Un corps qui s'effondre
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 34
****Moctar****
Il y aura quelques fois dans ta vie où ton instinct te dictera de faire quelque chose qui défie ta logique, bouleverse tes plans, et peut sembler fou. Quand ce moment arrive, fais-le. Écoute ton instinct et ignore tout le reste. Ignore la logique, ignore les attentes, ignore les complications, et vas-y !
Et je sais aussi que dans la vie, le plus important n'est pas nécessairement d'être fort, mais de se sentir fort. Et de se mettre à l'épreuve au moins une fois, de se retrouver au moins une fois dans la condition humaine la plus archaïque. Affronter seul la nature aveugle et sourde, sans rien pour vous aider, si ce n'est vos mains et vôtre tête.
Affronter son destin comme un homme. Prendre ses responsabilités et surtout ne pas pourvoir compter sur rien ni personne.
Parfois, une toute petite chose peut changer votre vie en un clin d’œil ; quelque chose arrive par hasard quand vous vous y attendez le moins et vous prenez un cap que vous n'aviez jamais planifié vers un futur que vous n'auriez jamais imaginé. Où cela va-t-il vous menez, seul l'avenir nous le dira... Nous recherchons tous la lumière mais parfois pour trouver la lumière il faut se confronter à l'obscurité... En tout cas, c'est ce qu'il m'est arrivé.
J'ai suffisamment d'expérience pour savoir qu'on ne rembobine pas dans la vie, on peut seulement aller de l’avant, le cœur un peu plus solide là où il a été brisé. Mais rejouer sa partie, refaire son tour de manège, impossible, il n'y a qu'une seule route pour s'en sortir. Droit devant !
Je dois me débarrasser de cette femme.
Je ne sais comment expliquer ce sentiment impérieux qui a pris possession de moi ; plus qu’un vœu, c’est impératif.
« Ne reste plus avec Akabla ». Ne cessait de me répéter une petite voix tout au fond de moi.
J’accepte ce que me dis la voix de ma conscience. Nous sommes à nouveau en harmonie et je peux maintenant tenir compte de tout ce qu’elle me demande. Je me sens bien avec moi-même. Je suis un autre homme. Je me sens changé et surtout j’ai cette paix intérieure que je ne saurais qualifier. C’est donc ça que d’être en paix avec soi-même et ne pas sentir une douleur constante là dans la poitrine. C’est surement à ça que faisait allusion ma mère.
Je n’en reviens toujours pas de ce qui s’est passé ces derniers temps dans ma vie. J’ai fait la paix avec ma mère et celle-ci m’a pardonnée l’impardonnable. Elle m’a fait cette faveur d’accepter mon repentis sincère et de me montrer la voix de Dieu. La voix du pardon et de la tolérance. Elle m’a dit l’avoir appris avec Martine.
Martine !
Saura-t-elle me pardonner également ? Pourrait-elle faire fi de tous nos antécédents et m’accorder son pardon ?
Dans tous les cas je l’espère du fond du cœur qu’elle puisse voir en moi et en mon geste la fin de sa souffrance et le début d’une toute nouvelle ère pour elle et moi. Pas en tant que mari et femme. Mais plutôt en tant que parent. Je veux être avec mes enfants, les éduquer et leur apprendre tout ce que mon père m’a appris. Je veux une garde partagée.
Je veux être avec mes enfants dont j’ai été séparé tout ce temps. Et je me rends soudain compte de ma bêtise envers ma femme. Martine face à Akabla. C’est comme le jour et la nuit. Ce n’est pas comparable.
Qu’est ce qui m’a pris mon Dieu ?
Je me souviens encore des paroles de l’homme de Dieu durant nos séances de prières.
—Mon enfant l’erreur est humain. M’a-t-il dit. Il y a des règles que l’on observe pour ne pas s’attarder sur les autres ; on les adopte parce qu’elles nous conviennent et nous feront croire que l’on peut se passer du reste. On se persuade que ce qui nous arrange annule systématique ce qui nous dérange. Et je crois que c’est sur la base de ce postulat que tu as agis.
Je trouve cette excuse un peu trop facile. C’est comme foutre la merde autour de soi et revenir gaillardement en brandissant cette phrase far. L’erreur est humaine certes. Mais celle que moi j’ai commise est diabolique. Et rien ni personne ne peut me faire penser le contraire.
