Partie 25 : Une pièce du puzzle
Ecrit par Mayei
...Hakeen...
J’ai rangé mes affaires dans une petite valise et je suis passé sous la douche rapidement. J’ai juste mis un bas de jogging et un t-shirt blanc et sortis de ma chambre. J’ai une longue route à faire pour regagner le royaume. Je ne voulais pas perdre le temps et jouer avec le sort de Cyrah. Vous pouvez me trouver fou mais je suis convaincu que ce pagne et la maladie de Cyrah sont liés. Je ne suis pas superstitieux de nature mais nous sommes en Afrique et je suis d’une famille royale. Toutes les conditions réunies pour faire attention à tout.
Kham (me voyant) : tu pars quelque part ?
Moi : au royaume
Kham : oh je ne savais pas et tu reviens quand déjà ?
Moi : si je ne reviens pas demain sûrement dans deux jours. Il est où Issan ?
Kham : à l’hôpital avec la mère de Cyrah
Moi (touché) : merci les gars ! Merci de faire de cette affaire là votre...
Kham : Hakeen il n’y a pas de merci entre nous. C’est ce que tu aurais fait à notre place. Et même si tu ne le montres pas cela t’affectes énormément. C’est la moindre des choses que nous puissions faire pour t’aider.
Nous nous sommes fait une longue accolade virile.
Kham : au fait, Arielle souhaiterait passer à l’hôpital si ça ne te déranges pas.
Moi : bien sûr que non, elle peut y aller.
Je suis descendu rejoindre ma voiture. Dans le coffre je mis mes affaires et m’assis derrière le volant. Mes idées s’envolèrent vers Cyrah. Depuis des jours mon cœur me fait terriblement mal quand je pense à elle. Elle me manque, son visage tellement doux, sa peau naturellement soyeuse, son rire cristallin et sa nourriture ! Tout ça me manque, sa présence tout simplement me manque. Je ne savais pas qu’elle avait pris autant de place dans ma vie. Il y a quelque temps, je me disais que l’on pense mariage quand tu respires à travers une autre personne, quand lorsque tu t’imagines sans cette personne, tu suffoques. Quand sans cette personne tu n’arrives plus à sourire. C’est exactement comme ça que je me sens depuis que Cyrah est dans cette chambre d’hôpital. Ma vie est au ralenti.
Je fus surpris de sentir des larmes me picoter les yeux mais très vite je les essuyais en regardant de gauche à droite pour être sûr que personne ne m’avait vu dans cet état. Si jamais Kham avait été dans les parages, je suis sûr qu’il allait passer le restant de ses jours à me narguer avec ça. Oui, je suis convaincu que cette sombre période que nous traversons sera bientôt derrière nous. Avant de démarrer je pris mon téléphone et appelais la mère de Cyrah.
Laurence : allô mon fils ?
Moi : bonjour maman comment tu vas ?
Laurence : on est la oh mon fils ! Nous sommes là.
Moi : tu es à l’hôpital la ?
Laurence : oui avec son frère.
Moi : ok, je suis en train de partir au village comme ça donner ce que vous m’avez remis à ma mère. Du coup je ne pourrai pas faire un crochet à l’hôpital mais je reviendrai très vite.
Laurence : il n’y a pas de soucis mon fils. Que Dieu t’accompagne durant tout ton trajet
Moi : Amen! merci maman
Je raccrochais toujours incrédule. Je n’arrivais pas à croire que c’est moi qui parlait comme ça avec la mère de Cyrah qui me détestait il y a peu. J’ai enfin démarré ma voiture. Étant seul, je roulais assez vite si bien que je regagnais le royaume en cinq heures plutôt que six.
Les gardes s’empressaient de m’ouvrir le grand portail afin que je puisse y stationner la voiture. Ils s’occuperont de monter ma valise.
Contrairement à toutes les autres fois, je ne vis pas ma mère venir m’accueillir. Il n’y avait personne d’ailleurs. Je me dirigeais donc vers le bureau de mon père. Les gardes m’annoncèrent et je pus le retrouver. Je mis un genou à terre et il me releva avant qu’on ne se fasse une accolade.
Papa : je ne m’attendais pas à toi aujourd’hui ! Comment vas-tu ?
Moi : un peu stressé mais ça ira !
