Période fatidique
Ecrit par Farida IB
Annick ANJO…
Je me lève difficilement de la moquette où j’ai dormi hier soir et me dirige vers la salle de bain en traînant les pas. Mon reflet dans le miroir me rappelle toutes les bouteilles de Vodka que j’ai descendue hier. C’est comme ça que je noie mon amertume chaque soir en rentrant chez moi, c’est vraiment injuste ce qui m’est arrivé (soupir). Et dire qu’Emmanuel a refusé de m’accorder ne serait-ce qu’une once de bénéfice de doute puisqu’il dit avoir été convaincu de ma conversion, pfff si ça ce n’est de la malchance !! Je finis par prendre ma douche et me ménage un peu pour faire un café bien corsé que je prends accoudée à la balustrade.
Le soleil s’est déjà levé sur Cotonou et dans une heure maximum, je vais devoir me rendre au magasin malgré mon envie de faire une grasse matinée. Tantôt, des nuages gris et noir s’accumulent dans le ciel. On entend un premier grognement de tonnerre puis, quelques instants après, des éclairs fusent vers le sud-est. Je panique et cours me réfugier dans le grand canapé du salon en posant ma tasse de café à moitié vide sur la table basse, en un laps de temps un nouveau coup de tonnerre suivit de d’autres éclairs toujours dans la même direction et d’un seul coup le soleil recouvrit le ciel comme si rien ne venait de se produire. Je fronce les sourcils, mais qu’est-ce que c’est encore ? N’ayant pas de réponse, je vide juste ma tasse d’un trait et regagne la chambre pour m’apprêter. Je choisis une longue robe en Fantex que j’enfile et opte pour des paires plates. Je me maquille sobrement en prenant soin de camoufler les poches sous mes yeux. Deux heures plus tard, je m’évertue à garder mon calme devant une cliente indécise lorsque mon téléphone sonne. Je m’excuse auprès de cette dernière et vais vérifier l’appel, c’est Cholah donc je le laisse sonner. Celle-là je ne veux même plus la voir en peinture, elle attire trop la poisse.
La dame (lorsque je reviens) : vous ne décrochez pas ?
Moi mentant : ça peut attendre, je risque d’y passer la journée.
La dame : je vois.
Elle choisit de nouvelles mèches et demande leur prix, je lui réponds patiemment malgré que je bouillonne intérieurement. Elle continue son manège jusqu’à ce que je craque.
Moi (ton tendu) : madame, ça y est, vous avez pu vous décider ?
La dame trop relaxe : toujours pas.
Elle sort une mèche brésilienne lisse avec closure du lot.
La dame : en fait, je voudrais prendre celle-ci, mais j’aurais préféré qu’elle soit en boucle.
Mahou !!
Dringgg Drinnggggg !!
C’est mon téléphone qui sonne à nouveau, je prends une grande inspiration en sentant la colère montée.
Moi (à la dame) : si vous voulez un tissage curly (me dirigeant vers un angle de la boutique) il y en a plein de ce côté.
La dame : non en fait, laisse tomber, je pense que j’irai chercher à Tokpa (marché).
Sérieux ?
Moi bourrue : ok agréable journée à vous.
La dame souriant : ne le prenez pas mal ma sœur, en réalité, je cherchais juste le moyen de me de vous. (j’arque un sourcil.) Le cirque de toute à l’heure, c’était pour me rassurer de votre aptitude à accueillir la bonne nouvelle que je viens vous annoncer.
Moi sceptique : bonne nouvelle ?
La dame : une très bonne nouvelle, pouvez-vous m’accorder quelques instants s’il vous plaît ?
Moi agacée : vous m’avez assez pris du temps comme ça madame en plus vous n’avez rien acheté alors que vous êtes ma toute première cliente.
La dame sourire colgate : je comprends, mais laissez-moi d’abord me présenter, je suis sœur Christine Agbonfon et je viens d’Allada (ville). C’est pour vous délivrer ce message que je suis venue d’aussi loin ce matin. L’éternel me charge de vous dire qu’il vous aime sœur, il est encore temps de revenir à lui sœur. Il a dit dans sa sainte parole que toute personne qui vient à lui ne sera point déçue. Il est l’Éternel ton Dieu, qui t’enseigne ce qui est bon, qui te conduis dans le chemin où tu dois marcher. Il faut savoir une chose ma fille, le sang de Jésus a coulé, Jésus a versé son sang sur la croix. Il est mort pour vous alors que ni vous ni personne ne le méritait, ensuite, il est revenu d’entre les morts et a offert le pardon et le salut à tous les être humains qui se tournent vers lui. Viens à lui qui est source de vie.
