Partie 4
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Koumba Marimar
C’est aujourd’hui mon premier
jour de boulot, je dois être au restaurant avant 8h00, je me suis levée aux
aurores pour éviter d’être en retard. Nous avons un uniforme, des polos avec le
nom du restaurant qu’il faut assortir avec un bas de notre garde-robe, c’est un
pantalon assez flatteur pour ma silhouette que j’ai enfilé, j’ai attaché mes
cheveux dans un chignon haut, j’ai mis un peu de fond de teint, du mascara et
du gloss. C’est avec un de mes voisins que je fais la route jusqu’au carrefour,
il fait encore un peu sombre, donc je me sens rassurée par sa présence. Je
prends un premier taxi-bus ensuite j’en prendrais un autre pour enfin arriver
au centre-ville, tout un périple pour arriver à mon nouveau lieu de travail, au
téléphone le patron a vraiment l’air sympathique, on a longuement discuté des
clauses du contrat que je dois signer, de sa politique de travail et bien
évidement du salaire, le salaire de base c’est 150.000 Fcfa, avec cette somme
je vais pouvoir vivre confortablement et faire des économies, j’en languis
déjà. Depuis que j’ai commencé à bosser je n’ai jamais eu ce salaire, par
contre en cumulant plusieurs petits boulots il y a des mois où je me retrouvais
avec cette somme voir plus.
7h35
Je pousse la porte du
restaurant, il y a déjà des filles qui s’affairent au nettoyage, je les salue
et demande si le patron est déjà là, elles m’indiquent son bureau au fond dans
l’arrière-boutique. Je tape avant qu’il me demande de rentrer, je me présente
et il m’observe pendant un moment avant de me donner un polo à ma taille, il me
montre les vestiaires où je peux l’enfiler et déposer mes affaires. Ensuite il nous
rediscutons des clauses et je signe le contrat, en salle il m’explique le
fonctionnement de chaque machine, presse-agrume, machine à café, micro-onde,
toutes ses machines se trouvent derrière le comptoir, c’est moi qui tiens le
comptoir, je serai secondé par une autre qui elle gère la caisse et qui pourra
m’aider quand je ne m’en sortirai pas. Il faut garder le comptoir propre, un
petit lavabo se trouve en bas à l’abris des regards avec des éponges et tout le
nécessaire pour garder le comptoir propre, c’est le premier endroit où les
clients se dirigent m’a-t-il dit donc il doit toujours être présentable et je
dois l’être aussi.
C’est lorsque les premiers clients poussent la
porte d’entrée que je sens le stress m’envahir, c’est mon premier jour je dois
être à la hauteur comme l’a dit Marc-André, donc je me concentre à ma tâche.
Les cafés commandés s’enchaînent, +
expresso, café noir, au lait,
allongé, en réalité je ne saurai différencier tout ce que je sers, pour moi les
cafés se ressemblent tous, mais apparemment il faut être fan de café pour les
différencier. Je n’aurais jamais pensé qu’autant de personnes buvaient du café,
les priorités diffèrent réellement d’une classe sociale à l’autre, ici des gens
boivent du café qui coûte le prix du petit-déjeuner de toute une famille dans
mon quartier. Quand il fait son entrée je ne peux m’empêcher de sourire tout
ceci c’est quand même grâce à lui. Il se dirige vers le bar et s’assoit en face
de moi « Un café s’il vous plaît mademoiselle » dit-il avec un air
amusé
-Quel type de café voulez-vous
monsieur ?
Un expresso, avec une pointe
de crème avec ça je vais prendre un éclair au chocolat
Aussitôt servi, je suis
demandé par un autre client nous n’avons pas même pas le temps de bavarder, lui
aussi semblait pressé, lorsqu’il passe en caisse il me fait un clin d’œil un au
revoir de la main, je ricane bêtement avant de me rappeler que je ne suis pas
ici pour rêver, j’ai plus que besoin de ce boulot. Le matin ça n’arrête pas
tout le monde veut son café, son jus d’orange et sa viennoiserie, être au
centre-ville entouré de toutes ses entreprises c’est vraiment le point de vente
idéal.
Vers 11h la tempête cesse
enfin, j’ai les pieds en compote, demain il faut que je vienne avec des
chaussures plus confortables. Je peux enfin poser mes fesses, je discute avec
la fille de la caisse, on fait connaissance et c’est plaisant de parler avec
une jeune femme aussi belle qu’intelligente, c’est une étudiante en commerce
international mais à cause de sa situation précaire elle a dû mettre une pause
à ses études, elle met de côté pour pouvoir retourner à l’école. C’est
admirable, j’aurais aimée continuer mes études mais quand j’ai raté le bac pour
la deuxième fois j’ai compris que l’école ce n’était pas pour tout le monde,
qu’il fallait que je me mette dans la vie active et que je cherche à donner un
sens à ma vie.