Papa : ne t’inquiètes pas elle s’en remettra. Un jour vous repenserez à ce moment et vous allez en rire.
Moi : je l’espère
Papa : il ne faut pas espérer mais y croire fermement.
Moi : c’est compris. Je n’ai pas vu ma mère en arrivant. Est-elle hors du royaume ?
Papa : Non mon fils, elles sont enfermées Riah et elle pour leur prière de jeûne.
Moi : jeûne ? Prière ?
Papa : oui pour le cas de Cyrah !
Mon cœur se remplit de joie, franchement il n’y a rien de tel que d’avoir le soutien de sa famille. Mes frères mettent leur emploi du temps en survis pour être au chevet de celle que j’aime. Ma mère et ma tante entrent en des temps de jeûnes pour quelqu’un qui n’est même pas leur fille. Que demander de plus ? ma mère a adopté Cyrah comme sa propre fille.
Je quittais mon père pour rejoindre ma chambre et faire sortir le pagne en question. Jusque-là je ne réalisais pas encore que Cyrah venait de notre contrée et de cette famille en plus. Qui aurait cru qu’une fille, rencontrée comme ça dans le parking de mon immeuble pouvait être issue d’une famille royale. Même si je ne connais pas toute l’histoire, je sais que ça cache quelque chose de mesquin.
On frappa à ma porte et après mon oui celle-ci s’ouvrit sur l’un des gardes qui me fit savoir que ma mère me demandait. Je pris le sachet dans lequel se trouvait le pagne et allais la rejoindre. Elle était en pleine conversation avec ma tante.
Moi (à ma mère) : reine Fanti (à ma tante) reine Bôma. Que de belles femmes dans ce salon
Maman : arrêtes avec flatteries et viens par la
Elle me fit un long câlin, je dus me débattre pour y mettre fin et me tourner enfin vers ma tante.
Riah: n’écoutes pas ta mère moi j’aime bien les flatteries surtout venant d’un de mes beaux neveux.
Elle m’arracha un sourire et je pris place près d’elles.
Maman : qu’est-ce que tu tiens dans ce sachet ?
Moi : je venais justement t’en parler. C’est la mère et Cyrah qui me l’a remis. Elle m’a dit que tu saurais en faire bon usage. J’oubliais elle m’a dit que c’est dans ce pagne qu’elle avait trouvé Cyrah lorsqu’elle venait de naitre.
...Rimê Fanti...
J’ai pris le sachet que me tendait mon fils et en fit sortir le contenu en découvrant le pagne qui s’y trouvait. Riah et moi fumes surprises bien sûr nous avions pensé à cette possibilité. Mais une chose est de penser et une autre est d’être vraiment sûre. J’étais aussi dépassée du fait que Laurence me regarde dans les yeux et me dise qu’elle ne connaissait pas la mère de Cyrah alors qu’elle avait ce pagne en sa possession.
Moi : il y a de la puissance dans le jeûne
Riah : je ne te le fais pas dire. Il est dit dans la bible que lorsque l'Éternel approuve les voies d'un homme, Il dispose favorablement à son égard même ses ennemis.
Moi : Laurence n’est pas notre ennemis…
Riah : cependant elle était réticente vis à vis de nous. Si ce n’est Dieu comment peux-tu expliquer qu’elle change tout à coup et nous remette une pièce aussi importante du puzzle ?
Hakeen : je suis un peu largué. Vous parlez sans que je ne puisse vraiment de quoi il est question.
Moi : tu devrais te mettre au jeûne aussi toi. Ça va vraiment aider
Hakeen : si tu le dis ! Bon je vous laisse
Il fallait que j’aille voir mon mari pour lui expliquer la situation. Il faut que nous trouvions la meilleure stratégie. Ce qu’il nous faut faire pour mettre cette histoire à nue.
J’ai laissé ma sœur et j’ai rejoint mon mari dans ses appartements. Je lui ai expliqué la situation. Nous avions passé tout notre temps à cogiter jusqu’à trouver la parfaite démarche à suivre. Il va nous falloir faire vite pour Cyrah avant que ce soit tard. Si sa mère a essayé de se débarrasser d’elle lorsqu’elle n’était qu’un enfant, c’est normal que son retour ici lui fasse peur et qu’elle veuille encore une fois se débarrasser d’elle. D’où vient sûrement cette maladie mystique. Oui je le dis car il faut faire face à la réalité. Aucun résultat ne vient positif mais elle souffre quand même. Tout ça prendra bientôt fin.
