Sommeil éternel

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 40

 

****Akabla****

C’est demain le rendez-vous avec les russes. Dire que je ne suis pas inquiète serait un pur mensonge de ma part. Je ne sais pas réellement comment cela se passera, mais une chose est sure, je les surprendrai et ce au moment où ils s’y attendent le moins. Le marocain m’a assez rabâché les oreilles avec ses conneries. Ce qu’il ne sait cependant pas, c’est que moi Akabla rien ni personne ne me surprend. J’ai toujours un dernier tour dans mon sac. Il en connaisse neuf, et moi j’en connais dix ; et c’est là toute la différence entre nous.

Je sors donc de la maison en ce vendredi après-midi le cœur léger et l’esprit libre. Je me sens très bien et je suis d’assez bonne humeur. Si les choses se passent comme je le veux et comme je l’espère, je quitterai le pays le mois prochain pour un long voyage. J’ai envie de changer d’air et de voir d’autres cieux. Aussi avec tout le fric que je vais me faire, je pourrai dépenser sans même compter.

Selon ma « bible financière », tant qu’on a le fric, on ne peut nullement être triste. L’amour comme le bien être sont conditionné. Vous voulez avoir quelque chose des gens, alors offrez leur une chose égale à ce que vous demandez, ou bien plus encore que ce que vous demandez.

Il arrive que tu te prennes de sympathie ou éprouves une certaine affection pour des personnes ; qui en retour croient que tu en as après ce qu'elles "possèdent". Leurs propos sont parfois discourtois et empreints de suffisance tant elles sont convaincues que tu es un miséreux. Quand tu as à faire à ce genre de personne toute ta vie, tu auras tendance à être comme elles.

J’ai appris à la bonne école de la vie.

La vie m’a appris à montrer les crocs. Je n’ai pas eu à choisir entre être ce que je suis et ne pas l’être. Elle s’est imposée à moi et j’ai embrassé cette façon d’être. Si j’avais eu l’opportunité d’être une autre personne, serais-je devenu cette autre personne ?

La question reste posée.

Même si au fond je sais aussi que je me complais dans ce mauvais rôle que la vie m’a fait endossée. Et comme j’aime si bien le dire, pas de regret en enfer. Quand tu as merdé et que tu es en enfer, tu n’as pas le droit de regretter le paradis.

Que les bons s’en aillent au paradis. Et lorsqu’ils y seront, qu’ils ferment les portes de sorte que nous les méchants restions dehors. Je ne vais pas me priver de mes envies de cette vie pour une vie future dont je ne maitrise absolument rien. Vivons mieux, vivons le présent.

Je m’arrête dans un petit restaurant chic pour prendre un bon repas accompagné de vin rouge. Je sais qu’il est un peu trop tôt pour prendre l’alcool, mais j’en ai besoin. Il faut quand même que je me fasse plaisir ; et de toutes les façons c’est de ma poche que vient la paie.

Par ailleurs, je me sens d’humeur à claquer les billets de banque. Je m’assois donc et passe ma commande. En attendant qu’elle n’arrive, je me mets à « Googler » sur de potentielles destinations en ce mois de juillet.

Il pleut à Abidjan, alors j’ai besoin d’un endroit chaud pour mettre ma belle silhouette en valeur. Je me suis acheté quelques nouveaux ensemble maillot de bain, j’en aurais besoin pour me prélasser sur les belles plages. Savoir profiter de la vie est une qualité que j’ai. Après tout ce que cette chienne de vie m’a fait endurer, j’ai raison de vouloir lui rendre la pareille en abusant d’elle au maximum.

Le serveur qui s’occupe de moi, m’apporte ma commande quinze minutes après. Je me mets à déguster ce plat avec gourmandises. De là où je suis, je peux voir toutes les entrées et les sorties du restaurant. L’endroit est beaucoup fréquenté ; et à voir la clientèle, on se doute que les prix ne sont pas à la portée de tous. Tant mieux alors, il faut savoir se distinguer dans tout ce qu’on fait. Aussi mais surtout, il faut fréquenter les lieux où l’on peut faire de belles rencontres.

Je porte mon verre de vin à mes lèvres pour le déguster quand je le recrache aussitôt. Pas qu’il ne soit pas délicieux, loin de là ; il est même divin. Cependant la scène à laquelle j’assiste me laisse sans voix.

