Partie 6 : Attirance mutuelle
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Moussavou Marc-André
C’est bredouille que je rentre
de chez les parents de Nina, son père m’a fait tout un discours sur le rôle de
patriarche d’une famille et sur l’importance du mariage, quant à mademoiselle
elle a rejoint sa meilleure amie en Afrique du Sud et tout ça sans rien me
dire, je ne sais pas pourquoi elle agit comme ça. J’ai déjà compris qu’elle
veut se marier mais là ça va trop loin, ne pas me donner le moindre signe de
vie, quitter le pays sans rien dire, j’en ai vraiment marre. Je vais rentrer
chez moi passé un samedi en solitaire, je suis vraiment énervé. En rentrant je
m’arrête prendre des brochettes de viande avec du bon riz rouge et quelques
bières. Je suis posé devant la télé quand je reçois un appel de mon meilleur
ami
-Ouais man on dit quoi ?
- On est là man, ça te dit une
petite virée ce soir ?
-Je ne sais pas man, Nina à
carrément quitter le pays sans rien me dire
- Zappe man, on fait la fête
ce soir, on commence par le nouveau coin bar karaoké là pour se mettre en
forme, après on attaque le dehors
-Top, on se pécho à 20h alors
Je ne suis pas trop d’humeur à
faire la fête mais je sens que Tim à besoin de décompresser, d’habitude je suis
celui qui ficelle les programmes, lui il est plutôt soirée jeu vidéo à la
maison avec de l’alcool et des trucs à grignoter, si il veut sortir se bourrer
la gueule c’est sûrement pour oublier pendant un instant les problèmes de la
vie et c’est peut-être ce qu’il me faut. Je ne sais pas pourquoi il me vient à
l’idée de mêler Marimar à ce programme, j’ai envie de la voir se dégourdir un
peu et puis peut-être qu’entre elle et Tim ça peut coller. Je l’appel et elle
est assez enthousiaste, je ne la voyais pas comme une grande fêtarde. Je vais
faire une petite sieste en attendant, j’ai déjà envoyé un message à Marimar
pour prévenir que je vais passer à 19h, en bonne gabonaise elle sera sûrement
prête à 19h45
Koumba Marimar
J’ai pris ma douche et
maintenant Cy me maquille, elle à des doigts de fée elle aurait pu être une
grande maquilleuse si elle n’avait pas dû mettre sa passion de côté pour
survivre. Je suis totalement différente, elle m’a fait un chignon bien haut, je
porte des créoles aux oreilles, je me trouve tellement belle. Elle a réussi à
me dégoter un joli chemisier dans son armoire, il est magnifique, bleu bic et
un tout petit peu transparent, je vais le mettre avec un pantalon flair et une
paire baskets pour ne pas trop en faire, vu que c’est seulement un bar. Je me
trouve tellement belle, si peu de maquillage a réussi à me donner un visage
différent. Quelques minutes plus tard quelqu’un frappe à la porte et c’est lui,
tellement beau dans cette tenue décontractée, je fais les présentations vite
fait puis nous retournons au carrefour où il a garé, Cynthia va passer la nuit
chez elle, donc on se verra demain. Nous remontons silencieusement la ruelle mal
éclairée qui nous mènera en bordure de route, une fois installer dans la
voiture il me regarde et me lance un ‘’ Tu es magnifique’’, mon cœur va fondre,
l’effet voulu est atteint je suis contente. Au bout de quelques minutes nous
arrivons au fameux bar karaoké, ça ressemble à tout sauf un bar lambda, c’est
assez luxueux, je ne fréquente pas ce genre d’endroit habituellement. Une fois
à l’intérieur il me présente à son ami Timothée, je suis dépitée, je pensais que
nous allions passer la soirée seulement tous les deux. J’essaie de faire bonne
figure, mais la situation m’ennuie un peu, comment vais-je pouvoir sortir
toutes les armes de séduction que m’a enseigné Cynthia si nous sommes à trois.
La soirée se poursuit tant bien que mal, nous buvons, et écoutons de la bonne
musique, je m’attendais à pouvoir chanter, mais ce n’est pas le jour du karaoké
étrange pour un bar dont c’est le concept. Timothée est assez drôle, franchement
il a réussi à me détendre, nous passons une belle soirée.
-Bon les gars c’est l’heure
d’attaquer le dehors, dit Tim
-Gars on continue par
où ? Dit Marc
-Commençons par le Bombafro, j’ai
une table qui m’attend là-bas, en plus il y a grand Styve et H sur place, Dis
Tim
« Ça te va ? »
me demande Marc
-Oh c’est une soirée entre
hommes, je n’ai pas trop envie de m’incruster, je pense que j’ai déjà assez
fait la fête. Et les boîtes de nuit ce n’est pas mon truc
-Ok je te raccompagne alors,
man devance moi, je te rejoins plus tard
Nous nous mettons en route
pour la maison, nous discutons de tout et de rien, il est si intéressant, je
bois ses paroles comme évangiles, je n’en reviens pas de le désirer autant, où
est passé la Marimar prude et réservée ? Devant la station il gare et
insiste pour me raccompagner, je voudrais tellement pouvoir lui tenir la main,
je n’aurais pas dû lire autant de roman d’amour dans mon adolescence.
