RIP

Ecrit par Aura


Si vous me posez la question de savoir ce qui s’est passé, je ne saurais vous répondre. J’ai juste constaté que j’étais encore vivante à mon réveil. J’ai tellement crié de joie que tout le monde a cru que j’atteignais le paroxysme de la folie. Si j’avais eu la chance de sortir de là, j’allais donc me donner une chance de venir à bout du problème et ce sans plus tarder. Il fallait pour cela que je quitte l’hôpital dans les brefs délais. Je voulais faire désormais les choses correctement tout en découvrant toute la vérité sur ce que ce taré était en train d’avancer. Les deux jours qui ont suivis, j’ai quitté l’hôpital à la grande surprise de tous. Je ne pouvais pas encore marcher car étant assez faible, mais j’avais atteint un de mes objectifs. 


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Etre chez soi c’est tout simplement nickel. Ne plus sentir l’odeur des hôpitaux, des médicaments et bien d’autres me fait un bien fou. C’est vrai que je ne peux plus faire grand-chose toute seule, mais au moins je profite du confort de mon appart en compagnie des dernières personnes qui me restent et qui me sont chères. En parlant d’appartement, je me suis aperçue à mon retour que Mme Limani alias ma mère avait débarrassé la maison de tous les effets de bébé. Après révélation, maman m’a avoué avoir donné tous les vêtements de David aux œuvres caritatives et vendu ses autres effets. L’argent obtenu avait été versé sur à l’orphelinat dans lequel il avait séjourné. J’ai eu mal, mais je me suis retenue de verser une seule larme. J’avais besoin de quelque chose qui me rappellerait mon fils, son odeur, sa frimousse. Mais rien. C’était certes douloureux mais je ne devais en aucun cas verser des larmes pour le laisser gagner. Depuis l’incident de l’hôpital, je me suis promise de ne pas me montrer faible, vulnérable et surtout d’attraper cet enfant de chien et lui faire payer tout ce qu’il m’a pris. 

Les jours qui ont suivis, nous avons finalement organisé les obsèques de David. Celles de Synthia avait eu lieu plusieurs auparavant dans son village natal avec les membres de sa famille. Mais moi je n’y étais pas. A cause de mon état de santé de ce temps-là, je n’ai pas pu y prendre part malheureusement. Je ne sais comment y faire face. Elle était ma sœur et je n’ai même pas pu lui rendre un dernier hommage alors qu’elle s’est retrouvée dans ce pétrin à cause de moi au point d’en payer de sa propre vie. Comme c’est triste !!!

Lucien étant le parrain de David, il s’est donc chargé de ses vêtements et de l’organisation des obsèques. Ce Lundi matin, après avoir convaincu tout le monde de l’importance de cette cérémonie pour moi, je me suis dirigée avec maman à la morgue avec les vêtements de David et son numéro de casier. J’ai opté pour des béquilles au lieu du fauteuil roulant. Le corps ayant été autopsié au préalable. Je craignais juste de le trouver semblable à de la boucherie. 

Après avoir rempli les formalités usuelles, nous nous sommes dirigées dans la salle dans laquelle on prépare la dépouille. Etant un enfant, on n’a pas eu du mal à le retrouver. Lorsqu’on l’a placé sur la table de préparation complètement enroulé dans un drap, j’ai cru perdre tous mes sens tellement il était semblable à un petit tas de vêtement. Le morguer l’a sorti de son drap. Il était tout nu et avait pris tellement de poids. On aurait cru que ce n’était pas lui. Son teint clair avait fait place à un marron qui me dégoutait. Avec maman nous avons découvert que seul son ventre portait des points de suture, signes que l’autopsie ne s’était effectué que dans cette partie du corps. 

Le morguer a commencé à le laver, sollicitant notre aide de temps à autre pour le tourner ou le retourner. Chaque fois que je tenais ce petit corps, il n’avait rien à voir à celui que je serrais dans mes bras les mois antérieurs. Il était froid, rigide que j’avais le sang complètement glacé. Mon Dieu !

On a fini de le laver, de l’habiller, le déposer dans un cercueil, puis dans le corbillard. Ensuite, le corbillard a pris la direction de la paroisse Ste Marie, dans laquelle il avait été baptisé. Plusieurs personnes y ont pris part : des connaissances et aussi des curieux, étant donné qu’il s’agissait d’un petit enfant. Pendant la messe célébrée par le Père Antoine, maman n’a cessé de pleurer mais pas moi. Je me dois de rester forte pour lui, pour mon fils, pour ma sœur. Tout ceci ne va pas se terminer de la sorte. 

Quand à 15h, son cercueil descendait dans la fosse qui lui était réservée avant d’être englouti par la terre qu’on y versait, j’ai senti mon cœur se briser en mille morceaux, comme si mon souffle avait été repris. Mon enfant !!! Mon fils !!!! Repose en paix. Je ne t’ai certes pas engendré, mais je t’ai aimé, je t’aime comme je n’aurai pu l’imaginer. Sois en sûr que ta mort ne sera pas vaine. Les hostilités vont maintenant commencer et je te jure Marc-Levy que je vais te réduire en poussière au point où personne ne saura te reconnaître. 




Cœur en chantier