Je bloque d’abord silencieuse et la regarde comme si elle venait d’une autre planète.
Dringgg Drinngggg.
Moi : euhhh je dois répondre.
La dame : prenez tout votre temps, ne vous inquiétez pas pour moi.
Je cherche le téléphone un peu perdue par tout ce que viens de raconter la dame, elle doit avoir un boulon qui saute parce que je ne pense pas que son Eternel puisse encore faire quelque chose dans ma vie. Aucun doute que j’irai tout droit en enfer sans protocole. Je parviens à retrouver ce fichu téléphone, mais cette fois, c’est Asanda qui appellent, elles doivent être ensemble ces deux-là. Quelque chose me dit que c’est pour me raconter des bêtises vu qu’elles insistent autant.
Moi décrochant : mais qu’est-ce que vous avez à faire sonner mon téléphone comme ça ?
Asanda (sanglots dans la voix) : Annick vient vite ohhh, papa D est mort.
Moi : quoi ???
Le téléphone glisse de ma main et tombe, c’est toute tremblante que j’éjecte la dame du magasin avant de le fermer pour me retrouver ensuite sur un zem sans prendre la peine de discuter le prix. Lorsqu’il gare plus tard devant la somptueuse résidence de papa D, je lui tends un billet de cinq mille sans prendre mon reliquat et fonce dans l’habitacle qui refusait déjà du monde. Je trouve les sœurs de Cholah sur la terrasse arborant toutes des mines graves, je reconnais quelques membres de la famille et presque tout le voisinage. Pleurs, soupires étouffés, cri de désarroi, désolation, tout le spectacle dans la cour me ramenait bien à l’évidence. Les lamentations de Cholah me parviennent depuis le couloir menant aux pièces, je la retrouve dans sa chambre avec Asanda qui pleure en silence.
Moi (la voix tremblante) : les filles dites-moi que ce n’est pas vrai, Asa, il est où ? Il dort, n’est-ce pas ?
Asanda reniflant : il est mort Annick, atrocement en plus.
Cholah (en larmes) : c’est le courroux du ciel, la foudre a pris mon père. Que vais-je devenir ohhh ? Je veux mourir, ohhh yoooooo je veux le suivre. Laissez-moi partir avec lui, je ne suis rien sans lui.
Je suis tellement surprise que je ne peux décrire en ce moment ce que je ressens, c’est Asanda qui prend la parole pour m’expliquer ce qui lui est arrivé.
Asanda : on ne sait pas ce qui s’est passé, les voisins disent qu’il s’est réveillé la nuit en hurlant comme un loup-garou puis ce matin Cholah est rentrée le retrouvé inconscient sur son lit. Ensuite, il fut foudroyé par les éclairs du tonnerre qui a grondé ce matin.
Moi la fixant étonnée : comment ça foudroyé ?
Cholah (gesticulant dans tous les sens) : foudroyé, tronçonné, déchiqueté, fragmenter, dissocier, diviser en deux comme un tronc d’arbre puis concassé comme un poivre.
Asanda (indexant la chambre de papa D) : il est là-bas, tu verras par toi-même. Personne n’ose le toucher, en fait il n’y a plus rien à toucher.
Moi perdue : vous parlez de quoi même hein ?
La curiosité me pousse à partir voir de mes propres yeux, mais la peur me cloue sur place, je m’effondre sur le sol et accompagne les filles dans les pleurs. Les sapeurs-pompiers viennent finalement chercher ce qui reste du corps et nous prenons trois jours pour organiser les obsèques.
Ce vendredi soir, c’était la veillée funèbre. Jusque-là, personne n’est arrivé à comprendre ce qui s’est passé. Cholah est méconnaissable, incontrôlable et insaisissable, nous sommes toutes anihilées et en même temps inquiètes pour l’avenir. Est-ce le sort qui s’acharne sur nous ? Les rumeurs circulent déjà sur une mort rituel et cela décuple notre peur. La veillée s'est tout de même bien passée malgré la médisance des uns et des autres. Nous sommes en ce moment dans un taxi pour nous rendre au cimetière de PK 14 où il sera enterré, comme vous pouvez vous en douter, nous avons dû brûler quelques étapes. Durant le trajet, je caresse doucement le dos de Cholah qui a la tête posée sur mon épaule pendant qu’elle pleure en silence. Un moment, elle soupire longuement et se couche sur mes cuisses, elle finit par s’endormir jusqu’à ce que nous arrivions sur place où j’entreprends de la réveiller sans succès.
