Partie 27

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Koumba Marimar

Depuis que nous avons emménagé chez lui rien ne va plus, Marc le sensible et l’attentionné a laissé place au fêtard, il sort tout le temps et rentre à pas d’heure, il dit vouloir vivre sa jeunesse. Je suis devenue la gardienne de la maison, le petit à seulement 4 mois j’ai du mal à le gérer, il pleure beaucoup et est souvent malade, ça me rend folle. L’idylle aura été de courte durée, j’ai de la peine à le canaliser cet homme, il m’épuise. Aujourd’hui comme tous les vendredis soir il est en vadrouille, c’est quand il est 02h que monsieur pousse la porte de la chambre, débraillé empestant l’odeur de l’alcool, je monte le drap sur ma tête je ne veux pas qu’il m’adresse la parole.

-Maman tortue je sais que tu ne dors pas

-Fou moi le camp Marc

-Oh, mais qu’est-ce qui t’arrive ?

-Il m’arrive que j’en ai marre, la vie de célibataire que tu veux mener ne concorde pas avec ton statut de père

-Qu’est-ce que je ne fais pas ? Je m’occupe de toi et du petit, j’apporte à manger, je me comporte en chef de famille

-Chef de famille dit tu ? Non tu rapporte juste de l’argent Marc et l’argent ne fait pas tout

-Bref, je vais dormir au salon tout ça me fatigue

Je me lève du lit furieusement avant qu’il ne sorte de la chambre et je me retrouve devant lui, bras croisé

-Marc la vie ce n’est pas un jeu, tu m’as fait un enfant, tu m’as fait emménager chez toi, tu vas assumer ça. Tu penses pouvoir jouer avec moi à ta guise?

Il semble être surpris, la petite villageoise qui s’écrasait devant lui a disparu, aujourd’hui je suis Marimar la maman de Aimé-Gérald, je suis prête à tout pour garder cette famille ensemble. Nous sommes à l’image de la vision que j’ai d’une famille parfaite, il ne me laissera pas tomber comme ça, qu’il se ressaisisse parce que je n’ai plus l’intention de me laisser marcher dessus. J’ai couru derrière lui pendant des mois, je me suis fait du mal à cause de lui, combien de fois j’ai fini à l’hôpital pendant cette grossesse et là il pense qu’il va fuir ses responsabilités ? Je dis non, c’est le père de cet enfant, il doit jouer son rôle.                                                                                              Après m’avoir regardé droit dans les yeux, il fait demi-tour et rentre dans la chambre, il se dirige dans la douche et y ressort quelques minutes plus tard en pyjama, il se glisse dans le lit et s’approche de moi.

-Mari, le petit c’est ma priorité, le rôle de père j’y ai rêvé, j’ai grandi en me disant que je ne veux pas reproduire le même schéma que mes parents. Peu importe ce qui se passe entre nous, il restera ma priorité, je ne veux pas que tu remettes en cause mon rôle de père

-Marc je ne sous-entend pas que tu es un mauvais père, juste je te demande d’être plus présent, je n’aimerai pas que tu rates de précieux moments avec ton fils

-D'accord

Nous finissons par nous endormir l’un dans les bras de l’autre, je l’aime cet homme mais il finira par me rendre folle, avec lui ma santé mentale est en danger mais en même temps ne dit-on pas que l’amour c’est comme les montagnes russes, le foyer est fait de joie et de souffrance.  Ce matin il s’occupe du petit pendant que je fais le ménage dans la maison, il a proposé de prendre quelqu’un pour nous aider mais je trouve ça intitule. Avant qu’il me trouve ce boulot au restaurant, je faisais des petits boulots ici et là, donc pour moi faire le ménage à la longue c’est devenu une thérapie. Nous nous sommes réveillés tard, le petit fait bien ses nuits maintenant malgré le fait qu’il soit grognon, c’est plaisant de ne plus me réveiller cent fois par nuit. Je finis de nettoyer les salles de bains lorsque monsieur apparaît derrière moi

-On sort manger ?

-Si tu veux 

-Toujours fâchées ?

-Non t’inquiète, je veux juste que tu comprennes les choses comme je les ressens

-D’accord, quand tu finis prépare toi et on y va alors

Je m’empresse de finir le ménage, pour ensuite aller me doucher. Je me mets devant le miroir pour coiffer mes cheveux, je fais un chignon bas et plaque mes petits cheveux du devant avec du gel. J’ai d’assez long cheveux crépu, on m’a toujours demandé mon secret alors que je n’ai jamais rien fait de particulier, ma grand-mère m’a toujours appliqué de l’huile de palmiste sur mes cheveux. Une fois coiffée je sors de la douche et enfile une robe longue légère et des sandales au pieds. Je les rejoins au salon, ils sont tout beaux et bien apprêtés ces messieurs.

