PARTIE 3 : Ego oh mon gros égo

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Tania Boussougou

 

 Ce trajet a été infernal l’ambiance était pesante, j’ai conscience que c’est de ma faute je n’aurais pas dû réagir comme je l’ai fait, j’ai tendance à sur réagir et mes mots ont sûrement blessé son égo. A deux dans la voiture de son patron j’étouffais littéralement, j’ai vite fait d’envoyé un message à Monsieur Ndong le chauffeur de papa pour qu’il revienne me chercher.

Je suis rentrée à la maison toute chamboulée, moi qui voulais simplement me prendre pour Serena Williams tout en cirant les pompes de mes clients, je me suis retrouvé dans un bourbier. Revoir ce bellâtre dans cette tenue pleine de tâches a fait s’évaporée la magie de cette soirée. J’aurais préféré fantasmer sur ce bel inconnu en rêvant que je le recroiserais en business class d’un avion en allant à Londres ou à New-York au lieu de ça, de découvre qu’il est mécanicien. Je dois dégager toute cette frustration, je fonce à la salle de bain pour me couler un bon bain bulleux, j’allume des bougies parfumées, je me fais une infusion à la camomille, je mets un peu de musique d’ambiance et je me pose un masque sur le visage, tout pour la détente idéale. Après ce bon bain je reçois un message de papa pour me rappeler l’évènement familial de demain. J’avais complètement oublié ce baptême, à la dernière réunion familiale je me suis disputer avec une tante et les mots que nous avons échanger n’était pas très tendre, en gros tout le monde veut s’occuper de mon utérus et de ma situation matrimoniale, ce jour-là elle a reçu une réponse qu’elle n’oubliera jamais. Elle voulait même me gifler mais la petite sœur de papa s’est fermement interposée, à la réunion suivante j’ai dû présenter mes excuses devant tout le monde, tout en ajoutant que ma vie privée n’engage que moi et moi seule, oui j’aurais trente ans dans quelques mois, oui je suis célibataire et sans enfant et alors ? Je rejette fermement la pression que veut me mettre la société, je ferais les choses comme bon me semble et si quelqu’un n’est pas d’accord il pourra se mettre son avis où il veut.                                                            J’ai mis mon armoire dans un état lamentable tellement je l’ai fouillé pour trouver la tenue parfaite. Une robe bleue assez près du corps fera l’affaire, avec une paire d’escarpin grise et une pochette argentée mais sans paillettes, je n’aime pas les petits détails brillants, moi mon montra c’est la sobriété, pour une fois je vais porter une tenue assez féminine. Une fois que ceci est réglé je commande mon déjeuner dans un restaurant du quartier, une salade césar et une part de quiche Lorraine, je ne suis pas une grande gourmande, cela me suffira amplement. Je sors mes documents en attendant d’être livré, je commence à tout vérifier, cet audit me stress énormément, d’habitude le conseil envoyait une société avec qui j’avais mes marques et qui comprenait notre façon de travailler, désormais je vais devoir composer avec une nouvelle société, je tiens de source sûre qu’ils ne sont pas du tout commodes, cette fois ci les enjeux sont plus gros. J’ai un poste clé avec beaucoup de responsabilités, j’ai le gout de l’effort je ne veux pas être perçu comme la riche héritière qu’on a placé à ce poste pour faire jolie, je suis déterminée à inspirer le respect. Voilà quatre ans que je suis dans cette entreprise je suis passé d’un petit poste de charger des ressources humaines à celui de directrice générale en moins de 6 mois, je le dois à mon père j’en suis consciente et ce n’est pas facile à supporter. J’ai plusieurs fois subis des insultes et moqueries, pendant près d’un an j’étais persona non grata, systématiquement exclu de toutes les activités extra professionnelles, ce n’est que quand j’ai réussi mon premier audit avec brio que j’ai pu inspirer du respect, au fil du temps je ne suis pas devenue la plus aimée mais j’ai au moins réussi à inspirer le respect et la crainte pour certains, j’aspire à une grande carrière et rien ne se mettra sur ma route.

