Vengeance
Ecrit par Aura
Je crois que rester à l’hôpital me procure un bien fou. Cela m’empêche de faire face à la réalité actuelle parce que je suis complètement au bout du rouleau. Je ne vois pas comment recommencer une nouvelle vie, alors que j’ai mis du temps à construire tout ceci. Oh oui !!! Je préfèrerai que la mort m’emporte depuis ce lit d’hôpital pour enfin connaître le doux repos éternel. J’en ai marre. Chaque fois que je suis dans un état de lucidité, je ne cesse d’éprouver toutes les émotions que j’ai refoulées : la honte, le dégoût, la tristesse mais surtout la haine et la douleur. Le pire de tous c’est de savoir qu’il n’y a aucun moyen pour me sortir de là. Alors autant mieux rester malade à vie et rendre l’âme au moment venu.
Ma mère, qui passait son temps à veiller sur moi, ne cessait de me parler d’espoir. De l’espoir ? Pff, ce mot a perdu sa place dans mon lexique. Chaque fois qu’elle en parlait, j’avais juste envie de la faire taire. Une fois lors de sa visite, elle s’est approchée de moi, m’a prise dans ses bras, m’a caressé les cheveux pendant qu’elle me berçait comme un enfant tout en me conscientisant. Elle disait qu’il n’était pas question pour moi de me laisser aller, qu’il fallait que je sache que ce sont des choses qui arrivent, puisque le bon Dieu l’avait sans doute désiré. Elle ajouta qu’il me réservait sans doute quelque chose de merveilleux et ce n’était qu’à moi de le découvrir. Il ne fallait donc pas que j’agisse en païenne en le mettant de côté et en oubliant son plan d’amour pour moi. Là je me suis revue à 13 ans quand elle me sortait les mêmes phrases pour nous réconforter Fallone et moi, lorsque notre père venait de nous quitter. Le fait qu’elle me tienne le même discours, m’a totalement énervé. Je m’étais vivement dégagée de son étreinte, je l’ai repoussé au point où elle s’est cognée contre le mur, quand elle a tenté de me calmer en prononçant le mot espoir, je n’ai pas hésité une seule seconde à lui cracher dessus. Depuis ce jour, elle ne s’approche plus de moi lors de ses visites de peur que je ne lui fasse du mal, de peur de subir encore une de mes colères. Elle reste là assise à me regarder pendant des heures sans sortir un seul mot de sa bouche. Elle me regarde avec tristesse, les yeux exprimant tantôt la colère, tantôt la peine, tantôt le reproche. Puis elle s’en va en silence de la même manière qu’elle est arrivée. Je sais qu’elle souffre en tant que mère, mais ce n’est pas semblable à ce que j’éprouve. Les gens croiront peut-être que j’exagère mais ce n’est pas le cas.
