incompréhension. Ce mariage aura lieu
-ne me
faites pas rire.
Voilà que Ken
se met à hurler le prénom de Stella.
-vous avez
perdu la tête ? Vous êtes chez moi ici.
Stella
arrive enfin, l’air affligé, le regard suppliant. Cette fille joue la comédie
où elle est folle.
-Stella
enfin, dis à tes parents ce que tu as fait
-je t’en
prie, pardonne moi. C’était une erreur. Ça ne se reproduira plus.
-elle a
demandé pardon alors le débat est clos. Je ferai un démenti dans ce même
journal
-monsieur
Toupé revenez sur terre. Il est hors de question que je l’épouse. Elle est loin
d’être vertueuse votre fille.
-n’insulte
pas ma fille
-je ne
l’insulte pas. Je dis ce qui est. Stella est censée être vierge ; ce n’est
pas le plus important bien que ce n’était pas pour me déplaire. Elle a fait
vœux de chasteté soit disant et pourtant je l’ai surprise en plein ébats
sexuels avec non pas un homme, mais deux. Deux ans, deux ans pendant lesquels
elle m’a fait croire qu’elle était mère Theresa. Alors vous m’excuserai mais je
ne ferai pas d’une telle personne ma femme, jamais.
La bombe
était tombée. Tous les visages se sont décrispés. Maman qui marchait sur les
œufs à vite pris son air hautain de bourgeoise pour leur lancer :
-avec un tel
comportement, mon fils ne peut pas se lier à votre fille chérie
J’avais
envie d’éclater de rire. Je ne sais même pas à quel moment madame Toupé s’est
levée. J’ai juste vu la gifle monumentale qu’elle a appliquée à sa fille, ce
qui a fait valser cette dernière.
Ken s’est
levé après un excusez moi, il a pris la
porte. Moi l’accompagnateur que pouvais-je faire si ce n’était d’emboîter les
pas de mon petit frère.
Nous allions
monter en voiture lorsque nous avons entendu maman nous interpeler.
-voila qui
est fait. J’avais des appréhensions quant à ce mariage.
Ken et moi
nous nous sommes regardés avant d’éclater de rire. Pour toute réponse nous
sommes montés en voiture.
Ken
Guenou
Cela fait un
mois que j’aurais dû me marier. Monsieur Toupé est venu dans mon cabinet, il
n’avait plus l’air hautain. Il a difficilement présenté ses excuses et voulait
que je reconsidère ma décision mais c’était niet. Je ne la connaissais vraiment
pas. Elle a bien caché son jeu.
J’ai
rendez-vous avec Alim Moustapha, l’Alim Moustapha. C’est un grand homme du
pays. On dit qu’il est issu d’une famille pauvre, mais il a pu faire Oxford. Il
doit être brillant, pour preuve il excelle dans les affaires.
-monsieur
Moustapha enchanté de vous rencontrer
-le plaisir
est pour moi. Permettez-moi de vous présenter ma jeune sœur Adiza Moustapha.
-mes
respects
Je ne savais
pas si je devais dire madame ou mademoiselle. Cette jeune femme dégage quelque
chose d’attachant.
En gros il
m’a expliqué la situation. Elle était en concubinage avec Aurélien Pani, une
autre figure de la haute bourgeoisie. La famille de ce dernier aurait mis Adiza
à la porte. D’après les papiers que j’ai en face de moi, la maison est en son
nom, ainsi que la copie de la carte crise d’un véhicule.
-le pire
dans tout ça c’est qu’ils traitent mon neveu de bâtard. Ma sœur n’est peut être
pas mariée avec lui, mais la maison et la voiture sont à elle. Pour que tout
soit clair. Il y a aussi un compte épargne qu’il a ouvert pour elle il y a cinq
ans.
-je vois ça.
-maîtrej’ai
les moyens de m’occuper de ma sœur et de mon neveu. Elle a sa boîte de styliste
qui marche du tonnerre, mais elle a des droits et mon neveu encore plus.
