PARCHEMIN A LA RESCOUSSE

Ecrit par Marc Aurèle

UNE SEMAINE PLUS TARD


GRAND’MA/DAME AGNES

J’arpente les allées du jardin, tout en louant le Seigneur. Je chante à haute voix, il est tard et tout est calme. Je revisite les cantiques à la gloire de Dieu. Je dois dire toute ma reconnaissance, je dois exprimer mon impuissance afin de continuer de voir sa main sur ma vie.

Depuis plusieurs jours je vis de miracle et ma vie n’est qu’actions de grâces. Il y a une semaine quand j’étais venu voir mon petit fils à terre, je ne savais exactement que faire jusqu’à ce que cette fille appelle pour demander à lui parler. Malgré nos précisions sur l’état de Sam, elle avait tellement insisté pour lui parler. J’avoue que c’est elle qui l’a sauvé, sans quoi je devrais être entrain d’utiliser un autre lexique. Alors depuis, tous les soirs je rends grâce à Dieu et je consacre ma maison. De toutes les façons, il ne peut en être autrement car avant tout Dieu m’a créé pour l’adorer, le louer et le servir. Mais également il ne peut en être autrement car je sens que le voyage final à débuter. Je dois finir ma mission et aller rendre compte à mon Père.

Vous savez, nous sommes tous nés pour une raison et cela doit être clair dans notre tête. Si aujourd’hui, vous n’avez pas encore découvert votre but sur terre, alors atteler vous à le chercher de peur d’errer sans jamais vous retrouver vous-même. Moi j’ai eu la grâce d’avoir été guidée et orientée. Ayant été éclairée par mes ainés qui savaient ma destinée, j’ai vite fait les choix qui s’imposaient à moi. Mon but sur terre est de protéger un peuple de lui-même. La mission qui m’a été confié alors que j’ai décidé de naitre était de mettre un terme à la folie d’Abokpè. Et depuis bientôt quatre vingt dix ans, c’est maintenant seulement que je trouve les éléments manquants au puzzle.

En parlant à mon petit fils la dernière fois, je n’en réalisais pas vraiment l’importance mais à présent je comprends juste que c’était venu le moment de le préparer pour la dernière ligne droite.

Je passais désormais tous mes instants libres dans  cette atmosphère de méditation, d’adoration et de louange. Je l’achevais toujours avec un moment d’écoute de la douce voix de Dieu qui m’éclairait sur les étapes à suivre.

Depuis la crise de Sam, les éléments s’agencent de mieux en mieux dans ma tête. Je connais désormais les différentes étapes pour achever ma mission et je sais exactement comment je vais procéder. Je sais également qui écarter et de même, je connais les personnes que je devrais impliquer dans cette lutte pour délivrer Abokpè. Oui, délivrer Abokpè et de surcroit libérer toute une nation des dominations qui l’assujettissent. Ce que je n’avais pas pu dire à Sam la dernière fois, est qu’au-delà de la légende, toute l’histoire racontée était vraie et était celle de notre pays. Hélas, beaucoup de changements interviendront dans nos vies désormais.

Moi très bientôt je m’en irai, lui Sam, devra continuer.

Après moi, débutera sa destinée.

Quand le parchemin, il aura accepté, enfin, il sera éclairé.

Dieu pour cela la créé et si je n’ai point pensé à l’initier.

C’est qu’en lui tout a déjà été caché.

Son arme saura le trouver.

De sa victoire je suis rassurée.

Quand les premières étapes auront été franchies

Quand le parchemin lui aura été remis

Alors pour le départ sera permis

Mon départ de cette terre je le sens de plus en plus proche. Je dois éclairer Sam sur la situation de son épouse et l’aider à trouver l’aide que Dieu a mis à ses cotés pour l’appuyer dans cette destinée. Je sais que cette dernière est toute proche, mais je ne sais encore de qui il s’agit. Et s’il y a encore un point d’ombre au tableau, c’est bien celui là. Je me devais de remettre à Sam et à la femme de sa vie le parchemin de la dernière fois. C’est seulement l’un en présence de l’autre qu’ils pourraient visualiser le contenu du parchemin et en comprendre le sens. Que le Seigneur me guide.

J’avais fini ma séance de prière. Il sonnait environ deux heures du matin. Je passe en revue les chambres de la maison. Il y a de la lumière dans la chambre d’ami. C’est Sam qui l’utilise depuis vendredi dernier. Je vais sur la porte et y tape deux coups. Il est en éveil et est assis à mène le sol au milieu de plusieurs feuilles de papier.

