Partie 13 : Drame sur drame

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Je suis au milieu de la pièce et l’espace est tellement grand, je me sens si libre, j’ai l’impression d’avoir été libéré d’une prison, que l’air est plus frais

-Hummm la go a percée 

Je me retourne et rigole, je suis face à une Cynthia qui n’arrête pas de jubiler, je ne ressens pas grand-chose en fin de compte, je suis toujours Marimar la petite villageoise qui débarqua à Libreville pour réaliser ses rêves, hélas la réalité m’a bien vite rattrapée. Les meubles ont été livrés hier et ce n’est qu’aujourd’hui aidée par Cy et son copain que j’ai emménagée. Marc aux abonnés absent avait tout de même déjà planifier la journée, il m’a remis les clés et m’a dit qu’il passera ce soir, je vais devoir être patiente comme toujours.

-Mari je suis contente pour toi, tu te rapproches doucement mais sûrement de la case titulaire

-Pardon Cy je ne t’ai pas expliqué ce qui s’est passé il y a trois semaines, accroche toi bien

Je lui raconte alors ce qui s’est passé il y a trois semaines, vu qu’après cela il ne m’est rien arrivé j’ai banalisé la scène mais hier en allant rejoindre Marc en route, un gars du quartier m’a dit de faire attention qu’apparemment quelqu’un sillonnait le quartier et me cherchait activement. J’ai paniqué et j’ai couru aussi vite que possible rejoindre Marc à la station, maintenant que je suis ici et qu’il y a un gardien je me sens un peu plus en sécurité.

-Elle est folle, c’est à cause du pipi qu’elle va te tuer ? Enfant de ministre mon cul. Oui je me suis renseigné sur ta Nina là, une fille pourrie et gâtée par papa le premier ministre, mais qu’elle ne réveille pas l’esprit bangando que j’essaye d’endormir depuis des années

Je suis surprise de voir Cynthia qui est d’habitude si mesuré se laisser aller aux grossièretés, j’aurais rigolé si les informations qu’elle venait de me donner ne me faisait pas peur.

-Mais Cy comment tu as su tout ça ?

-J’étais dans un salon un peu huppé et j’ai entendu une fille racontée des histoires, comme une bonne curieuse je me suis concentrée sur ce qu’elle disait, apparemment la fille c’est la cousine de la Nina. J’ai tout de suite su qu’il s’agissait d’eux quand elle à mentionner le prénom Marc-André et qu’elle l’a décrit physiquement, tu sais comment les gens aiment parler de la vie d’autrui dans les salons de coiffure

-Elle a dit quoi d’autre ?

-Elle disait que sa cousine lui fait de la peine à courir derrière Marc et qu’en 10 ans elle n’a pas été capable de lui donner un enfant, qu’elle devrait songer à se trouver un vieux blanc pour la marier. Bref c’est un peu ce qu’elle racontait

-Ils sont ensembles depuis 10 ans, mais c’est foutu pour moi alors. S’il ne l’a pas quitté avant, moi j’ai quoi qui va faire définitivement pencher la balance de mon côté ?

-Tu me pose quel genre de question comme ça Mari ? Donc la partie où j’ai dit qu’ils n’ont pas d’enfant tu n’as pas écouté. Marc veut un enfant et toi tu en porte un, tu n’as plus qu’à attendre que la roue tourne

-C’est tellement sadique, au final être femme c’est aller de coup bas en coup bas

-Et toi tu penses que vouloir te faire tabasser c’est fair-play ? Vouloir te descendre tout ça à cause d’un homme, c’est à elle d’avoir honte

Je change de sujet et lui fait faire le tour du proprio, on a trié mes vêtements la semaine dernière donc on projette d’aller faire du shopping pour remplir ce grand dressing qui occupe toute une pièce entre la salle de bain et la chambre dans l’espace parental, c’est fou comment mon ancienne chambre à côté passe pour une boîte à chaussure.

-Bon ma petite, maintenant que tu es là c’est le moment de commencer à réellement économiser, le compte qu’on a ouvert la dernière fois tu ne dois pas passer un mois sans l’approvisionner. Désormais tu dois penser pour deux et tu dois être prête à tout moment pour rebondir avec cet enfant à naître.

