Partie 5

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Moussavou Marc-André

Je rentre à la maison après une journée épuisante, j’ai rencontré nos nouveaux investisseurs, pendant le dîner on a pu mettre en place les dernières directives pour les prochains mois, je leur ai exposé toutes les dernières innovations et les projets sur lesquels j’ai bossé, ils ont adoré, encore une victoire pour moi. Je mets un point d’honneur à travailler dur, la vie n’a pas été tendre pour nous et je me dois de tout faire pour réussir sinon les sacrifices de Gisèle n’auront servi à rien. La maison est encore une fois vide, tout ceci commence à bien faire demain j’irai chercher Nina chez ses parents et elle rentrera de gré ou de force, la dernière fois quand je suis passée là-bas je n’ai trouvé que sa mère et j’ai beaucoup discuté avec elle, c’est une dame pleine de sagesse contrairement à sa fille. Il est temps que mademoiselle cesse les caprices, c’était mignons quand nous étions à l’université mais là ça me saoule au plus haut point. Je prends ma douche et je me mets au lit tout sans tarder.

Ce matin je me suis réveillé du pieds gauche, je me sens énervé comme ça sans aucune raison, après une douche bien froide je me dirige au Bybloss café, je suis en avance donc j’ai le temps de prendre un bon petit déjeuner complet. Quand j’aperçois mademoiselle, son jolie sourire éclaire ma journée, elle s’est vite habituée au rythme du restaurant et d’ailleurs Raoul m’a remercié de lui avoir recommandé une aussi bonne personne, je suis fier un peu comme un grand frère à qui on vante les mérites de sa sœur. Je mange une omelette, des viennoiseries, une salade de fruit, le tout accompagné d’un bon café noir bien corsé, je crois que cette journée se passera bien finalement. En partant je lui fais un clin d’œil comme à chaque fois, je l’apprécie bien cette petite, c’est une vraie débrouillarde, sa détermination me fascine et son côté innocent la rend si belle. C’est plus détendu que j’arrive au boulot, je vais pouvoir potasser mes dossiers la tête reposée.

 

Koumba Marimar

Chaque fois qu’il vient au café je me sens particulière, j’ai des papillons dans le ventre mais je ne me fais pas d’illusion, pour lui je suis comme une petite sœur, une fille dont il a eu pitié, je reste à ma place et je me contente de son amitié, je n’ai pas envie de perdre un ami, déjà que je n’en ai pas beaucoup. Je me reconcentre sur mes tâches, c’est assez rapide ici, il faut être au taquet pas le temps de rêver, je m’habitue bien à l’équipe, avec Carla ma consœur de comptoir on s’entend vraiment bien, pendant notre pause on parle beaucoup, j’apprécie sa manière de penser, c’est en étant malignes et intelligentes que nous irons loin.  

La journée a été fatigante, mais c’est enfin la fin de semaine, je travaille un week-end sur deux, donc je vais pouvoir me reposer. J’ai réussi à me trouver une camarade de marche, une des filles avec qui je travaille prend la même direction que moi, on se sépare à mi-chemin quand je dois changer de Taxis bus, mais je me sens déjà plus en sécurité de faire la moitié du trajet avec quelqu’un. Elle est très bavarde donc je l’écoute parler, elle a toujours pleins d’histoire marrante à raconter. J’ai l’impression de faire partir d’une fratrie, pas comme d’autres femmes avec qui j’ai bossé. Arrivée au quartier il y a du monde partout, c’est vendredi soir et tout le monde cherche à s’amuser, quand je pousse la tôle accrocher à un système de poulie qui nous sert de portillon, j’aperçois Cynthia ma seule amie, madame avait déserter sa chambre depuis plusieurs jours, je cours vers elle

-Madame la zappeuse

-Désolé de pas avoir donné signe de vie ma belle, dit-elle en m’étreignant  

-Mais t’étais où ? Regarde comment tu brilles

-Mari, j’ai rencontré un homme, celui que j’ai tant attendu

-Raconte moi

- Demain je viens te chercher on ira à la plage, je vais tout te raconter mais là je dois y aller, monsieur m’attend

- Tu me laisses encor ici

- Ma puce, bientôt on sortira de ce taudis. Je t’appelle demain

Heureuse de l’avoir vu mais un peu triste qu’elle s’en aille déjà, Cynthia et moi c’est 6ans d’amitié, on a tout partagé dans cette foutue cour, quand je n’avais rien à manger je savais que je pouvais compter sur elle, quand le chagrin montait, elle me calmait, elle est la grande sœur que je n’ai jamais eue, au village j’ai eu quelques amies mais rien d’aussi sincère. 

