Prologue partie 2
Ecrit par Mayei
Nous marchions sur la pointe des pieds, faisant le moins de bruit possible. Dans la pénombre de ce couloir qui menait à la demeure de notre père, ma sœur aînée et moi donnions l’impression d’être en mission pour un cambriolage. Loin de là ! Un peu plus tôt dans la soirée, alors que la maisonnée dormait encore, nous étions sorties en catimini. Une soirée, réunissant le monde de la jet set de cette ville était prévue et pour rien au monde les sœurs Desoto ne devaient la rater.
Comme d’habitude, nous avions fait appel à notre chauffeur de taxi préféré. Sortir avec nos voitures à cette heure de la nuit, même dans la journée, aurait été signer notre arrêt de mort. Monsieur mon père était reconnu pour deux choses dans ce quartier.
- - Être un Don Juan pour avoir eu quatre enfants de mère différentes
- - Être sévère envers ses filles !
Seulement pouvait-on surveiller constamment une fille ou une femme ? Nous voilà donc arrivées devant ce même mur que nous avions escaladé en sortant d’ici. Ce mur est bien plus bas que les autres. Je ne saurais dire pourquoi c’était fait ainsi. Je n’allais pas non plus me plaindre puisqu’il nous servait aisément. Dans un premier temps nous jetions nos effets, c’est à dire sacs et chaussures par-dessus le mur, ils nous encombreraient dans notre entreprise. Puis chacune retroussait sa robe, qui au passage étaient déjà courtes. Nous nous servions de cette petite cage en béton faite pour protéger le compteur d’eau, comme appuis pour atteindre le haut du mur.
En deux temps trois mouvements, j’atterris dans un bruit peu étouffé dans la cour de la maison. Je me mordis les lèvres comme pour amoindrir le bruit que cette descente avait créé. C’était ensuite le tour de ma sœur. Nous ramassions nos accessoires qui trainaient à même le sol et à l’aide de la torche de mon téléphone, marchions jusqu’à la porte principale.
Ma sœur fouilla l’intérieur de son sac et en fit ressortir la clé. Papa ne savait pas que nous avions en notre possession le double de cette clé qu’il gardait avec soin. Il restait toujours le dernier au salon pour fermer lui-même les portes et glisser les clés dans sa poche. Seulement les oublis, ça arrivait et comme on le dit « occasions loupée, péché impardonnable ». Ma sœur et moi en avions profité pour en faire plusieurs copies que chacune gardait où elle le pouvait.
Elle glissa la clé dans la serrure et la tourna tout doucement. Je continuais à me mordre les lèvres et croiser les doigts. J’espérais du fond du cœur que monsieur Desoto ne nous attende pas là dans ce salon. Ce n’était pas la première fois que nous sortions comme ça. Cette petite prière je la formulais à chaque fois que nous rentions de nos escapades.
- - C’est bon le périmètre est clair ! Me fit ma sœur après avoir poussé la porte
Je poussais un ouf de soulagement et me précipitais à l’intérieur. Il fallait encore faire attention dans les escaliers. Je suivis ma sœur dans sa chambre et une fois à l’intérieur nous éclatons de rire, soulagées de n’avoir pas été prises. Je n’osais même pas imaginer ce que ce monsieur allait nous faire.
- - Vraiment cette vie n’est pas facile ! Une vie à haut risque je te dis ! ironisa ma sœur qui déjà avait commencé par se démaquiller.
- - C’est tout ça qui la rend palpitante.
- - Attend que ton père mette la main sur toi et tu verras le côté palpitant.
Nous nous regardions et éclations de rire. J’adorais ma sœur bien que nous ne partagions pas la même mère. Je disais plus haut que mon père avait quatre enfants partagés en deux filles et deux garçons. Les garçons, Ludovic et Julien étaient les aînés âgés respectivement de 27 et 25 ans. Puis viennent les filles, ma sœur Lesly et moi Morelle. Nous avons toutes les deux 22 ans à la différence que Lesly soit née en février et moi en Mai. Vous l’aurez sûrement constaté ! Oui ! Notre père a mis enceinte nos mères dans la même période mais surtout n’a épouse aucune d’entre elles ni les mères des garçons. Mes frères étaient actuellement à l’étranger. Ludovic, lui, travaille. Julien quant à lui terminait son master.
Je suis dans ma troisième année de licence en pétrochimie alors que ma sœur s’est penchée vers la pharmacie. Oui ! Nous en avons dans la tête. Ce n’est pas parce que nous aimions faire la fête que nous négligions nos études.