Une fois devant la porte,
après m’avoir souhaité bonne nuit, quand il s’est penché pour me faire la bise,
je n’ai pas pu m’empêcher de l’embrasser, baiser auquel il a vivement répondu,
ses mains le long de mon corps se sont baladées, nos cœurs battent en symbiose,
le plus beau de tous les baisers de ma vie, j’en ai le souffle coupé. Je rentre
vite dans ma chambre avant que je sois tentée de donner plus de ma personne, je
ne sais pas ce qu’un homme comme lui voudrait d’une fille comme moi. Une fois
sur mon lit je repense à ce baiser, à la flamme que ça a éveillée en moi, c’est
les étoiles pleins les yeux que je m’endors.
Moussavou Marc-André
Il m’a fallu quelques secondes
pour me remettre de ce baiser, j’en aurais voulu plus, elle a réussi à me faire
perdre pied avec un vulgaire bisou, cette femme a un potentiel qu’elle ne
semble pas bien maîtriser, viens s’ajouter à son charme et sa beauté, ce petit
sex-appeal insoupçonnable. En sortant de la cour commune je croise une bande de
petit gangster qui se croit malin
-Monsieur donnez tout ce que
vous avez
-Quel sens ? Je suis le
frangin de Gisèle
-Comment ça ? La grande
Gi n’a pas de frère
-Même père, même mère
-Grand laisse ça, donne tes
matos quand même
-Je fia sur toi hein, petit
take les deux kolos là, tu buy ton tabac avec et tu vouga
Après avoir pris les deux
miles que je lui ai tendu, lui et ses petits camarades sont partis, je suis
retourné à ma voiture. Me revoir parler comme ça me trouble, je mets tellement
d’effort à oublier cette ancienne vie de prolétariat et là en une seconde j’ai
parlé comme un gars des akébés que je suis, essayer de devenir quelqu’un d’autre
est tellement difficile. J’ai fait les bons choix, bonnes études, un bon
travail, une copine de la haute société, mais pourquoi je me sens toujours si pauvre
de l’intérieur ?
Je pense vite à autre chose,
ce n’est ni le lieu, ni le moment de penser à cela, j’ai des pas de danses à
montrer, j’efface tout ceci de ma tête et je rejoins Tim et les autres en boîte
de nuit, tous m’accueilles en héro
-Mani, Tim nous a dit que tu as
une nouvelle mini nga ? Dis H
-Man laisse ça, je voulais
présenter la go à Tim il a fait le timide
-Bro ne me prend pas pour
sovog (société de ramassage des ordures), la nga te regardais comme le dernier
morceau de viande dans la marmite et tu voulais que j’attaque ça ? Quelle
idée !
Nous sommes partis dans un
rire collectif, j’ai voulu refouler mon attirance pour Marimar et je me suis
convaincu que la présenter à Tim serait une bonne idée, mais après ce baiser
échanger, il est hors de question que je la présente à qui que ce soit, elle
est à moi.
Koumba Marimar
Ce matin en sortant de la
douche, je suis surprise de voir Gisèle devant ma porte, qu’est-ce qu’elle me
veut encore ?
-Oh criquet, les enfants du
quartier m’ont dit que mon frère était ici hier, donc quand tu joues la pucelle
ici là alors que tu connais le bangala hein
-Il est seulement venu me
raccompagner
-Sache que où tu mets le pied
il y a danger, sa go est folle. Toi-même là-bas hein
C’était trop beau pour être
vrai, un aussi bel homme ne pouvait pas être célibataire, mais en plus il n’a
jamais prétendu l’être, je me suis jetée sur lui comme une désespérée. Je m’habille
vite et je vais dans la chambre de Cynthia pour tout lui raconter, j’ai besoin
des mots d’une grande sœur.
-Tu veux que je te dise de
laisser tomber, que tu trouveras mieux ? Mais je ne vais pas te le dire, il
a les yeux qui brillent quand il te regarde et toi de même. S’il y a moyen que
tu fasses enlèvement fait le, tous les jeunes cadre dynamique de ce pays sont
occupés, aujourd’hui c’est qui part à la chasse perd sa place
-Mais Cy, ce ne sont pas nos
valeurs. Nous avons toujours prôné notre différence dans cette cour et là tu m’envois
gaspiller de foyer d’autrui
-Mari qu’on soit bien d’accord
tu es une adulte, donc tu dois t’assurer de faire ce que tu veux et non ce que
quelqu’un te dit de faire. L’homme que je t’ai hier présenté comme mon copain à
17ans de plus que moi, ce n’était pas forcément ce que je voulais pour mon
avenir, mais c’est ce que la vie m’a donné. Nous ne sommes pas parfaites et détrompe
toi, ce n’est pas parce qu’on ne se prostitues pas que nous sommes mieux que
ces filles-là.
-Ce n’ai pas pour te vexer que
j’ai dit ça Cynthia
-Je suis née et j’ai grandi
dans les bas fond de Libreville, il en faut plus pour me vexer. Bon prend l’assiette on va manger
Après avoir partagé son repas,
je retourne dans ma chambre pour faire mon repassage et accessoirement penser à
ma vie. Je n’ai jamais eu ce pour quoi j’ai prié, j’ai demandé à la vie de
laisser ma mère vivre, j’ai demandé à la vie de me donner le bac, j’ai demandé
à la vie ce travail génial, j’ai demandé à la vie que mon patron pervers ne
passe pas à l’acte, j’ai demandé à la vie de changer mon histoire et c’est le
contraire de tout cela qui s’est produit. Pourquoi je suis surprise que lorsque
je demande à la vie de me donner un homme bon, elle n’en fasse qu’à sa tête. Marc-André,
c’est lui que je veux.