Résolutions

Ecrit par Farida IB


 Le lendemain

 

Khadija…

 

Le Boeing familial vient datterrir à Abu-Dhabi. Jai fait un détour à cause de ce qui se passe chez les Ben Zayid. Vous ne le savez peut-être pas, mais jai soutenu mon BTS il y a moins dune semaine avec la seule présence dUssama. (si quelquun veut déjà membaucher je suis là ohh) Mon père, qui na pas pu faire le déplacement pour cause dun voyage diplomatique est venu me chercher hier pour me ramener à Oman où javais décidé de passer la première partie de mes vacances. Du coup, je me retrouve dans un taxi avec lui pour la résidence officielle des Ben Zayid. Ne me demandez pas comment, appelez-moi juste lenfant chouchou de son papa dorénavant (rires). Mais sérieusement, je pense quil se sent en insécurité par rapport au fait que je manque à ma parole à chaque fois que je lui promets de passer chez nous. Tout simplement parce que je ne me sens pas à laise avec lui. Cest vrai que nos rapports père-fille se sont améliorés, mais il y a une gêne tenace que je ressens en sa présence. Maa Alisha, dit que cest dû au fait quil ait eu une attitude désagréable à mon égard par le passé et que ça passera avec le temps.

 

À un moment du trajet, il se tourne vers moi et me fait un sourire bref. Sourire auquel je réponds.

 

Père : ça va ?

 

Moi : al-hamdulillah père.

 

Père : ok, tu as dit quil y avait quelle urgence là-bas déjà ?

 

Moi (répétant ma demi-vérité) : la sœur dUssama est souffrante.

 

Père : cest si grave que ça ?

 

Moi (ne comprenant pas) : comment ça si grave ?

 

Père : létat de sa sœur est si critique quil na pas pu venir nous chercher à laéroport ou tout au moins nous envoyer un véhicule officiel ? Cest comme ça quils te traitent chez eux ?

 

Moi : rhooo père il ne sait rien de ma venue, je voulais lui faire une surprise.

 

Il se tourne complètement vers moi et me regarde les yeux plissés.

 

Père : tu es venu le voir lui ou sa sœur ?

 

Ah comment on répond à ce genre de questions ?

 

Moi : je suis venue parce quils passent par une mauvaise passe sa famille et lui.

 

Il me lance un regard suspicieux.

 

Père : elle souffre de quoi exactement la sœur ?

 

Moi (réfléchissant vite) : elle a fait une hémorragie digestive.

 

En prononçant la formule « Dieu me pardonne » dans mon for intérieur.

 

Père : subhanalah, cest grave ça !

 

Moi : oui oui.

 

Père : quAllah lui apporte guérison.

 

Moi (au bout des lèvres) : amine.

 

Le taximan gare un moment plus tard sur les graviers devant la résidence et je descends après lui. Je récupère à peine mon trolley que les vigiles débarquent devant la grille. Les derniers rayons viennent à peine de disparaître, mais ils braquent une espèce de lumières sur nous. Je retrousse mon niqab pour permettre à Balram qui est assis à la guérite de midentifier. Tout ça se passe sous le regard intrigué de mon père.

 

Moi (au chef sécu) : Balram, cest moi.

 

Balram me souriant : ah, cest vous mademoiselle Khadija, soyez la bienvenue (se tournant vers moi) bienvenue à vous aussi monsieur.

 

Père/Moi : merci.

 

Balram (ouvrant la grille) : faites ! Je vais vous faire escorter à lintérieur.

 

Moi : daccord merci.

 

Lorsquon arrive devant la géante porte dentrée, je reprends le rituel de tout à lheure et le portier nous laisse passer. Il y a le père Ben Zayid dans le grand hall qui discute avec deux messieurs blancs, je mapproche et les salue poliment. Il se retourne brusquement sûrement alerté par ma voix et lance un regard surpris à mon père.

 

Père Ben Zayid : Ibn ?

 

Il sexcuse auprès de ces interlocuteurs et se tourne complètement vers lui.

 

Père Ben Zayid : quelle belle surprise mon homologue ! Nous ne nous attendions pas à votre visite.

