Partie 22
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Koumba Marimar
Je vais beaucoup mieux ces
derniers jours, plus de maux de têtes, les nausées ont complètements disparus,
je me sens mieux malgré que la grossesse m’épuise, mon dos est épuisé. Finalement
son emménagement ici est une bonne idée, il me rappelle de prendre mes
médicaments, me masse le dos quand j’ai mal et m’aide pour toutes les tâches quotidiennes.
Ce matin je suis un peu nerveuse car je vais rencontrer la petite sœur de Marc
tout à l’heure, elle et Gisèle sont sa seule famille, je ne veux pas faire
mauvaise impression. J’ai casé mon gros ventre dans une jolie petite robe en
pagne, j’ai fait un chignon haut et aussi mis une petite touche de maquillage,
j’ai commencé à suivre des vidéos pour apprendre à me maquiller, je veux
vraiment devenir plus féminine. Vu qu’elle fait à manger nous allons apporter à
boire, j’aurais voulu faire un gâteau mais la première fois que j’en ai fait un
il était pas du tout réussi, en même temps j’ai grandi au village, les seules
fois où on mangeait les gâteaux au four c’est quand la femme du préfet qui nous
en vendait. À la maison nous n’avions que notre feu de bois pour préparer, d’ailleurs
ça me manque de ne plus allumer le feu, rigoler avec les voisines en attendant
que la nourriture cuise, laisser le feu allumer après le repas pour pouvoir
passer la soirée entre jeunes à danser autour du feu, il faut vraiment que je retourne
chez moi.
-On peut y aller maman tortue ?
-Arrête de m’appeler comme ça,
c’est trop moche comme surnom
-Moi j’aime bien, et comme mon
vote compte double on garde le surnom
-Tu me fatigues Moussavou
Il m’enlace et me fait un
bisou sur le front avant de m’entrainer dehors, nous nous arrêtons à la
boutique pour prendre les jus et ensuite direction chez la petite sœur de Marc,
j’ai hâte que ça finisse pour retrouver mon lit, en ce moment je me sens vraiment
fatiguée, heureusement que bientôt je vais pouvoir prendre mon congé de
maternité. Je me dandine derrière Marc, tandis qu’elle l’attend joyeusement devant
la porte.
-Alors Marimar je te présente
Gémina mon amour de petite sœur
-Enchantée, dis-je
-De même, réplique-t-elle
Nous entrons dans le salon et
trouvons Raoul assis dans le canapé, il est surpris de me voir apparemment,
cette semaine le restaurant est fermé pour cause de dératisation donc ça
faisait longtemps que je ne l’avais pas vu. Après les salutations, nous nous
installons à notre tour et la maîtresse de maison sert à boire et à grignoter,
ensuite elle demande à mieux me connaître, je n’ai pas honte d’être né au
village mais quand je le dis, les gens ont tendance à me juger et là j’ai l’impression
que c’est aussi le cas pour elle quand je lui dis que je suis arrivée en ville
il y a 6 ans tout juste. J’ai cette impression d’être jugée à chacun des mots qui sortent de ma bouche, heureusement que Raoul recentre la conversation
sur des choses plus futiles, elle renchérit à nouveau
-Tu en es à combien de mois ?
-Je suis à un 6 mois et demi
déjà
-Ah oui ça ne se voit pas et sinon
vous vous êtes rencontrés où ?
-Mina nous ne sommes pas à un
entretien d’embauche, laisse un peu Marimar tranquille, Dit enfin Marc
-Ah je n’ai pas le droit de
demander ? Si c’est personnel il faut le dire oh
-Bref ne me fatigue pas, on mange
quand d’ailleurs
-Bientôt
Elle se lève et va dans la cuisine,
pendant que Marc me tient la main en guise de réconfort, j’apprécie le geste, il m’a
prévenu qu’elle est proche de son ex copine donc je savais à quoi m’attendre et
en plus ça ne se passe pas aussi mal que je l’avais imaginé. Nous passons enfin
à table, je ne sais toujours pas pourquoi Raoul est présent, je pensais que
nous serions entre nous seulement, ces derniers temps nos relations sont redevenu
plus soft, il m’apprend toujours un peu la comptabilité, c’est vraiment une
bonne personne. Elle a préparé tout un festin, une salade de pomme de terre en
entrée, un gratin d’aubergine en plat principal et des crêpes en dessert, c’est
vrai que le repas est bon mais ces deux messieurs n’arrêtent pas d’agir comme s’ils
mangeaient les meilleurs plats de leur vie, sachant que l’un est propriétaire d’un
restaurant où on sert de la très bonne nourriture. Je mange en silence, fatiguée
de l’entendre parler de sa Nina, la vaisselle de Nina, les recettes de Nina,
les conseils de Nina, j’en ai marre, il faut qu’elle s’habitue à ce que ce soit
dorénavant Marimar et Marc. Nous finissons le repas par du thé, elle nous installe
à terrasse et apporte le nécessaire, je n’ai jamais bu de thé, mais j’aime beaucoup
la citronnelle, je pense que c’est un peu la même chose. Elle fait quand même
beaucoup de manière cette petite, je ne sais pas ce qu’elle veut prouver, pour
quelqu’un qui vient de se faire larguer elle m’a l’air un peu trop sûre d’elle,
si monsieur t’as quitté alors que vous étiez fiancé il faut se remettre en
question et effacer cet air suffisant de son visage. Je les écoute parler mais
je n’ai rien a dire donc je garde le silence et essaye de boire ce thé sans
sucre, le goût est horrible avec du sucre je suis sûre que ça serait meilleur
mais madame à décider que pour une meilleure digestion il ne fallait pas
ajouter de sucre.