-ça te dérange que Gémina vienne ? Elle voulait venir nous rendre visite mais je lui ai dit qu’on sort, du coup elle peut venir ?

-Je préfèrerais qu’on sorte en famille, elle peut venir demain à la place

-D’accord je le lui dis

Je viens de m’éviter un moment pénible, que cette peste reste où elle est. Nous allons dans un resto hors de la ville, un petit restaurant au cap estérias. Le lieu est très classe, déjà que j’appréhende un peu de nourrir le petit en public, il faudra que je le fasse dans un cadre comme celui-là. Les gens peuvent être malaisant à te regarder alors que nourrir son enfant est un acte naturel, j'espère que tout le monde fera comme ci de rien n'était, aujourd'hui je ne vais pas me déplacer pour le nourrir. 

 

Moussavou Marc-André

 

Nous avons passés une magnifique journée hors de la ville, passez la journée en famille c’est relaxant, je suis reconnaissant de pouvoir vivre ce genre de moment. Avec mes parents jamais nous ne faisions ce genre de choses, nous avons eu une mère aimante et un père absent, il était toujours fourré chez ses maîtresses et en rentrant il ne savait rien faire d’autre que battre notre mère, cette belle femme a fané sous les yeux de tout le monde, personne n’a jamais levé le petit doigt pour la défendre et on a vu où ça nous a mené, je me suis toujours promis de ne jamais lever la main sur une femme. Être un bon père c’est ma mission prioritaire, je ne voudrai pas que mon fils grandisse dans ce genre d’ambiance, il faut que je fasse la part des choses. En rentrant à la maison nous mettons le petit à la sieste et nous posant en terrasse avec de quoi boire et grignoter. Assis seul lorsqu’elle rentre voir le petit qui pleure, je reçois un texto un peu hot de la part d’une petite que je gère, elle m’a envoyé une photo en sous-vêtement, avant que je n’aie le temps de fermer la conversation Marimar apparaît derrière moi et entrevois la photo.

-C’est qui ?

-Pardon ?

-Je demande la fille de la photo qui est-ce ?

-Je ne sais pas

Elle s’assoit en face de moi et me regarde fixement. C’est déstabilisant qu’un si petit bout de femme soit autant autoritaire et veuille autant en découdre. Avec Nina je n’avais jamais droit aux questions, jamais elle ne piquait des crises de jalousies, limites j’avais l’impression d’être dans une relation libre. Ces derniers moi avec Marimar j’ai toujours droit à des questions un peu fatigantes ‘’où vas-tu’’, ‘’tu sors avec qui’’, ‘’tu rentre à quelle heure’’, où est passé la petite qui me mangeait dans la main ?

-Marc il faut qu’on définisse les bases de cette relation, nous avançons à l’aveugle et ça ne plaît guère

-Mari on passe une bonne journée, on a tout le temps de parler de ça

Elle ne dit rien et prend son verre de jus de fruit, la maternité à transformer cette fille, c’est devenu une tornade. Tant bien que mal nous terminons la soirée tranquillement, moi qui avais prévu de sortir j’annule tout, je préfère ne pas réveiller le volcan endormi. Nous grignotons devant la télévision comme un couple de sexagénaire, en message j’ai Tim qui se moque de moi en disant que j’ai été privé de sortie, il me le paiera celui-là.

Ce matin Marimar s’affaire en cuisine, je sais que la venue de Gémina ne l’enchante pas trop mais elle va devoir prendre sur elle, ma petite sœur c’est ma vie, elle doit mettre de l’eau dans son vin. En sortant de l’église mon amour de sœur fait son apparition. Tout de suite à son arrivée, elle se dirige dans la chambre pour voir son neveu, en passant devant la cuisine elle ne s’arrête pas pour saluer Mari, ces deux filles veulent me rendre fou, je ne sais même pas pourquoi elles n’arrivent pas à s’entendre. Je la retrouve dans la chambre, elle a le petit dans ses bras

-T’as pas dit bonjour à Marimar

-Elle a entendu ma voix, elle n’est pas sortie me dire bonjour pourquoi ?

