Partie 39 : de lourds soupcons

Ecrit par labigsaphir

- Mais où étiez-vous encore ? Demande maman en tournant la tête vers nous.

- Nous avons fait un saut au Centre commercial, fais-je en posant les plastiques devant eux.

- Pas sur la table, jeune fille, plutôt dans le coin cuisine, s'énerve maman.

- Oulaaaaaaaaa excuse-moi, dis-je en lui faisant un clin d'œil.

- Qu'a-t-elle pris aujourd'hui ? Demande-t-elle à Elric.

- Elle est d'humeur taquine depuis le matin.

- Ah bon ? Que t'arrive-t-il ? Continue-t-elle.

- Maman, tu sais, même quand la vie est parfois difficile, il est important de toujours trouver le moyen de sourire et ire des difficultés.

- Rester positif, termine Dick.

- Tu as tout compris, tonton. Les dernières semaines ont été les plus difficiles de ma vue. Le procès va bientôt s'ouvrir et quel qu'en soit l'issue, je préfère rester positive.

- Bravoooooo Jen, tu es la digne fille de ta mère.

- Qu'avez-vous pris pour nous ?

- Rhooo maman, attends que je fasse la cuisine.

Elle se lève et vient nous retrouver dans le coin cuisine, elle ouvre grand les yeux au fur et à mesure que je sors les aliments du plastique.

- Mais tout ça, qu'est-ce ?

- La banane-plantain et là, ce qu'Amicie et Odessa appellent généralement, djancent.

- C'est dur, fait-elle remarquer. Que vas-tu en faire ?

- Laisser tremper dans l'eau durant quelques minutes, puis mixer et en mettre un tout petit peu dans la sauce.

- Pendant ce temps, je ferais cuire puis frire le poulet.

- Je vais faire des frites de plantains.

- C'est bien chérie, et veille à ce qu'ils n'absorbent pas l'huile.

- Oulaaaaaaaaaa j'avais oublié que tu étais là, je sens que ça va mal finir.

Maman et Dick, éclatent de rire alors qu'Elric et moi, nous regardons ; il serait mieux de ne pas essayer de comprendre. Nous passons de bons moments jusqu'à ce que mon téléphone se mette à vibrer. Je pose le couteau, mets les écouteurs avant de remettre le téléphone à l'oreille.

- Bonjour Rustine,

- Bonjour Jen. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Ça peut aller, merci.

- Imany et Inaya, allez jouer ailleurs, s'il vous plait...Non, non allez rester près de mami.

- Où etes-vous, Rustine ?

- En Afrique du sud.

- Ah bon ? Mais que faites-vous là-bas ?

- Nous sommes venus jouer les touristes et...Lorenzo, non ! ...je suis vraiment désolée, si je crie.

- Non, non, je comprends.

- Ils sont surexcités depuis la visite du jardin botanique.

- Lequel ?

- Il est superbe, je t'assure. Si tu as aimé le parc de Wazza, tu aimeras aussi celui-là.

- Ah ouiiiii. Dès que j'ai le temps, je vais y faire un tour. Malheureusement,

- Malheureusement quoi, Jen ?

- La situation actuelle...

- Oublie la situation actuelle et positive, me coupe-t-elle.

- Je ne connais personne là-bas, tu sais.

- Ma famille paternelle y vit ainsi que certains de mes frères, tu ne seras pas seule.

- Oulalalala, merci Rustine.

- Il n'y a pas de quoi. Il fallait voir leur yeux briller devant les fleurs rares, carnivores et autres.

- Pourrais-tu répéter la dernière phrase, s'il te plait.

- Il y avait des plantes rares pour ne citer que celles-là.

- Ah bon ?

- Oui, oui.

- Chérie, s'impatiente Elric à côté.

- Oh ! Excuse-moi fais-je en me tournant vers lui.

- Est-ce Allan ? Dis-lui bonjour de ma part.

- Non, ce n'est pas lui, Rustine.

- Qui est-ce ?

- Celui dont je t'avais parlé, répondis-je en regardant le concerné.

- Celui censé juste être ton ami ?

- Eh ouiiiiii.

- Je le savais. Les jeunes d'aujourd'hui, je le savais. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, tu es amoureuse de lui.

- Ha ha ha ha ah oui, c'est vrai. En parlant de petits commérages entre femmes,

- Je t'écoute.

- Attends, je préfère m'éloigner de certaines oreilles, dis-je à l'attention de maman.

- C'est de mes oreilles que tu voudrais t'éloigner ? Les filles sont toujours ingrates, la preuve, elles se marient et oublient le nom de leur père.