Lorsque j’ai perdu mon père, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je pleurai tout le temps et je ne cessais de me demander pourquoi il nous avait quitté aussi tôt. J’avais l’impression que mon cœur avait violemment été arraché sans mon autorisation. Mais je me ravisai en sachant qu’il avait tellement souffert pendant sa période maladive et que c’était une libération pour lui de quitter ce monde. Je gardais espoir qu’il aille bien et surtout qu’il avait enfin trouvé le repos éternel. Fallone ma sœur ainée était plus dévastée que moi. Elle ne supportait plus de vivre dans notre maison, parce qu’elle ne cessait de penser à lui. Maman a donc décidé d’un commun accord avec une de ses amies de l’envoyer vivre en Afrique du Sud pendant quelques semaines avant de s’y faire à la situation. Finalement les semaines se sont transformés en mois puis en années, puis Fallone a décidé de ne plus jamais rentrer au pays. Pour faire face à la douleur de perdre mon père puis d’être séparée de ma sœur, je me suis mise à la couture. Je dessinais et confectionnais mes tenues qui ne cessaient d’être appréciées par tous. C’était devenu ma thérapie jusqu’à ce que je rencontre Alex. A ce moment-là, j’ai découvert un grand bonheur qui était presque parfait. Tout comme moi, Alex avait également perdu un parent, en l’occurrence sa mère. Je me disais que nous partagions la même chose et les mêmes épreuves. Avec l’aval de maman, nous nous sommes mis ensemble et surtout nous nous sommes installés tous les deux sur le même toit. Grâce à nos petits boulots en tant qu’étudiant, nous nous en sortions très bien. Jusqu’au jour où, Alex a disparu comme par magie, me poussant à le chercher dans les morgues et les hôpitaux pendant des mois. J’ai sombré de nouveau dans ma bulle. Je suis restée dans mon appartement pendant des semaines sans en sortir. J’étais replongée dans ma thérapie de dessin. J’ai dessiné pendant des semaines sans m’en plaindre pour passer à autre chose. Finalement, j’ai regroupé mes dessins et les ai publiés sur un blog des petits designers. Synthia qui était membre de la page, m’a finalement écrit en particulier pour me proposer de postuler pour Azurik. Je n’étais pas très enthousiaste, mais bon j’ai fini par sauter le pas. J’ai postulé et contre toutes attentes, j’étais retenue pour un entretien d’embauche par vidéo-conférence. Quelques jours plus tard, on m’a annoncé avoir eu le poste et être employé d’Azurik. Cette offre m’a permis de mettre les voiles dans une autre ville pour tout recommencer. Synthia que je ne connaissais pas au départ, a fini par se rapprocher de moi et nous sommes devenues super copines, voir sœurs de cœur. Dans ce même élan, j’ai l’initiative d’adopter David pour refaire ma vie. Au moment de connaitre un semblant de bonheur, je perds tout en quelques jours et on me demande de garder espoir ? Non, là je lâche prise parce que j’en ai assez vécu.
Maman a cessé de venir me voir et a cédé la place à Lucien. Elle lui avait demandé de me dire qu’elle ne supportait plus de vivre dans un tel état. Mais qu’elle comptait sur son aide pour lui faire chaque fois le compte rendu de l’évolution de mon état de santé.
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Je suis sur mon lit d’hôpital comme toujours. Aujourd’hui, les médecins ont augmenté la dose de mes sédatifs. Ces crétins !!! Il valait mieux qu’il puisse m’euthanasier plutôt. Comme d’habitude je vois trouble et je perds peu à peu la raison. Tout à coup je sens quelqu’un rentrer dans ma chambre. Je ne peux le reconnaitre parce que je vois flou, mais ce qui ne peux m’empêcher la forme qui se dessine. Je crois que c’est un homme et il semble grand, très grand même. Mais je n’arrive pas à le reconnaitre. Entre les sédatifs qui commencent à agir et la présence de cet homme, dans ma chambre, je commence vraiment à paniquer.
- Oh ma belle !!! lâche-t-il !
Je connais cette voix. Je l’ai déjà entendu quelque part, mais où ? Qui est-ce ? Tout en moi me demande de prêter l’attention à cette voix et surtout de me calmer.
- Oh Arielle, reprend-il !
- Qui est là ? Qui êtes-vous ?
- Quoi tu es devenue aussi aveugle ?
Il se rapproche de moi et tend ses mains vers mon visage pour voir si je vois.
- Ah tu vois quand même, c’est rassurant de le constater. Je ne sais pas comment j’allais le prendre si tu perdais également tes yeux en même temps que tes proches.
- Dites-moi qui êtes-vous ?
- Ahhhh s’est-il écrié de rire. Je suis ton pire cauchemar.
- Marc-Levy.
- En chair et en os. Ravi de constater que tu n’es pas si détraqué qu’on le laisse croire.