… … …
Après avoir cogité encore et encore sur le cas de Cyrah, ce matin, je pris le chemin pour me rendre chez les Dankwa. Le pagne dans le sachet était celui de leur maison. Je tombais sur Kiara. Elle était très belle cette petite et paraissait avoir une personnalité attachante contrairement à sa mère qui dégage une arrogance pouvant être détectée à des milliers de kilomètres.
Kiara : bienvenue reine Fanti ! Comment puis-je vous aider ?
Moi : merci Kiara ! Ta mère est la ?
Kiara : oui
Moi : bien peux-tu la prévenir de ma présence s’il te plaît ?
Kiara : j’y vais de ce pas
Elle m’installa au salon et allait avertir sa mère. Quelque temps plus tard, celle-ci me rejoignait avec un sourire très connu de la contrée sans compter ces nombreux bijoux qu’elle transportait avec elle. C’était quand même exagéré
Amana (me narguant) : la reine Fanti dans ma maison ! Que me vaut cet honneur ?
Moi : reine Dankwa ! Reine D’Assiè, rassurez-vous ce n’est pas de gaité de cœur que je me rends ici. Je m’en serais bien passée.
Je sais que ça n’arrange rien mais il fallait bien que je lui lance une pique face à son air narquois. Elle me regarda méchamment et vint asseoir à ma suite.
Amana : pourquoi es-tu la Rimê ?
Moi : pour parler de ta fille !
Amana : Kiara ? Qu’est-ce qu’elle a ?
Moi : pas Kiara mais plutôt celle que tu as abandonné au bord du lac. Celle que tu as poussé hors de tes entrailles il y’a vingt-quatre années de cela
Amana : tu dois être en train de délirer Rimê. Cet enfant, je l’ai perdu il y a vingt-quatre ans comme tu le dis. J’ai même refusé de voir le corps, son visage. C’est une période douloureuse de ma vie alors je préfère laisser ça enfermé dans un recoin de ma vie.
J’essayais de lire en elle pour voir si elle cachait quelque chose mais rien sur son visage ne le montait. Il fallait dire aussi qu’Amana était une fine manipulatrice.
Moi : Amana quand est-ce que tu partageras ton quotidien avec la vérité ? Cet enfant que tu dis avoir perdu, tu n’as pas eu de scrupule en la laissant au bord du cours d’eau, la livrant à un triste sort et maintenant tu veux la tuer une deuxième fois puisqu’elle n’est pas morte.
Amana : et qui est-elle ?
Moi : je ne pourrai te le dire
Amana (se Levant) : quittes ma maison Rimê ! Tu n’as pas été invitée sors de chez moi.
Moi (me levant à mon tour) : je m’en irai t’inquiète ! Je te fais grâce d’une journée pour revenir vers moi afin que nous puissions arranger les choses en privé
Amana : sinon ?
Moi : nous allons convoquer une réunion d’urgence !
Je l’ai vu blêmir un instant sur le coup mais très rapidement, elle se ressaisit.
Amana : as-tu une preuve de ce que tu avances ?
Moi : ... ...
Amana : c’est ce que je pensais ! On se verra à la réunion d’urgence alors. Pour l’heure sors de chez moi.
Je ne m’attardais pas et sortis de chez elle comme elle me le demandait. J’en fis le compte rendu à mon mari et nous attendions jusqu’à demain pour voir ce qui allait se passer.
Moi : Hakeen, tu comptes rentrer quand toi ?
Hakeen : demain pourquoi ?
Moi : tu ne veux pas assister à la réunion ?
Hakeen : j’ai mieux à faire. Je dois être à son chevet maman
Papa : et c’est ce qui est correcte ! Laisse nous nous occuper de ce qui se passe ici.
Hakeen : c’est exactement ce à quoi je pensais.
...quelque part...
Toujours cachée sous cette toge rouge, elle marche encore et encore jusqu’à rejoindre cette case qu’elle connaît si bien maintenant, celle de papa Touran. Qui savait qu’il était aussi un grand sorcier dans ce royaume ? Seulement quelques personnes au risque de finir contraint à l’exile comme bonnie. Se faire discret, il savait le faire. Il ne sortait ses gris-gris que lorsque ses clients se présentaient. Pour le reste du village il était un habitant commun, sans problèmes.