 

SAM

Je refais le point des dernières informations que j’ai réunies. Depuis ma crise d’angoisse de la dernière fois, je vis chez mamie. J’y ai installé mes quartiers et c’est de la chambre d’amis que je gère les activités d’El Naser. Je ne suis sorti ces derniers jours que pour me rendre au commissariat et aussi pour rencontrer les parents de Ray. Grâce à Suzy, j’ai eu le compte rendu de satisfecit des sud-africains au sujet du site et des plans du complexe hôtelier. Mais elle me fit également le compte rendu de la visite au palais et me raconta le déroulement de la rencontre avec Ray dans sa peau de reine.

Assis au sol, je parcours le fourre-tout qui fait mon existence depuis quelques jours. Je suis toujours sous interdiction d’approcher mon épouse, et je n’en ai aucune nouvelle conséquente. Je me réjouis que le projet du complexe se poursuive, mais j’en ai une douleur au ventre quant à l’influence qu’il a sur ma vie. A plusieurs reprises déjà j’avais pu échanger avec Mr N’ZEGUE et il faut dire que les différentes phases du projet s’engrènent aisément. Mes tentatives d’en ralentir l’élan n’ont pas réussies. Depuis une semaine que je suis ici, je n’ai pas encore discuté avec Grand’Ma. Il faut dire que je l’évite car j’appréhende que la suite de notre discussion m’assomme. J’entends taper deux coups sur la porte qui s’ouvre. Elle n’est pas fermée à clé, j’en ai pas vraiment l’habitude.

-          Tu ne dors pas ? sa voix veloutée me fit parcourir tout le corps d’une chaleur.

-         

-          Tu fais tes points ? enchaina-t-elle. Je ne la sentais plus dans mon dos, mais je percevais cette voix sur ma droite non loin du lit.

-          Oui en quelque sorte. Répondis-je en levant la tête. Grand’Ma venais de s’asseoir au pied du lit, la tête tournée vers moi.

-          As-tu vu l’heure, mon fils ? Tu devrais être entrain de prendre autorité sur les choses et surtout de rendre grâce. Le point c’est après la prière.

-          Je vois… dis-je en hochant la tête.

-          J’ai essayé de te prévenir de tout ceci, mais je n’ai pas su me faire comprendre. Elle est hésitante.

-          ….

-          Il faudra que tu sois fort et que tu te jettes à l’eau. Ajouta-elle en se levant. Elle se tenait devant dans toute sa stature.

-          Je ne te suis pas mamy.

-          En grande partie, tu es liée à Abokpè,  je… elle s’arrête de parler et essai de lire ma réaction. Mais je n’en ai aucune. Je suis resté figé au sol, la tête levée vers elle.

-          … je pense que ce n’est pas le bon moment pour parler de certaines choses. Demain avant de partir de la maison fait signe. Finit-elle par dire après quelques minutes de silence.

-          Mamie, je ne sais pas là où tu me conduits, mais cette histoire ne me plait pas vraiment. J’ai besoin de comprendre les choses et surtout de les maitriser. Les mystères s’en est trop et j’ai besoin d’éclaircissement.

Tout en parlant, je mis ma main droite au sol, y pris appui pour me relever. Je suis à présent debout, face à cette dame qui à fait toute ma vie. Il est temps que l’homme en moi face surface et que j’affronte les démons qui obscurcissent ma vie. Cette vie qui se résume en très peu de choses : des parents partis loin très tôt, une vie rangée telle une bibliothèque, un tout telle une belle bâtisse blanche sans tâche. Non, il est temps qu’il y est du mouvement.

-          … ma grand-mère me scruta de la tête aux pieds et me tendit le bras.

Je ne fus pas surpris, car elle seule savait lire la détermination en moi. Et pour être déterminé, je l’étais enfin. Nous sortîmes bras dessus bras dessous de la chambre d’amis pour nous diriger vers le séjour. Alors que je voulais m’installer vers le sofa, elle me tira vers l’armoire de rangement d’où elle avait sorti son fameux coffre au parchemin la dernière fois. Je vis le coffre réapparaitre et d’un geste lent, Grand’ma l’ouvrit. Je l’entendis se racler la gorge, c’était signe de solennité et j’arrangeai presque aussitôt ma posture.

-          Sam RENE, en te laissant découvrir ce parchemin, je t’ouvre les yeux sur les vérités qui soutiennent ta vie, la vie de nos familles et surtout celles qui fond la fondation de tout un peuple.