Mon repas à peine terminé papa m’appelle pour me dire que la panne de ma voiture a été réparée et que son chauffeur viendra me chercher pour que j’aille la récupérer. Je vais profiter pour aller me faire coiffer, j’appelle aussitôt l’institut où j’ai mes habitudes histoire de voir si elles ne sont pas trop occupées. En route vers le garage je repense à Grégory et à la soirée d’hier, je me suis beaucoup amusée et je suis sûre qu’il aurait fait un bon coup, quel gâchis ! Mr Ndong a déjà tout réglé, je peux récupérer ma voiture qui est garer sur le parking extérieur je cherche monsieur le mécanicien extrêmement sexy du regard mais je ne le vois pas, quel dommage, j’aurais encore voulu me rincer l’œil une dernière fois, c’est quand même un très bel homme. Je monte dans ma voiture direction le centre-ville, je trouverais bien le moyen d’avoir un amant sexy et fortuné.

 

Grégory Tchibinda

Quand le patron m’a dit qu’elle venait récupérer sa voiture j’ai été soulagé de voir que j’avais fini mes tâches du jour donc j’ai pu rentrer. Je me suis assez fait insulter pour la journée, je refuse de la recroiser donc je me change à toute vitesse et direction l’arrêt des taxis bus. Je mentirais si je disais que ses mots n’ont pas touché mon égo, je suis un gars du quartier, un bon vivant et parfois j’aimerais juste que ça suffise aux femmes. Il faut que je fasse un peu d’exercice pour me détendre, le sport c’est mon échappatoire quand je me sens mal, ça me permet de m’aérer l’esprit. Après multiples arrêts, je suis enfin rentré dans mon quartier, je descends directement à la maison tant je suis fatigué. Il est déjà 21h quand je me réveille de ce qui ne devais être à la base qu’une mini sieste, le jogging ce sera pour la prochaine fois. J’enfile un T-shirt et un short pour aller voir ce qui se passe dans le quartier. Le samedi soir le quartier est toujours en effervescence les jeunes filles se préparent à aller arpenter les rues des beaux quartiers, les gars rangent leurs lits et empilent les préservatifs sous les oreillers, les papas dépensent tout l’argent de leurs pensions mensuelles dans des bars avec des filles qui ont l’âges de leurs derniers enfants tandis que les mamans observent tout ce brou abra, quand elles se retrouveront demain matin elles feront le debrief autrement dit le kongossa matinal. Vu que je suis dehors je vais profiter à aller voir des amis qui habitent un peu plus bas. Je les trouve en plein ménage nocturne

-Les gars c’est comment le nettoyage de 22h là ?

-Man laisse on a invité un groupe de petites ngas à venir passer la soirée ici, il faut bien qu’on sorte le grand jeu d’ailleurs ne reste pas debout comme un roi, aide-nous

Dans la bonne humeur on met de l’ordre dans leur modeste maison, ce sont trois cousins qui vivent dans la maison qu’à léguer la mère de l’un des trois, ils sont débrouillards et travailleurs, à mon arrivée dans le quartier je me suis tout de suite lié d’amitié avec eux, loin de se plaindre de leur situation comme d’autres jeunes, ils se battent pour que demain soit meilleur, nous sommes totalement sur la même longueur d’onde.

Après avoir fini le ménage nous passons au dressage de la table, boisson amuse-bouche, gobelets jetables et mouchoirs, pendant que ces messieurs se préparent, je termine le réajustement du salon, il faut bien un petit coin piste de danse pour monter la température. A peine avons-nous terminés de tout mettre en ordre que cinq jolies demoiselles débarquent, les hôtes les installent, tandis que je me cale dans un coin avec une canette de bière, je crois que j’aurais dû aller me changer, tout le monde est assez bien habillé, deux autres voisins ont débarqué avec trois filles, la soirée s’annonce hot. Parfois je me sens un peu vieux pour tout ceci puis je me rappelle que je n’ai ni femme ni enfant à la maison, je suis un jeune célibataire de 32ans, je n’ai pas à me priver de ma part d’amusement. La soirée se déroule à merveille, les filles sont terre à terre, c’est agréable de passer la soirée en compagnie de filles simples, l’alcool coule à flot dans la bonne humeur. Une invitée me demande de lui montrer les toilettes, je l’accompagne dans le couloir et quand je veux retourner au salon elle me demande l’attendre, moins d’une minute plus tard elle ressort avec les lèvres plus brillantes qu’à son entré.