Moi (commençant à m’inquiéter) : Cholah, réveille-toi nous sommes arrivées.
Aucune réaction.
Moi paniquée : Cholah ? Cholah ? Ah Ah ?
Asanda (se tournant vers moi) : qu’est-ce qu’il y a ?
Moi : Cholah ne se réveille pas.
Asanda plissant les yeux : elle ne se réveille pas comment ?
Moi (la bousculant) : regarde elle est raide, on dirait que… Ah chauffeur pardon ramène nous à l’hôpital le plus proche.
Aussitôt, nous arrivons qu’on nous confirme qu’elle a rendu l’âme.
*
*
Nihad ANOUAM.
Je regarde ma mère qui communique avec son assistante au téléphone une lueur triste dans le regard. Le conseil pour la cession de l’entreprise est prévu pour demain et elle tient à y assister. Elle ignore encore que je suis le fameux acheteur, j’ai prévu lui faire la surprise et comme elle est maintenant solide comme un rock, je pense qu’elle va pouvoir supporter l’effet. J’ai conclu l’affaire avec son type en utilisant le nom de mon défunt grand père, sans le patronyme Mikala bien sûr et bien entendu, il ne pouvait pas s’en rendre compte surtout qu’il n’a pas eu le bon sens de demander une rencontre. Pour le moment, je me fais représenter par Loïc à qui j’ai dû faire recours pour me représenter physiquement.
Elle finit de parler et fonce dans sa chambre, j’attends quelques minutes avant de la suivre pour la retrouver assise sur son lit le regard dans le vide. Je m’approche doucement d’elle et prends place à ses côtés.
Moi : maman ça va ?
Elle soupire profondément.
Maman : ce jour est si vite arrivé.
Moi : tout ira bien t’inquiète.
Elle me fixe un moment et soupire avant d’ajouter autre chose.
Maman (la voix tremblante) : ma chérie plus rien ne sera comme avant, j’ai tout perdu. Cet imbécile m’a tout pris, non-content de vendre mon entreprise, il me prend tout mon argent et m’abandonne lâchement devant les ambulanciers. Si seulement je t’avais écouté, si seulement je n’avais pas laissé la passion m’enorgueillir. (coulant des larmes) J’ai trimé toute ma vie pour pérenniser cette entreprise, toute une vie de travail acharné qui part en fumée.
Moi (frottant doucement son bras) : n’y penses plus, nous allons trouver une solution. J’ai de quoi nous remettre sur pied.
Maman : je te dis qu’il n’y a plus rien à faire, nous avons tout perdu par ma faute.
Moi posément : arrête de te torturer plus l’esprit, tout le monde commet des erreurs. L’essentiel, c’est de retenir la leçon pour ne plus recommencer. (soupir) Fais-moi confiance un nouveau millénaire s’annonce pour nous demain.
Je la prends dans mes bras et la berce encore un moment, lorsqu’elle se calme, je lui fais prendre ses comprimés avant qu’elle n’aille se coucher. Je prends un bain et m’enferme ensuite dans le bureau m’assurer que son type sera bien présent demain avant d'apprêter tout ce dont j'ai besoin pour le coincer. Le matin arrive vite et pendant que je me prépare ma mère débarque dans ma chambre pour m’informer de son départ.
Maman plissant le front : tu sors ?
Moi : tu ne pensais pas tout de même que j’allais te laisser assister à ce conseil toute seule ?
Maman soupirant la tête baissée : merci d’être là pour moi malgré tout ce que je t’ai fait. Je te demande sincèrement pardon pour tout le tort que je t’ai fait.
Moi (la prenant dans mes bras) : rhooo maman, c’est plutôt à moi de m’excuser de t’avoir lâché.
Je lui fais un gros câlin et plein de bisous sur le front.
Maman riant aux éclats : Milenzi arrête maintenant, je n’ai pas envie d’avoir ton rouge à lèvres partout sur le visage.
Moi riant en prenant mes affaires : on y va, j’espère que tu ne nous referas pas une crise là-bas.
Maman : ohh t’inquiète, mon cœur est solide.