Elle : Touran elle n’est pas encore morte ?
Touran : non
Elle : mais pourquoi tu mets autant de temps ? je pensais que tu aurais fait rapidement comme d’habitude. J’en ai marre d’avoir cette épée de Damoclès suspendue sur ma tête.
Touran : je fais de mon mieux, j’augmente les doses mais il faut qu’elle prononce d’elle-même les mots. Il faut qu’elle dise d’elle même qu’elle veut mourir et le sort sera scellé car son esprit et son âme seraient en accord avec ses mots. Les douleurs devraient lui avoir faire cracher ses mots depuis longtemps ce que je ne comprends pas.
Elle : consultes encore et augmentes la dose ! fais vite s’il te plait, ça tire en longueur.
Touran : ok donnes-moi quelques minutes
Touran, se concentra sur ses talismans et prononça des paroles dans un langage méconnu de sa visiteuse. Sûrement des incantations. Il élevait la voix de plus en plus fort et ses yeux devinrent complètement sombre. Il était dans un état second qui fit peur à sa visiteuse bien qu’elle l’a déjà vu dans des conditions souvent pires que celle-là.
Tout à coup une forte lumière traversa la case, manquant d’aveugler la visiteuse et Touran se mit à tousser en posant la main sur sa poitrine. Très vite il se retrouvait au sol et Il avait l’air de souffrir le martyr.
Elle : qu’est-ce qui se passe ?
Touran : je dois parler...
Elle (sursautant) : parler de quoi
Touran : cette lumière qui est apparue autour de ta fille...
Elle (tranchant) : ce n’est pas ma fille, Touran ne répète plus jamais ça. Ce n’est pas ma fille !
Touran (parlant difficilement) : cette lumière…je ne l’avais jamais vu auparavant…Cette lumière la protège et me met dans cet état. J’étouffe de plus en plus... elle se réveillera et je prendrai sa place…il faut que je parle devant tout le monde sinon je mourrai.
Elle : parler devant tout le monde et m’exposer en conséquence
Touran se tordait de douleur.
Touran : c’est la seule solution, je ne veux pas perdre la vie.
Elle : Dans ce cas tu mourras de mes propres mains. Je n’accepterai pas que tu me gâches la vie.
Sans émotion la visiteuse pris le couteau qui se tenait non loin de là et d’un coup l’enfonça dans la poitrine de Touran. Celui-ci n’avait pas crié mais se mit à convulser, le sang sortait de sa bouche et de ses oreilles. La visiteuse restait là jusqu’à ce que le souffle de vie quitte le corps de Touran. Elle quitta ensuite la case et pris la route de sa maison en cachant ses mains tachetées de sang sous sa toge.
Non loin de sa maison, elle se débarrassa de sa toge et la plaça à l’endroit habituel puis serrant les poings, elle entra dans sa concession en affichant un visage neutre.
...Ina Kwam...
Ça fait plusieurs heures déjà que j’attends la reine Dankwa. Personne ne sait où elle est. Pour ne pas éveiller les soupçons, je prétextais être venue voir ma sœur puisqu’elle est mariée à son fils. Donc me voilà obligée de lui faire la causette et prétendre d’être une gentille tâta pour son fils. Litote est comme ma mère avec ce tempérament doux, voire idiot qui m’insupporte au plus haut point.
Litote : donne le petit je vais lui donner son bain
Moi : il n’y a pas de servantes pour ça ?
Litote : si mais j’aime bien le faire moi-même. C’est un doux moment que je passe avec mon fils.
Moi ; tu es bizarre
Litote : je ne suis pas bizarre ! je profite de mon enfant, quand tu seras maman, tu comprendras surement.
Je ne poursuivis pas la discussion car nos avis ont toujours différé. Je ne me vois pas en train de faire à manger pour mon époux ou donner le bain à mon enfant alors qu’il y a des servantes désignées pour ce genres de taches. Je suis une princesse donc je ne peux pas côtoyer ce genre de taches.
La reine tardait toujours à venir donc j’ai décidé de prendre congés de ma sœur. J’avais épuisé mon quota de faux-semblant dont je disposais en ce jour. Occupée avec la toilette de son fils, ma sœur ne plus me raccompagner.