Nous n’avons pas eu l’occasion comme nos frères d’aller à l’étranger car c’était inconcevable pour monsieur Desoto. Jamais ! Il ne pouvait pas laisser ses filles s’éloigner de la maison et vivre d’elles-mêmes. Il nous avait offert des voitures que nous ne pouvions utiliser que lorsqu’il était avec nous. Quel paradoxe ! La plupart du temps le chauffeur nous déposait à l’université et sous ordre de papa nous attendait la jusqu’à la descente. C’était épuisant tout de même.
Lesly (la serviette nouée à la poitrine) : tu ne prends pas de douche ?
Moi : Lyly je suis trop fatiguée. Je ne sais même pas comment tu fais pour avoir cette force !
Lesly : dis plutôt que tu n’aimes pas te laver ma chère. Je ne peux pas dormir sans ! Après c’est pour avoir le corps qui démange n’importe comment.
Moi (baillant) : moi je dors déjà oh !
Elle rit puis secoua la tête avant de disparaître derrière la porte de la douche. Je me couchais confortablement sur son lit et sans tarder, sombrais dans un profond sommeil. Il y a de quoi après avoir dansé comme des folles à cette soirée.
... ...
J’étais toujours dans les vapes après avoir été réveillée par papa qui avait frappé tellement fort contre la porte de Lesly. Il avait demandé à ce que nous descendions immédiatement le retrouver au salon. J’avais juste envie de pleurer car je tombais de fatigue. Je n’étais pas assez reposée. Qu’est-ce qu’il nous voulait de si bon matin ?
Lesly : mais qu’est-ce qu’il nous veut ton père ?
Moi : c’est aussi ton père et je me posais exactement la même question...peut être qu’il va enfin nous présenter la femme qu’il veut épouser
Lesly : ne me fais pas rire s’il te plaît ! Cela relèverait d’un miracle
Je laissais Lesly là et rejoignais ma chambre ou plus précisément ma douche pour me brosser les dents et me passer de l’eau sur le visage. Je retrouvais ensuite Lesly dans le couloir et ensemble nous descendions rejoindre papa au salon comme il nous l’avait demandé.
Moi/Lesly : MAMAN ?
Nous avions crié ensemble, surprises de voir nos mères assises la ! Elles venaient ici rarement car chacune d’elle était mariée. Lorsqu’elles se montraient, cela annonçait pour la plupart du temps des problèmes. Et la mine que faisait ma mère ne dégageait en rien une joie. Au contraire, elle me fusillant du regard. Je saluais la mère de Lesly et nous prîmes place.
Papa : Nicole (me mère), Anne-Marie (la mère de Lesly) si j’ai demandé à ce que vous veniez d’urgence c’est parce que je ne suis pas du tout content de vos filles. J’ai préféré que vous soyez là pour ne pas qu’on me mette en prison pour avoir tué mes filles de mes propres mains tellement je les aurais frappées.
Je regardais Lesly, le cœur battant très vite. J’avais peur !
Papa (à nous) : donc vous êtes maintenant de grandes filles n’est-ce pas ? Vous sortez maintenant de cette maison à votre guise ?
Merde ! Nous qui pensions autrement ! Ce monsieur nous avait grillées. Il savait que nous sortions en catimini.
Papa : ça fait longtemps que je vous observe et je ne dis rien. J’ai pensé, la première fois, que c’était une folie passagère et j’ai laissé passer. Mais non je vois que vous voulez faire de ça une habitude, n’est-ce pas ?
J’étais plus proche de papa, la tête haute mais les yeux baissés pour éviter son regard. Soudain je sentis une gifle s’écraser sur ma joue. La surprise était tellement de taille que je ne pus même pas crier. Mes larmes coulaient automatiquement. Lesly qui était à l’autre bout poussa davantage pour mettre encore plus de distance entre eux !
Papa (criant) : quand je pose une question ici on me répond
Me mère : toi aussi ! Doucement avec elles c’est comment ? Les petites sont juste sorties elles n’ont pas tué quelqu’un après tout. Tu ne trouves pas que tu exagères ? Elles brillent par leurs résultats scolaires. Jamais nous n’avons été convoqués par une école concernant leur comportement. Elles ont toujours été exemplaires. Laisse-les s’amuser un peu.
Maman Annie : je suis d’accord avec Nicole ! Les petites sont constamment cloitrées dans cette maison comme des prisonnières. Laisse-les un peu de libertés. Quand tu as appelé tu as dis-toi même qu’elles vont jusqu’à sauter la clôture. Si elles tombent qu’elles se blessent ou je ne souhaite pas, un incident plus grave ce sera de ta faute car tu les auras trop coincées. Ces filles ont la tête sur les épaules mais tu refuses de voir qu’elles ont grandi.
