Partie 34 : la foire aux indices
Ecrit par labigsaphir
***SOUS D' AUTRES CIEUX***
- Cela fait une plombe que je cherche à t'avoir.
- Ne t'ai-je pas demandé de ne plus m'appeler ?
- Je sais que je ne devrais jamais chercher à te joindre mais ici, plus rien ne va.
- Ta réputation serait-elle surfaite ?
- Non, pourquoi ? Tu viens carrément de me manquer de respect. Devrai-je te rappeler que tous ceux qui s'y sont essayés avant toi, l'ont payé de leur vie ?
- Ne t'avise plus jamais de me menacer Louvega ! Tu sais qui je suis et de quoi, je suis capable !
- Tes états d'âmes, je n'en ai rien à secouer.
- Trêve de bavardage, pourquoi m'appelles-tu ?
- Les fédéraux sont après nous.
- Pardon ?
- Les fédéraux sont après nous, tu fais semblant ou quoi ?
- Louvega, calme-toi.
- Tu sais mieux que moi, qu'ils en ont après nous. Ils ont déjà compris que les société-écran sont fictives sont ici depuis jours voire semaines.
- Ils n'ont rien, juste des idées.
- J'ai été obligé de me débarrasser de ma femme et mon enfant.
- Pardon ?
- Ils sont en Amérique Latine à ce jour. Je t'appelle à partir d'un téléphone jetable, intracable.
- Voilà qui est bien.
- Ils ne tarderont pas à remonter, jusqu'à nous.
- Calme-toi, il n'y a rien de répréhensible dans ce que vous faites. Les enquêtes de terrain, puis l'accord de la petite et des autres responsables suffisent à vous couvrir.
- Nos noms figurent sur des documents officiels.
- Louvega, nous allons devoir mettre une pause à nos activités, le temps de voir la tempête passer.
- Je le pense aussi.
- Je vous suggérerai de vous mettre en mode veille.
- C'est noté et d'ici là, toutes les opérations sont interrompues et le contact rompu, sauf si je vous contacte.
- Ok.
- Louvega,
- Ce sont les femmes qui tremblent comme vous le faites, à croire que vous n'avez pas l'étoffe pour faire ce métier.
Il raccroche, ne laissant pas à l'autre la possibilité de s'expliquer.
LE LENDEMAIN
[ DICK ]
- Bonjour Carla.
- Dick, bonjour. Comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
- Ça peut aller, merci.
- Je vois que tu as meilleure mine.
- Oh, ça essaie d'aller même si je crains ressembler à un squelette dans quelques semaines.
- Tu devrais faire attention à ta santé, Carla.
- Oui, je sais mais comment y arriver alors que ma fille a de sérieux ennuis ?
- Je te comprends, ma chère. Je te comprends. Comment va le reste de la famille ?
- Bien, merci et la tienne ?
- Très très bien, merci.
- Gloire à Dieu.
- Après tout ceci, il faudrait vraiment que l'on organise une réunion de famille.
- C'est vrai, j'ai y ai aussi pensé.
- Comment va Jen ?
- Oh, elle essaie de tenir bon et surtout, garder le moral haut.
- Elle est très forte psychologiquement.
- Il faudrait qu'elle soit vraiment entourée, sinon elle pourrait perdre pied.
- C'est vrai surtout que nous avons tendance à oublier que malgré son intelligence et son dynamisme, elle n'est qu'une gamine.
- C'est vrai, Dick. Heureusement qu'Elric est là pour elle.
- Il est toujours là.
- Oui, oui.
- Mais pourquoi as-tu accepté qu'elle aille dans un autre hôtel.
- Ne t'en souviens-tu pas ?
- Me souvenir de quoi ?
- Humm, je croyais pourtant te l'avoir dit, soupire-t-elle en secouant la tête.
- Ton père a encore fait des siennes.
- Comment ça ?
- Il a dit à Vanaya que Jen est une enfant adoptée et elle, elle s'est chargée de le lui dire « avec tout le tact qu'on lui connait », ironise-t-elle.
- Oh non !
- Mais si !
- La pauvre, elle a du être blessée.
- Justement et c'est à cause de cela, qu'elle a pris ne autre chambre. Maintenant, ça va mieux, je sais que ce n'est que partie remise.
- Vous devrez avoir une discussion, elle voudra surement savoir qui sont ses parents biologiques.
- C'est certain.
- Es-tu prête pour cela ?
- A dire vrai, non. Je ne crois pas qu'un parent dans ma position, le soit un jour.
- De quoi as-tu peur, Carla ?