 

Père : en effet, nous sommes venus dès que nous avons appris pour votre fille.

 

Attchoumm !!!

 

Père Ben Zayid (me lançant un regard en biais) : cest bien gentil de votre part, mais il ne fallait pas vous déranger. Elle va beaucoup mieux.

 

Il dit quelque chose en français aux messieurs, je crois que cest pour les libérer parce quils se sont éclipsés ensuite.

 

Père Ben Zayid (à nous) : suivez-moi, je vous conduis dans le salon principal.

 

On le suit.

 

Père Ben Zayid : au fait Khadija, comment tu vas ?

 

Moi : bien votre Euh abî (cest comme ça quil veut quon lappelle désormais) je vais bien abî.

 

Père Ben Zayid : il paraît quon a validé lannée. 

 

Moi lui souriant : oui oui.

 

Père Ben Zayid : toutes mes félicitations, tu me verras plus tard pour prendre un présent.

 

Moi : ok merci davance ! (madressant aux deux) Euh, je voudrais vous demander la permission daller voir les autres.

 

Père Ben Zayid (qui répond) : bien sûr, vas-y.

 

Moi : merci (à mon père) je reviens.

 

Père : bien.

 

Je bifurque dans le couloir opposé lorsque je lentends dire :

 

Père : cest terrible ce qui arrive à votre fille, une hémorragie digestive à son si jeune âge. QuAllah azza wa jal (Dieu le tout puissant) allège sa souffrance.

 

Et au père Ben Zayid de répondre :

 

Père Ben Zayid (du bout des lèvres) : amine, ça va lui passer.

 

Le reste, je ne lentends plus parce que je monte les marches en direction de la chambre de Yumna. Au moment où je passe la marche palière, je tombe sur oumi un plateau de bois vide à la main. Je lui rends son sourire lumineux avant de mincliner pour la saluer.

 

Moi : salam, bonsoir.

 

Oumi : marhaba ma fille, on ne tattendait pas avant la mi Août. Ussama sait que tu venais ? Pourquoi nest-il pas aller te chercher à laéroport ?

 

Apparemment, elle nest pas au courant de laffaire des paparazzis.

 

Moi : en effet, je suis de passage. Je voulais voir Yumna avant que nous ne continuions sur Oman.

 

Oumi : nous ?

 

Moi : je suis venu avec mon père, il est dans le salon principal avec abî.

 

Oumi : ton père est ici ?

 

Son regard interloqué me fait sourire.

 

Moi : oui oui.

 

Oumi : ma chérie, mais cest formidable !

 

Je souris en hochant la tête.

 

Oumi : je te laisse, je vais de ce pas les voir.

 

Moi : daccord, les filles sont là ?

 

Oumi : oui, dans la chambre de Yumna. Ussama y est lui aussi.

 

Moi : ok.

 

Lorsque jarrive, je les trouve au balcon.

 

Moi (dans lembrasure de la porte fenêtre) : salam à tous !

 

Elles se retournent et me regardent surprises, Ussama pas surpris du tout me sourit toutes les dents dehors. Mais bien sûr, il savait que je venais lol.

 

Cartia : la Dijaaa !!

 

Ussama lui lance un regard désapprobateur quelle soutient.

 

Cartia : quoi ? (narquoise) Je ne savais pas que cétait ton privilège de lappeler par ce surnom.

 

Pendant que Nahia sourit et Ussama secoue la tête débitée, je mapproche de Yumna qui affiche une très petite bouille. Je lui fais un bisou sur la tempe accompagné dun sourire attendrissant auquel elle répond en grimaçant un sourire. Je me tourne ensuite vers Ussama qui lui a droit à un smack. Je finis le tour des bises par Sanna qui tend ses petits bras ouvert vers moi. Je la prends et lui fait un bisou sonore avant de relever ma tête pour croiser la moue dégoûtée de sa mère.

 

Cartia : la même bouche qui vient de bisouter Ussama !

 

Moi : lol ça fait quoi ? (pinçant les joues de Sanna) Elle grandit la pupuce.

 

Nahia se décale sur le canapé pour que je puisse masseoir près dUssama. Je massis et pose la petite sur mes cuisses.