Moi : il le faut bien.
Nous quittons la maison sur cette note, pendant tout le trajet vers l’entreprise elle reste détendue jusqu’à ce que nous arrivions devant le building abritant les bureaux de l’entreprise. Je retrouve Loïc dans le hall d’attente pendant que ma mère se dirige vers son bureau pour régler les derniers détails avec son assistante. À 9 h 00, cette dernière lance le top de la réunion en présence de tous les membres du conseil ou leur représentant, c’est pendant la présentation que la porte s’ouvre sur l’homme le plus sadique de la planète terre. J’avais fini par penser qu’il n’allait plus venir.
Jean-Marc : je vois que vous avez commencé la réunion sans le PDG.
Il s’avance d’une fière allure, mais fut ralenti dans son élan par ma mère qui se rapproche dangereusement de lui.
Maman ton rageur : espèce de salaud, qu’est-ce que tu fais ici ?
Jean-Marc (sourire jaune) : tu n’es pas morte toi ? Bon bref, je viens en plein droit assister à ce conseil comme vous tous ici présent, après tout, je suis encore le PDG.
Akieeeee, enfin bref !
Maman commençant à s’échauffer : tu oses encore clamer ton statut de PDG après avoir traîné cette entreprise dans la boue. Tu n’es qu’un vicelard, sale hypocrite sort d’ici !!
Jean-Marc : hooo arrête de froisser mon beau costume (se dégageant de son emprise) Figure-toi que je ne suis pas là pour le plaisir de voir ton vieux visage, mais pour respecter ma parole donnée au nouveau propriétaire. Enfin, je me devais tenir mes obligations jusqu’au bout parce qu’un jour, tu as eu la brillante idée de me nommer PDG de cette entreprise. Enfin tout ce qui reste de cette entreprise !
Maman criant : sors d’ici, sombre idiot. Tu ne paies rien pour attendre, je vais te massacrer et te tuer de mes propres mains !!
Moi exaspérée : maman calme-toi, ça ne sert à rien de te chauffer pour cet homme. Nous avons un timing à respecter, de toute façon d’ici quelques minutes (le toisant au passage) tout ça n’aura plus d’importance.
Jean-Marc : tu ferais mieux d’écouter ta fille (articulant) vieille peau.
Ils se jaugent du regard un moment avant de prendre place chacun de son côté. L’assistante reprend la parole et décline l’ordre du jour ainsi que les objectifs escomptés avant de rentrer dans le vif du sujet.
Liliane concluant : ainsi, j’ai le regret de vous annoncer que la direction de Mikala textile change de mains à compter de ce jour. Je vais donc laisser Mme Mikala vous présenter le nouveau dirigeant propriétaire de l’entreprise.
Jean-Marc brusque : elle va le présenter qu’elle le connaît d’où ?
Liliane qui répond : il nous a envoyé son représentant.
Jean-Marc (ouvrant grand les yeux) : comment est-ce possible ? Il n’a jamais été question de représentant, j’ai personnellement conclu cette affaire avec M. Roger Nguema et il m’a certifié ici sa présence ce matin.
Ma mère arque un sourcil et le fixe un moment avant qu’ils ne parlent tous les deux en même temps.
Jean-Marc poursuivant : c’est qui ce représentant ?
Maman : quel Roger Nguema ?
M. Aworet (notre opérateur textile) : est-ce à dire que M. Nnang ignore l'identité de la personne à qui il a vendu l’entreprise ?
Jean-Marc : et bien en quelque sorte…
Toute la salle s’exclame.
Il veut parler, mais ma mère le stoppe d’un geste de la main avant de se tourner vers Loïc. Je sors mon téléphone pour envoyer un message à Gabrielle.
Maman : M Kassa dites-nous qui vous envoie.
Loïc (s’éclaircissant la voix) : il, pardon elle est ici parmi nous.
Tout le monde écarquille les yeux en sillonnant la salle. J'attends que le calme revienne avant de parler.
Moi : c'est moi.
Maman l’air perdu : toi ? Comment est-ce possible ?
Moi fixant son type : J'ai racheté l’entreprise avec le nom de mon grand-père.
Maman précisant : décédé depuis l’époque mathusalem.
Jean-Marc fronçant les sourcils : tu plaisantes, j’espère.