Elle n’aura pas attendu longtemps avant de se remettre en couple. Alors qu’elle osait pleurer à la mort de son gredin d’ex-mari comme si après cela elle ne pourrait plus jamais avoir une autre relation.

Hypocrisie quand tu nous tiens !

Le couple qui vient de faire son entrée ne m’as pas vu. Martine ne semble pas m’avoir vu, sinon je crois qu’elle serait sortie du restaurant sans même y être entrée. Elle m’a l’air heureuse. Mais il ya autre chose dans son attitude avec ce monsieur qui m’intrigue. Ses yeux brillent de mille éclats. C’est vrai que ce dernier n’est pas mal non plus. C’est le genre d’homme que je me verrai bien épouser dans un futur lointain. Ils sont ensemble, il n’ya pas de doute à cela ; et ce dernier semble être fou d’elle. Il lui a tiré la chaise et ne lui lâche pas la main depuis qu’ils sont là. Il est possessif envers elle ; ya qu’à voir le regard qu’il pose sur elle.

Tout d’un coup mon visage s’éclaire.

Putain ! Elle est amoureuse de lui également.

Je connais cette femme comme si je l’avais faite. Je l’ai côtoyé pendant plus de trois ans et je connais la moindre de ses émotions, et je peux même anticiper sur ses réactions. Et là je constate qu’elle est en amour devant ce monsieur. Même si celui-ci ne semble pas s’en rendre compte. Et pourtant elle l’aime et ne le cache pas du tout. Quand elle lève la main gauche, j’y vois briller une belle bague à son annulaire. Un beau bijou. Serti de diamant en plus.

Ils sont mariés !

Elle n’aura pas chialé longtemps sur la dépouille de l’autre imbécile. Mais qui le ferai ? Cet homme ne méritait pas une femme comme Martine. Il faut dire que ces deux-là étaient tous des cons que je n’ai pas eu du mal à manipuler à ma guise.

Puis comment fait-elle pour tomber sur des hommes aussi beaux et friqués ? C’est juste énervant. Et tellement frustrant pour une personne qui aura trimé toute sa vie pour avoir ne serait-ce qu’un soupçon de faveur.

Voyant qu’elle n’avait pas encore constaté ma présence, je fais appel au serveur.

—Vous avez du champagne ?

—Oui madame nous en avons. Je vous apporte une coupe ?

—Non. Je veux votre bouteille la plus chère. Combien coûte-t-elle ?

—Euh 250.000 f madame.

—C’est parfait. Vous la prenez avec deux flûtes et vous l’apportez au beau couple qui est juste dans le coin. Et vous l’ajoutez à ma facture.

—C’est bien compris madame. Vous avez besoin d’autre chose ?

—Non de rien pour l’instant. Tout est parfait.

—Très bien. Et n’hésitez pas à me faire signe si le besoin se fait sentir.

—Je n’y manquerai pas.

Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il apporte la bouteille à la table de Martine. Je lis d’abord de la surprise sur son visage. Puis de la joie, et quand le serveur lui indique ma table, son visage vire au cramoisie. Je lui fais un petit coucou de la main.

Elle lui murmure quelque chose et ce dernier revient vers moi avec la bouteille de champagne. Son compagnon tourne le regard vers moi et j’ai le temps de lui faire mon plus beau sourire.

—La dame me charge de vous retourner votre présent.

—Je n’en suis pas étonnée. Laissez s’il vous plait, je m’en charge moi-même.

Je prends donc la bouteille des mains du serveur et me rends à leur table. Je perçois l’ambiance électrique qui règne à leur table. Je crois que j’ai brisé le charme et la bonne ambiance qui y régnait.

Tant mieux alors. Parce que c’est ce que je veux. La mettre hors d’elle chaque fois que je la reverrai dans cette putain de vie ; et où que je la verrai, je me donne pour mission de lui rendre l’ambiance intenable.

—Bonjour Martine.

Elle ne prend pas la peine de me répondre.

—C’est à toi que je parle très chère ; et tu pourrais quand même avoir l’amabilité de me répondre. Sinon que dirait le bel apollon à tes côtés ? Je me tourne vers ce dernier et lui tend la main. Bonjour monsieur, je suis une vieille amie de Martine et je sais qu’elle ne vous a pas parlé de moi. Je me nomme Akabla.