-il y va de
soit
-vos
honoraires sont les miens. Je vous laisse ma carte. N’hésitez pas à me
contacter quelque soit l’heure. C’est certes ma sœur qui a des problèmes mais
c’est à moi que vous rendez compte. Elle est trop douce et gentille.
Rétablissez-la dans ses droits s’il vous plaît.
-j’obtiens
toujours ce que je veux
-nous sommes
deux. Merci à vous.
Il embrasse
sa sœur et nous laisse.
-alors
madame Moustapha et si vous me parliez de vous.
-Alim a tout
dit. Sincèrement je n’ai aucune envie de me battre avec eux. Aurélien nous a
quittés. J’ai ma boîte et ça me permettra d’élever mon fils.
-votre fils
a quel âge ?
-un an et un
mois. Ils nous ont fichus dehors le jour de son anniversaire
Elle ne peut
retenir une larme. Je me suis levé pour lui prendre les mouchoirs sur mon
bureau
-comment
avez-vous rencontré votre compagnon ?
-je venais
de finir mon mes études de stylisme j’avais dix-neuf ans. J’ai eu mon bac à
seize ans et pour tout vous dire c’était pour papa. J’ai toujours voulu être
styliste. J’ai grandi au milieu de vêtements. Mon père tenait une teinturerie.
Il y avait de beaux vêtements. Des vêtements chics. Des tissus de toutes les
qualités. Et mon rêve a toujours été de créer moi-même des vêtements. Après
j’ai vu défiler grâce à Alim des tissus au toucher de velours et aux sensations
exquises sur la peau. Je dessinais déjà. Alors mon frère m’a payé les études au
Ghana. J’y ai fait quatre ans. En troisième année je devais faire un stage et
c’est là que je l’ai rencontré.
-vous deviez
l’aimer… vos yeux brillent.
-ô oui je
l’aime. Il m’a courtisé pendant un an. Il est venu me voir tous les mois
pendant ma dernière année. Lorsque je suis revenue après mon diplôme, nous
avons officialisé notre relation. Il a toujours voulu faire de moi sa femme,
mais je reportais toujours. J’ignore pourquoi. On s’aimait et pour moi s’était
suffisant. Quand je suis tombée enceinte, on aurait dit qu’il revivait. Il
était fou de joie. Sa famille n’a jamais été pour notre relation, car je viens
d’un milieu différent du leur. Aurélien s’en fichait pas mal. Il disait
toujours « ils ont vécu leur vie, je vis la mienne ». Je crois qu’au
fond de moi j’espérais qu’ils m’acceptent.
-je
comprends
-je n’ai
connu qu’Aurélien, mais ils m’ont traité d’arriviste, de traîné et de coller un
bâtard à leur fils. Tout ce que je veux c’est avoir la paix. C’est Alim qui
insiste pour qu’une procédure soit engagée, moi je n’en veux pas.
-je
comprends aisément, mais si je puis me permettre il y a injustice.
-toute cette
histoire m’épuise ça va fait un an bientôt qu’il est décédé et je suis comme
dans un rêve.
-je vais
étudier tout ça et je vous ferai part de ma stratégie.
-bien merci
de m’avoir écouté j’avais besoin de me confier. Désolée d’avoir pleuré.
-mais non je
vous en prie.
-je ne vais
pas abuser plus de votre temps
-à très vite
madame Moustapha
-à bientôt
maître
Adiza
Moustapha
Alim et moi
sommes très proches. J’ai essayé de lui expliquer que je n’avais pas besoin de
l’argent d’Aurélien mais il est décidé.
Flashback
4 ans plutôt
-Alim,
Aurélien et moi c’est sérieux tu sais.
-je vois
bien les paillettes dans tes yeux, mais lui t’aime t’il comme tu l’aimes ?