La main toujours sur la joue, j’étais surprise d’entendre nos mamans prendre notre défense. D’habitude elles sont toujours d’accord avec papa. Mon père quant à lui est resté un moment silencieux après les interventions de nos dames. Il nous regarda chacune puis fronça les sourcils.
Papa : donc si je comprends bien vous ne voyez aucun mal dans ce que font vos filles ? Pire vous cautionnez même ! Je dois donc les laisser se promener dans la ville et traîner mon nom partout ?
Maman Annie : pardon arrête nous ça ! Ton nom est déjà arrivé très loin...tu t’es très bien débrouillé pour le faire alors ne viens pas embrouiller le monde. Laisse les filles respirer un peu.
Papa (criant) : vous n’allez pas venir sous mon toit et me manquer de respect. Ce sont mes filles et je les éduque comme bon me semble. Si cela vous dérange tant, que chacune récupère sa fille et s’en aille avec elle. Vous pourrez faire ce que vous voulez mais n’espérez aucun sous de moi. Vous allez vous en occuper de vous-même que ce soit les cours, leur nourriture, tout ! Je dis bien tout
Il n’ajouta pas plus et se levait nous laissant la. Voilà qui était dit ! Concernant ma mère elle ne pourrait pas me prendre avec elle. Elle venait de perdre son boulot et peinait financièrement. Son mari, un homme que je détestais de tout mon être ne se préoccupait que de ses enfants à lui. Même donner de l’argent à sa femme pour elle-même lui était impossible. Je me demandais souvent comment l’on pouvait atteindre ce degré d’avarice ! Ma mère ne pourrait clairement pas me prendre sous sa charge.
Il était comme ça monsieur Desoto ! Toujours à rappeler à qui voulait bien l’entendre que c’était lui qui possédait les sous et que sans lui nous étions perdues. De toutes les façons il avait raison. Je me glissais dans les bras de ma mère qui m’expliquait comment elle aurait aimé me prendre avec elle mais était dans l’incapacité de le faire.
Maman Annie : les filles vous-même vous voyez nos situations ! Je vous en prie mettez une pause sur cette affaire de sauter la clôture là. Les fêtes ne fuiront pas. Quand vous auriez vos diplômes et votre boulot, vous allez fêter autant que vous le voulez et votre père ne pourra même pas dire quelque chose. Ce ne sera plus son argent mais le vôtre.
Maman : Anne Marie a raison ! De grâce concentrez-vous sur vos études. Faites vite pour quitter sous le joug de votre père c’est tout ce qu’on vous demande. Laissez tout ce qui est à côté. Vous-même vous connaissez votre père oh ! Vous avez compris ?
Moi/Lesly : oui !
Elles restèrent avec nous un moment puis s’en allèrent. Lorsque nous étions plus petites et que nos mères passaient nous voir, après leur départ nous nous enfermions dans la chambre pour pleurer un bon coup. J’adorais la mère de Lesly et elle adorait la mienne. Il n’y avait jamais eu de rivalité entre elles. Lorsque maman Anne Marie venait voir Lesly, elle apportait toujours quelque chose pour moi et vice versa.
Après ce qui venait de se passer je n’avais plus vraiment l’appétit. Je regagnais ma chambre et Lesly vint me retrouver. Elle s’assit près de moi et me caressa la joue.
Lesly : Je suis désolée Momo !
Moi : oh Lyly tu n’as pas à l’être ! Tu sais comment est papa…
Lesly : il abuse tout de même ! Te gifler comme ça parce que tu n’as pas répondu quand il posait une question ! Comment étais-tu sensée deviner qu’il attendait une réponse ?
Moi : hum
Avoir un père comme Paul Desoto est tellement stressant que ça en devient fatiguant. Nous avons eu tort de sortir comme ça de la maison mais à un moment nous voulons tout juste nous amuser même un tout petit peu. Nous ne faisons qu’étudier. Toute notre vie tourne autour des études et des règles de papa. C’est saoulant.
Nous étions couchées sur mon lit, regardant le plafond quand la porte s’ouvrît en fracas. Nous nous levions d’un coup. Papa referma derrière lui à clé et dans l’une de ses mains était enroulée une ceinture. Je regardais Lesly, désespérée. La peur se lisait aussi dans ses yeux.
Papa : je vais vous faire passer toute l’envie de sauter les clôtures de cette maison
Le premier coup atterrit sur le dos de Lesly. Cette dernière se tordait de douleur. A ce moment je sus que nous étions foutues. Monsieur Desoto allait se déchaîner sur nous aujourd’hui.