—Bonjour Akabla. Répond-t-il. Et pour correction, elle m’a bien parlé de vous. Mais je ne crois pas que vous fassiez partie de son cercle d’amis.

—Ah bon ? C’est ce qu’elle vous a dit ?

—Qu’est-ce que tu me veux Akabla ? me dit-elle enfin. Tu vois bien que je suis occupée.

—Je sais. Et je peux constater ton occupation. Je lui fais un clin d’œil plein de sous-entendus pour qu’elle comprenne où je veux en venir.

—Ok. Tu peux donc me laisser profiter de mon repas.

—Je ne suis pas là pour t’enquiquiner. Loin de moi cette pensée. Bien au contraire je suis là pour te féliciter pour ton mariage et t’apporter ce joli présent ; je sais que tu aimes le bon champagne et j’en ai pris le meilleur. On ne peut pas dire que tu auras porté le deuil longtemps. Vu la manière dont tu te lamentais le jour de l’enterrement, j’étais loin d’imaginer que tu ne durerais pas avant d’écarter tes jambes devant un autre homme.

Elle bondit de son siège le visage déformé par la colère.

—Qu’est-ce que tu as dit ? Répète un peu voir.

—Tu as très bien compris ce que je veux dire, pas besoin de te faire un dessin à moins que tout ce que tu as vécu t’ai rendu bête au point de ne pas comprendre.

Elle s’avança vers moi. Menaçante. Qu’elle approche un peu que je lui refasse son portrait.

—Calmez-vous mesdames. S’il vous plait, nous sommes dans un lieu public et les gens nous regardent. Chérie, s’adressa-t-il ensuite à Martine. Je t’en prie, calme-toi ; elle n’en vaut pas la peine. Ne gâche pas ta joie pour elle.

Il s’approche d’elle et la prends par la taille. Elle se rétracte aussitôt et se détends. Il passe ensuite un doigt sur sa joue et la caresse avec délicatesse avant de lui murmurer quelque chose à l’oreille. Son regard ne brille plus sous le coup de la colère, et celle-ci a disparu comme par enchantement.

Alors pendant que moi je fulmine avec ma bouteille de champagne en main, ces deux-là sont en train de s’amouracher tranquillement comme s’ils étaient dans leur monde à eux. Cela a pour conséquence d’en rajouter à ma colère.

Ils se foutent de moi. Et ça je ne peux le supporter.

—Oui c’est ça, dégonfle toi parce que ce pantin l’a exigé. Tu es faible et tu seras toujours écraser par les plus forts. Tu es née pour rester à la traine derrière les autres.

—Ça suffit madame. S’il vous plait, allez-vous-en.

—Je n’irai nulle part. C’est un restaurant public et il n’ya pas votre nom sur l’en-tête. J’ai donc tous les droits de rester ici et d’en profiter tout comme vous. Et si quelqu’un doit partir, je crois que c’est vous deux, car j’étais bien là avant que vous n’arriviez.

—D’accord on s’en va. Dit Martine en prenant son sac.

—Non chéri. Restons. Ne t’occupe plus d’elle ; penses à ce que je t’ai dit.

Elle le regarde, me regarde ensuite et retourne sur sa chaise sans ne plus m’accorder d’attention.

—Tu ne voudrais pas que je vienne travailler pour toi par hasard ? Dis-je juste pour la mettre encore en colère. Je pourrai bien m’occuper de ton foyer, je connais bien tes habitudes et je sais ce que tu aimes ou pas. Je pourrai laver les vêtements et sous-vêtements de ce bel apollon qui te sers de fiancé, et qui sait, peut-être que l’histoire se répètera. Tu sais que j’ai le chic pour attirer les hommes de ta vie.

—Non. Tu as le chic pour reprendre ce que je jette. Tu avale au goulot ce que je vomis. C’est de ça qu’il s’agit.

Je pars d’un grand éclat de rire.

—C’est la meilleure de toute celle-là. Que ne faut-il pas entendre quand on est dépité ? Ah bon ? C’est ce que tu as pris pour te consoler après que ton mari t’ai abandonnée pour moi et ma douceur. Tu sais ce que Moctar disait de toi quand il me faisait l’amour, il ne cessait de me répéter qu’il n’a jamais été satisfait avec toi. Parce que tu es frigide et que tu ne sais pas prendre ton pied au lit. Tu es … comment dire, nulle. Oui c’est le mot qu’il a employé. NULLE et de NUL effet.

