Profondément

Ecrit par RIIMDAMOUR





Khadija Traoré


Mon Dieu! Je n'arrive pas à réaliser que ce sont ses lèvres à lui, Tala, qui sont entrain de se mouvoir contre les miennes.

Je suis tellement sous le choc que je n'arrive pas à répondre à son baiser.

Il m'embrasse, Tala m'embrasse.

J'ai tellement rêvé de ce moment.

Je ferme finalement les yeux pour ne pas rater l'instant  et je me laisse aller à son étreinte.

Je passe mes mains derrière son cou pour le rapprocher, encore plus prés.

C'est chaud, c'est bon. Dieu que c'est bon!


Je suis rapidement envahie par une douce chaleur, la même que celle qui me brule quand je rêve de lui, ses mains sont sur ma taille, mais les miennes, elles te touchent, avides de découvrir ce corps tant désiré.


Ma raison me crie de m'en aller, que ce n'est pas normal. Après tout, pourquoi m'embrasserait-il comme ça, après tant d'années passées à m'ignorer? Pourquoi me toucherait-il comme ça, comme s'il me désirait, comme s'il me voulait?


Moi, je veux juste profiter, de ses caresses, de sa bouche, de sa langue qui caresse mon palais...

Je suis tellement fiévreuse que je tremble, les jambes en coton, je peine à tenir debout.

Notre baiser doit durer depuis à peine quelques secondes mais j'ai l'impression que ça fait plus de dix minutes que je me laisse aller .


Je manque de crier quand je ne sens plus sa bouche contre la mienne, quand je le sens reculer.

Non, n'arrête pas! Ai-je envie de lui dire.

Son souffle se déplace vers le creux de mon cou, je frisonne comme jamais, c'est si bon.

J'en oublie même que mon frère pourrait venir d'une minute à l'autre, que je ne suis pas sensé faire ça, que je ne dois pas faire ça.

Mon foulard glisse sur mes épaules et tombe silencieusement, mes seins pointent rageusement à travers mon soutient gorge.


Je me revois avec Aziz, dans sa chambre, il m'embrassait, il me caressait, je le laissais faire, espérant désespérément qu'il puisse remplacer Tala dans mon cœur. Mais je n'aimais pas ça, son toucher me révulsait et je finis par aller vomir aux toilettes. J'avais l'impression de faire quelque chose d'horrible.


Là, avec lui, c'est différent, mon corps se consume et mon cœur en redemande, j'ai la conviction d'avoir été crée pour ça, pour lui.


Nos corps se déplacent d'un commun accord vers le canapé, ma chemise rejoint mon foulard, sur le sol, mon chouchou se défait et mes cheveux défrisés se répandent sur mes épaules.

Je ne sais pas par quelle magie je me retrouve étendue sur le canapé, lui au dessus de moi, des baisers sur ma poitrine, mon cou, mes lèvres, mes joues...


Je tremble, je tremble, je n'arrive pas à y croire.


Profiter...


Mais Tala interrompt brusquement le suçon qu'il me faisait et se redresse.


- Merde! Dit-il en se relevant.


L'instant d'après il n'est plus là, il est simplement parti.

J'aurais pu croire que je rêvais si mon cœur affolé, mon souffle court, mon corps frissonnant et tout en sueur n'attestaient pas que c'était bel et bien la réalité.

Je me retrouve à moitié nue, toute seule comme une sale conne sur ce canapé.


J'entends Tala qui fait un vacarme incroyable dans sa chambre, il répète des " merdes", "putains", et on dirait même qu'il casse des trucs.


Voilà ce que je redoutais le plus, le retour à la réalité.

Je n'arrive pas à bouger, et j'ai froid, j'ai très froid, surtout à l'intérieur, mon cœur est comme gelé.


Voilà, je suis de nouveau brisée, et je savais pourtant à quoi m'attendre, j'aurais dû refuser qu'il m'embrasse, qu'il me touche.


Mes larmes, je pleure encore.

J'en ai vraiment marre, en ce moment je pense que je préfère mourir que de ressentir cela.

J'ai mal et j'ai honte. Pas d'avoir presque couché avec lui, mais de m'être laissée tentée, sachant très bien comment ça finirait.

J'ai honte d'être si faible, si "blessable".


Je me lève et me rhabille rapidement et silencieusement. Cette fois, je prends bien soin de prendre toutes mes affaires et m'en vais.


 Milouda Aïdir Kâ


Elle pleure depuis cinq minutes au moins ça se voit qu'elle souffre. Je n'ai jamais vu Khadija dans cet état là. j

Pauvre chérie.

Je suis vraiment inquiète là, je suis convaincue que ça a un rapport avec Tala. S'ils croient que je n'ai pas remarqué leur manège ces deux là...

Quand Mourtala est dans les parages, Khadija n'a d'yeux que pour lui, malgré tous les efforts qu'elle fait pour afficher un air désinvolte. Lui aussi il semble avoir un petit faible pour elle, mais je ne suis pas sûre. De toute façon je ne suis jamais sûre avec lui.

Il est si... détaché de tout.