-         

-          Tu es appelé à une grande destinée et le Seigneur au-delà de t’avoir mis à part, t’a surtout organisé un plan de bataille que tu devras suivre à la lettre.

-          …. Je ne cillais point. De toutes les façons, il est beaucoup plus urgent de découvrir la finalité de tout ce discours que de se laisser déstabiliser par les mots.

De ses yeux fins, elle m’ausculta à la recherche d’une inquiétude. Les rides laissées sur ce visage par la force de l’âge s’étiraient légèrement. Ses mains hésitèrent, mais finirent par se poser sur le rouleau de papier, qu’elle sorti délicatement de la boite.

-          En me transmettant ce parchemin, il y a bientôt soixante ans, mon père me disait ceci ‘’Ma fille, de toi sortira l’élu. Tu ne le porteras pas en toi, mais ta descendance oui. Il sera le fruit de l’union entre notre famille et celui des RENE. Sache que lui seul saura lire le parchemin et quand il trouvera sa moitié, il accomplira son destin‘’

-          … waohh c’est tout une histoire à vous faire perdre la tête que tu me sors là. Dis-je essayant de décompressé.

-          Bien essayé, mais tu n’y es pas. Prend et déplie-le ! et tu comprendras. Elle me tendait le rouleau de papier dont la couleur jaunâtre en disait long sur l’âge.

Des mains de la vieille dame je pris le rouleau que je dépliai. Je le fis le plus lentement possible, m’imaginant mille et une choses qui pouvaient se passer à la vue des écrits qui y figuraient.

Je venais d’étaler le parchemin, je sentis une brise sur mes mains puis une forte sensation de chaleur qui me brula la peau. Je jetai un regard sur le papier étalé devant moi et distinguai des traits qui s’emblait être dessiné au crayon. Il me semblait percevoir les traits d’un plan de Google Mapp, un cadastre qui grossissait à vue d’œil, me rapprochant d’un lieu. Je pris instinctivement le parchemin que j’éloignai de ma vue. Le plan s’emblait s’élargir comme si je faisais un zoom arrière sur l’écran de mon téléphone. Une idée traversa mon esprit et je l’exécutai sans hésiter et le résultat fut juste impressionnant. Sous mes yeux défila un paysage sombre et presque lugubre. Une végétation entourait la bâtisse et à l’intérieur, dans une salle close, couchée à mène le sol se trouvait une silhouette recroquevillée sur elle-même. La chambre était éclairée par un simple lampion, dont la fumée se traçait un chemin vers le toit. Je pouvais facilement la reconnaître et la voir ainsi me brisa le cœur. Ma vision me semblait si vraie que je voulu me rapprocher d’avantage, mais je ne pouvais pas. J’entendis grand’ma.

-          N’essai rien de plus que découvrir. A cette étape tu pourras voir, mais tu ne pourras pas toucher. Tu dois comprendre cette étape avant de franchir les suivantes. N’oublie jamais que le maître mot est la tempérance et sache qu’il n’y a que toi qui sois capable de suivre ce chemin.

-          ….

-          Tempérance mon fils, tempérance. Calme toi et reprend ta respiration. Je ne sais ce que tu as vu, ni ce que tu as pensé. Mais sache que tu dois être très calme pour l’affronter.

Mon corps été prostré. Mes poings serrés si fort que mon visage affichait de la haine et de la hargne. Je senti sa main dans mon dos et bien que je discernais effectivement le visage de Ray, je relâchais mes muscles, permettant un reflux sanguin. Il est évident que le parchemin est une carte qui me conduit par la pensée. Et à entendre grand’ma parler d’étapes, j’eu une autre pensée. Sous mes yeux apparu aussitôt une image holographique qui défila une multitude de lieux et de personnages. Je sens mon esprit les absorber et les organiser automatiquement. Je ferme les yeux je prends une pause et quand je les rouvre, tout est normal.

-          S’en est assez pour aujourd’hui fit grand’ma qui me tenais le bras.

-          …. Je fis mine de m’opposer.

-          Il y a rien à dire. Décroche-moi ca et va faire le point. Demain soir on va continuer. Elle désigna le parchemin, me tapota le dos et se dirigea vers son couloir.

Je ne sais pas si c’est une impression, mais elle a prit un coup de jeune. Elle n’était peut être pas moins avachie, mais elle me paraissait plus leste dans son pas.

Rayons de soleil