Je ne l’ai pas vu venir, sinon peut être que je l’aurais esquivée. Mais la gifle qu’elle m’a donnée m’a fait voir les étoiles au point où la bouteille de champagne m’a échappée des mains. Elle s’est brisée en mille morceaux sur le beau carrelage du restaurant.

J’ai frotté ma joue endoloris et ais voulu contre attaquer, mais son compagnon dont j’ignore le nom s’est mis entre nous et l’a protégé de moi.

—Non tu ne la touche pas. A-t-il intimé.

—Dégagez de mon chemin. Je vais lui apprendre à se battre. Tu gifle comme une fillette sale garce.

—Viens alors te confronter. Espèce d’imbécile sans vergogne.

—On s’en va Martine.

Joignant l’acte à la parole, il saisit le sac de cette dernière en jetant quelque billet de banque sur la table avant de la tirer par le bras.

—C’est bien de se cacher comme une mauviette derrière ton mec. Vient ici que je t’apprenne le respect. Idiote.

—Non. J’en ai fini avec toi et je n’ai plus rien à faire avec toi. Toi et moi ne jouons pas dans la même poule ; je suis dans le haut de gamme alors je ne vais pas me salir les mains sur une moins que rien de ton espèce.

—Je vois que tu en as pris de la graine. Je suis heureuse de t’avoir ouvert les yeux, mais sache que je suis ton maître dans cette vie et dans toutes les autres. La naissance t’a été favorable, mais je t’aurai ouvert les yeux sur le vécu. Remercie-moi, parce que tu ne laisseras plus jamais une autre femme s’occuper de ton homme. J’espère que tu ne m’oublieras jamais. Et que tu te rappelas de moi chaque jour de ta putain de vie. Aussi n’oublie pas qu’Abidjan est petit et on peut se croiser partout ma chère.

—Tu ne me fais pas peur.

—Tant mieux alors. Au moins je n’aurai pas l’impression d’avoir dévoré une faible.

Son compagnon continuait à la tirer par le bras et ils étaient bientôt à la sortie du restaurant. Un serveur commençait à nettoyer les débris de bouteilles. Le liquide ambrée avait coulé, de sorte à salit l’endroit. C’est vrai que nous nous sommes donné en spectacle et les gens nous regardaient nous disputer avec grand intérêt.

Le manager du restaurant s’approcha de moi. Le regard désolé. Médecin après la mort j’ai envie de crier.

—Madame que se passe-t-il ici ? C’est tout à l’heure que j’ai été informé d’une altercation entre des clients.

—Demandez à ce couple de gredin qui s’en va. Vous auriez dû venir un peu tôt. Car là c’est trop tard. Rouspétais-je en lui montrant leur voiture qui venait de démarrer.

—Je m’en excuse. J’étais occupé à la cave.

—Alors ne me demander pas si vous ne pouvez pas m’aider.

Je le laisse planter là et retourne à ma place. Il a la bonne idée de ne pas me suivre parce que j’aurai déversée toute ma frustration sur lui. J’ai encore mal à la joue à cause de la gifle de Martine. C’est plus la surprise du coup et la violence qui m’ont fait voir des étoiles. Je ne peux pas dire que je l’ai vu venir. Mais surtout je ne m’y attendais pas du tout. Par ailleurs je n’aurais jamais imaginée cette folle levant la main sur moi. Même dans mes rêves les plus fous, je ne l’aurai pas cru.

Mon repas est froid et à vrai dire je n’ai plus l’appétit. J’ai plutôt un putain de mal de tête qui me donne le tournis. Je règle vite l’addition et quitte le restaurant sous les regards interrogateurs des autres clients.

Je ne suis plus d’aussi bonne humeur qu’à l’arrivée. J’ai juste envie de me coucher et sombrer dans un sommeil réparateur. Il faut que je sois d’attaque pour demain. Et en parlant de ça, je dois discuter avec le marocain des derniers points.

Je rentre chez moi le cœur lourd. Je ne peux cesser de penser à ce qui s’est passé au restaurant. Le bonheur que j’ai vu dans les yeux de Martine et l’amour que ce monsieur a pour elles m’ont fait tellement de mal. C’est fou comme j’ai mal.