Je me dirigeais hors de la concession quand je croisais la reine qui venait vers moi.
Moi : depuis que je vous attendais !
Amana : on a peut-être élevé les cochons ensemble ? ce n’est pas parce que je te donne la liberté d’entrer et sortir de chez moi à ta guise que tu vas penser pouvoir me parler comme à ton amie que je ne suis d’ailleurs pas.
Sa question me refroidit ! Elle avait l’air agitée ou plutôt tendue et gardait ses mains dans son dos.
Amana : restes là je reviens.
Elle disparut de façon précipitée et je dus l’attendre encore longtemps. Elle revint Complètement changée avec un visage plus détendu.
Amana : que veux tu ?
Moi : nous nous étions entendues sur un plan mais j’ai vu une faille quelque part.
Amana : comme ?
Moi : forcer on voudra vérifier ma version et s’il l’on trouve que...enfin vous voyez ? On aura fait tout ça pour rien et je risquerai de passer un mauvais quart d’heure.
Amana : c’est vrai ! Tu es intelligente en plus !
Sa remarque me flatta. Elle resta silencieuse un moment signe qu’elle cogitait. Je n’osais l’interrompre puisqu’elle allait m’aider à atteindre mon but.
Amana : on trouvera quelqu’un qui s’en chargera
Moi : quoi ? Je pensais que vous aviez un stratagème pour dévier la vigilance…
Amana : tu veux qu’il t’appartiennes ou pas ?
Moi : ... ...
Amana : je pensais avoir à faire à quelqu’un qui savait ce qu’elle voulait.
Moi : bien sûr que oui !
Amana : mais voilà que tu doutes
Moi : non, je ne doutais pas...je suis partante
Elle me regarda en souriant
Amana : voilà que tu retrouves la raison
...Rimê Fanti...
Comme à chaque fois que j’ai quelque chose d’important à faire, je me lève très tôt. Avant que tout le monde ne soit debout. J’ai d’abord commencé par faire ma prière, Riah était rentrée hier. Donc j’ai fait ma prière afin que le Seigneur lui-même m’accompagne dans ce que j’allais entreprendre. J’ai demandé à mon mari de me laisser le temps de faire cette première démarche avant qu’il ne fasse quoi que ce soit.
En allant à l’arrière cours, je vis trois servantes en train de faire des messes basses. J’avançais à pas de velours sans qu’elles ne se rendent compte de quoi que ce soit. Je tapais l’une d’elles sur l’épaule et elles toutes sursautaient avant de baisser la tête. Je reconnus directement Safi. Une des servantes que j’aimais bien, elle m’aidait souvent à la cuisine.
Moi : vous deviez être en train de vaquer à vos différentes tâches et occupations mais vous êtes là en train de parler comme des commères et je n’aime pas ça. Safi a quoi est du cette réunion improvisée ??
Safi : je suis désolée ma reine, c’est juste que nous avions appris que le vieux Touran avait perdu la vie dans sa case. Et les gens ont été surpris de retrouver des fétiches et des talismans chez lui.
Moi (surprise) : un marabout ?
Safi : c’est ce qui se raconte mais il a été retrouvé avec un couteau dans la poitrine signe que quelqu’un l’a tué.
Une autre : ou simplement, ses génies s’en sont pris à lui
Moi (tranchant) : ça suffit comme ça retournez à vos postes et cessez de colporter quoi que ce soit
Safi : bien ma reine
Chacune pris un chemin différent et je restais là à penser à ce qu’elles venaient de me dire. Le vieux Touran sorcier ? marabout ? Qui l’aurait cru ? Il ne laissait pourtant rien paraître. Certains se demanderont pourquoi nous exilons les sorcières et sorciers du village alors que nous gardons avec nous l’oracle. L’oracle est simplement là pour nous prévenir de grands dangers que cours notre royaume et aussi pour protéger le bois de la succession. On ne peut se servir de lui pour rien d’autre. On ne peut pas aller le voir et demander à ce qu’il tue quelqu’un pour nous. Il est juste là à titre de garant de la tradition.
Cette histoire devient de plus en plus rocambolesque. J’ai attendu deux jours au lieu d’un mais Amana n’est pas venue se confesser. Je pense qu’il est plus que temps que nous convoquions cette réunion.