 

Cartia (me tendant quelque chose) : tiens, il faut me désinfecter la joue de lenfant.

 

Je rigole en même temps que Ussama et Nahia lorsque je me rends compte quil sagit dune lingette.

 

Moi : tu es même sérieuse là ?

 

Cartia : fait juste ce que je te dis.

 

 Yumna secoue simplement la tête.

 

Nahia (sadressant à moi) : ton père ta laissé venir ?

 

Moi : mieux, nous sommes venus ensemble.

 

Ussama se tourne pour me regarder et jéclate de rire. En fait, il fait la même bouille que sa mère tout à lheure.

 

Ussama : le sultan et toi ?

 

Moi hilare : yup il est dans le salon principal avec ton père, il était venu me chercher au bahut.

 

Nahia (me fixant ravie) : mais les choses évoluent favorablement entre vous dis donc.

 

Moi hochant la tête en souriant : tu las dit.

 

Ussama se levant : je viens, je vais le saluer.

 

Moi : ok.

 

Cartia (se levant à son tour) : Sama attend, je viens avec toi. Pour une fois que jai la chance de connaître le tout puissant Sultan, cest à ne rater sous aucun prétexte.

 

Moi riant : mais quelle pointue !!

 

Cartia (se retournant pour me regarder) : cest de la veille informationnelle. 

 

Elle me fait un clin dœil et on en rit, Nahia et moi au moment où ils passent la porte, Yumna se contente de faire un rictus amusée.

 

Moi (la fixant) : tu as lair moins ébranlée quhier, cest bien.

 

Yumna discrète : ça va.

 

Moi : c'est vraiment pas de bol, vous navez pas eu le temps de profiter lun de lautre que cette histoire vous tombe dessus.

 

Elle soupire tristement, mais német pas de commentaires et même pendant la discussion qui sen suit. Nahia et moi prenons les nouvelles lune de lautre. Je la félicite pour sa grossesse et elle pour mon premier diplôme universitaire. Je menquiers ensuite de sa lune de miel quelle me raconte brièvement et moi, jinterviens de temps en temps avec des commentaires drôles qui amusent Yumna. Cest dans la même ambiance que Cartia et Ussama reviennent pour minformer du départ de mon père.

 

Moi étonnée : oh déjà ? Je nai pas assez profité de vous !

 

Nahia : tu veux dire dUssama.

 

Cartia : vraiment !

 

Moi sourire contrit : entre autres.

 

Ussama (me regardant fixement) : bon, tu viens ou quoi ?

 

Je soupire déçue et me lève néanmoins, les filles et moi nous faisons la bise pour nous dire au revoir. On rejoint mon père et ses parents dans le salon.

 

Père : ah te voilà Jedah, je pense que je vais me retourner tout seul. Je reviens te chercher dans quelques jours.

 

Comme à chaque fois quil mappelle par le surnom que ma donné ma mère, je déphase.

 

Père (me fixant les yeux plissés) : quest-ce quil y a ? Tu ne veux pas rester ?

 

Moi étourdie : euh si si père, on fera comme tu as dit.

 

Père : bien, jy vais donc.

 

Oumi : cest bien dommage que vous insistiez à partir, nous serions ravis de vous recevoir à dîner ce soir.

 

Père : tout le plaisir aurait été pour moi, mais jai des obligations nationales urgentes à remplir.

 

Oumi lui souriant : cest tout à fait compréhensible Ibn, une prochaine fois peut-être.

 

Père (répondant à son sourire) : ça ne sera pas de refus (passant son regard sur le père Ben Zayid) encore désolée de ce qui arrive à votre fille, meilleure santé à elle.

 

Père Ben Zayid (dune grimace à peine perceptible) : encore merci.

 

 Nous lescortons tous dans le hall dentrée. Cest là que les parents dUssama nous laissent et Ussama lui-même va chercher un véhicule camouflé puis nous déposons tous les deux mon père à laéroport. Jattends que nous entamions bien le trajet retour pour faire la conversation à Ussama.

 

Moi (avisant son profil sérieux) : ça va toi ?

 

Ussama (me coulant un regard en biais) : merci de me le demander biquette. Ça fait deux jours que personne ne me demande si je vais bien.