—Je ne sais pas quoi penser pasteur. Vous savez, après tout ce que j’ai vécu ces dernières années, je me dis que le pardon n’est plus à me donner. Je ne sais pas comment vous expliquer l’état d’esprit dans lequel je me trouve. Avez-vous déjà ressentis cette impression de merde qui vous monte à la gorge quand vous repensez à tout le mal que vous avez fait autour de vous ? J’ai fait souffrir tellement d’innocent et ce rien que pour vivre un rêve. Une utopie même je dirai.
—Je te comprends Moctar. Dit-il avec bienveillance. Sache que tu n’es pas le seul dans cette situation. Tu as peut-être du mal à accepter les erreurs que tu as commises par le passé…
—Je les accepte pasteur. Rectifiais-je. Ne pas le faire serait lâche de ma part. Ce que je n’accepte pas par contre, c’est le fait que tout le monde autour de moi veuille justifier mes erreurs. Vous, ma mère, mes sœurs et mon ami voulez que j’accepte le fait que tout ce qui s’est passé n’était pas de mon fait, dans la mesure où j’étais sous envoutement.
—Et tu en doutes ?
—Oui j’en doute. Je me dis que ce qui s’est passée était voulu par moi et aussi par Akabla. Je l’ai surement forcée à faire ça. Elle m’a séduite, et j’ai accepté. Elle a su mon point faible et a su l’exploiter en sa faveur. Je suis un homme et je traversais une phase assez difficile dans ma vie de couple. J’avais déjà regardé des femmes depuis mon mariage … j’en avais même convoitée, mais je n’avais jamais trompé ma femme jusqu'à ce jour. Surement cette fois j’ai succombé parce que la tentation était tellement proche, tellement présente, et tellement insistante que je suis tombé dans ce piège. Je comprends à juste titre qu’on dise que la chaire est faible. Mon cœur appartenait encore à ma femme quand je couchais avec ma nounou. Mais le cœur lui est capricieux et va là où la chaire trouve sa source de bien-être.
Il me regarde, m’écoute sans m’interrompre. Je ne pensais pas que parler autant avec un inconnu pourrait me faire autant de bien. Et pourtant, j’ai passé tout ce temps chez ma mère à discuter de tout et de rien avec pasteur Michel. J’aimais bien sa façon de me parler, de parler. Il ne jugeait pas. Il m’écoutait attentivement et ne posait de question que lorsque cela s’avérait être nécessaire. Sinon il hochait juste la tête et prenait des notes invisibles dans son esprit.
Je ne saurai quantifier le bien que cela m’a fait de pouvoir pu discuter toutes ces heures avec l’appui de ma mère. Et surtout de pouvoir parler avec une personne qui me comprenne sans vraiment me connaitre.
—Personne ne justifie ce que tu as fait, on ne dit que ce qui est vrai. Sinon je sais que tu es aussi responsable de tout ce qui t’es arrivé. Et crois-moi que je ne te juge point ; qui suis-je pour faire cela ? Nous sommes tous soumis au même régime d’épreuve. C’est à chacun de pouvoir vivre ces épreuves différemment. Et le mariage est une épreuve que nous vivons chacun à notre manière.
—Je ne sais pas vraiment quoi dire pour ce qui est du mariage. J’ai échoué donc parler de mariage avec moi serait une perte de temps.
Il sourit doucement.
—J’ai pour habitude de conseiller les gens lorsqu’ils sont en difficulté dans leur couple. Ce n’est pas vraiment une partie de plaisir de parler à des personnes qui pour la plupart du temps vois le mariage plus comme une prison qu’autre chose. Et je me dis que nous devons tous comprendre une chose, le mariage n’est pas une prison qui va nous empêcher de vivre notre vie. Chacun a ses propres expériences de la vie. Vos oncles ou grands frères, vous diront ne te marie pas, tu es trop jeune, parce qu’à 55 ans ces mêmes oncles ou grands frères sont encore célibataires et leur objectif est de vous faire devenir comme eux. Vos amis qui vous verront quitter leur cercle d’amis célibataires ne vous encourageront pas non plus à vous marier. Quand un de vos amis se marie ou fait un enfant, les autres voient la relation qu’il a avec sa femme ou son enfant, ils commencent eux aussi à prendre conscience. Les gens n’ont pas toujours les bonnes raisons de se marier. Sur quoi repose ton mariage ? Pourquoi te maries-tu ? Pour qui te maries-tu ? Et que représente ce mariage pour toi ? Ta femme et toi n’avez surement pas fais de Dieu le troisième nœud de votre mariage. Et c’est ce que beaucoup de personnes font comme erreur de nos jours. Et tu verras tous ces divorces, n’en soit pas étonné. La désobéissance des règles du Seigneur n’engendre rien que la désolation.