La vie est injuste.

Elle est d’une injustice flagrante.

Martine ne souffre pas pour avoir ce qu’elle veut. Tandis que moi … moi, je dois me plier en quatre. Sinon je sors perdante de cette équation. Elle est née dans une famille riche, a fait les meilleures écoles et a eu un très bon travail. Un mari aimant et des enfants en bonne santé. Moi je n’ai rien eu de tout ça. L’injustice ne pourrait pas être pire. Je suis née dans une famille tellement pauvre, je n’ai pas eu la chance de faire de bonnes études, pas de travail respectable. Mais plutôt ce foutue poste de nounou. Pas d’homme, à part des violeurs et des menteurs. Pas d’argent, à part des paies qui ne font pas le quart du boulot que tu te tape pour ces familles ingrates.

Alors je devais à tout prix me venger de la vie. Et elle a mise Martine sur mon chemin pour que je m’en venge. Je devais faire ça, ou rien d’autre.

Et quand je pense l’avoir cassé, elle se relève et renait de ses cendres, tel un phénix. J’ai l’impression que cet homme est plus riche que Moctar et il l’aime tellement. Il l’adore et la vénère presque.

Seigneur !

Quelle injustice !!!

 

****Samedi soir****

Je suis fin prête.

Je suis prête à passer à une autre étape de ma vie. Parce qu’après ce soir, c’est sûr que je ne verrai plus les choses de la même manière. Je ne vivrai plus les choses de la même manière.

La somme que m’a révélée le marocain sur le coup de l’opération est chaude et sonnante. De ce fait, je ne pouvais me permettre de faire la fine bouche sur ça. Je sais être opportuniste et il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Laisser en partir une serait pure idiotie de ma part. Alors que moi, Akabla, je suis tout sauf idiote.

Puisqu’il faut rêver, alors rêvons de grandes choses, cela nous permettra d'en faire au moins de toutes petites. Enfin, ce ne sont que des mots la triste réalité est là .... Vivons le cauchemar. Ça ne sera forcément un cauchemar.

Avant de partir, je me rends dans la salle de bain et aspire ma « rose blanche » comme j’aime si bien l’appeler ; elle m’envoie loin. Très loin. Comme l’a chanté cet artiste, c’est ma « lady mélodie ». Elle me fait du bien et me permet de m’accepter. La première fois que j’en ais snifée, j’ai cru perdre la tête. Mais avec le temps, j’ai fini par m’y faire et depuis lors je me sens bien.

C’est surement mal ce que je fais, mais il ya du mal dans tout ce que je fais. Peut-être que je porte en moi le fruit d’une certaine malédiction. Pourquoi ne pas pousser la malédiction plus loin en faisant des choses salaces ?

Après quoi, j’enfile ma guêpière en dentelle. Un ensemble de sous vêtement luxueux que je me suis offert lors de mon dernier voyage. Je ne l’avais jamais porté; il est rouge. Rouge sang. Le sang, la couleur du mal et du bien. A la naissance le sang, à la mort le sang. Alors quoi de plus normal que je porte cette couleur pour mon glorieux soir. Je sens que les russes seront plus que satisfait de ce qu’ils verront. Je passe un manteau noir sur les sous-vêtements. Pas besoins d’autres vêtements puisque ceux-ci seront enlevé dans peu de temps.

Il faut être pratique et ne pas se perdre du temps.

Je retrouve très rapidement Yasser chez lui. C’est là que nous irons au lieu du rendez-vous. Il porte un ensemble jeans de couleur bleu clair. Ça accentue la couleur de ses yeux qui m’ont l’air un peu trop pâle.

Lui aussi en a consommée de la « rose blanche ».

—Tu es toute belle ce soir. Je devine que tu ne portes rien en dessous de ce manteau.

—Tu me connais trop.

—Oui un peu trop pour savoir que tu as passé toute cette semaine à te préparer. Je sais le genre de personne que tu es ma chère.

—Je prends ça comme un compliment, même si je sens une pointe d’irritation dans ta voix. Et puis tu peux te servir avant qu’on ne parte. Tu m’as dit que tu ne me partageras jamais avec un autre homme, mais aujourd’hui tu es capable de laisser d’autres hommes me coller les mains aux fesses.