-j’en suis
plus que certaine. C’est une conviction.
-bon allons
y je vais me faire une idée par moi-même. Partons, tu sais que je déteste être
en retard
Aurélien
tient à rencontrer ma famille. Il dit ne pas vouloir faire les choses en
cachette. Lui et moi sommes ensemble depuis un an déjà et j’ai toujours remis à
plus tard la rencontre. C’est dans un restaurant huppé que le dîner se fera.
-Aurélien,
je te présente Alim Moustapha mon grand frère, Alim permet moi de te présenter
Aurélien Pani mon petit ami.
-enchanté
Monsieur Moustapha
- de même,
appelez-moi Alim
-et moi
Aurélien. Installez vous je vous prie
-alors
Aurélien, ainsi vous sortez avec Adiza ?
-Oui et je
tiens à vous présenter les sincères excuses car il y a bien longtemps que
j’aurais dû vous rencontrer
-excuses
acceptées, je ne vais pas tourner autour du pot. Vous devez avoir quinze ans de
plus que ma sœur, pourquoi elle ?
-c’est
exacte, je ne saurais vous dire pourquoi elle. Ce dont je suis certain c’est
qu’elle est la personne qu’il me faut. Elle complète la partie manquante de mon
être. Je voudrais avec votre permission et celle de votre père l’épouser.
-ah
oui ?
-je sais ce
que je veux et mon amour pour elle est sincère.
-mon père a
son mot à dire mais la décision finale revient à Adiza.
J’étais
restée silencieuse à les regarder à tour de rôle.
-j’ai
entendu dire que leur spécialité est exquise.
Après le
diner, Aurélien a tenu à me déposer.
Les choses
se sont passées très vite après la rencontre avec Alim. Aurélien a rencontré
papa et lui a fait part de ses intentions.
J’ai aménagé
avec lui. Nous avions retenu une première date pour le mariage.
Aurélien
était impatient de me présenter à sa famille.
-ma puce ne
soit pas stressée. L’opinion du monde m’est bien égale. Ta famille a accepté
notre relation et la mienne ne verra pas d’inconvénients. Et même si c’était le
cas c’est moi qui me marie à toi. Tu es mon inspiration.
-Et toi la
mienne
Une fois
chez les Pani, je me suis sentie bien minuscule. Le luxe insolent de cette
maison me laisse bien perplexe.
-viens,
entrons. Tout le monde est déjà là
-par tour le
monde tu veux dire quoi ?
-Mes parents,
ma sœur et mon cousin tu sais Luc.
-je stresse.
-je suis
avec toi alors rien ne compte plus que nous
Ils étaient
tous au salon. La famille au grand complet.
Après
salutations, Aurélien me fit asseoir à côté de lui. J’étais livrée en pâture au
loup. J’étais détaillée de la tête aux pieds par les deux femmes.
-Je vous
présente ma fiancée Adiza Moustapha, Adiza ma famille. Tu connais déjà Luc
-je suis
ravie de faire votre connaissance
-on verra ça
venait de dire la sœur d’Aurélien
-Moustapha ?
Ça ne me dit rien. Que fait votre père jeune fille ?
-Il tient
une teinturerie
-c’est une
blague ?
-maman ne
commence pas. Tu lui as demandé ce que fait son père et elle t’a répondu.
-Aurélien,
tu l’as emmené ici pour te payer notre tête. N’est ce pas ?
-tu crois
que ma vie tourne autour de toi et de tes humeurs ?
-arrêtez moi
ça toute suite. Vous n’avez pas honte ? C’est devant notre invitée que
vous vous chamaillez ? Venait de dire le père Pani.
- une
invité? Tu m’entends ton père ?
-je suis le
père de ce gaillard. Enchanté de vous connaître mademoiselle
-ravie de
vous rencontrer Monsieur
-dites moi,
que faites vous dans la vie ?
-je suis
styliste Monsieur
-bien, c’est
un métier en pleine expansion.
