Partie 14 : 99 jours pour le voleur, 1 jour pour le proprio
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Assis sur le canapé je ne
trouve pas de mots tandis qu’elle agite ce maudit carnet de naissance, la situation
n’a pas besoin d’être expliqué, je baisse la tête honteusement, je me suis fait
griller comme un bleu, je suis prêt à être traité de tous les noms sans chercher
à riposter.
-Moussavou je te parle non, tu
vas être père oui ou non ?
-Ecoute Nina, elle ne compte
pas, c’est toi la seule
Elle éclate de rire se tape
les mains en secouant la tête, puis me jette le carnet à mes pieds et se dirige
vers la chambre. Je prends quelques secondes avant de la retrouver dans la
chambre, je la trouve assise par terre valise ouverte.
-Nina calme toi, ce n’est qu’un
enfant, tu es celle que j’aime on trouvera bien une solution ensemble comme des
adultes
-Est-ce que tu t’écoutes
parler Marc. J’ai écourté mon voyage en Afrique du sud près de ma meilleure amie
lorsqu’on m’a informé que tu te pavanais dans les rues de Libreville avec une impertinente,
au lieu de soutenir celle que je considère comme ma sœur dans cette épreuve je
suis rentrée comme une idiote, pensant que j’allais réussir à désamorcer la
bombe, je me suis trompée apparemment, le compte à rebords avait déjà été lancé
-Ce n’était qu’une aventure
Nina, tu ne vas toute de même pas prendre cela au sérieux, je suis un homme
tout de même. J’ai merdé, mais je reste ton homme
-Mon homme dis-tu ? Tu es
irrespectueux et cela à trop duré, toutes ces fois où j’aurais dû partir mais par
amour comme une maboule je suis restée là. Je suis au courant de toutes, je dis
bien toutes tes putains de relations, comme une idiote je me suis occupée d’éliminer
la concurrence toutes ces années, en pensant que loin d’elles tu resterais
tranquille mais à chaque fois tu recommençais, j’ai mis du temps à comprendre
que tu es le seul problème dans cette histoire. Tu es un vaurien, un homme instable,
pas sur de lui, qui depuis qu’il est sorti de son sous-quartier saute sur tout
ce qui bouge car pouvant enfin les attirés avec de l’argent. Marc-André je t’ai
fait de la tête au pied, mais ta braguette n’a jamais su se fermer, tu es un
minable, un misérable, un sale être. J’ai honte de n’avoir pas écouté mon
entourage plus tôt, je suis la femme la plus cocue de Libreville, celle dont on
se moque dans les cérémonies de famille, les salons de coiffure et peut-être
même dans les églises. J’ai tant voulu croire que ça marcherait, que tu m’épouserais
et qu’on vivrait heureux, mais honnêtement tu ne me mérite pas, je suis trop
bien pour toi.
-Je te demande pardon pour
toutes mes bêtises mais je grandis Nina et je sais désormais que c’est avec toi
que je veux vieillir. Je vais changer,
je vais devenir l’homme que tu mérites, je suis désolé de t’avoir déçu, je vais
m’améliorer mais ce n’était qu’une erreur, il faut que tu me croies, tu es celle
avec qui je veux finir ma vie
-Marc tu as couché avec cette
femme sans te protéger c’est que tu l’as fait exprès, tu voulais être père
depuis mais je ne croyais pas que tu irais jusque-là, tu es tombé bien bas
-Ce n’était pas planifié, tu
ne peux pas dire ça. C’est arrivé et c’est tout. Je t’ai certes parler de mon désir
de paternité que tu as repoussé d’un revers de la main sans en accorder d’importance
mais ce n’était pas volontaire
-Tu ne comprends pas quoi dans
stérilité, crie-t-elle
-Tu n’as jamais fais aucun
examen Nina, tu l’as déclaré comme si tu étais gynécologue. Quand tu m’as dis
ne pas vouloir d’enfant je pensais que ça te passerait mais dans cette relation
c’est toujours toi qui décides, bien évidemment ce que la fille du premier
ministre veut, la fille du premier ministre l’obtient
-Mais je vais te dire en
quelle langue que je ne peux pas avoir d’enfant
Elle s’effondre sur le sol et sanglote
à chaude larme, en 10 ans je ne l’ai jamais vu comme ça, Nina c’est une femme forte
qui ne montre pas ses faiblesses, n’exprime pas ses sentiments à part sa colère
quelques fois, elle enferme toutes ses émotions et la voir comme ça me brise le
cœur j’ai vraiment merdé sur ce coup, je m’assois près d’elle et la laisse
pleurer. Quelques minutes plus tard, elle se remet près de sa valise et y fourre
des vêtements de manières aléatoires
-Nina tu ne vas pas débarquer
chez tes parents à l’heure-là, essaye de te calmer s’il te plaît, lève-toi
prend une douche et discutons-en, on surmontera tout ça
-Je ne vais pas chez eux, avec
toutes les maisons que j’ai dans Libreville j’en trouverai bien une pour m’y installer.
Je suis passée du foyer familial à un foyer misérable, je vais me retrouver
avec moi-même et me reconstruire. Cette rupture ce n’est pas la fin du monde
-Pourquoi tu parles de rupture ?