Joignant le geste à la parole, je déboutonne le manteau pour lui permettre d’admirer ce que je porte en dessous. Il devint tout rouge et je le sens inspirer bruyamment.

Ils ne peuvent pas résister à mes courbes, personne ne peut y résister ; encore moins ceux qui y ont déjà gouté. Je me caresse lentement en descendant la main dans mon entrejambe. Il me regarde. Intensément. Je sens du désir, puis autre chose que je ne saurai nommer.

De la compassion. Oui c’est cela.  

Pourquoi me regarde –t-il avec autant de pitié dans les yeux ?

—Quoi ? Tu n’aimes pas ce que tu vois ?

—Si. Répond – t-il un peu trop vite à mon goût. Mais je crois que je vais passer mon tour ce soir. Tu dois être d’attaque pour ce qui t’attends, je ne vais donc pas te fatiguer avec mes assauts.

—OK. Je peux comprendre ça. Mais dis-moi c’est quoi ce regard ?

Il feint d’être étonné. Il ment mal ce maudit marocain. Je ne suis pas née de la dernière pluie et je sais reconnaitre une sale affaire à des kilomètres à la ronde. Alors mon sixième sens se met du coup en alerte. Tout ça m’a l’air un peu trop facile.

—C’est quoi le piège ? Repris-je plus calmement.

Je boue à l’intérieur, mais il ne faut surtout pas que je lui fasse remarquer mon trouble. Cela risquerait de lui mettre la puce à l’oreille et je me mettrai en danger.

—Arrête ça s’il te plait. Il n’ya pas de piège. Tu vas faire ce qu’on te demande et après tu rentres chez toi avec ton fric. Ces gens te paieront cash, ils n’aiment pas beaucoup les transactions bancaires. Alors reste cool et zen, parce que dans moins de quelques heures, tu seras immensément riche. Riche comme Crésus.

—Hum !

—Tu en doutes ?

—Non. Mais bon…

—Trêve de bavardage. M’interrompt-il. Je n’ai nullement envie d’être en retard et me faire zigouiller par ta faute. Tu m’as assez causé d’ennui comme ça. Il ne faudrait pas en rajouter.

Je me rhabille et le suis dans la voiture.

Mon cœur ne cesse de battre. Je me sens soudain mal, et cette impression de danger me guettant s’intensifie.

Nous arrivons très vite à la résidence. C’est beau comme endroit. Mais quand je pense à toutes ces cochonneries qui s’y passent, je n’arrive plus à profiter de la beauté des lieux.

Nous les trouvons, les russes assis dans une pièce sombre. Ça sent le cuir et le cigare. Yasser semble être un habitué des lieux, car il a juste saluer le portier d’un signe de la tête. Mon malaise va grandissant. Ils sont au nombre de cinq. Il se ressemble presque tous. Gras, avec le ventre proéminent, le visage pâle et le regard perçant. Ils sont juste monstrueux pour moi

Qu’est-ce que je fous ici mon Dieu ?

Si je sors vivant d’ici, je promets de ne plus jamais me laisser prendre dans ce genre de chose. Je formule plusieurs fois cette prière silencieuse en espérant qu’elle sera entendue.

—Bonsoir messieurs.

—Bonsoir monsieur Yasser. Vous êtes pile à l’heure. Répond celui qui semble être le porte-parole du groupe.

Les autres sont là, le regard vitreux et semblant attendre quelque chose.

Mais c’est toi qu’ils attendent ma chère ; me rappela ma conscience.

—Je ne veux plus le faire. Murmurais-je à l’endroit de Yasser.

—La ferme. Intima –t-il d’une voix dangereusement calme. Ce n’est pas le moment de faire ta putain de rebelle. Tu es là pour baiser, alors tu baise et tu te tais.

—Mais…

—Qu’est ce qu’elle veut la belle dame ? demanda le russe en souriant.

J’ai soudain froid dans le dos. Ce sourire est plus que diabolique, il est machiavélique.

—Rien. Elle ne dit rien qui mérite d’être considérée. Répond rapidement Yasser.

Je suis prise au piège. Je me sens mal et je crois que je vais mourir.

—Bon nous savons tous ce qui doit se passer alors ne faisons pas tarder les choses. Nous avons un avion à prendre à 6 heures du matin. Et tout est déjà prêt pour que la fille vienne avec nous.

