PREMIÈRES COMPLICATIONS

Ecrit par princesse tia

_Tu reviens encore de chez ce jeune homme n'est-ce pas ? Véro pourquoi tu me fais ça? Pourquoi tu ne veux pas m'écouter ? 

Véronique dépassa sa grand mère en coup de vent et rentra dans la chambre à coucher, exaspérée. C'était la nième dispute qu'elles avaient à propos de Joseph. 

Cela faisait maintenant presque un an que Véronique et Joseph se fréquentaient assidûment. Lorsqu'elle n'était pas à l'atelier, elle était chez lui faisant le ménage, la cuisine ou faisant l'amour avec lui. Elle était devenue la maîtresse attitrée de son logis. Joseph la rendait heureuse, son amour l'avait guéri de toutes ses blessures, cette douleur qu'elle ressentait d'avoir abandonné ses études malgré elle. Il lui avait promit de faire d'elle sa femme aussitôt qu'elle aurait fini sa formation de couturière. Ils avaient beaucoup de projets tous les deux et le fait qu'il n'ait que très peu de moyens pour subvenir à ses besoins ne la dérangeait aucunement, elle avait confiance en l'avenir. Il la rendait heureuse et c'était tout ce qui comptait. La petite Véro triste et solitaire d'antan n'était plus qu'un lointain souvenir, à sa place, une nouvelle Véronique joyeuse et épanouie. 

Le seul point noir de ce conte de fée était la grand mère de la jeune fille. La vieille dame avait prit le jeune infirmier en aversion dès l'instant où il avait mit pieds dans leur maison. Elle n'arrivait pas à expliquer à sa petite fille bien aimée la cause de cette aversion mais elle l'avait supplié plusieurs fois de s'éloigner du jeune homme. Elle était persuadée qu'il la ferait souffrir, cependant l'amour la rendant sourde, Véronique n'obtempéra jamais. 

_Pourquoi tu ne veux pas m'écouter Véro ? Cet homme te fera souffrir. Laisses le tomber mon enfant. Un homme viendra t'epouser, un vrai homme, grondait la vieille Joséphine en suivant sa fille dans la chambre où elle était assise sur une natte.

_Mais enfin Dada (c'est ainsi qu'elle appelait sa grand mère) tu ne vas donc pas arrêter ? Il me rend heureuse tu ne le vois pas ? Rétorqua Véro d'une voix douce essayant d'amadouer la vieille. Dada il m'aime je t'assure, il ne me fera pas de mal. Prends juste le temps de le connaître je t'en supplie. 

_Ah mon enfant, je suis une vieille femme et crois moi j'en sais beaucoup plus que toi sur la vie. Cet homme n'est pas un homme bien. Mais comme tu refuses de m'écouter d'accord, un jour tu me donneras raison.

C'est sur ces paroles qu'elle retourna à ses casseroles à la cuisine grondant toujours toute seule. 

Deux semaines après cette dispute Véronique tomba malade. Elle se levait les matins avec de violentes nausées, elle était faible et n'arrivait à rien manger sans vomir aussitôt. Sa grand mère croyant au premier abord à une crise de paludisme, lui prépara des tisanes qui ne firent aucun effet. 

_Vero qu'est ce que tu as au juste ? L'interrogea la grand mère un midi où elle venait encore de vomir tout son déjeuner. Regardes toi, ça fait presque une semaine que tu n'es même plus allé à l'atelier, tu n'arrives à rien faire à part rester au lit. Aucun des remèdes habituels ne te guérissent. Serais tu enceinte Véro ? 

_Enceinte? Fit la jeune fille en écarquillant les yeux. Elle n'avait pas pensé à cela du tout. 

_Pourquoi tu fais l'étonnée? Quand tu vas au cimetière il faut s'attendre à rencontrer des fantômes ma chère enfant. C'est quand la dernière fois que tu as eu tes menstruations ? 

_Je......je ne sais pas Dada, répondit Véronique en baissant la tête. 

_EEEEEEEEH! VÉRO EEEEH ! VÉRO TU M'AS TUÉE, VÉRO OH MON DIEU

Une autre vieille dame de leur concession entendit les cris que poussaient sa voisine et entra dans leur chambre en courant.

_Mais Da Joséphine (sœur Joséphine en Ewe) qu'est ce qui te fait crier? Tu as quoi ? La santé de Véro a empiré ?

_Véro m'a tuée Da Abla, elle m'a tué ooooh ! Elle est enceinte. Et de qui ? Ce sale infirmier. 

La dénommée Abla se pencha vers Véro pour mieux l'observer, elle l'examina avec toute la sagesse des vieilles mamans Africaines. 

_Huuuum! En effet elle est enceinte notre Véronique. Mais arrêtes de crier ainsi Da Joséphine, ce n'est pas encore la fin du monde. Tu sais qui t'a fait ça Véro ? 

La jeune fille répondit d'un hochement de tête. Elle avait l'air parfaitement serein devant les cris et les insultes de sa grand mère, elle gardait la tête haute, on eût même dit que sa santé s'était améliorée devant la nouvelle de sa grossesse. Pour elle porter un bébé de Joseph n'était pas une catastrophe. 

_Tu vois Da Joséphine elle connait le père de son enfant, c'est l'essentiel. Calme toi maintenant s'il te plaît et arrêtes de crier tu vas ameuter les gens. Calme toi pardon. 

_Huuuum! D'accord Da Abla j'ai compris. Merci. 

La voisine repartie, Joséphine s'approcha de Véro, la regarda fixement dans les yeux et lui dit:

_Tu n'auras pas l'enfant de cet homme tu m'entends Véro ? Je ne te laisserai pas gâcher ta vie comme ça mon enfant, c'est hors de question. Tu vas te débarrasser de cette grossesse et le plus tôt possible, je m'en assurerai personnellement crois moi. 

Véronique se mit à pleurer amèrement, elle se mit à genoux et attrapa les pieds de sa grand mère.

_Dada je t'en supplie ne fais pas ça? S'il te plaît dada. Il va reconnaître l'enfant, il prendra soin de nous je suis sûre, laisses moi juste l'informer s'il te plaît dada, je t'en supplie. 

La vieille dame eût les larmes aux yeux devant la douleur de sa petite fille mais elle était convaincue qu'elle faisait ça pour son bien. 

_Tu me remercieras un jour mon enfant. 

Là dessus elle mit ses chaussures et sortît chercher quelqu'un qui pouvait lui sortir l'épine qu'était cette grossesse, du pied. 

Véronique pleura toutes les larmes de son corps. On voulait lui prendre le fruit de son amour avec Joseph et cette douleur lui était insupportable. Elle pensa à fuir mais ne sachant où aller elle abandonna cette idée. Joseph était rentré dans son village natal pour voir sa famille, il ne rentrait que le lendemain et elle n'avait aucun moyen de le joindre. Qu'allait elle pouvoir faire pour garder ce bébé qu'elle aimait déjà ? 

Véronique ou une vie...