 

Moi : et comment tu te sens ?

 

Ussama soupirant : nous sommes tous affectés par cette histoire.

 

Moi : cest normal, bon maintenant quest-ce quils disent ? Khalil a trouvé une solution ?

 

Ussama : je ne sais pas, personne ne me dit rien. Yumna sest terrée dans le mutisme, lhumeur massacrante de Khalil mempêche de laborder et les parents préfèrent faire comme si de rien était.

 

Moi : il faut peut-être leur laisser le temps de digérer la nouvelle.

 

Ussama : cest ce que jai compris.

 

Moi compatissante : cest un mauvais vent, ça va passer.

 

Ussama : je lespère (du tic au tac) bébé, je suis content que tu sois là.

 

Moi (souriant en regardant dans sa direction) : moi aussi habibi (chéri) je suis contente dêtre là.

 

Il libère sa main droite, se saisit délicatement de la mienne quil effleure dun baiser. Un frisson me parcourt l'échine. Depuis que nous avons sauté le pas, il me fait ce drôle deffet là à chacun de ses touchers. Jimprovise une discussion pour cacher mon trouble et passe le reste du trajet à lui parler de mes choses. Entre autres du projet de mon père de me faire intégrer lécole gouvernementale de Dubaï après ma licence, l'objectif étant de me préparer à sa succession. Et bien évidemment, cest une idée qui ne menchante pas vraiment. Je ne me vois pas diriger un pays aussi petit soit-il ! Cest pour cela que jen parle avec Ussama pour avoir son opinion et comme toujours, il est du côté de mon père.

 

A la maison, il retourne auprès de Yumna tandis que moi je retrouve oumi Nahia et Cartia dans la cuisine centrale afin de donner un coup de main pour la préparation du dîner. Khalil débarque à un moment donné avec la tête de quelquun qui porte tout le poids du monde. Il lance un salam général et sapproche de sa mère tout juste devant lentrée pour lui faire une bise sur la tempe.

 

Khalil se redressant : bonsoir.

 

Nous : bonsoir.

 

Oumi (relevant la tête pour le fixer) : ouch tu as une sale mine toi.

 

Khalil : jai eu une sale journée (me fixant) comment tu vas Khadija ? Tu es arrivée depuis quand ?

 

Moi : je vais bien, depuis ce soir.

 

Khalil : ok, sois la bienvenue. Jespère que tu as fait un bon voyage.

 

Moi : oui oui merci.

 

Khalil : bien, je vais vous laisser à vos cocottes. Jétais passé dire bonsoir.

 

Oumi : daccord, le dîner sera prêt dans pas longtemps.

 

Khalil : ok, je vais prendre une douche, me changer et vous rejoindre.

 

Il ressort comme il est entré pas sans avoir lorgné Nahia qui a tout ce temps le nez fourré dans le petit mortier devant elle, très occupée à piler un mélange de filets d'anchois, de l'ail, du poivre et du vinaigre. Je plisse les yeux que je risque vers elle pendant que Cartia fait pareil. Lorsque je me retourne je lance un regard interrogateur à cette dernière qui hausse les épaules. Pour une fois que celle là ne sais pas quelque chose, its historic !

 

Je ne saurais dire si le silence troublant à table plus tard est uniquement relatif à  la situation qui prévaut, mais la tension est à son comble. Chacun a le nez dans son assiette. Cest la raison pour laquelle nous nous sommes tous dispersés dès la fin du repas. Je me retrouve à arpenter les couloirs avec Nahia en direction de la chambre de Yumna lorsque son type passe et trace vers son bureau sans plus.

 

Moi (faisant un mouvement de tête vers Khalil) : vous deux il y a quel problème ?

 

Nahia : aucun (sur la défensive) pourquoi tu me demandes ça ?

 

Moi : hmm, tu es sûre ? Il y a de la tension dans lair.

 

Nahia (biaisant) : cest le mood du moment.

 

Moi : quand même ! Enfin, Khalil est peut-être lhomme de la situation, mais ça ne devrait pas entacher le bonheur votre couple.

 

Elle me regarde genre « tu ne lâches pas laffaire inh ? » Jenchaîne juste.