C’est quand les premiers
clients du déjeuner sont arrivés qu’on a mis notre moment discussion entre
parenthèse, je suis passée des cafés au boissons froides, bière, jus de fruits,
vin tout y passe, le bar ce n’est pas aussi facile que ça en à l’air, il faut
être en alerte, et être réactive, je m’en sors quand même bien, j’arrive à
gérer la pression. Je pense que le mieux pour moi c’est d’être derrière le bar,
faire le service à table est plus difficile, il faut être adroite, rapide et au
taquet, mais évidement c’est elles qui se font plus d’argent, entre les
pourboires, les invitations et la drague, elles ne chôment pas, c’est
d’ailleurs en travaillant ici que celle à qui je succède à rencontrer son mari,
un vieux blanc d’une soixantaine d’année d’après les dire de mes collègues. La
journée se continue, tout est speed mais l’ambiance est agréable, le patron
nous donne un coup de mains de temps en temps quand les commandes s’enchaînent
trop rapidement, sinon le reste du temps il est dans son bureau, il est
comptable de formation m’a dit Carla ma collègue. C’est un homme très gentil, il
est simple et il ne nous rabaisse pas comme certains patron, l’ambiance est
vraiment incroyable je suis tellement rassurée.
22h
La fin du service, c’est
l’heure du nettoyage trois d’entre nous s’occupent du ménage et chaque semaine
nous faisons la rotation, du coup cette semaine j’y échappe. Je prends mes
affaires et je commence à réfléchir à comment je vais rentrer chez moi, des
10.000 que m’avait donné Marc-André il me reste à peine 1500, prendre un taxi
jusqu’à chez moi me couteras au minimum 1500 donc la solution c’est de
décomposé mon trajet. Je sors avec un plan en tête, je n’ai rien d’onéreux si
je croise un voleur il n’aura rien à prendre, c’est avec cette idée faussement
réconfortante que je m’engouffre dans la ruelle qui mène au boulevard principal.
J’aurais peut-être dû parler au patron de mes problèmes de transport, rentrer
dans mon mapane sera compliqué et demain je ne sais pas comment je viendrais,
mais bon à chaque jour ses combats, pour l’instant c’est rentrer qui est ma
priorité.
Une voiture me klaxonne, mais
avec tout ce qu’on entend sur les crimes rituels je préfère continuer à pied,
c’est quand je regarde de plus près que je remarque qu’il s’agit de Marc-André.
Il me fait signe de monter, quel miracle pour moi qui avait déjà imaginé mille
et une chose dans ma tête.
-Alors cher travailleuse
comment décrirais-tu ta première journée de boulot ?
- C’était cool, le patron et
les autres filles sont gentils, l’ambiance est vraiment agréable, je suis
vraiment heureuse, je ne saurais comment vous remercier
- Je n’ai pas fait
grand-chose, mais on peut se tutoyer mademoiselle
-Bien évidement, tu travailles
dans la zone
- Oui, pas trop loin du resto
- Ah mais donc tu prends ton
petit-déjeuner là tous les jours ?
- Non du tout, je mange chez
moi tous les matins, mais à midi il m’arrive de manger au resto pour faire
plaisir à Raoul
Le bord de mer est si dégagé
le soir, la route est libre, j’aime sentir le vent sur mes cheveux, la musique
à fond, je me sens si libre à cet instant précis. En moins d’une trentaine de
minute nous sommes à mon carrefour, je lui fais signe de garer pour que je
puisse descendre
-
Attends je vais garer à la station pour que la
voiture soit en sécurité, ensuite on ira jusqu’à chez toi
-
Non c’est bon ce n’est pas la peine, je peux y aller
seule
-
Tu as vu l’heure ? Les braqueurs
n’attendent que ça
-
C’est mon quartier, beaucoup de gens me
connaisse, toi avec ton look bien apprêté ils ne vont pas te laisser de chance
-
Je ne suis pas serein, donc fais-moi signe
quand tu arrives ok
-
Ok, et merci beaucoup pour tout ce que tu fais
pour moi, bonne soirée
Je sors de la voiture et m’engouffre dans le quartier, je croise quelques gars peu recommandables du quartier, heureusement l’un d’entre eux est follement amoureux de moi, du coup j’ai un passe-droit, il décide de m’accompagner chez moi. Devant ma porte c’est le même cinéma à chaque fois que je le croise, il me déclare sa flamme et me supplie de lui donner une chance. Comme une petite sournoise je lui dis que j’y réfléchirai, il me donne 2000 francs puis m’embrasse de force avant de s’en aller. Son haleine dégoutante et ses lèvres noirci par le tabac et autres