- Sale enfoiré de merde. Salopard. JE VAIS TE TUER !!! Je tente de descendre du lit, mais mes membres attachés me rappellent que je ne peux pas le frapper. Alors je commence à crier : MEURTRIER, CRIMMINEL, SORCIER….
- Et blablablabla. Je connais la chanson. Alors tu as aimé le spectacle ?
- SALAUD !!! Au secours !!! A l’aide !!!
Il se rapproche de moi et me met un scotch sur la bouche. Je gigote de toutes mes forces parce que je crains le pire.
- Eh arrêtes ces gamineries, sinon je te jure que je vais te coudre cette bouche. Tu sais quand même que je ne plaisante pas même quand il s’agit de toi. Je ne te dis pas à quel point j’ai pris mon pied en violant ton amie comme il se doit. Ahhh elle croyait que j’étais un saint mais au fond elle s’est complètement trompée. Ah comme c’était jouissif, tu n’en as pas idée. Sauf que ce n’était pas toi. Quel dommage. J’aurai aimé que ce soit toi à la place. Ah oui que je rentre et sorte en toi comme pas permis. Je suis sûr que tu ne le regretteras pas. Contrairement à cette trainée, je serai plus doux mon cœur.
- Hummmm !!!
- Arrêtes de gigoter parce que personne ne peut t’écouter. De toutes façons tout le monde croit que je suis médecin. Oh si tu voyais plus clair tu saurais que je porte une blouse blanche qui me va à ravir. Les idiots de policier qui font la garde sont allés manger et ont laissé le loup rentrer dans la bergerie. Quelle erreur monumentale de leur part ! Ils auront désormais ton sang entre leur main. Ahhh j’adore ce sentiment de culpabilité.
- Hummmm !!
- Je suis sûr que tu ne cesses de me traiter de tous les mots. T’inquiètes je les connais tous par cœur.
Il souffle avant de reprendre la parole.
- Si je suis venu ici c’est pour voir dans quel état pitoyable tu te retrouves et surtout que même si je ne t’ai pas ôté la vie physiquement, c’est parce que je n’en ai pas eu l’occasion. Mais je suis quand même fier du résultat, puisque je peux dire que tu es morte. Aujourd’hui, mon père peut reposer en paix maintenant que je l’ai vengé après ce que ton père lui a fait subir.
- Hummm !
- Tu te demandes bien ce que ton père fait dans toute cette histoire. Tu ne le sauras jamais puisque tu vas bientôt mourir. Et peut-être que finalement tu le sauras quand tu te retrouveras dans l’au-delà avec ta pute d’amie, ton père voleur et escroc, mon fils que tu as adopté.
J’écarquille les yeux tout de suite…
- Tu ne le savais pas… Oh David était mon fils et j’ai monté un plan qui a très bien marché pour que tu le fasses entrer dans ta vie et avec lui, le démon que je suis, son ex diabolique Père. Mais je suis toujours aussi diabolique t’inquiètes. Ahhhhhh ! Tu en sais beaucoup trop à présent. Maintenant tu vas dormir et ce définitivement. Si la situation avait été autre, on aurait pu s’aimer tous les deux et fonder une famille heureuse, mais il a fallu cette vengeance pour en arriver là. Pauvre chérie !!! Bien dors à présent et adieu !!!!
- Hummmm !!!!!
- Au fait, après toi Alex sera le suivant, puis ta mère, Lucien et enfin ta sœur. Ne me remercie pas, de réunir votre famille toute entière dans la mort.
- Hummm !!!!
- Adieu mon futur ex-amour de ma vie
Il a pris je ne sais quoi mais j’ai senti une aiguille me transpercer, et plus tard j’ai commencé à perdre mes forces, je me sentais défaillir. Les souvenirs ont commencé à défiler dans ma tête à une telle vitesse. Je vois David, Synthia, ma mère, Lucien, Fallone, Alex, mon Père…..Non, je ne veux pas mourir. Je ne dois pas mourir. Je dois me venger. Trop tard !!!