 

Moi : bah oui vous devez passer au-dessus de tout ça pour profiter à fond de votre nouvelle vie à deux parce que (énumérant en arabe) wahid- vous avez trimé pour arriver à ce stade là ; Isnein- Allah vient de vous faire grâce dun heureux évènement ; Salasa- vous êtes encore recouverts de la poussière magique du honeymoon. Enfin, cest mon avis !

 

Nahia parlant vite : et je le partage (soupirant) mais je fais comment si le type fait un repli sur sa personne ? Pas moyen davoir une discussion avec lui, pas moyen davoir son égard. Cest tout juste si ma présence ne lagace pas.

 

Moi : bah, tu as larme fatale pour lamener à saligner (elle arque le sourcil) tu sais bien, à la manière féminine !

 

Nahia comprenant : lol tu nas pas dit que tu es insidieuse ?

 

On rit un moment avant quelle ne parle à nouveau. 

 

Nahia : ça ne marchera pas, Khalil ne fonctionne pas comme ça. Il va peut-être saligner comme tu le dis, mais ne va pas se donner à 100 %. Or moi, jaime (faisant mine de chercher le mot) la totale !

 

Moi sourire malicieuse : tu men diras tant kiakiakiakia

 

Nahia (me bousculant lépaule) : vas là-bas ! (je ris) Je me demande si ton père sait quel genre de fille il a engendré, façon tu fais la fille modèle devant lui là.

 

Moi : ma belle lanimal qui peut te mordre, ne le laisse pas te laper ! (traduction, il faut savoir éviter les embrouilles).

 

Nahia plissant le front : ça cest un proverbe à ma mère ça.

 

Moi : oui oui, je lai capté pendant une de ses discussions avec tes tantes et oumi pendant votre mariage. Soit dit en passant tes mères sont de sacrés numéros.

 

Nahia riant : je ne te le fais pas dire.

 

Cest sur cette note que nous retrouvons Yumna et passons le quart dheure qui suit à essayer de lui faire avaler un bout pour faire passer ses médocs. Je reste une heure tout au plus avec elle et cest avant le coucher que je décide daller voir Ussama dans sa chambre. Cest le vide qui maccueille une fois là-bas. Le bruit du jet deau à travers la porte de la salle de bain me renseigne sur sa position. Je massieds sur son lit pour lattendre et mon regard se fige lorsquil apparaît un moment après, une simple serviette autour de la taille donc le torse nu et encore ruisselant deau. Bon, vous voyez le tableau ! Mais encore avec le physique quil se paie, ma bouche traîne seulement par terre comme dans les dessins animés. Sans que je men rende compte, il est planté devant moi le regard inquiet haussé dun sourcil.

 

Ussama : ça va ?

 

Moi : hmm (méclaircissant la voix en détournant le regard) heu oui, fin je suis venue te dire bonne nuit.

 

Ussama : cest gentil ma chérie, à toi aussi.

 

Moi (contredisant mes pensées) : merci, je te laisse.

 

Je fais quelques pas en direction de la porte et me ravise, je me retourne pour le voir savancer vers le dressing.

 

Moi : bebou (il se tourne) si ça te dis, je reste dormir avec toi (ajoutant coquine) pour te requinquer, si tu vois ce que je veux dire. (clin dœil)

 

Ussama parlant vite : non ça va aller.

 

Je lève le sourcil.

 

Ussama : au fait Bon attends-moi, je reviens.

 

Je lui lance un regard perplexe, mais hoche la tête néanmoins. Il revient vêtu dune tenue de nuit et me fait signe de masseoir sur le rebord du lit avant de prendre place lui-même en prenant le soin de mettre un écart considérable entre nous.

 

Ussama : je pense quil serait plus prudent de mettre notre vie sexuelle sur pause jusquau mariage. Je ne veux pas prendre le risque de vivre le même drame que Yumna, ou de te le faire vivre. Les conséquences seront néfastes, voire plus désastreuses pour nous deux.

 

Jacquiesce lentement tout à fait daccord avec lui. 

