Partie 3
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Je le sens à son regard
qu’elle a un petit peu peur de Gisèle, la scène est drôle, ma sœur je la
connais elle aboie beaucoup mais elle ne mord que lorsque ses intérêts sont
menacés.
-Tu fais quoi avec la sardine
là ?
-On s’est croisé par hasard
ici, enfin bonjour d’abord
Marimar se lève « bon je
vais vous laisser discuter, bonne soirée monsieur et merci de tout mon cœur,
Dieu vous le rendra au centuple »
Nous pouvons enfin discuter de
ce mariage, je me lance dans des explications qui semble l’endormir, elle
m’écoute que d’une oreille, au fond ça ne doit pas être facile, la petite
dernière avec qui elle a 9ans d’écart se marie. Même si je pense que Gisèle n’a
jamais été intéressé par le mariage, elle disait à qui voulait l’entendre « je finirais ma vie à baiser de gauche
à droite, je mourrais sûrement pendant une partie de sexe endiablée», je
me demande si elle n’aspire pas à une autre vie, ou alors c’est l’absence de
nos parents à ce futur évènement qui la rend si muette, elle ne se confie jamais alors je m’abstiens
de lui poser des questions qui pourrait l’irriter, je lui expose la vision de
Gémina et de son chéri, comment ils envisagent les choses et aussi les dates
qu’ils ont choisis. Après lui avoir tout expliqué, elle est d’accord sur la
plus par des points, corrige les erreurs et valide le reste. Pour les
fiançailles c’est assez simple, pas besoin de liste, le futur fiancé et sa
famille apporteront quelques objets symboliques et une somme d’argent assez
forfaitaire, la cérémonie se passera en petit comité, la famille de la future
fiancée c’est à dire nous, fera un petit repas que nous partagerons tous
ensemble. Nous allons faire le repas chez moi, vu que depuis la mort de nos
parents notre maison familiale nous a été arraché, je vais seulement devoir réaménager
le salon ce jour-là. Pour le repas Ya Gisèle veut se charger de tout, elle a
établi sa liste de course, je vais demander à la dame de ménage de faire les
achats quelques jours avant la cérémonie pour que tout soit prêt le jour J, on
a planifié nos tenus Mina a déjà trouvé un pagne chacun fera une tenue simple
et vu que nous n’avons pas d’ancien qui pourra parler nous allons louer les
services d’un orateur, il fera les pourparlers ça nous permettra d’annoncer les
couleurs pour le mariage traditionnel. Tout est réglé chacun de nous peut
vaquer à ses occupations. Vu que j’ai déjà fini toutes mes tâches au boulot, je
décide de pas retourner au bureau je vais passer chez meilleur ami qui est
revenu ce matin de son voyage, j’ai besoin de me confier à propos de
l’ultimatum de Nina sinon ça va me rendre dingue. Depuis hier soir nous ne nous
sommes pas parlés, nous n’avons pas petit-déjeuner ensemble comme d’habitude, à
mon réveil elle était déjà sortie, le gardien m’a dit qu’elle lui a dit qu’elle
allait chez ses parents, je sens que cette fois ci je ne vais pas m’en sortir
avec un bouquet de fleur et du chocolat. Avant de partir je décide quand même
de l’appeler mais elle ne décroche pas, je suis vraiment dans la merde.
Heureux de voir mon ami en forme, il n’est pas
trop abattu
-
Alors les nouvelles du village ?
-
Ah bro rien d’extra, le vieux s’accroche à la
vie comme il peut, le guérisseur du coin et le médecin du village se disputent
le mérite de sa guérison miraculeuse, la vielle aussi j’ai dû la gronder pour
qu’elle arrête d’aller à ses plantations, j’ai engagé un jeune gars pour bosser
pour elle. Sinon c’est toujours pareil hein
-
Tu es un bon fils, ils ont la chance de t’avoir
-
Quand on est le dernier et que ses grands
frères ont tous délaissés les parents on se doit d’agir
-
Et tu agis à merveille
-
Bon bro, qu’est-ce qui s’est passé en mon
absence ?
-
Si je te raconte ce que Nina a fait tu ne vas
pas le croire, man
Je lui raconte un peu tout ce
qui s’est passé dans ma vie ces derniers temps, et ce sorcier en rigole, il rit
vraiment aux éclats
-
Man, là elle t’a eu tu vas grave épouser
l’enfant d’autrui
-
Je l’aime hein, mais le mariage c’est ce qui a
détruit mes parents, c’est la cause même de leur mort
-
Ecoute bro je sais que tu n’as pas eu le bon
exemple, mais ne généralise pas le mariage ainsi, mes parents sont ensemble
depuis 45ans, ils se supportent et s’aiment au quotidien, dans la santé la
maladie et les épreuves de la vie. Essaye de voir le positif de ce sacrement et
dit toi qu’il n’y a rien de plus beau que passer le reste de sa vie avec la
personne qu’on aime.
Nous finissons la soirée
devant un match de foot avec de bonnes bières bien glacées, la soirée parfaite
pour oublier les problèmes de la vie. Néanmoins à 22h je me décide à enfin
rentrer chez moi, je ne sais même pas si elle est rentrée, je vais le découvrir
bien vite.
Quand je rentre le salon est
vide, dans la salle à manger il y a une assiette posée avec de la nourriture à
l’intérieur, je suppose que c’est mon repas. Je vais dans la chambre et madame
n’y est pas, je fouille toute la maison puis tente de l’appeler mais son
téléphone est éteint, purée tout ceci commence à me saouler, elle est allée se
terrer chez ses parents, déjà que son père à peu d’estime pour moi comment je
vais arriver à le regarder en face après cela. Je lui envoie un message pendant
que je réchauffe la nourriture
« Babe, je sais que tu es
fâchée mais revient à la maison, on va régler tout ceci comme des adultes. Je
t’aime »
Ne trouvant pas le sommeil je
me perds dans mes pensées, visualisant ma vie, de mon enfance à ma vie d’adulte,
tellement d’épreuves à surmonter et très peu de personnes sur qui compter. Avec
mes sœurs nous sommes passés d’une vie modeste dans des établissement réputés à
une vie de misère et de larmes, un changement radical en une fraction de
seconde. Quand je me regarde dans la glace je vois ce jeune orphelin, cet
adolescent que le surveillant a foutu dehors trois semaines seulement après le décès
de ses parents pour non-paiement de la scolarité, je vois cette chambre délabrée
dans un quartier comme celui où vit Gisèle jusqu’à présent, ma sœur cette héroïne.
C’est ce passé qui me rend certainement
si sensible à la détresse de Marimar, quand je l’ai vu assise sur ce tabouret je
n’ai pu m’empêcher d’avoir de la sympathie pour elle, elle semble si désespérément
seule, j’ai comme envi de la sauver.
Chassant toutes ses pensées je
parviens enfin à m’endormir, seul dans ce grand lit je me laisse allé dans les
bras de Morphée. Demain est un autre jour.