Part V

Ecrit par PaulBernardAMGL

- Je... Je...
   Rien qu'en essayant d'imaginer ce qui a pu m'arriver dans cette fête, j'étais tétanisée. Je n'arrivais plus à parler. Mon pouls s'affola. Ma respiration se fit plus rapide et saccadée. Je n'arrivais plus à parler. Je transpirais à grosses gouttes et une boule dans ma gorge m'empêchait de déglutir. Je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait.
   Alex s'approcha et ramassa mon peignoir sur le sol. Il me couvrit avec et attacha la ceinture.
- Maintenant assieds-toi en tailleur sur le sol.
    J'obéis sans chercher à comprendre.
- Inspire et expire lentement tout en ayant les yeux fermés.
   Je fis à nouveau ce qu'il me dit malgré ma difficulté à respirer. Il s'assit en face de moi et prit mes mains dans les siennes.
- Écoute ma voix, me dit-il d'une voix profonde. Concentre-toi dessus. Rien absolument rien ne va t'arriver ici. Tu es en sécurité avec moi d'accord ?
    Je hochai la tête vu que je n'arrivais toujours pas à parler.
- Il n'y a que toi et moi ici. Personne ne viendra te faire du mal.
    Entendre sa voix et toucher ses mains me rassuraient. Je savais que j'étais entre de bonnes mains. Que je n'avais plus rien à craindre avec lui.
    Au bout de deux minutes, ma respiration se régula peu à peu. Les palpitations s'arrêtèrent elles aussi. Je me sentais de plus en plus détendue. Une soudaine fatigue m'envahit.
- Tu peux ouvrir les yeux maintenant, me dit-il.
    Je me redressai puis m'adossai au lit. Alex vint s'asseoir à côté de moi.
- Maintenant raconte-moi ce qui s'est passé, me dit-il. Et si c'est trop difficile, essaie avec les yeux fermés.
- J'étais à une fête hier avec une amie. Plus tôt dans la semaine, j'ai rompu avec Youss. Et je devais en parler à quelqu'un sinon j'allais péter un câble. Je me suis donc confiée à elle. Elle m'a persuadée qu'il fallait que je vienne à cette fête pour me changer les idées. J'ai accepté et on s'y est rendu. Je ne voulais pas me mélanger vu que j'y étais plus par complaisance qu'autre chose. Dwight, celui chez qui se tenait la fête, m'a proposé de m'installer dans le salon puisque la fête était principalement dans le jardin. Imelda, mon amie, m'a apporté un verre de vodka auquel je n'ai pas touché. Dwight m'a apporté un cocktail sans alcool, ayant remarqué que je n'avais pas touché à mon verre de vodka. Je l'ai bu. Mais après j'avais encore plus soif. Alors j'ai vidé le verre de vodka. Je me rappelle m'être dirigée vers la cuisine pour me chercher de l'eau mais après c'est le noir total. Je me suis juste réveillée dans mon lit ce matin, toute nue. Couverte de bleues et de sperme.
   Je fondis en larmes. Il se rapprocha et me serra contre lui. Mais je le repoussai.
- Tu pourras reconnaître la maison où s'est tenue la fête ? me demanda-t-il.
- Certainement pas. J'ai dormi pendant tout le trajet jusqu'à la fête parce que j'avais eu une journée éprouvante hier. Je reconnaîtrai la maison elle-même mais pas le chemin qui y mène. Je ne sais donc pas où était la fête. Lone, le mec de mon amie est venu me chercher avec elle.
   Il hocha la tête.
- Et où est cette amie ?
- J'ai essayé de la joindre il y a quelques minutes mais son numéro ne marche pas.
   Je me levai.
- Il me faut prendre une douche pour essayer de me débarrasser de cette souillure. Si je suis restée comme ça aussi longtemps c'était pour que tu le vois. J'avais peur que tu ne me crois pas.
    Il eut un faible sourire.
- Même si j'avais les yeux fermés et que tu me racontais ce qui s'est passé, je te croirai. Avec toi je n'ai pas forcément besoin de voir pour croire.

    Je lui souris à mon tour avant d'entrer dans la douche.

    Je savonnai l'éponge et me frotter frénétiquement le corps à m'en arracher la peau. Une fois que je jugeai que c'était assez, je me rinçai le corps à l'eau chaude. Je laissai l'eau chaude couler sur mon corps pendant de longues minutes en espérant qu'elle puisse laver l'ignominie et me redonner un peu de ma dignité, volée, par la même occasion.

    Je fouillai l'armoire à pharmacie dans ma salle de bain à la recherche de pilules contraceptives. J'en trouvai une plaquette entamée. J'en pris deux et les fit passer avec l'eau du robinet. Si j'avais été violé, le comble serait de porter un enfant de mon ou mes violeurs.

    Je sortis enfin de la douche. Alex n'avait pas bougé. Il était toujours assis au pied du lit, le regard dans le vide.
    Je choisis un pull de Youss que j'avais confisqué. Je mis un short en bas et vint m'asseoir près de mon ami.
- À quoi penses-tu ? lui demandai-je.
- À ce que je pourrais faire au responsable de ce...
   Il s'interrompit.
- Viol, complétai-je. Tu peux le dire t'inquiète. Et qu'est-ce que tu lui ferais ?
- Tout ce que tu voudras. Et si je juge que ce n'est pas assez, j'en rajouterai.
   Je hochai la tête.
- Et toi que veux-tu faire ?
- Là maintenant ? Dormir. Mais je ne veux pas rester seule. Tu veux bien rester avec moi ?
- Tout ce que tu voudras. Mais que ferais-tu si tu avais ton vio...
    Il s'interrompit à nouveau au milieu de sa phrase.

- Ce devrait être moi qui devrais être dans le déni. Mais on dirait plutôt que c'est l'inverse. Alex, j'ai été violée à une fête et je trouverai l'inspiration pour ma vengeance quand j'aurai l'auteur devant moi. Je le rendrai impuissant. Voilà ce que je lui ferai.

- Alors on s'y emploiera !

 
Je m'appelle Tatiana