-Ah et sinon après le bébé
vous allez toujours continuer à vivre ensemble ? Ajoute-t-elle
-Mais Minouche est-ce qu’on
pose ce genre de question ? Dit-Raoul
-Ah excusez-moi, apparemment c’est
moi qui parle trop
-Personne n’a jamais dit ça,
ajoute Marc
Elle m’insupporte, nous deux
ça ne peut pas matcher ça c’est clair, une petite qui se prend pour une
princesse. Ce n’est pas parce que sa bonne grande est fille de ministre qu’elle
doit oublier qu’elle a grandi au pivot (quartier). D’ailleurs son thé immonde
là, elle va terminer ça elle-même. Elle manipulait son téléphone, quand elle a poussé
un cri
-Mina toi aussi c’est comment ?
Dit Marc
-Non yaya excuse-moi mais la
nouvelle est phénoménale
-Qu’est-ce qui se passe,
ajoute Raoul
-Nina et Uche Johnson viennent
d’annoncer sur Instagram qu’ils sont en couple
-Quelle Nina ? dit Marc
-Notre Nina aka
-Quoi le Uche Johnson l’acteur
de Nollywood là ? renchérit Raoul
-Oui, c’est lui regarde, ils
sont trop beaux ensembles, elle m’avait dit qu’elle a rencontré quelqu’un mais
je ne savais pas qui c’était. Ma grande va devenir célèbre
-En plus regarde ce qu’il a
écrit c’est trop mignon, Ajoute Raoul
-‘’hey guy i just want introduce
you my lovely queen, she take my heart’’ c’est simple et efficace, sincèrement
je dois l’appeler ce soir, il faut qu’elle me raconte tout
Pendant qu’ils s’extasient sur
cette photo, Marc et moi restons muets, je ne vois pas en quoi cette nouvelle
me concerne. En y réfléchissant bien, tout ceci m’enlève une épine du pieds,
plus de Nina égal plus de concurrence, il va enfin se concentrer totalement sur
moi et sur le petit, peut-être que mon rêve de famille parfaite va enfin se
concrétiser.
Marc-André Moussavou
Mon cœur s’est brisé en mille
morceaux quand Mina nous a montrer la photo, donc elle a vraiment tourné la
page. Ma Nina s’est entichée d’un acteur de rien du tout d’ailleurs c’est qui
ce Uche, je n’ai jamais entendu parler de lui, les vrais acteurs comme John
Dumelo, Yvonne Nelson et Jackie Appiah tout le monde connaît leurs noms, lui on
sait même pas d’où il sort. Je n’arrive pas à y croire, elle qui disait avoir
un faible pour les hommes intelligents est bien tombé bas, se tourner vers le
genre de gars qui ont tous dans les muscles mais rien dans la tête, elle mérite
largement mieux. Je vais sur son profil Instagram et elle aussi a mis une photo
de son côté, plus aucune trace de nos photos à deux sur son profil, elle m’a
balayé, mais comment peut elle balayer 10 ans de relation en si peu de temps.
Je vais sur le profil du fameux acteur, il a plein de femmes sur son profil, c’est
un coureur de jupon j’en suis sûr, quand il va lui briser le cœur je serais là
pour la ramasser à la petite cuillère. Je suis énervé, d’ailleurs j’ai acheté
une bonne bouteille de whisky pour me détendre, si la femme enceinte n’était
pas autant malade je serais allé prendre un verre dehors pour noyer mon chagrin.
