Partie 3 : Biyo'o

Ecrit par labigsaphir

« Oui, bébé ».

« Que fais-tu maintenant ? »

« A ton avis ? »

« Si tu ne veux pas répondre, dis-le ! J'en ai marre de tes réponses laconiques. »

« Tout doux, tout doux, chaton, ne sors pas tes griffes. Je m'excuse, ça te va ? »

« Pourquoi ai-je toujours l'impression de voler, lorsque je discute avec toi ? »

« Je ne comprends pas, Opale. »

« J'ai toujours eu l'impression que tu as une go, ta titulaire et que moi, ne suis qu'un vide-couilles pour toi quand tu viens ici au pays. »

« Opale, tu ne devrais plus t'exprimer de cette façon et te donner plus de valeur. Je te conseillerai de rayer « Vide-couilles » de ton vocabulaire. Et concernant le fait que tu ais l'impression d'être un second choix pour moi, tu te trompes. »

« Dois-je te croire ? »

« Je ne vais pas te mentir, je suis un homme et ai des besoins charnels à satisfaire. J'ai des aventures mais me sépare toujours de celle-là alors qu'avec toi, j'y suis depuis deux années. Que te faut-il de plus, pour te prouver que je t'aime et tu es ma priorité ? »

« Elric, suis-je vraiment la seule dans ton cœur ? »

« Oui, ma belle, oui. Et maintenant que tu m'as fatigué avec tes multiples questions, pourrais-tu me soulager ? »

« Comment ça, soulager ? »

« Passons de whats'app à Imo, je souhaite voir mes choses. »

« Tes choses ? Tu veux que je te fasse un dessin ? »

« Tu sais ce qui est arrivé à notre starlette nationale ? »

« Oui, nous le savons tous mais tu n'es pas elle et moi, je ne suis pas son ex. »

« Elric, »

« S'il te plait, Opale, j'ai besoin de dormir et ne pourrai y arriver que si je vois mes choses. »

« Pourquoi ne vas-tu pas voir une de tes petites pour te défouler ? »

« C'est toi que je veux voir, ce soir et pas une autre.

Après un quart d'heure à nous toucher devant la caméra et simuler un acte sexuel, nous nous séparons enfin. Je suis plus serein, stable émotionnellement parlant et m'apprête à prendre ma douche lorsque mon téléphone se met à sonner. Je veux ignorer mais l'insistance de la sonnerie, m'oblige à faire le contraire.

- Oui, allo, fais-je avec humeur.

- J'aimerai déjà rentrer donc passe régler la facture, s'il te plait.

- Pardon ?

- Je suis au Nganda, à la place Carnot.

- Pour y faire quoi, Louhann ? M'enquis-je agacé.

- Comme tu ne me donnes plus d'argent, et comme je dois manger, j'ai donc opté pour la solution la plus simple.

- Qui est ?

- Demander à la gérante du Nganda d'ouvrir un cahier comme les autres pour moi. Je viens manger de temps à autres, elle note et après, tu viens payer ; je sens une migraine poindre, cette femme a le don de m'énerver ces derniers temps.

- Louhann, commençai-je.

- La convaincre n'a pas été difficile, tu sais.

- Et j'imagine pourquoi, murmurai-je ne fermant les yeux.

- Biyo'o ouvre certaines portes en France. Savoir que je suis la copine de l'un des fils Biyo'o, a tout arrangé. Cela fait deux semaines que je mange gratis chez elle, il est temps de passer à la caisse sinon le nom de ton père fera la une des sites à scandale du net.

- J'Arrive !

Je vais me rincer, enfile un bas de jogging, récupère mes clés et un quart d'heure plus tard, je gare non-loin du Nganda. En serpentant entre les tables, je sens des regards se poser sur ma personne et certains se pencher pour souffler. J'ai horreur d'être mis en lumière pour des faits de bar. Plus le temps passe, plus Louhann me déçoit et je suis contraint de me poser la question de savoir si c'est la bonne.

- Bonsoir, fais-je en arrivant au comptoir. Puis-je discuter avec la gérante ?

- Pour quoi faire ? Demande la dame de l'autre côté.

- Je suis là pour Louhann, une de vos clientes.

- Ah, tu es le fils du ministre Biyo'o, le petit-ami de Louhann. Mais je te connais, tu venais souvent manger ici.

- C'est vrai, reconnus-je me demandant quand est-ce que nous pourrions aller droit au but.