- Toi aussi tu vois bien qu’elle cuisine. Tu ne peux pas aimer le fils et détester la mère

-Je ne la déteste pas, je trouve juste que ce n’est pas une fille pour toi. Nina et toi vous étiez mieux ensemble et je l’avais à mes côtés

-Il va falloir que tu t’y fasses Mina, Marimar est la mère de mon enfant. Va lui dire bonjour.

A contre cœur elle se dirige dans la cuisine, elles se saluent des bouts des lèvres, cette journée sera longue. Je peux comprendre qu’elle soit nostalgique de mon union avec Nina, moi-même souvent je me demande qu’aurai été nos vies si nous avions eu un enfant. Malheureusement y penser ne la fera pas revenir, je dois aller de l’avant et Mina devrait en faire autant, être copine avec Nina ne doit pas l’empêcher d’apprécier Mari qui est quelqu’un de bien.

 

Koumba Marimar

 

L’autre peste à débarquer pour me casser les pieds, à peine arrivée elle n’a pas cessé de critiquer le nouvel agencement de la maison ‘’avec Nina ce meuble était comme-ci’’, ‘’Nina avait mis cette décoration comme-ça’’, franchement c’est épuisant, si seulement Cynthia était libre, à deux on aurait pu la supporter. J’appelle tout le monde à table, nous mangeons silencieusement, alors qu’elle venait de faire cinq minutes sans dire le nom de son gourou, mademoiselle à une fois de plus briser le silence

-Tu sais Nina elle mettait de la béchamel dans le gratin, parce-que là c’est beaucoup trop sec

-Il y a plusieurs types de gratin en fait

-Moi j’aime beaucoup, ajoute Marc

J’ai hâte qu’elle s’en aille, mes oreilles ne supportent vraiment pas sa voix aiguë. Alors que je faisais la vaisselle, Marc à débarquer affolé pour me prévenir qu’il sortait chercher un kiosque pour acheter les unités Edan. Le problème des compteurs à carte c’est qu’il est facile d’oublier de recharger les unités. Me retrouver seule avec l’autre folle c’est tout ce que je ne voulais pas, je nettoie la cuisine de fond en comble pour perdre du temps mais une fois fini je suis bien obligé de la retrouver au salon. Le petit est dans son couffin et elle sur son téléphone, je change de chaîne pour trouver un programme plus à mon goût

-Oh madame ça ne se voit pas que je regarde la télévision ? Un peu d’éducation te ferait du bien

-Je dis hein tu vas à l’église seulement pour chercher les hommes ? Parce que ton niveau d’aigreur m’étonne hein, on n’apprend pas à aimer son prochain dans vos cultes là?

-Je ne te permets pas de me parler sur ce ton ni de remettre en doute ma foie, j’ai hâte que tu te retrouve hors de cette maison espèce de parvenu

-Je suis là, que tu le veuilles ou non je suis bien installé

-Mais attend, tu n’as pas honte d’être comme ça ? Une salope voleuse de mec qui en plus de ça n’a pas de dignité. Une femme qui écarte les pieds au premier venu et lui fait un enfant, quel type de femme est tu ? Aucune valeur. On gardera le petit et tu vas dégager dans ton quartier sous-développé

En un mouvement brusque, je me lève et m’approche d’elle, je l’assène une bonne gifle et me baisse pour la regarder dans les yeux

-Je suis la maman d’Aimé, et je le serais toujours, tu ferais mieux de te trouver quelqu’un pour te baiser et enlever toute cette aigreur qui t’habite, traite moi encore une fois de salope et ce n'est pas qu'une gifle que tu récolteras

Je retourne à mon fils qui s’est mis à pleurer, peut-être qu’il ressent que sa maman est énervée. Marc fait son entré heureux d’avoir trouvé un revendeur d’unités, la peste est bien silencieuse, cette gifle lui a remis les idées en place, je ne suis pas sa copine, j’ai assez supporté ses humeurs. Les Moussavou vont apprendre à me respecter de gré ou de force, trop longtemps je me suis laissé marché dessus, ce n’est pas à cause de l’amour que je vais devenir le tapis de toute une famille.

La soirée se termine bien, elle n’a plus parlé de Nina alléluia, donc j’aurais dû le faire depuis, elle voulait seulement me pousser à bout. Je ne suis pas une sainte mais de là à parler de moi en utilisant des termes aussi péjoratifs c’est abusé et en plus vouloir mettre mon fils dans son discours. Mon instinct de mère me rend si forte mentalement, je suis tellement prête à tout pour lui que je me suis forgée un mental résistant à tout épreuve, j’ai donné la vie il y a quatre mois et depuis ma vision du monde a changé.   

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