Je me lève, vais m'asseoir près d'elle et la prends dans mes bras ; elle se laisse faire et pose sa tête sur ma poitrine. Elle ferme les yeux pendant que je lui caresse les cheveux.
- Carla, tu devrais avoir foi en ton instinct.
- Huhumm.
- Tu lui as donné la base, inculquer certaines valeurs et fais ce que tout parent devrait faire.
- Huhumm.
- Tu sais, l'on ne peut contrôler le cœur d'un enfant. Les parents peuvent seulement guider les enfants, ne pas les embrigader et empêcher de faire leurs erreurs, car ce n'est que de cette façon qu'ils apprendront.
- C'est clair.
- Jusqu'à maintenant, c'est toi qui as écrit l'histoire de Jen. Il est temps de lui donner la plume, lui faire confiance et prier pour qu'elle fasse les bons choix.
- ...
- Carla, oui, Dick.
- Tu seras toujours un personnage essentiel, un personnage clé de son histoire ainsi que son père et ses frères.
- Et Vanaya ?
- Cela lui passer, j'en suis certain.
- Elle est sous la coupe de papa et ne voit que ce qu'il veut bien lui montrer.
- Il fera surement des erreurs et son bon sens reprendra le dessus.
- Tu crois ?
- Si elle a eu la même éducation que Jen, cela devra se faire et se fera.
- Huhum.
- Et concernant l'affaire ?
- Nous penchons tous vers Jen mais selon son avocat et avec tous les nouveaux éléments apportés par Jamice,
- Jamice ? M'exclamai-je, étonné par le fait qu'il puisse donner un coup de main à Carla.
- Eh oui, Jamice veut aider.
- Cela tombe aussi sous le sens, fais-je en repensant à la discussion que nous avons eue.
- Oui, Jamice veut aider. Il se pourrait que nous nous soyons trompés à son sujet.
- C'est possible. Nous avons eu une discussion.
- Laquelle ? Demande-t-elle intéressée.
- En effet,...
Lorsque j'ai terminé, l'essence de la vie trace des sillons sur ses joues ; je la sens trembler dans mes bras.
- Tout doux, sœurette.
- J'ai l'impression que jusqu'ici, nous l'avons toujours abandonné.
- Moi aussi, j'avoue que cela me chagrine.
- C'est notre frère tout...
- Non ! Ne dis rien, n'y pense pas, je t'en prie.
- Pourquoi ?
- C'est différent, tout simplement différent.
- Hummm.
Je me détache d'elle, rentre à ma place et me mets à cogiter, perplexe et surpris par la tournure prise par cette histoire.
- As-tu de ces nouvelles ?
- Tout semble converger vers elle, tout.
- En es-tu certaine ?
- Oui, oui. Les société-écrans et surtout, grimace-t-elle, la mort de Phoebe McDowell.
- N'était-ce pas la secrétaire particulière de papa ?
- Si, si.
- Sa mort, tu as dit ?
- Oui, elle a été retrouvée morte dans sa voiture et dans un parking à deux kilomètres de son domicile.
- Que lui est-il arrivé ?
- Elle est partie de son domicile, a fait une halte au parc, afin d'y rencontrer une personne et a semble-t-il, été tuée.
- Seigneur ! L'on se croirait dans une série policière.
- L'on a perquisitionné chez elle et tout porte à croire qu'elle aurait un lien avec elle.
- Celle-là ? Celle à qui je pense ?
- Oui !
- Mais pourquoi aurait-elle fait ça ? Quelles sont ses réelles motivations ?
- Nous faire payer tout simplement. Nous faire payer ce qui ne lui a pas été donné.
- Nous n'avons pourtant rien fait. Nous ne sommes pas responsables des décisions qui avaient été prises.
- C'est vrai.
- J'ai l'impression que cette histoire ne fait que commencer.
- Où se trouve-t-elle en ce moment, nous ne le savons pas.
- Laisse la police faire son travail, Carla. Il faudrait garder la foi, elle refera surement surface.
- Comme quoi, le tueur revient toujours sur le lieu du crime.
- Eh oui !
TOC...TOC...TOC...
- Attendrais-tu une personne ? Lui demandai-je en me tournant vers la porte.
- Non, non.
- Alors qui cela pourrait bien être ?
- Je ne sais pas.
- Attends, je vais ouvrir.
Je me lève et vais ouvrir, stupéfait par son courage. Ce n'est certes pas la première fois que je le vois mais sa tête à lui, je ne l'aime pas ; une vraie tête à claques. Nous nous observons durant quelques secondes.