Pendant que je m’apprêtais à porter à mes lèvres mon premier verre, je me
tourne et fait face à une Marimar en colère
-Pourquoi tu ne m’as pas dit qu’on
allait dans ton ancienne maison ?
-ça aurait changé quoi ?
-Je ne serais pas parti, on
aurait pu faire ça ici
-Marimar pardon ne me fatigue
pas, tu n’es pas morte en entrant là-bas
-Qui parle de mourir, je parle
de respect, m’assoir dans les fauteuils où tu as probablement fait l’amour avec
elle me dérange et c’est mon droit
-Et pourtant le pénis sur
lequel elle est montée est toujours le même sur lequel tu montes
Elle s’en va furieuse dans la
chambre et claque la porte, je m’en fou éperdument, je n’ai pas le temps pour
ses enfantillages, ce soir j’ai envie de boire et de me laisser aller. Après
deux verres j’ai voulu envoyer un message à Nina, mais elle m’a bloqué de
partout, j’ai mal pour de vrai, j’ai si mal de l’imaginer dans les bras de cet
idiot, toucher son magnifique corps, embrasser ses lèvres douces, ôtant sa
belle lingerie fine, je bouillonne de l’intérieur, il faut que j’aille au
Nigéria chercher ma femme.
Koumba Marimar
Au réveil je le trouve sur le
canapé endormi comme une épave, j’ai envie de casser cette bouteille de whisky
sur son crâne, je ne sais pas comment je fais pour l’aimer et le détester en
même temps, c’est un homme bon mais il a trop de vices. Je fais le ménage dans
la maison puis passe en cuisine, aujourd’hui ce sera bouillon de poisson avec manioc,
je vais aussi m’essayer aux crêpes, j’ai vu plein de vidéo sur internet, c’est
vraiment facile à faire. Je suis satisfaite de ce que j’ai préparer, je deviens
un peu plus citadine de jour en jour sans toute fois oublier d’où je viens. Il
se réveille enfin, se douche et me rejoins à table. Nous mangeons
tranquillement, puis à la fin du repas j’apporte les crêpes il est surpris, c’est
vrai que tout ce qui est pâtisserie je ne maîtrise pas trop mais je vais
essayer de sortir de ma zone de confort.
-Tu aimes les crêpes ?
-Le goût il n’y a pas de
problème vu que c’est celui du chocolat qu’on sent mais pour la texture c’est pas
encore ça, tu pourrais demander à Mina de t’apprendre
Je ne dis rien, je ne sais même
pas à quoi je m’attendais, pour lui c’est évident que tout ce que Nina fait est
parfait, toutes les choses qu’elle a apprise à sa petite sœur aussi sont
parfaites, donc en gros on doit toutes être des disciples de la grande Nina. Il
m’a même coupé l’appétit, désormais je vais continuer à m’entrainer à la pâtisserie
en son absence, je sais que j’y arriverais, je vais le faire pour moi. Il débarrasse
et fait la vaisselle pendant que je sors mon nécessaire pour ma séance de repassage,
avant je trouvais ça vraiment difficile mais c’est ce qui m’a nourri pendant
des années, je m’y suis habituée. J’étais dans mes pensées quand je l’ai vu
apparaître dans la petite pièce qui sert de débarras pour l’instant
-Dit, j’ai ce costume que je
veux que tu repasses, je dois porter ça lundi à la réunion du matin, je veux
être frais pour mon retour de congé
-Bah laisse ça là, je vais repasser
-Et la dernière fois il y avait
encore des plis sur mon pantalon, essaye de faire un peu plus attention s’il te
plaît
-Marc, il y a un pressing au
carrefour si tu préfères, tu peux emmener ça là-bas
-Tu te fâche pourquoi en fait ?
-Je ne suis pas fâchée, juste
qu’avec toi j’ai m’impression de ne jamais rien faire de bon, tu as toujours
quelques choses à redire
-Tu préfères que je te mente
en te disant que tout est parfait ? Moi je fais ça pour ton bien, pour que
tu deviennes une vraie femme d’intérieure
-D’accord
J’ai préférée couper court à
cette conversation, Marc est un homme épuisant, c’est vrai qu’il m’aide dans
les tâches ménagères mais il aime trop donner des ordres et ça me fatigue, certes
la grossesse n’est pas une maladie mais j’ai quand même besoin de repos. Une
fois le repassage fini, je le retrouve au salon, en regardant par-dessus son
épaule je vois qu’il regarde encore les photos de Nina, est-ce qu’un jour je
pourrais prendre sa place dans son cœur ou bien c’est un combat perdu d’avance ?