Je prends ma douche et me couche aussi tôt, la fatigue de la semaine me met KO. Je suis réveillée par un appel, croyant que c’est Cynthia je cours vers la prise où charge mon téléphone mais la surprise est grande quand je vois le nom qui s’affiche, c’est avec un grand sourire que je décroche, il m’a proposé de m’inviter ce soir dans une soirée karaoké, bien évidement j’ai accepté, il est hors de question que je passe ma soirée ici toute seule. Quand je raccroche, je fais ma petite danse du bonheur, je n’ai pas envie de m’imaginer des choses mais je suis contente de passer la soirée avec lui, en tout bien tout honneur bien sûr. Quand je regarde l’heure je me rends compte qu’il est déjà 11h, j’étais vraiment fatiguée, cette nuit de sommeil m’a fait du bien. Je fais le ménage dans ma petite chambre, je vais faire la lessive demain, donc je vais pouvoir me préparer pour aller rejoindre Cynthia, elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle passera à 13h.  

J’ai enfilé une robe légère et une paire de sandale que j’ai eu gratuitement chez un vendeur qui m’aime bien, j’attache mes mèches dans un chignon, pile au moment où je pulvérisais un peu de mon eau de toilette sur moi, madame a fait apparition.

-Oh pourquoi tu ne m’as pas attendu en route, tu t’es fatigué à venir jusqu’ici

-C’était pour t’apporter une tenue, mon chéri et moi on va te présenter quelqu’un, il faut que tu sois au top du top. Prends enfile ça

- Cynthia, j’ai déjà rencontré quelqu’un

- Est-ce que ce quelqu’un peut t’offrir la vie de luxe, Dubaï lundi, Paris vendredi ? C’est pour toi que je fais ça, je ne serais heureuse que lorsque nous deux on sera sortie de ce trou à rat 

-Financièrement je sais pas, mais c’est quelqu’un de bien

-Ma belle je comprends, je te présente seulement un gars, ce n’est pas le mariage, t’es pas obligé d’aller plus loin ; et puis madame c’est qui qui fait battre ton cœur comme ça ?

- Il s’appelle Marc-André et il est génial

-Tu vas tout me raconter en détail, bon enfile ça et on y va

J’enfile la tenue qu’elle m’a apportée, un maillot de bain deux pièce jaune, combi short blanc, un chapeau de paille et un jolie par-dessus noir en dentelle, une magnifique paire de sandale, des lunettes de soleil. Je ressemble aux jeunes filles des quartiers chics, comment une simple tenue peut donner l’impression que je suis une autre femme. Tout est si beau, je ne sais comment remercier Cynthia, elle me dit que c’est normal, mais elle ne me doit rien, elle fait tellement pour moi. Nous arrivons au carrefour, nous montons dans une voiture assez impressionnante, elle me présente à son nouveau copain, différent de tous les hommes qu’on a côtoyés jusque-là, il semble avoir la quarantaine, il est beau et bien habillé, je comprends pourquoi elle à craquer et en plus il semble riche. Cynthia et moi avons toujours fait passés les sentiments avant les biens matériels, je sais que si elle est avec lui c’est qu’elle ressent quelque chose pour lui, elle n’est pas matérialiste, ni calculatrice, elle est vrai et c’est notre plus gros point commun.

Nous arrivons à la sablière, un coin huppé de Libreville, sur place nous retrouvons un autre homme, le fameux ami à qui je dois m’intéresser, il à l’air plus âgé que le copain de Cynthia, mais il est bien conservé, on s’assoit dans un restaurant en bord de mer. Nous buvons, discutons, rigolons, l’ambiance est vraiment conviviale, avant de manger Cy me propose d’aller me baigner, je sais qu’elle veut qu’on aille discuter. Nous allons nous mettre en maillot, puis on se jette à l’eau.

-Madame il te plaît le monsieur ?

-Il a l’air gentil, mais je ne sais pas encore, je le trouve un peu vieux

-Si tu ne le sens pas, ne te force pas. D’ailleurs parle-moi du Marc-André là

Je lui raconte donc comment nous nous connut, de ce que je ressens et de l’invitation.

-Attend le frère de Gisèle carrément, j’espère qu’il n’est pas fou comme elle hein, je l’ai déjà aperçu mais on ne s’est jamais parlé, tu es sûr qu’il est libre ?

-Je ne sais pas mais il est adorable avec moi, ça m’étonnerait qu’il ait quelqu’un

-Ne soit pas naïve Mari, les hommes sont des sorciers il peuvent gérer 15 nanas sans se fatigué, donc fait attention

-D’accord, tu m’aideras à m’apprêter pour ce soir ?

-Bien sûr, tu vas ressembler à une star

-Tu ne m’as pas raconté comment tu as connu ce monsieur hein

Après avoir fini de papoter nous avons retrouver les messieurs pour manger, on a continué à bavarder et vers 16h nous avons pris congés d’eux, j’ai donné mon numéro à l’ami mais j’ai décliné son invitation, il voulait qu’on continue la journée tout les deux, j’ai prétextée un problème à régler à la maison, le copain de Cy nous a donc déposé au quartier. Marc-André m’a envoyé un message, il passera me prendre à 19h, je suis si impatiente. 

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