- Eh ben, tu ressembles à ton père. Tu venais souvent manger ici et tu as arrêté, pourquoi ?

- Je suis occupé ces derniers temps, mentis-je.

- Louhann arrive, elle est allée aux petits coins tout-à-l'heure.

- Ok, merci. Combien cous doit-elle ?

- 200 euros.

- Pardon ? Fais-je, ouvrant grand les yeux.

- Mais oui, elle a mangé 20 euros pendant deux semaines, 10 jours, ce qui donne 20 euros.

- Ok, dis-je la mâchoire serrée.

- Ce n'est pas 200 euros qui va dépasser le fils de Biyo'o, pense aussi à me laisser quelques chose.

Je sens une main se poser sur mon épaule, m'obligeant ainsi à tourner la tête. Louhann rapproche sa tête de la mienne, elle pue de l'alcool.

- Eh ben, tu as mis du temps à arriver, chéri ; elle veut m'embrasser mais je tourne la tête.

- Tu es saoul, Louhann.

- Je sais, voilà pourquoi je t'ai appelé.

Elle s'accroche à mon bras et me lâche brusquement, je la rattrape au moment où elle glisse et risque s'affaler sur le sol. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie, c'est la première fois que je me retrouve dans une situation pareille.

- Je paie par carte et 250 euros, dis-je d'une traite en retenant Louhann par la hanche.

- Ok, elle sourit et programme la machine.

En appuyant sur le bouton vert de l'appareil, j'ai un nœud au ventre car je viens de perdre mes dernières ressources. Il me restait 300 euros dans le compte pour finir le mois, et là, je suis en train de me faire ponctionner.

- Merci, fait-elle en me remettant ma carte bleue et le reçu qui va avec.

Une dizaine de minutes plus tard, je dépose Louhann sur mon clic-clac et vais prendre une douche avant d'aller m'affaler sur mon lit. Comment avons-nous pu en arriver là ? Je m'endors la tête pleine de questions.

LE LENDEMAIN MATIN...

Je me réveille, vais prendre une douche rapide et sors de la chambre, espérant trouver Louhann debout. Non, elle dort encore à poings fermés. Je vais courir et rentre une heure et demi plus tard avec un sachet de viennoiseries que je pose sur la table à manger. Je mets la machine à café en marche et en profite pour aller me doucher. Au retour, Louhann est debout au milieu du salon en train de manger en dansant.

- Bonjour,

- Bonjour chéri ; elle s'approche de moi, veut me faire la bise mais je tourne la tête.

- Tu ferais mieux d'aller prendre la douche, tu as une haleine de chacal ; elle est désarçonnée mais reprend vite contenance.

- Je reviens.

Je sais qu'elle a des affaires chez moi, tout roule. Elle revient une demi-heure plus tard alors que je suis en train de suivre l'actualité sportive. Nous mangeons en silence jusqu'à ce que j'éteigne la télévision, au grand dam de la grande dame qui voulait suivre l'actualité de ses stars.

- Il faudrait que nous discutions, commençai-je en posant ma tasse sur la table dans un bruit mat.

- Je t'écoute, chéri.

- Dis-moi, cela fait combien de temps que nous nous connaissons ?

- Quatre (4) ans, pourquoi ?

- En quatre ans, m'as-tu vu m'exposer autant ?

- Comment ça, je ne comprends pas.

- Cela fait combien de temps, je suis en France ?

- Deux années. Pourquoi toutes ces questions ?

- Quand je suis arrivé, fréquentai-je des milieux camerounais ?

- Non.

- Quatre ans que nous sommes ensemble et deux années que je suis à Limoges, avançons. Au Cameroun, quel tait mon statut ?

- Tu étais fonctionnaire et l'es toujours, à ce que je sache.

- Moon père était-il déjà ministre à l'époque ?

- Oui.

- Avant de me connaitre, connaissais-tu quoi que ce soit concernant le ministre Biyo'o ?

- Non, chéri.

- Je protégeais la réputation de mon père à mon niveau, alors pourquoi t'entêtes-tu à faire le contraire de ce que je faisais ?

- Je n'ai rien fait de tel.

- Crois-tu que ce soit normal que moi, Elric, aille récupérer ma copine dans un restaurant africain, saoule comme un trou et que la tenancière fasse allusion à mon père ?

- ...

- Je te pose la question, Louhann.

- Non.

