Penda

Ecrit par Rre Byzza

Découvrir une personne pour la première fois, poser son regard sur elle et sentir au fond de soi que vous êtes faites pour elle, cela n'arrive qu'une fois dans toute la vie. Ma soeur Astou et moi n'avions point de secrets l'une pour l'autre. Elle était l'aînée de la famille, je suivais puis notre jeune frère Birahim. Papa a toujours voulu que ses enfants soient exemplaires, en ces temps où le mot éducation avait disparu de la sphère parentale, lui il ne badinait pas avec. Maman, en femme du sud ne voulait jamais dire autre chose que ce que Papa disait, je n’avais donc que ma soeur pour complice et c'était réciproque. 

Astou n'aimait pas les mondanités de la vie, mais moi, la flamme de la vie était vivace en moi. J'aimais sortir, aller m'éclater entre copines, faire des folies et tout ce que la vie offre de doux aux enfants "inconscients" de ce siècle. Et pour éviter les rondes surprises de papa, Astou et moi mettions toujours de nouveaux plans pour me permettre de m'envoler hors du nid familial qui répulsait à tout mon être par sa monotonie. Les seuls moments de joie pour moi dans la maison, c'était ces moments de transes quand nous mettions en place un plan infaillible pour me permettre d'aller batifoler au moins jusqu'à certaines heures décentes. 

Ma vie n'était point accomplie en famille. Mes vrais désirs, je les cachais sous le paraître qui devait contenter et papa et maman. Qui plus est, ma mère, cette femme ancré dans des traditions tentaculaires et astreignantes,  comment pouvait-elle nous mener faire chaque mois des visites chez la sage femme du coin, histoire de voir si cette chère hymen était encore à sa place chez toutes es deux! 

Sous ce climat, je n'aurais jamais osé amener un garçon dans la maison, impensable ! Pourtant Astou l'a osé et a presque été félicitée! Comment? Par quelle magie? 

Je sais seulement que la première fois que je l'ai entendu parler à un garçon, ce fut justement Mactar, j'ai tellement rigolé. Ses yeux affolés, regardant Maman et la porte, qui d'elle ou de l'entrée inopinée de Papa allait mettre fin à sa si plaisante love line. Des journées à se cacher pour répondre, et moi la suivant, la chahutant, rigolant à tout bord, ma soeur était amoureuse! Que c'était drôle. Et je m'imaginais son homme, tout droit sorti d'une mauvaise BD, un peu timbré, oui ça devait être le genre de ma soeur. Il se voyaient, j'en étais presque certaine, elle ne me disait plus rien, elle avait peur que je la fasse chanter! Et je mourrais de curiosité de voir son "soviet", sobriquet que je lui avais trouvé. Les étincelles dans les yeux de ma soeur, je les ai comprises ce jour là, le jour où il est venu pour la première fois chez nous.

La sonnerie de la porte, Astou qui s'est précipitée comme d'habitude, c'est elle "la réceptionniste". Quand elle rentra de nouveau dans le hall, toute tremblante, les yeux fuyants, j'ai imaginé le pire, un avis de décès d'un parent proche, mais tout s'expliquait par l'entrée de Mactar derrière elle, ce jeune homme qui marchait d'un pas calfeutré, les yeux baissés, essayant de cacher sa timidité plus qu'apparente. 

J'ai tout de suite su que c'était lui mon homme, il n'en existe qu'un dans tout l'univers pour chaque personne sur terre, cet homme ne pouvait que m'appartenir, à moi, à moi seule, à personne d'autre. Je le fixais, absente de ce qui se passait autour de moi, il n'existait plus que lui et moi dans l'univers entier. Cette émotion que j'ai ressenti ce jour là, elle est transcendantale, elle a sublimé tout mon être !!!

J'en ai même ignoré la main qu'il me tendait, tant mon regard était collé à lui, je n'attendais qu'un signe de l'univers, qu'il m'appela par mon nom et me dise qu'il est venu pour moi. 

- Penda !!! Réponds à la main qui t'est tendue!

La voix de mon père, c'est qui me réveilla de ma torpeur. Astou le présenta dans un concert de bégaiement. 

- Pa- -pa, Ma .... je ...vous heu, je vous ...présente Mactar, c'est un ami.

- Enchanté, asseyez vous mon garçon. 

- Merci Père avait-il lâché la voix basse. Chose incroyable, mon père le mit à l'aise en ouvrant une discussion sur tout et rien sauf sur les vrais questions qu'on lui aurait imaginé, les questions indiscrètes. Il me demanda même d'aller lui chercher un verre d'eau, puis vinrent divers commissionnements, comme pour m'éloigner du salon, commissions que je faisait en temps record pour revenir toujours m'incruster. 

Il est revenu deux ou trois fois et c'est ainsi que j'ai entendu parler de mariage entre ma soeur et lui! J'ai détesté Astou! Comment pouvait-elle me voler ma moitié d'âme, l'homme qui avait été créé uniquement pour me rendre heureuse moi? Comment pouvait-elle faire fi de mon immense amour pour Mactar et me cloîtrer définitivement dans une vie sans amour pour l'éternité? Dès lors, elle était devenue ma rivale. Je faisais tout pour plaire à Mactar, je m'occupais de tous ses besoins quand il venait à la maison, je me faisais belle, sexy, rien que pour qu'il voie, qu'il sache tout l'amour que j'avais pour lui. Parfois, je profitais même de ce que ma soeur sortit pour quelques instants pour entrer dans la chambre, vite, me déshabiller et changer d'habit, histoire qu'il voit les délicatesses de mon corps, mais en éternel timide, il ne levait jamais les yeux du sol pour remarquer quoi que ce soit.

Et les deux années de mariage q'ils ont vécu ont été les plus durs de ma vie, je pleurais chaque nuit en pensant que ma soeur passait la nuit avec mon homme. Il me le fallait, il me le fallait à tout prix, et aujourd'hui, j'étais venu pour lui offrir ce corps qui depuis les cieux, sous ses moindres formes, a été destiné à lui seul, lui offrir en offrande cette virginité que j'ai gardé bien malgré moi par peur de représailles familiales. Et qu'est ce qu'il fait ce con? Il ose! Il ose me repousser. 

Non mon cher Mactar, on ne dit jamais non à une femme, apprends et souffres ! 
Le viol