- Ha ha ha ha maman, arrête de raconter des bêtises, ne pus-je m'empêcher de dire.

- Qui est-ce, ta mère ?

- Oui, Rustine, c'est ma mère.

- Passe-la-moi, s'il te plait.

- Ok, Maman, tiens, c'est Rustine, la dame qui m'a accueillie au Cameroun.

Elles échangent à peine une minute, se promettant de se rappeler dès le lendemain. Je récupère le combiné et sors de la chambre, descends au rez-de-chaussée et m'assieds sur une chaise, dans le restaurant.

- Alors, Rustine, es-tu toujours là ?

- Oui, ma chérie. J'ai entendu pour...

- Nous en parlerons tout-à-l'heure, je te le promets.

- Mais,

- J'aimerais que tu me parles des de ce jardin botanique.

- Des fleurs assez rares. Le promoteur est un globe-trotteur, un passionné et un collectionneur.

- J'ai hâte de visiter, découvrir ce jardin.

- Il serait facile pour toi d'y accéder surtout que tu connais le propriétaire de ce jardin.

- Ah bon ?

- Mais oui, ma chérie.

- Qui est-ce ?

- Dick Stern, Dick Stern, ton oncle.

- Quoi ?

- Oui et sa femme, Ludmilla est gérante dudit jardin.

- Oh !

- Qu'y a-t-il ?

- Rien de rien. Pourquoi ?

- Je ne sais pas mais je te sens différente.

- Laisse-tomber, je ne sais pas si je vais m'en sortir, dis-je en avisant mon oncle descendant les escaliers et se dirigeant vers moi, d'un pas décidé.

- Je ne comprends rien à ce que tu racontes, se plaint Rustine.

- Avec toutes les charges contre moi, je ne sais plus où donner de la tête, fais-je en éclatant en sanglots.

- Jen, tu vas bien ?

- Non du tout ; les larmes coulent le long de mon visage.

- Ca van Jen ? Demande oncle Dick en tirant un siège et s'asseyant à la même table que moi.

- Rustine, je te rappelle. D'accord ?...merci de m'avoir écoutée mais je suis si fatiguée...si fatiguée...lasse de tout.

- Ça ira, je te rappelle plus tard.

- Ok.

Je raccroche, Dick me prend dans ses bras, pense à la scène avec Vanaya et pleure de plus belle. Lorsque la source de larmes a tari, je me détache de lui et au lieu de monter, fais signe à Elric qui descend de suite. Dick prend congés de nous en promettant de revenir le lendemain. Nous remontons les escaliers quatre à quatre, Il veut s'exprimer mais je garde la bouche fermée. Le fumet dégagée par la soupe caresse mes narines à notre entrée dans l'appartement, maman est en train de manger avec appétit. Nous la charrions durant quelques minutes avant de rejoindre la salle de bain. J'ouvre le robinet, choisis un morceau de Bikutsi, mets le volume à fond puis tire Elric vers moi et me mets à murmurer à son oreille. Il m'écoute sans en placer une et lorsque  j'ai terminé, il me prend dans ses bras et murmure.

- Jusqu'au procès, nous devons veiller sur nous et nous serrer les coudes.

- Je suis d'accord.

LE LENDEMAIN MATIN...

[ CARLAI ]

- Oui, Fergusson.

- Allo, Carlai.

- Tu as eu une idée de génie...j'ai comparé la date d'entrée dans le territoire et Bingo !

- Noooooon, ce n'est pas possible.

- Si si si si et ce n'est pas tout.

- Je t'écoute, Fergusson.

- J'ai juste suivi le fil comme les petits cailloux blancs.

- Je me suis concentré sur la troisième fleur et ce que j'ai trouvé est énorme.

- Oh !

- Alors....

- Mon dieu ! M'exclamai-je de suite ?

- Quoi ?

- Ils sont surement en danger, ils le sont, Fergusson.

- Tout doux, cela fait plus de 20 ans que je suis flic.

- Et ?

- J'ai mis deux de mes hommes sur le coup, ils sont assez discrets.

- Ah, ok.

- J'ai fait appel à des ingénieurs, les meilleurs, ils sont en train de passer tout au peigne-fin. D'ici deux jours, si tout va bien, nous devrions avoir de nouvelles informations.

- Ce sera trop tard puis que le procès sera ouvert, dans deux jours.

- Nous ne pouvons malheureusement faire autrement. Et le jeune homme ?

- Toujours dans le coma, malheureusement.

- Je suis certain qu'il a vu ses agresseurs.

- Moi aussi.


Jeneya CROFT, l'Impé...