- Je t'ai pris en charge depuis quelques années, te passant tous tes caprices parce que je t'aime et maintenant que j'ai des soucis d'argent, tu m'exposes et par la même occasion, ma famille.

- ...

- Crois-tu que je veuille passer ma vie aux côtés d'une femme qui ne se respecte pas et ne pense qu'à elle ? Crois-tu que je veuille passer ma vie aux côtés d'une femme prête à me quitter une fois que le bateau commencerait à couler ?

- ...

- Pourquoi sommes-nous ensemble ? Que faisons-nous ? Crois-tu que tout se résume à coucher, aller dans les soirées mondaines et faire des virées en boite ?

- Non.

- Je suis en France pour une formation en relation avec ce que je faisais au Cameroun et tu le sais parfaitement. Je ne suis pas venu en France en aventure, comme certains. Je suis fonctionnaire et mon salaire passe toujours. Louhann, je ne t'ai rien caché de moi et je crois que ce fut là, ma première erreur.

- Non, Elric, tu as juste été honnête.

- Alors, pourquoi te conduits-tu de cette façon ?

- ...

- Je t'ai récupéré saoule, est-ce normal ? Imagine que des hommes décident de te violer là-bas, après avoir mis du GHB dans ton verre. Crois-tu que moi, Elric Biyo'o, puisse encore vouloir d'une femme insouciante et aussi légère ?

- Non, mais ...

- Non, Louhann, non. Arrêtons de jouer sur les mots. Je suis en train de remettre cette relation en cause. Je songe déjà à l'arrêter, vois-tu.

- Non, chéri, je t'en prie, ne fais pas cela. C'est une juste une mauvaise passe, je t'assure. J'ai fait une erreur, je ne vais plus recommencer.

- Que se passe-t-il ? Où est passée la jeune femme si douce et calme qui a touché mon cœur ?

- J'ai des problèmes en ce moment, chéri.

- Des soucis de quel ordre ?

- Des soucis d'argent.

- Je croyais pourtant te donner assez. Louhann, je te donne plus qu'il n'en faut car je ne souhaite pas être cocufié pour une question d'argent.

- Je sais.

- Alors ?

- En fait, la maison de mes parents n'est pas encore terminée au pays et sachant que je suis l'aînée, il faut que je leur envoie des sous tout le temps.

- Mais ce n'est pas à toi de le faire. Tu es ici pour études et non pour travailler ou te prostituer.

- Oui, mais je suis déjà là et me dois d'aider ceux qui sont restés.

- Pas au détriment de ton honneur et ta dignité, Louhann.

- Pardonne-moi chéri, pardon.

Elle se lève et vient s'asseoir près de moi, je laisse faire mais n'éprouve rien à son contact.

- J'ai pardonné, Louhann. J'ai pardonné sinon tu ne serais pas là, seulement, j'aimerai que tu rentres chez toi.

- Chéri, tu ne peux quand même pas me renvoyer.

- Si, comme tu le vois. Ramasse tes affaires et va-t-en !

- S'il te plait, bébé, tu fais toi aussi des erreurs.

- Elles ne sont pas aussi graves. Récupère tes affaires, tout ce qu'il y a dans cet appartement.

- Non, Elric, tu ne vas pas me laisser tomber après quatre longues années.

- Je ne te laisse pas tomber, Louhann, j'ai besoin de respirer.

Elle se met à sangloter, je reste malgré tout, ferme. Je rallume la télévision et fais mine de ne pas l'observer. Au bout de quelques minutes, voyant que le résultat escompté n'y est pas, elle se lève et va faire son sac, faisant le maximum de bruit. J'aime cette fille comme un dingue mais ses habitudes sont de plus en plus détestables. Elle ne sait pas et ne s'est jamais aperçue, qu'elle est ma faiblesse. Mon téléphone se met à vibrer, je décroche en souriant ; j'ai toujours la banane en discutant avec elle.

- Mama ministre, comment vas-tu ? Quel honneur, tu m'appelles.

- Elric, pardon, laisse ton attalakou, on se connait.

- Ha ha ha ha la mère, comment tu peux me lâcher comme ça ?

- Qui a lâché qui ? Tu étais tranquille au Cameroun, il a fallu que tu quittes tout et décide d'aller rester en France.

- Mais maman, c'est temporaire.

- Trouves-tu que ce soit normal pour une mère, de voir son fils tous les six(6) mois ?

- La mère, n'est-ce pas je vais terminer dans un an ?

- Et comptes-tu toujours rentrer ?