Moi : ohh non que je suis sérieuse, voici tous les documents confirmant l'achat. (Loïc lui donne les documents.) N’est-ce pas votre signature qu'on voit là ? Hein M.Jean-Marc ? Ou devrais-je dire M. Frederick Bertin Massala Nkebo?
Le type écarquille les yeux.
Maman : c’est qui cette personne ?
Moi au type : tu lui dis où je lui dis ?
Jean-Marc : euhhh euhhh
Je sors toute la documentation lui concernant que je tends à ma mère. Elle lit quelques lignes avant de parler.
Maman soupire dépitée : plus rien ne m'étonne de toute façon.
Moi claquant la langue : et tu n’es pas au bout de ta stupéfaction (me tournant vers lui) j’espère que vous vous êtes assuré que tous les fonds de cette entreprise que vous avez détourné vers l’extérieur ainsi que les fonds propres de ma mère arrivent à bon port parce que mon petit doigt me dit qu’il n’en est rien.
Jean-Marc l’air outré : pardon ? Je n’ai détourné aucun fond, j’ai juste fait des investissements qui n’ont pas rapporté !!
Moi (sortant un autre lot de documents) : lol ce n’est pas ce que dit ces papiers, c'est écrit noir sur blanc que vous avez plusieurs fois débitez le compte de l’entreprise pour créditer plusieurs comptes à l’étranger.
Jean-Marc me défiant du regard : ce qui sous-entend que vous avez usez de moyens frauduleux pour me piéger donc c'est à vous d'en assumer les responsabilités. (rire sarcastique) Vous vous croyiez intelligente n'est-ce pas ? Je suis désolé de vous annoncer que vous serez prise à votre propre piège.
Moi sourire espiègle : malheureusement pour vous, le code pénal de notre cher pays appelle cela une tentative de crime, qui de surcroît a été mise en exécution. Une chose certaine est que vous avez tenté de dépouiller autant cette entreprise que les biens personnels de ma mère, j’ai toutes les preuves pour le certifier.
Jean-Marc me toisant : vous allez encore nous sortir vos lois à la con ?
Moi : bien sûr et avec plaisir parce que j’ai dû faire de longues nuits sans sommeil pour les maîtriser afin de ne pas me faire duper par des charognards comme vous.
Maman (secouant la tête dépassée) : je t’ai fait confiance, je t’ai tout donné. Il fallait que tu m’anéantisses jusqu’à ce point, dis-moi, dis-moi pourquoi toute cette méchanceté gratuite ?
Jean-Marc cynique : tu voulais l’amour non ? Eh beuh je t’en ai offert sur un plateau, et si je ne me trompe, tu en assez profité. Sauf que dans la vie tout a un prix et moi, je ne pouvais pas me contenter des miettes…
Il s’arrête de parler en voyant Gabrielle rentrer avec deux agents.
L’un des agents : bonjour, nous avons un mandat d’arrêt contre un certain Frederick Bertin Massala Nkebo.
Maman l’indexant : c'est lui monsieur l’agent.
L’agent : monsieur, vous êtes en état d’arrestation.
Il fut menotté et sortie de la salle, la salle part en ébullition un moment avant que j’annonce la suspension et le report du conseil. Je descends au même moment que les autres pour raccompagner Loïc à sa voiture, pendant que Gabrielle monte avec ma mère dans son bureau. En fait ils l’ont libéré en attendant que le juge se prononce sur la date de son jugement.
Moi (pendant qu’on sort de l’immeuble) : merci pour tout Loïc, ton aide m'a été très précieuse.
Loïc me souriant : au plaisir, je suis là si tu as besoin de moi pour autre chose.
Moi répondant à son sourire : compte sur moi.
Il me fait la bise au niveau de sa voiture avant de prendre place au volant.
Loïc : tu me dois toujours un rendez-vous.
Moi : demain soir, ça te dit ?
Loïc : ok, je t’appelle plus tard pour qu’on décide de l’endroit.
Moi : ok top !
J’attends qu’il démarre avant de me retourner pour tomber sur Dylan.
Moi (la main sur le cœur) : bon sang Dylan, tu m’as fait peur.
Dylan : c'est donc lui le fameux type pour qui tu refuses de me donner une nouvelle chance ?
Moi le dépassant : Dylan pense à vivre ta vie de temps à autre et laisse-moi faire la mienne.
Je retourne dans le bureau de ma mère sans lui prêter plus d'attention. Je la trouve en train de commenter la réunion avec Gabrielle.