Nous sommes enfermées dans mon bureau depuis que ma cousine est venue, bras ballants, les yeux rouges et toute échevelée.

Depuis qu'elle est là elle refuse de parler, mais là elle commence à se calmer un peu.

Je lui tends un verre d'eau qu'elle vide en moins de deux.

Eh oui, les peines de coeur, ça donne soif.


- C'est Mourtala, hein?


A son air étonné je comprends qu'elle est surprise de savoir que j'étais au courant pour eux.

Elle a l'air encore plus abattue.


- Quel est le problème? Je lui demande.


Ma question la fait éclater de nouveau en sanglots.



- I... il ne m'aime pas. Dit-elle d'une toute petite voix.



Je l'ai toujours vue comme une fille qui vit sa vie comme elle l'entend, que rien ne peut atteindre, alors la voir comme ça c'est...


Je manque même de pleurer avec elle.


Les hommes!!


- C'est lui qui te l'a dit?

elle fait non de la tête.


- Je le sais. Affrime t-elle.


- Je n'en peux plus Milou. Je suis folle de lui depuis toute petite. Ça fait plus de dix ans que je prie pour qu'il m'accorde ne serait-ce qu'un peu d'attention. J'ai fait les mêmes études que lui pour lui plaire.


Waouh!

Je savais qu'il lui plaisait mais pas comme ça, pas à ce point, et pas depuis si longtemps quand même.


- Je...je sais que je dois l'oublier mais...tu vois j'aurai aimé le sortir de ma tête, j'ai tout fait pour...mais je n'y arrive pas.


Pauvre chérie, je n'ai pas connu ce genre d'amour, mais je la plains sincèrement.

Je ne sais pas comment j'aurai fait si Amine ne m'aimait pas.


- Ce qu'il y a c'est que maintenant je sais que je ne lui suis pas indifférente mais, je ...C'est quoi son problème?


Elle réussit à se calmer vingt minutes plus tard, je demande à Alpha mon chauffeur de la conduire à la maison, lui promettant de lui en parler ce soir.


J'appelle Tala mais il ne répond pas, wallay il ne perd rien pour attendre celui là. Qu'à t-il à torturer ma cousine comme ça?


J'aurai compris s'il ne ressentait rien pour elle, mais je l'ai vu la regarder.

J'ai vu comment il sourit quand Khadija raconte une blague pas drôle, quand elle fait le pitre, ou seulement quand elle rit.


Mais pour l'heure, j'ai d'autres chats à fouetter.

Je dois m'occuper de mon mariage qui est plongé dans les difficultés.


Je vais voir Tata Sokhna, la maman de Mourtala. Elle est un peu ma deuxième maman.

Elle donne les meilleurs conseils du monde, elle est calme, douce, aimante, et très réfléchie.

Je n'attends plus que le retour du chauffeur pour qu'il m'amène la voir. J'ai besoin de conseils par rapport à ce qui nous arrive mon mari et moi.

Ce n'est pas du tout naturel.


                                          ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

J'ai été voir la Tata, elle a été d'avis que ce qui nous arrive n'est pas normal. Elle m'a rappelé que l'un des oncles de mon père, qui est professeur de philosophie et de théologie dans les grandes universités du pays, est un grand érudit qui a acquis beaucoup de connaissances au cours de sa vie, il a étudié la religion un peu partout dans le monde. Cet homme est paraît il très réputé pour annuler les actions mystiques.


Elle m'a conseillé d'aller le voir.

Je suis très soulagé, ayant déjà entendu parler de cet oncle, Yoro Baba Sow il s'apelle.

Je préfère ça à aller consulter un quelconque marabout, des charlatants la plus part du temps.


Je lui ai promis de l'appeler dès demain, il commence à faire nuit.

Me voilà de retour à la maison, mais dès que j'ouvre la porte du vestibule, j'ai un très mauvais pressentiment, ça me tort les entrailles, je ressens une envie de vomir.


J'avance néanmoins jusqu'au Salon et y trouve Amine.

Ce dernier se lève dès qu'il me voit.


- Où étais tu jusqu'à cet heure? Attaque t-il.


Ça se voit qu'il est énervé, ses yeux sont rouges et il tremble.


- Sortie! Je lui répond effrontément.


Voilà, dans ces moment ou je sais qu'il n'est pas dans son Etat normal, je ne peux pas m’empêcher d'envenimer la situation.

Je ne le fais pas exprès, c'est comme si une force mystérieuse me poussait à l'énerver encore plus. Pourtant je sais que je ne dois pas le faire mais.


IL s'approche rapidement et dangereusement de moi, mon niveau d'énervement monte d'un cran, j'ai envie de...


- Tu étais où?

Je lui ai pourtant répondu, non?


- Chez ma Tante.


Il rit, d'un rire jaune.


Mauvais pressentiment.


- Menteuse! Tu étais avec ce Kévin, non?


Kévin? Que vient-il faire là dedans?


- J'étais chez ma tante je te dis.


Et paf!

Ça je ne l'avais pas vu venir.


Une gifle? Amine vient réellement de lever la main sur moi?

Je n'y crois pas.