- Mais oui, que crois-tu ?

- N'est-ce pas nous sommes là ?

- La mère, c'est comment ?

- J'ai un tolli ( une news, argot gabonais) pour toi, dit-elle en murmurant.

- Pourquoi tu parles doucement ? Et depuis quand, tu connais le mot « tolli » ?

- Parler toujours à côté de moi, croyant que je ne vous écoute pas ; j'éclate franchement de rire.

- Akiééé madame Biyo'o, je ferai désormais attention à ce que je dirai près de tes oreilles.

- Huhum, fais donc. Attends, je sors.

- Où vas-tu ? Demande une voix près d'elle.

- Je n'ai plus le droit de discuter avec mon fils ?

- Elric, il faut souvent laisser ma femme tranquille, na ya( c'est comment) ?

- Salue-moi le boss, maman, s'il te plait.

- Il te salue, Jasper.

- Aka, qu'il épouse une femme et elle l'occupera au lieu de perturber les foyers des autres.

- Heureux ceux qui sont mariés, dis donc.

- Ha ha ha ha ha pardon, laissez-moi tranquille avec vos histoires à dormir debout, rebondit ma mère.

J'entends un bruit de porte que l'on ferme, puis celui d'une chaise tirée sur le sol et enfin celui d'une chaise en rotin sollicitée.

- Qu' a-t-il, maman ?

- As-tu eu ta petite-sœur depuis ?

- Nous discutons presque tous les jours par Whats'App, pourquoi ?

- Son copain souhaite venir se présenter.

- Ah bon ? Qui est-ce déjà ? Le général DIKOUME.

- Quoi ? M'exclamai-je, surpris par l'information.

- Comme je te dis là, elle m'a parlé de cela hier soir. Humm, ton père n'est pas au courant.

- Dis donc, elle ne pouvait pas trouver quelqu'un d'autre ? Un général, un général, maman. Je n'ai rien contre les hommes en tenue mais alors, non, je ne suis pas d'accord ; comment faire comprendre à ma mère que le Général et moi, nous sommes parfois rencontrés dans certains endroits et les échos que j'ai de sa personne ne l'honorent pas. Bien que jeune, je le trouve trop vieux pour ma petite-sœur.

- Je te dis, moi-même suis dépassée.

- Je vais lui en parler, maman.

- Crois-tu que cela servirait à quelque chose ? Ils sont déjà arrivés au niveau où il veut se présenter et officialiser.

- Maman, il faut étudier ça de près. De ce que j'ai entendu, cet homme n'est pas recommandable. Qu'est-ce qu'une petite fille de 28 ans va chercher chez un homme fricotant avec la quarantaine ? Elle a eu son bac à 16 ans et termine à peine ses études, spécialité à l'appui. Maman, elle a l'avenir devant elle, pourquoi rentrer dans un foyer tel que celui-là ?

- Je ne sais pas mon fils, je ne sais pas. Tu connais ton père et ses réaction, humm.

- Ne lui dis rien, laisse Clara-Marie le faire, elle-même.

- Et avec Louhann ?

- Je ne sais pas, maman, je suis en train de voir.

- Comment ça ? Je croyais que tout allait bien entre vous.

- Maman, je ne sais pas. Je croyais que tout était déjà plié mais là, humm.

- Là, quoi ?

- Je ne sais pas encore, je suis en train de voir.

- Elric, c'est elle que tu nous as présenté, c'est elle que moi je connais.

- Je sais.

- Il ne faut pas utiliser l'enfant d'autrui et la laisser après, ce n'est pas bien.

- Je sais, maman.

- Vous les hommes, savez toujours. Je vais te laisser, il faut que j'aille rejoindre mon mari.

- Ok, bonne soirée la reine-mère.

- Aka, flatteur.

Je raccroche et me prends la tête entre les mains. C'est compliqué car je ne me suis jamais mêlé des histoires d'amour de mes frères et réciproquement. Dans ce cas, comment intervenir et faire comprendre à ma petite-sœur que je n'approuve pas cette relation ? Nous sommes certes une famille soudée mais faite d'entités assez distinctes et avides de libertés.

Jasper Biyo'o, le pilier de cette famille, est ministre de la défense depuis près de six(6) années. Ingénieur dans le domaine de l'aérospatial de formation, au lieu de rester en Europe où il a fait ses études, a choisi de rentrer mettre ses compétences au service de son pays. Il travaille depuis q

Jeneya CROFT, l'Impé...