Moi (m’affalant sur le fauteuil) : enfin, le cauchemar est terminé.
Gabrielle : ça, tu l’as dit !
Maman : tu me dois des explications Milenzi, explique-moi comment tu as réussi à faire tout ça étant hors de l’entreprise. Je m’étais rendu compte de rien et le gestionnaire non plus, je pense même licencier celui-là, il ne me sert visiblement à rien.
Moi souriant en fixant Gabrielle : demande à la gangsta devant toi, c’est elle qui a tout manigancé.
Gabrielle boudant : rhooo arrête de m’appeler comme ça.
Moi : lol est-ce que c’est faux ?
Elle tchipe.
Maman : je suis fière de vous les filles, mais toi Gabrielle, j’ai deux mots à te dire.
Gabrielle baissant la tête : je sens que je vais passer devant le juge avant le jour-j.
Moi riant : ça, c’est sûr (sérieuse) tu as du nouveau par rapport à ça ?
Gabrielle : nop, je ne veux même pas y penser.
Moi : hmmm en tout cas ! (revenant sur le sujet de l’entreprise) Maman, je pense que tu peux reprendre les rennes de l’entreprise dès maintenant si tant que tu le veuilles. Enfin le temps de remettre tous les papiers en ordre.
Maman soupirant : que je le veuille !! (oui de la tête) Bon, ça va faire déjà 20 ans et j’ai bien envie de m’offrir un break.
Moi perplexe : comment ça ?
Maman : en d’autres termes, je veux prendre ma retraite, je sais que tu feras une meilleure dirigeante que moi. Tu viens de faire tes preuves.
Moi stupéfaite : tu es sérieuse ?
Maman : plus que sérieuse.
Gabrielle (souriant en tapant dans ses mains) : yes, ma copine est maintenant la big boss !! Moi avec qui ohhh ?
Moi : toi avec moi parce que tu seras mon adjointe, enfin dès que tu sors de la prison.
Elle s’arrête de gesticuler et renfrogne la mine.
Moi haussant l’épaule : bah quoi ? De toute évidence, tu iras en taule donc il faut faire les plans en incluant cette possibilité.
Gabrielle faisant la moue : tu n’es pas non plus obligée de me rappeler cela toutes les secondes.
Moi : lol
On se charrie un moment avant de décider de rentrer. Pendant qu’on avance sur le parking, je vois Dylan adossé à ma voiture et soupire d’agacement.
Gabrielle : ce n’est pas le Dydy ?
Moi roulant des yeux : il était là avant que je ne remonte toute à l’heure, je le croyais parti. (soupire frustrée.) Mais qu’est-ce qu’il me veut à la fin ?
Maman : tu le sauras aussitôt que tu lui parleras, Gabrielle amène-moi à Nombakélé, j’ai envie de manger un plat sénégalais. Nous en profiterons pour avoir notre conversation.
Moi : je suis partante.
Maman : il n’est pas question que tu nous suives, je veux parler à Gabrielle seule à seule.
Moi roulant des yeux : tu le fais exprès n’est-ce pas ?
Maman (faisant son innocente) : je ne vois pas de quoi tu parles.
Moi : pffff.
Gabrielle rit pendant qu’elles traversent la ruelle pour regagner sa voiture. La femme qu’on appelle Geneviève, j’ai pris le temps de lui raconter toute mon histoire avec Dylan, mais ça ne lui fait ni chaud ni froid. Elle conspire avec le type qui se pointe à la maison comme il en a envie, il est même devenu mon ombre tchuiippp !!! Et ça, c’est pour faire chauffer mes tympans avec les mêmes bêtises.
Moi : Rassondji dégage, j’ai besoin de rentrer dans ma voiture.
Dylan : je veux que tu m’accordes un instant s’il te plaît, je veux te parler.
Moi : tu veux encore dire quoi que je n’aie jamais entendu ?
Il sort un petit sac de son dos.
Dylan (me tendant le sac) : je venais t’apporter ceci, c’est juste un petit truc pour t’aider à relaxer après cette journée fatidique.
Je le regarde perplexe.
Dylan : c’est juste un cadeau Nihad.
Moi (me saisissant du sac) : euhh ok merci.
Dylan : pas de quoi.
Flottement.
Moi : autre chose ?
Dylan bougeant : oui enfin non…
Moi (le coupant net) : ok au revoir.
Je démarre sans tarder en faisant abstraction de sa mine abattue.