J’ai fait une erreur je n’ai donc pas droit à une seconde chance ?
-Marc va te faire foutre tu m’entends
non ? Et toutes les filles que tu as baisé ce ne sont peut-être pas des
erreurs pardonnées ? Je te jure sur ce que j’ai de plus chère au monde que
cette fois je ne reviendrai pas
J’ai voulu la prendre dans mes
bras mais elle m’a rejeté et s’est levé furieusement. Je me suis assis sur le
lit pour réfléchir mais mon cerveau fonctionnant au ralentit je n’ai pas su
comment réagir, quand j’ai écouté un grand bruit je suis allée au salon voir ce
qu’y se passe, j’ai trouvé Nina avec un pilon à la main, elle venait de détruire
la table basse en verre. Elle a commencé à casser toutes choses sur son
passage, les vitres des armoires, les cadres photo, miroir, table à manger, la
télévision, toute chose que sa force lui permettait de briser.
-De toute façon c’est l’argent
de Mbuedi qui à payer dit-elle une fois qu’elle a fini sa besogne
Je me mets à l’écart toute
cette rage me fait peur, je ne l’ai jamais vu comme ça. La femme toujours impeccable,
transpire à grosse goutte, a les yeux rouges, sa coiffure est défaite, son apparence
si bien soignée ne compte pas pendant une minute, elle est si vulnérable à cet
instant.
-Marc-André tu me dois tout,
je t’ai ramassé, je t’ai lavé et t’ai fait devenir un homme et pour remercier j’ai
eu droit à quoi ? Tu n’as eu aucun impact durable sur ma vie, j’ai plus
été ta marraine que ta fiancée, je t’ai porté sur mon dos, j’ai changé ta
putain de vie et j’ai eu quoi en retour ? Humiliation sur humiliation,
aujourd’hui c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je pars, mais je
pars tête levée, tu ne détruiras pas ma vie, j’ai 29ans et je suis quelqu’un de
bien, je suis une femme qui en vaut la peine. Oui je ne peux pas avoir d’enfant
mais ce n’est pas pour autant que je vais rester ton paillasson.
Elle a enfin lâché ce foutu pilon,
a pris sa valise, son sac à main, téléphone, ordinateur portable, elle à tout
embarqué. Le gardien a ouvert le portail et elle est partie.
Je ne sais plus quelle heure
il est, ni à combien de verres de whisky j’en suis, assis dans le noir au
milieu des débris je n’ai plus de force, j’ai l’impression qu’on vient de m’arracher
une partie de moi, ne trouvant pas l’énergie pour aller dans la chambre je
finis par m’endormir là. Quand le réveil sonne je panique je me rappelle de la
scène d’hier, elle me paraît si lointaine, j’appelle au bureau et me fait
passer pour malade, je me lève difficilement pour aller à la cuisine, avec tout
l’alcool que j’ai ingéré hier, mon ventre gargouille. Vers 10h notre dame de
ménage débarque, horrifier par tous le bazar qu’il y a dans le salon, je me
sens honteux.
-Désolé pour tous ce bordel Julie,
il faudra faire doucement avec les brisures de verres
-Je suis désolé monsieur mais
je ne suis pas venu travailler, madame m’a envoyé récupérer toutes ses affaires,
désormais je travaillerais exclusivement pour elle. Je pensais que vous seriez
à votre travail à cette heure.
-Elle est dans quel maison ?
-Monsieur je ne peux pas vous
le dire
-Je t’en prie Julie tu sais
que madame et moi avons l’habitude de se chamailler ici là mais ça ne veut pas dire
que c’est fini, il faut que je lui parle
-Monsieur je ne veux pas de
problème. Elle est dans la maison de la sablière
-D’accord, fait ce que tu as à
faire
Cette information en main je
suis un peu plus serein, je vais la laisser quelques jours histoires qu’elle décolère
et j’irai pour l’apaisée, on ne met pas fin à une relation de 10 ans comme ça,
en attendant je vais assumer mon rôle de père auprès de Mari, on devrait aller aujourd’hui
à consultation prénatale du deuxième trimestre mais je n’ai pas la tête à ça, je
lui ai proposé d’y aller la prochaine fois ensemble, mais elle m’a dit pouvoir y
aller seule, les trucs de gynécologie là commence à me saouler, on n’a toujours
pas vu le sexe du bébé et elle est impatience, je n’ai pas préférence fille ou
garçon tant que je deviens père ça me convient. Nina sera une bonne mère, elle
est éduquée, intelligente et côtoie les bonnes personnes. J’ai été dur avec
elle, dans cette relation j’ai toujours eu mon mot à dire et ce même quand je
vivais encore dans bas quartiers, elle m’a laissé être l’homme, j’ai vraiment
déconné. Elle a touché mes points sensibles hier, je me sens si misérable.
Toutes ces fois où je pensais être le plus rusés des hommes infidèles, je me
suis fourré le doigt dans l’œil, j’aurais dû m’en douter, elle était trop
sereine, donc là où je me cachais c’est là où elle dormait.