 

 

Khalil…

 

Je sors de la séance darbitrage royal plus tourmenté que jamais et sors mon téléphone pour appeler Nahia. Latmosphère est toujours aussi tendue entre nous. Elle me fait la tête depuis ma diatribe dans le bureau et moi, je passe mon temps à léviter. Du moins, cest elle qui reste dans son coin. Quand elle nest pas en train de pianoter, je ne sais quoi sur son ordinateur portatif, elle tripe avec mon père ou mes frères et je dois avouer que tout ça commence sérieusement à bien faire. On na jamais fonctionné comme ça, on ne dort jamais fâchés. En apparence je lui en veux encore même si elle me manque horriblement. Là maintenant plus que jamais, jai besoin de sa candeur et de son pragmatisme pour retrouver mon équilibre psychique. Surtout avec ce qui vient de me tomber sur la tête. Je veux donc nous improviser une petite escapade amoureuse afin de permettre une discussion franche et intime pour que je puisse enfin penser à autre chose.

 

Voix agressive de Nahia au bout de la ligne : oui Ben Zayid ?

 

Moi posément : bébé, tu viens ? Je tattends sur la pelouse derrière laile ouest. (bâtiment qui abrite les bureaux du cabinet royal)

 

Elle reste un instant silencieuse, je pense quelle ne sattendait pas du tout à ce ton prévenant.

 

Moi précisant : je voudrais quon discute tous les deux.

 

Nahia dans sa lancée : tu tes enfin décidé ?

 

Moi (ne relevant pas) : cest une doléance Madame, votre majesté.

 

Nahia : hmm.

 

Moi (voix sexy) : prends la tenue dinfirmière sexy que tu portais avant que je ne reçoive lappel dUssama lautre jour. Ça peut toujours servir.

 

Nahia : hmm.

 

Moi ton suppliant : sil te plaît

 

Nahia : je ne te promets rien.

 

Clic !

 

Elle raccroche sans me laisser le temps dajouter quoi que ce soit, je secoue la tête amusé. Celle là quand elle veut faire sa forte tête, elle ne lésine même pas un peu sur les bords. Mais bon je ne peux que me rallier, cest moi qui ai besoin delle ou bien ?

 

Je me retrouve au bout du bunker (le tunnel) à attendre et lhélicoptère que jai enjoint de me fait parvenir il y a quelques minutes, et Nahia (enfin en espérant quelle vienne). Lappareil se pose une trentaine de minutes après et toujours pas de trace de votre copine. Je me résous à lattendre toujours adossé au rebord surélevé du bunker. Au bout dune vingtaine de minutes, je perds patience et me déplace avec lintention de libérer le pilote. En traversant la pelouse, au fur et à mesure que je mapprochais de ce dernier, je me persuade quil fixe un point par-dessus mes épaules. Je finis par me retourner curieux pour voir ma chère et tendre arriver vers nous. Je souris direct. Elle porte un abaya difforme qui lui va néanmoins comme un gant, le visage sublimé par un maquillage léger. Ça fait juste trois jours que je nai pris le temps de lobserver, mais je trouve quelle rayonne encore plus que dhabitude.

 

Elle sapproche de moi avec une mine neutre et me parle depuis sa position.

 

Nahia : où est-ce quon va ?

 

Jattends quelle arrive à ma hauteur pour lui répondre, mais elle passe sa route vers lhélico. Jencaisse mon vent et me retourne pour surprendre le pilote qui continue de la dévisager sans scrupule. Je lui lance un regard assassin qui le fait détourner la tête sur le coup. Cest une fois prêt pour le décollage que Nahia me parle à nouveau.

 

Nahia : je peux savoir où est-ce quon va ?

 

Moi sourire mystérieux : tu verras !

 

Nahia : mhmm.

 

Elle sort une grosse paire de lunettes fumées de son sac à main quelle porte. Pendant tout le vol, je lui jette quelques coups dœil à la dérobée, mais ses yeux restent fixés sur le ciel. Lorsquaprès dix minutes de vol lhélico se pose dans le jardin dun bungalow plain pied fraîchement posé dans un environnement protégé à lautre bout de la ville (un autre cadeau de mon père) elle descend en premier et savance vers la baie vitrée. Je donne des instructions au pilote par rapport à son retour avant de la rejoindre. Jactionne douvrir le loquet et à peine, on pénètre dans le hall quelle se tourne vers moi les mains croisées sous sa poitrine. Elle a pris le temps denlever les lunettes.