-Tu t’appelle Grégory non ?

-Oui et toi ?

-Moi c’est Ingrid

-Tu es très jolie Ingrid

-Et toi donc, moi et mes copines on a toutes craquées sur toi, tu es beau, simple, drôle et ton corps est canon

-Eh ben dis donc, tu n’es pas avare en compliment, merci

Nous retournons nous assoir sous le regard interrogateur des autres, je pense que j’ai une touche avec cette petite Ingrid, je ne vais clairement pas bouder mon plaisir. La soirée tourne au vinaigre et émane alors une atmosphère sensuelle quand une des filles proposent de jouer à action ou vérité. Les vêtements tombent en même temps que toutes les barrières, beaucoup de questions coquines, les actions plus loufoques les unes que les autres. Après avoir embrassé la moitié des filles et m’être fait ridiculiser, je tombe enfin sur une action avec Ingrid, je vais montrer à ces tocards comment on allume une fille.

Je l’attire par le bras vers moi, la fait assoir sur une de mes jambes puis pose délicatement mes lèvres sur les siennes sans chercher à aller plus loin

« Pardon oh, prenez une chambre »

« C’est le porno que vous voulez déjà tourner »

« Man on a compris, vous allez continuer après »

C’est sous les railleries que je desserre l’étreinte, elle a été plus que réceptive après tout juste un baiser je sais avec qui je vais rentrer, cette nuit sera très courte.

Il est 4h du matin quand le stock de boissons fini, certains proposent d’aller terminer la soirée dans un snack bar populaire qui se trouve pas loin de notre quartier quand d’autres comme moi veulent rentrer achever leur mission du jour.

Ingrid dit au revoir à ses copines et moi je profite à dire au gars que je rentre avec elle

-Man toi tu as toujours les meilleures proies c’est injuste, dit un voisin

On a tous éclater de rire, c’est cette ambiance bonne enfant que j’aime.  On fait la route avec les autres vu qu’ils ont décidés d’aller au carrefour trouver un snack pas cher où terminer la soirée, arrivé à mon entrée nous nous éclipsons. On entre dans ma très humble demeure, elle ne fait pas fi de la petitesse de l’endroit, elle vire sa robe, pour ne rester qu’en sous-vêtement, quel corps sublime, un peu potelé, avec des fesses proéminentes et une poitrine fournie comme il faut, on dirait que j’ai tiré le gros lot ce soir. Oui je suis satisfait par le fait de m’accoupler avec une belle femme, même si je n’accorde pas beaucoup d’importance à l’amour, je préfère ne pas m’attacher tout est une affaire de copulation. Parce que je préserve mes intérêts, mon petit argent c’est pour moi et ma famille, non pas pour satisfaire une quelconque femme, je ne promets pas la lune car je vise les étoiles. Sans plus attendre mes lèvres rencontre les siennes, mes mains se baladent sur son corps tout chaud, sa peau douce accueille chacune de mes caresses et nos battements de cœur se synchronisent. En un mouvement brusque mais maîtrisé je la prends dans mes bras et la pose sur le lit, ce sommier qui a été cassé dans le passé par des activités pas très scolaires sera encore mis à rude épreuve ce soir. Je tâte mes poches à la recherche de mon porte-monnaie, il est temps de sortir ces préservatifs et de passer à l’étape suivante. Bien qu’on pourrait imaginer que je change de conquête chaque jour, cela fait des mois que je n’ai pas exercer ce sport singulier. L’adrénaline monte, la tension est à son comble dans cette chambre un match d’envergure se prépare et l’adversaire semble prête.  

La belle et la bête