Mon sang bouillonne dans mes veines, je prends la première chose qui me tombe sous la main, mon téléphone, et le lui jette, ainsi que tout ce qui était à portée de main...


Je ne sais pas ce qui serait arrivé si Xavier n'avait pas accouru, sans doute attiré par le bruit.


Cinq minutes plus tard, je suis enfermée dans mon ancienne chambre, tout ce que je veux, c'est de défoncer Amine, de lui faire mal, de le tuer.


Je commence à me calmer un peu, je ne sais pas d'où me vient cette haine que je ressens à son égard, il m'aurait tuée si Xavier n'était pas intervenu, il était quand même prêt à me battre!


J'ai envie de sortir, mais Xavier a fermé la porte à clef.


Putain!

Il m'a giflé!


J'y crois pas!


Quelques minutes plus tard, j'entends une clef tourner dans la serrure, si c'est lui, je le tue direct.


Heureusement ce n'est que Khadija, j'en profite pour m'évader de ma prison provisoire.


- Milou! il se passe quoi? crie Khadija en courant derrière moi.

Je cherche ce con dans toutes les pièces mais ne le trouve pas.

- Iow Milouda!


- Doul iow! (merde), je lui répond.


Elle s'arrête, sans doute choquée par ma réponse.


           ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Voila une semaine que Amine ne vit plus à la maison.

Je ne sais pas où il est.

Maintenant que j'ai repris mes esprits, je me rends compte que la situation est grave. J'en suis devenue malade.

Amine m'a giflé, mais je sais qu'il n'était pas dans son état normal, moi non plus d'ailleurs.

Je regrette que tout ceci se soit passait, mais dorénavant, la situation est invivable, il est parti parce qu'on ne peut pas se voir en peinture, je ne supporte pas sa vue et c'est pareil pour lui.


Je n'ai informé que Tata Sokhna de cette situation, elle vient me rendre visite tous les jours et fait tout son possible pour trouver quelqu'un qui aura la solution à mon problème.

Yoro baba est introuvable dans le pays, on dit qu'il est parti en retraite spirituelle. Ta sokhna est convaincue qu'il est le seul qui puisse nous apaiser.


Je suis vraiment vraiment perdue, maintenant qu'il est évident; même pour une sceptique comme ma cousine, qu'il y a du mystique là dedans. Je me demande qui aurait bien pû nous faire ça.


Safiètou est une psychopathe dangereuse, mais elle n'a jamais versé dans ces trucs là, elle n'y croit même pas d'ailleurs.

Tata Ali, c'est une petite toubab, en plus, elle aime son fils elle ne voudrait jamais lui faire du mal.

Khad insiste pour que j'inclus Taloula dans ma liste de suspects, mais non...

De toutes les façons, on en saura quelque chose tôt ou tard.


Hier TA Sokhna m'a amené à Thies, voir un homme, un guide religieux très réputé.


Ce dernier m'a dit après avoir récité un long versé de coran sur ma tête.

- Ma fille, je ne suis pas celui qui résoudra ton mal être, mais saches que dorénavant, tu es protégée, rien qui n'a été déjà fait ne pourra s'ajouter à ton malheur. Je prierai pour toi cette nuit. In sha allah.

 Je vais beaucoup mieux depuis lors, car pendant toute la semaine je n'ai pu fermer l'œil une seule fois, depuis hier je dors comme un loire.


Mon beau-père Rawane Aïdir m'a appellé ce matin, pour me demander si tout allait bien entre mon époux et moi, je lui ai répondu par l'affirmative.


J'ai senti qu'il me cachait quelque chose, mais quoi.


Ma cousine vient de m'informer que quelqu'un m'attends au salon.


Je me rafraichis et descends.

Je suis plus que surprise d'y trouver mon beau père qui pour une fois n'a pas son air goguenard et hautain sur le visage, il a même l'air un peu nerveux et gène.

Il se lance après les salutations d'usage.


- Cela va maintenant faire trois années que tu es mariée à mon fils. Je ne pensais pas, moi qui suis à la base de votre union, que vous dureriez aussi longtemps. Vous étiez jeunes, vous ne vous connaissiez pas. Mais masha allah, vous nous avez tous agréablement surpris.


Il s'arrête quelques secondes pour reprendre.


- Aujourd'hui je vous demande pardon, à tous les deux de vous avoir forcé la main, d'avoir abusé de votre conscience. Vous m'avez montré que vous êtes certes jeunes mais que vous êtes plus matures et plus intelligent que moi.Mais malheureusement, je ne suis pas là aujourd'hui que pour vous demander pardon.


Il s’arrête encore et passe sa main dans ses cheveux, à plusieurs reprises, le même tic nerveux que son fils.


Quoi?


Mauvais pressentiment.


- Mon fils m'a envoyé, car il m'a dit qu'il ne pouvait se déplacer en personne. J'ai fait des erreurs dans le passé et j'ai cru que mes enfants seraient assez intelligents pour ne pas les reproduire... Je suis désolé


Quoi? Mon cœur va bientôt lâcher.

Quoi donc.


- Ton mari a....il a épousé Taloula Abrego ce matin.


Pardon mais...je t'a...