 

Nahia : tu voulais discuter, je técoute.

 

Moi (agacé) : Aynia, cest bon quoi !! (fermement) Cest moi qui tai appelé pour discuter donc tu temporises et tu me laisses faire les choses à ma manière.

 

Elle fronce la mine et me regarde fixement, je lève la tête pour soutenir son regard. On se jauge ainsi jusquà ce quelle pousse un soupir exaspéré.

 

Moi (désignant le salon dun geste de la main) : après toi.

 

Elle se retrouve assise à lextrémité du canapé dangle dans le salon en question, je prends place à mon tour sur le canapé 3 places en face. Il y a un instant de flottement pendant lequel je cherche une phrase d'accroche.

 

Nahia (impatiente) : alors ?

 

Je lui lance un regard réprobateur avant de soupirer bruyamment.

 

Moi commençant : je suis vraiment désolé pour ce comportement bourru et froid que jai eu envers toi ces trois derniers jours. Je sais que cela ta blessé et jen suis vraiment navré.

 

Nahia : il y a de quoi parce que

 

Moi (levant une main pour linterrompre) : laisse-moi finir sil te plaît (enchaînant) tu peux imaginer mon état desprit lorsque je quitte le paradis pour descendre dans cet abîme dans lequel ma sœur ma plongé et comme si cela ne suffisait pas, je viens surprendre ma très très récente femme en train de deviser avec son (articulant) éternel ex au téléphone.

 

Elle reste à me dévisager sonnée et hébétée pendant que je poursuis lair de rien.

 

Moi : je me suis senti profondément blessé,jai réalisé que mes efforts jusquà maintenant ont été vains, quil aura toujours une place dans ton cœur. Je nirai pas jusquà dire que tu ne maimes pas, mais tu ne maimeras jamais assez pour loublier lui. Il

 

Nahia (tout dun coup) : NON MAIS TU DEBLOQUES OU QUOI !

 

Je lève le sourcil extrêmement surpris.

 

Nahia calmement : pardon je nai pas fait exprès de crier, eh bien peu importe ! (haussant le ton) Non mais Manaar ? Tu mas rabroué durant des journées entières, à cause de ce (appuyant) frappadingue de Manaar ?

 

Moi : je te rappelles quà une époque de ta vie, tu vouais un amour sans précédent à ce frappadingue ! 

 

Nahia criant : ça sappelle le passé Khalil !

 

Elle prend son souffle et reprend posément.

 

Nahia : pourquoi sembles-tu penser que je ne taime peut-être pas plus que je lai aimé lui ?

 

Moi parlant vite : parce que son ombre plane toujours sur notre couple ! 

 

Nahia avec véhémence : tu te trompes sur toute la ligne Khalil, Manaar fait bel et bien parti de mon passé.

 

Moi (regard ironique): ah ouais ? Ça explique pourquoi tu gardes toujours le contact avec lui.

 

Nahia : mais quest-ce que tu racontes au juste ? Manaar, je men fous royalement. Il ne mérite même pas une once du fragment de pensée de ma part. Dailleurs ça fait des années que je lai rayé de ma vie et je ne me suis jamais préoccupée de ses harcèlements étant donné que jai foncièrement mieux à faire. Lautre fois, je me suis résolue à lappeler par compassion pour son état de santé parce que figure-toi quon lui a diagnostiqué des troubles bipolaires. Ce qui explique aisément son comportement envers moi ces dernières années.

 

Moi perplexe : tu ne mas jamais parlé de ça.

 

Nahia roulant des yeux : justement, je le sais que depuis trois et je lai su grâce à Murielle qui est venue solliciter mon aide. Jaurais eu le temps de ten parler si tu ne mavais pas pris en grippe sans chercher à comprendre.

 

Moi : je te présente mes excuses, jai réagi sans vérifier les faits.