—Oui tout est prêt. Répond une femme tapis dans l’ombre.

Je ne l’avais pas vu, c’est celle de la dernière fois avec qui j’ai eu cette discussion, qui pour moi était banale. Mais apparemment ce n’étais pas le cas, dans la mesure où c’est à la suite de ça que je me retrouve dans cette foutue merde.

Ils se mettent à parler en russe et je ne comprends absolument rien. Mais mon instinct me dit que c’est de moi qu’il est question.

— Que disent-ils Yasser ?

—Ais je déjà parler russe avec toi ? Pas à ma connaissance, alors ferme ta grande gueule et ne l’ouvre que pour répondre par oui. C’est de ta faute tout ça, tu seras donc la seule à en payer les conséquences. Moi j’ai déjà perdu beaucoup, je ne veux plus rien perdre.

Je suis son conseil et me tais. Pas parce que je n’ai plus rien à dire, mais plutôt parce que je suis morte de peur. Et je ne veux pas accepter ce qui va m’arriver dans les instants qui suivront. Où m’as donc conduit mon amour de l’argent ?

En enfer.

Et pas de regret en enfer comme tu aimes si bien le dire. Me renvoie ma conscience moqueuse et déçue.

—Bien sur monsieur. Elle est toute à vous, moi j’ai déjà fait ma part, je devais juste venir avec elle et vu que c’est fait, je me retire.

—Pas si vite. Sait-elle ce qui se passe ? Parce que je la sens un peu perdue. Ça va madame ?

Je venais répondre lorsque Yasser me devança.

—Evidemment qu’elle le sait et elle est très consentante. Après ce soir elle ira avec vous en Russie.

—Quoi ? Criais-je. Ébahis. Etonnée. Surprise.

—Mais si très chère. Tu es d’accord. N’est-ce pas ?

—Je ne suis pas d’accord. Je ne savais même pas tout ce qui se dit à l’instant. Me défendis avec véhémence. Je pensais juste que je devais venir faire… comment dire coucher avec vous. Je ne suis informée de rien d’autre.

—Ah bon ? Sourcilla le russe.

—Elle vous ment. Elle est d’accord.

—Non. Je ne …

—Ça suffit. Arrêtez de jacasser. Vos voix m’importunent et je ne veux plus vous entendre. Les discussions ont déjà été faites et nous en sommes à la pratique. Le marché est clair, elle part avec nous en Russie et devient notre nouvelle recrue. J’ai payé pour ça et c’est ce qui sera fait. Le deal est déjà bouclé et vous avez reçue l’argent monsieur Yasser. Je ne veux donc pas de faux bond de dernière minute.

Je déglutis avec peine. Ce que j’entends ne peut être vrai. Non je rêve et je vais surement me réveiller. Comment Yasser a-t-il pu me trahir de la sorte ? Et pourtant je lui fais tellement confiance. Mais il n’a pas hésité à me vendre comme un vulgaire mouton de tabaski.

—Elle est tout à vous et faites en ce que vous voulez. Moi je quitte le pays dès la semaine prochaine, je n’ai plus d’attache ici. Sur cette base je ne peux absolument pas m’émouvoir pour quoi ce soit la concernant. Elle est votre propriété maintenant, faites donc en ce que vous voulez.

—J’aime mieux ça. Mais avant nous allons tester la marchandise.

Je restais là. Les yeux hagards ne sachant quoi dire. Mais que vais-je dire ? Je suis comme morte et mon sort, il est scellé. Rien ni personne peut me sauver des mains de ces monstres.

Dans un dernier sursaut d’espoir, je m’agrippe aux bras de Yasser pour qu’il me sauve. Ce dernier m’envoie valser à quelques mètres de lui.

—Ne pose pas tes sales pattes de chienne sur moi. Cracha-t-il. Tu vas crever dans le froid et tu comprendras que dans cette vie tout ne se vends pas. Tu as vendu ton âme au diable alors tends la main à la contrepartie.

—Non je n’ai pas fait ça. Ce n’est pas ce que tu m’as dit. C’était juste pour ce soir. Tu me l’as dit …  tu me l’as même promis. Je ne comprends pas pourquoi tu m’as mentis…

—Pour l’argent ma douce. Pour ce

La nounou de mon fil...