- Bonjour jeune homme, fais-je avant de lui tendre la main.
- Bonjour monsieur Stern, répond-il en me serrant la pince.
- Dick, je préfère Dick. Stern, me vieillirait énormément.
- Va donc pour Dick.
- Vous, vous devez être Allan.
- Exactement, monsieur ... Pardon, Dick. Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Demande-t-il en s'immobilisant durant quelques secondes.
- Je ne crois pas, sinon je m'en souviendrais.
- J'en suis pourtant certain, insiste-t-il en posant sa main sur son front l'air de réfléchir.
- Vous savez que je suis une personne à l'allure commune.
- C'est surement pour cela, désolé.
- Mais non, entrez mon petit.
- Merci.
Il rentre dans la pièce, va saluer Carla avant d'enlever son manteau et rentrer s'asseoir non-loin d'elle. Je sais qu'il tourne autour de ma nièce mais les échos de ces derniers jours, ne sont pas bons, le concernant. Certaines personnes sont vraiment comme des cafards, l'on a beau les exterminer, ils reviennent toujours, de vrais empêcheurs de tourner en rond.
Je me mets volontairement en retrait et les observe, jusqu'à ce que je reçoive un coup de fil. Je prétends aller prendre l'appel dans une autre pièce et écoute avec attention tout ce qui m'ait rapporté.
- Alors, que se passe-t-il ? S'enquiert Carla, dès mon retour.
- Il se pourrait que ton fils, je parle de celui-là, ait une double face, balançai-je.
- Pardon ? Demande-t-il en blêmissant ; c'est donc vrai.
- Que faites-vous à Stern ? Quelles sont vos relations avec Stern Entreprise ?
- Je suis consultant et travaille depuis toujours avec eux.
- Est-ce tout ? Insistai-je en prenant place face à lui.
- Oui, répond-il sans sourciller.
- N'avez-vous jamais comploté contre Jen ?
- Non, jamais !
- En êtes-vous certain ?
- Oui, Dick et avec tout le respect que je vous dois...
- Laissons les tournures de phrases et allons droit au but.
- Dick, que se passe-t-il ? Demande Carla, perdue.
- Allan s'est associé à papa afin de faire tomber Jen.
- Quoi ? S'exclame Carla en se levant.
- N'est-ce pas, Allan ? Continuai-je, inflexible.
- ...
- Allan, dis quelque chose, crie Carla ; il baisse les yeux et se frotte les mains, son silence est un aveu.
PAF ! PAF !
- Comment as-tu pu ?
- Carla, ça suffit !
Je me lève et l'éloigne d'Allan qui se tient les joues. Je n'avais pas prévu cette réaction et surtout qu'il puisse avouer sans se battre.
- Oui, c'est vrai, Carla.
- Comment as-tu pu ? Je croyais pourtant que tu avais des sentiments pour...
TOC...TOC...TOC...
- Qui est-ce encore ? S'énerve Carla en se dirigeant vers la porte.
Quelques secondes plus tard, Jen et le dénommé Elric, font leur entrée. Ils s'arrêtent au seuil durant quelques secondes, nous observe tous avant de rentrer dans la pièce. Carla ferme la porte à double-tour, après eux.
- Que se passe-t-il, ici ? Demande d'emblée Jen, en donnant sa veste à l'autre qui va l'accrocher sur le portant ainsi que la sienne.
- En venant vers toi, commence Allan, c'était à dessein ?
- Comment ça, à dessein ? Fait Jen, perplexe.
- Ton grand-père m'avait demandé de te séduire et t'épouser, afin de s'assurer que tes 22, 5% restent dans la famille Stern.
- Quoi ? S'exclame-t-elle en posant les mains sur la bouche. Et toi, tu as accepté !
- Seulement, poursuit-il les yeux fixés sur ses chaussures, je n'avais prévu tomber amoureux de toi.
Elric se rapproche imperceptiblement de Jen et prend sa main ; toujours aussi vif. Allan fait tout un laïus et lorsqu'il a terminé, Jen lui assène deux claques avant d'aller se réfugier dans les bras de son chéri.
- Papa, ne changera donc jamais ? Demande Carla en tremblant.
- Certaines personnes ne se bonifient pas avec le temps, comme le vin.
- Que lui ai-je fait pour qu'il me déteste autant ?
- Rien, nous le savons tous les deux. Et s'il te plait, Carla,
- Oui,
- Calme-toi, sœurette !
- Non, je vais franchement lui poser la question !
D'un pas décidé, elle va dans la chambre et revient, tenant sa veste.