Plusieurs mois après l'incident du commissariat, tout était rentré dans l'ordre pour Véronique, qui était maintenant dans sa dix septième année. Les commérages y étaient allés de bon train dans le village pendant des semaines. Nul ne savait d'où ça a commencé mais le bruit s'était répandu comme une traînée de poudre et les versions étaient multiples. Toutefois cela avait fini par cesser, au grand soulagement de Véro qui à un moment avait même peur de sortir de la chambre parce qu'elle avait l'impression que tout le monde chuchotait en montrant du doigt lorsqu'elle passait. 

Sa relation avec Joseph se portait bien, tout était redevenu comme avant et elle n'avait plus à se cacher pour voir son amoureux. Elle allait chez lui quand elle voulait et tout le village était au courant de leur idylle, ce qui était totalement pour déplaire à sa grand mère. Cette dernière ruminait sa désapprobation en silence vu qu'elle n'avait plus le choix. Véronique le voyait bien mais elle jugea bon de faire comme si de rien n'était. 

Un dimanche soir au crépuscule, Véronique revenait de chez Joseph, où elle avait passé toute sa journée. Vêtue d'un mini boubou, coupé dans un tissu bleu roi, elle souriait toute seule, telle une petite fille qui venait de recevoir son cadeau du père Noël. Elle était presque arrivée chez elle lorsqu'elle tomba sur un jeune homme qui venait dans le sens inverse. C'était Thomas ou Tom comme l'appelaient tout le monde dans le village. C'était un ancien camarade d'école de Véronique. Lui avait eu la chance de poursuivre ses études contrairement à elle. Ils avaient pratiquement grandi ensemble, à la différence près que Thomas avait deux ans de plus que Véro. Leurs concessions étaient presque voisines et leurs familles se connaissaient bien. 

_Eh! Bien Reine tu sembles très heureuse là, s'écria Tom, un grand sourire plaqué sur les lèvres lorsqu'ils se croisèrent. D'aussi loin que s'en souvienne Véro, il l'avait toujours appelée Reine. Elle ne su jamais pourquoi et n'avait jamais prit la peine de poser la question.

_Bah! Peut être que je le suis vraiment, s'exclama Véro, souriant de plus belle. 

_C'est super alors. Comment vas-tu ? 

_Je vais très bien merci et toi? D'où viens tu comme cela ? 

_De chez toi.

_Ah! Je vois. Tu avais une commission pour Dada de la part de ta maman c'est ça ? Tu l'as trouvé à la maison j'espère.

_Non non j'étais venu te voir mais on m'a dit que tu étais sortie alors j'ai causé un moment avec Dada en t'attendant mais comme tu ne revenais pas j'ai décidé de partir et de revenir après.

_Moi? S'étonna Véro et pour cause, lorsque Tom venait chez elles c'était toujours parce que sa maman l'avait envoyé chez la grand mère Joséphine. Il en profitait toujours pour papoter quelques minutes avec Véro et ses petites sœurs, avant de repartir.

_Oui oui toi. Je voulais te parler.

_Ah! Viens alors, on va s'asseoir à la maison pour être plus à l'aise et parler. 

_Non ne t'inquiètes pas, on peut juste rester là ça ne me dérange aucunement. 

_D'accord comme tu veux, acquiesca t_elle en s'adossant à un manguier qui était à côté, pour faire face à Thomas. 

_J'etais venu te dire au revoir. Tu sais que je pars demain pour aller commencer mes études universitaires à Lomé. 

Thomas avait eu son baccalauréat et avait décidé de continuer en informatique dans une université de la capitale. Véro enviait sa chance d'avoir des parents qui, bien que n'ayant pas beaucoup de moyens se battaient jusqu'au sang pour que lui et ses deux petits frères fassent des études.

_Ah! Oui c'est demain. C'est gentil à toi de penser à me dire au revoir. Tu vas nous manquer par ici.

_Ce n'est pas seulement pour te dire au revoir que j'étais là. Tu sais je t'ai toujours appréciée Reine, j'ai toujours trouvé que tu es une fille bien. Tu es sage, sérieuse, calme et tu es tellement belle. Avant de partir j'ai décidé de te dire tout ça parce que ça fait si longtemps que je le garde pour moi. Je voudrais te demander d'être ma petite amie Reine, je voudrais t'epouser un jour et si tu es d'accord je voudrais que tu m'attende. J'aurai bientôt fini mes études et je reviendrai t'epouser je te promets. 

Véronique soupira. Elle ne s'attendait pas du tout à ces révélations et elle avait mal de devoir briser le cœur à Thomas.

_Ah! Tom, tu dois bien savoir, comme tout le village d'ailleurs, que j'ai un homme dans ma vie n'est-ce pas ? Je suis avec Joseph, il va m'épouser dès que j'aurai fini ma formation, c'est à dire dans 1an et quelques mois. Je t'assure que je t'apprécie aussi énormément et s'il y'avait pas Joseph peut être qu'on aurait essayé, mais.......

_Mais il y a Joseph, termina le jeune bachelier avec un sourire triste. Je comprends. Je voulais juste tenter ma chance, être sûr d'avoir au moins essayer.

 Pendant quelques minutes, il y eut un silence gêné entre eux.

_Bah! Ben.....je te laisse rentrer alors, la nuit est tombée. J'espère vraiment qu'il te rendra heureuse Reine. Au revoir. 

_Merci Tom et bonne chance pour l'Université. Prends soin de toi à Lomé et reviens nous voir de temps en temps. 

_Promis. 

Véronique regarda son ami s'évanouir dans le noir. Elle avait mal de lui avoir brisé le cœur, mais elle n'aurait pas pu faire autrement. Le seul roi de son cœur c'était Joseph et personne d'autre.