 

Nahia lair outragée : au moins cest clair que tu te sens en insécurité vis à vis de mes sentiments pour toi

 

Moi linterrompant : absolument pas

 

Nahia me coupant la parole : en tout cas, cest que jai retenu de (faisant le signe de guillemets avec ses doigts) je nirai pas jusquà dire que tu ne maimes pas, mais tu ne maimeras jamais assez pour loublier lui ! Selon toi, je taurais laissé mépouser si cétait encore le cas ? (secouant la tête) Laaaa ! Tu devrais savoir mieux que quiconque que je ne suis pas fourbe encore moins une parvenue. Et franchement ça me blesse, ça me vexe énormément que tu puisses penser une nano seconde que je fasse encore une fixation sur mon ex après tout ce que nous avons traversé toi et moi.

 

Moi mitigé : Aynia

 

Nahia (levant une main en me fixant toujours dans les yeux) : tu mas réparé Khalil, il ny a plus de vide à combler dans mon cœur parce que toi, tu me suffis amplement. Tu me croiras ou pas, je suis folle amoureuse de toi. Jaime tout chez toi, absolument tout, même tes défauts je les aime. Et je pensais que mes gestes, mes paroles, mes actes, toutes les décisions que jai prise par rapport à nous ces quatre dernières années, sans oublier les coups durs que jai encaissés pour être avec toi, pour faire accepter notre relation suffisaient à te mettre au diapason. 

 

Moi : je te le redis, je suis désolé mon cœur. Je suis le roi des idiots.

 

Nahia : cest peu de le dire.

 

Moi : et dans les jours à venir le roi déchu (elle arque le sourcil) bah, il se trouve que les vizirs mont donné un moratoire, de sorte à ce que je puisse conserver mon titre à condition que je prenne une décision légitime par rapport à laffaire Yumna.  Jai trois jours pour prendre cette décision.

 

Nahia grandissant ses yeux : ah, cest trop peu pour prendre une décision aussi cruciale !

 

Moi soupirant : je sais, ces vieux renards sont retors parfois. Ils me mettent devant un choix cornélien : le pouvoir ou la famille. (soupir dégoûté) Comment est-ce que je suis censée faire ce genre de choix ? Cest comme me demander de choisir entre toi et ma vie. (elle hausse les sourcils pendant que jajoute) Jaime ma famille tout autant que jaime mon peuple. Jai un devoir moral envers les deux. Je suis incapable de choisir entre les deux, ils font partie intégrante de ma vie.

 

Nahia (hochant la tête) : javais compris, mais bon je suis sûre que tu sauras faire le bon choix. Je te soutiendrai quelle que soit ta décision.

 

Je la regarde en plissant les yeux, ce nest pas ce genre de réponse laconique que jespérais obtenir de sa part.

 

Moi : tu me fais toujours la tête ?

 

Nahia (hochant demblée la tête) : et avec raison ! Jaurais vraiment apprécié que tu viennes mettre les choses à plat avec moi au lieu de chercher à métrangler toutes les nuits depuis lincident. À ce que je sache, on a toujours fonctionné ainsi.

 

Moi : je nai jamais cherché à tétrangler !

 

Nahia : si ! La journée, tu te montres acerbe et distant mais la nuit, tu viens avec toute ta détresse me serrer inconsciemment jusquà métouffer.

 

Moi (ton suave) : tu me montres comment je my prends ?

 

Nahia (croisant la main sous sa poitrine) : tssuiipp !

 

En tout cas je ne relève pas, en tout cas je me suis retrouvé devant elle en une fraction de seconde puis penché au-dessus delle au quart de tour. Laissez la bouche cadeau ! En deux trois mouvements, jenlève son hidjab puis labaya. Je souris directement lorsque je vois ce qui se cache en dessous. Autant dire que ça déménage ! Encore mieux que linfirmière sexy, un body combi or brillant ouvert sur la poitrine, les tétons camouflés par des Nipples croix noir sur lesquels sont inscrits « Kiss me ». La coquine sest même munie dun anneau vibrant et dune chandelle en cire de soja. Nest-elle pas grandiose ???? (les vrais savent)

 

Bon bref ce nest pas tout, mais on se dit à tout de suite !

 

 

 

 

Le tournant décisif