-je rêve
Aurélien nous as envoyé une couturière venait de dire la mère d’Aurélien.
-elle a du
goût tout de même maman. Sinon Adiza vous vous êtes habillée ou plutôt Aurélien
vous a habillé chez quel couturier ? M’a lancé sa sœur.
-c’est une
pièce de ma dernière collection.
-ah oui,
finalement ce n’est pas aussi bien que ça. Vous êtes musulmane ?
-ça suffit
vous deux. Je ne vais pas le répéter. Vous vous comportez bien ou vous quittez
cette pièce.
-mais chéri,
tu ne vois pas que c’est pour m’embêter que ton fils a fait venir cette
roturière ?
-papa ça
suffit nous allons partir. Je passerai te voir au bureau. Luc, on s’appelle.
-Aurélien
reviens s’il te plaît
-non papa ce
n’était pas une bonne idée.
Il m’a pris
la main et nous sommes partis. Il était tellement en colère que je n’ai pas eu
la force de dire un mot. Je venais de me faire humilier, insulter.
Lorsque nous
sommes rentrés, je me souviens avoir foncé dans la salle de bain pour pleurer
toute ma peine.
-je suis
désolée mon amour, je t’aime et ça mesuffit. N’oublie jamais, ils ont vécus
leur vie et je vis la mienne.
Il savait me
parler. Il savait où toucher pour me calmer. Il savait tout de moi.
Après
l’épisode des présentations, sont père était passé à la maison nous présenter
des excuses. Je crois bien que ce dernier est poings et mains liés. Il se
retrouve entre son épouse et sa fille d’un côté et de l’autre son fils.
Tout ça est
loin derrière moi.
Je me
concentre sur mon travail et mon fils car j’ai une nouvelle collection en
préparation. Un de mes anciens professeurs m’a recommandé à un expatrié ici au
Bénin qui veut tourner un film. Je suis chargée de l’habillage.
Ken
Guenou
Ce dossier
est une simple affaire. J’ai déjà instruit mon enquêteur afin de savoir si le
défunt a pensé à laisser un testament. Au vu de la loi, son fils est son
héritier.
Cela fait
une semaine que je réunis le maximum de pièces afin d’entamer une procédure.
J’ai comme convenu rendu compte à Alim Moustapha. Je vais en faire de même avec
Adiza.
Elle est
tellement belle, tellement naturelle. Ses gestes sont gracieux. Tout chez elle
n'est que pureté.
Ça se voit
que c’est une personne exceptionnelle et bourrée de qualités. Plus je l’écoute
plus son histoire m'attriste et me donne envie de gagner par tous les moyens
cette affaire.
-allô madame
Moustapha ? Maître Guenou
-bonjour
maître
Après mon
récit, elle reste un moment silencieuse
-Qu'est ce
que vous vous voulez vraiment ? Je connais les intentions de votre frère il a
été clair. Je veux avoir une idée de la vôtre.
-Laissez
tomber. Je ne sais pas à quoi ceci rime. Alim m'a toujours surprotégé. Cette famille
ne mérite pas que je me batte contre eux, ils ne méritent pas que j'intente un
procès contre eux. L'homme que j'aime n'est plus, je voudrais pouvoir le
pleurer sans me préoccuper d’eux. Et puis j’ai un fils qui mérite toute mon
attention.
- vous en êtes
sûre ? Vous avez des droits madame Mustapha, concubine ou pas.
-Que
feriez-vous à ma place ?
- Je ne suis
pas à votre place, je suis à votre disposition. Vous ne méritez clairement pas
ce que vous vivez, ces biens vous appartiennent, ils sont en votre nom.
J'espère
avoir réussi à la convaincre.
-Faites ce
que vous avez à faire
-Très bien.
Je m'y mets. Je vous tiens au courant de toutes les procédures.
-merci
maître, à bientôt
-à bientôt