Quand son copain vient la récupérer je me retrouve seule dans cet appartement, c’est drôle j’ai presque la vie que je rêvais d’avoir mais je ne me sens pas si heureuse, j’ai l’impression qu’il manque encore quelque chose. Je m’affaire en cuisine, comme premier repas dans cette nouvelle vie j’ai fait du Nkumu comme chez moi au village, je m’apprêtais à manger quand monsieur a débarqué. Nous avons dîné comme un vrai couple, j’ai pendant quelques minutes eu l’image du foyer parfait que j’ai toujours désiré avoir, mais le bonheur n’a duré qu’un temps. Enlacé dans le canapé nous avons regardé un film afro-américain qui m’a un peu fait pleurer, le moment était si parfait mais il est temps pour lui d’y aller, un bisou plus tard il a passé la porte. J’ai verrouillé tous les accès de la maison, je n’ai pas envie que la fille du ministre et ses sbires finissent avec moi. C’est comme ça que la routine s’est installée, nos moments volés dans cet appartement et ses départs pour sa vraie vie. Je me suis habituée à l’avoir quelques heures de temps en temps, ce n’est pas la vie dont j’avais rêvé mais je me suis engagé et maintenant qu’il y a ce petit être innocent, je ne peux plus faire marche arrière. Comme à l’accoutumé je dresse la table pour deux et s’il vient tant mieux, au pire je mange seule. J’ai l’impression d’être dans un foyer polygame, souvent j’en rigole toute seule, mais parfois je déprime un peu, une si belle maison mais personne pour me tenir compagnie, un si grand lit mais personne pour m’y faire l’amour, une si belle cuisine mais personne pour manger les plats que je fais avec amour, au final peut-être j’ai fait le mauvais choix.

 

Marc André Moussavou

Ce soir j’ai emmené Nina dîner, j’essaye d’équilibrer mon temps entre les deux mais c’est impossible de passer du temps avec chacune d’elle sans oublier mes autres loisirs. Après un bon repas nous avons passé la soirée en amoureux, je lui ai réservé toute mon attention, demain soir je sors donc il faut que je fasse profil bas. Un massage plus tard nous nous retrouvons peau contre peau dans ces beaux draps. Le lendemain je lui ai fait le petit-déjeuner au lit, nous avons passé une journée agréable entre câlin, bisous et détente. Quelle femme, elle est tellement merveilleuse ce petit bout de femme, Nina et Marimar sont totalement différentes, l'une est le feu et l'autre est la glace, et comme tout être humain je ne veux ni finir brûler ni finir givrer, il me faut les deux !

Une fois la nuit tombée Tim me fait signe, on va se mettre minable, boire à outrance et se faire aguicher. D’ailleurs je me demande s’il ne faudrait pas lui annoncer ma paternité, je sais qu’il me réprimandera mais me soutiendra. Je n’ai pas respecté la règle numéro un du sérial trompeur, celle de toujours se protéger et avant Marimar je n’avais que très rarement tiré à bal réel mais la vie est surprenante. Je mets de côté cette affaire de grossesse, ce soir on ne va pas se contrôler, boire jusqu’au petit matin et s'amuser comme des adolescents. J’enfile une chemise noir élégante Hugo Boss, un jean et une paire de Louboutin que m’a offert Nina, je termines pas une touche de parfum, je suis tellement élégant comme ça, pitié des pauvres filles de Libreville qui vont tomber sans glisser. Tim est venu me chercher pour montrer à Nina qu’on sera ensemble même si elle n’est absolument pas le genre à poser des questions quand je sors et j’apprécie beaucoup cela, elle ne fouille pas mon téléphone, ne me fait pas des crises de jalousie à outrance, ne pleure pas et ne crie pas pour rien, c'est seulement son affaire de mariage là qui m'épuise sinon elle est la femme parfaite. Une fois à Louis, nous allons dans la boîtes de nuit que nous apprécions le plus, toujours bien accueilli les prédateurs sont de sortis que le show commence.

 

Assis dans le canapé la tête entre les mains, je décuve tout doucement, elle m’apporte un verre d’eau et un calmant pour les maux de tête. Je m’allonge sur ses cuisses et tout doucement elle me caresse la tête, je suis bien là, comme un petit garçon elle me pouponne. Les petits moments silencieux pendant lesquels nos corps fusionnent sans passer par la case sexe, même 10 ans plus tard je ne m’en lasse toujours pas. Nous n’avons que 32 et 29 ans et nous sommes déjà un vieux couple avec nos propres habitudes. Je ne sais pas à quel moment je me suis endormi mais je suis réveillé par une Nina furieuse

-Moussavou qu’est-ce que ça veut dire ça ?

Dans sa main elle a une arme de destruction massive, elle brandit le carnet de naissance de Marimar entre les mains et évidement il y a mon nom à l’intérieur, je pensais l’avoir bien caché, avec le déménagement elle a préféré que je le garde pour pas qu’il se perde et je l’ai mis à un endroit où je le pensais introuvable. 

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