—Vous n’avez pas tort. Mais je crois maintenant qu’il est trop tard. Et je n’ai plus trop la tête à faire à nouveau un mariage. Deux échecs me suffisent largement. Ais je dis le cœur amer.
Je sais que Martine n’est pas vraiment responsable de notre divorce. Alors elle peut refaire sa vie si elle le veut. Quant à moi, d’ici je vais mettre un terme à cette parodie qu’est mon mariage avec Akabla. Je me vois très mal refaisant un croisement mariage. Je ne suis plus aussi jeune que ça pour me permettre toutes ces noces.
—Je ne suis pas d’accord avec toi Moctar. Le mariage est l’une des meilleures choses qui puisse arriver à un homme. C’est une recommandation divine et je te conseille de te revoir. Je sais que vu tout ce que tu traverses, tu puisses être dégoutée de mariage, mais sache que c’est une merveilleuse harmonie des cœurs et des sens.
Je ne peux citer tous les bienfaits de l’union entre un homme et une femme. La liste est très loin d’être exhaustive. Oui le mariage n’est pas une fin en soi mais c’est une responsabilité qui vous ouvre des portes dans la société et vous accorde beaucoup de grâces. Bien sûr il ne s’agit pas de se précipiter pour se marier. Il n’y a pas d’âge aussi pour se marier. Mais si vous avez rencontré la bonne personne… n’attendez pas et ne prenez pas le risque de la perdre. Vous vous responsabilisez et vous donnez envie aux autres de vous faire confiance.
Le mariage, ce n’est pas se mettre la corde au cou. Vous vous libérez plutôt de cette corde du célibat qui vous mène parfois dans une vie de débauche, de vices où vous ne réalisez rien. Et je sais que qu’en tant qu’homme, il est de rester chaste. Cela peut emmener donc à commettre ce pèche qu’est la fornication. Vous aurez une vie bien rangée. C’est vrai que plusieurs hommes mariés continuent de coucher avec toutes les femmes qu’ils rencontrent. Mais dans les moments les plus difficiles où d’autres vous abandonneront parce que vous êtes au chômage. Il y aura toujours une personne pour vous épauler. Vous ferez des économies. Quand vous verrez votre femme et vos enfants, vous n’aurez pas envie d’aller claquer la moitié de votre salaire dans un bar ou une boîte de nuit. Vous n’allez pas payer pour avoir des relations sexuelles avec une femme.
Vous ne serez pas inquiéter de ce que vous allez
manger le soir en rentrant chez vous.
Vous aurez à manger lorsque vous rentrerez tard
chez vous car une personne s’inquiète pour vous et prend soin de vous plus que
vous même. Vous aurez une personne qui prendra soin de vous comme une épouse mais
aussi comme une mère, et vous protégera comme une sœur. Vous aurez une amie,
une confidente à qui parler à tout moment de la journée sans avoir peur d’être
jugé.
Les risques de vous faire arnaquer sur vos sentiments et votre argent seront vraiment réduits. Pendant que d’autres personnes s’inquiéteront de savoir si la personne qu’ils ont choisie est là pour leur argent, vous aurez la conviction que votre femme est là pour vous car elle vous a aidé et conseillé pour arriver là où vous êtes aujourd’hui. Une personne priera chaque jour pour vous, afin que vous soyez bénis.
Tel est les bienfaits du mariage et comme je te le disais tantôt, ce n’est pas toujours beau, ni toujours rose. Mais c’est ce qui fait toute sa particularité. Alors c’est une belle aventure que je t’incite à renouveler quand tu auras fait le nettoyage de ton cœur et de ton âme. Tu ne seras pas déçu, car tu auras appris de tes erreurs du passé. Ne te prive pas de ce bonheur pour une mauvaise passe. La vie est comme un livre. Ne saute aucun chapitre et continue de tourner les pages. Tôt ou tard, tu comprendras pourquoi chaque chapitre était nécessaire.
J’ai tellement appréciez tous ces bons conseils. Je suis ressorti de ces séances plus reconstruits que jamais. Je me sens comme un nouvel homme prêt à faire le nettoyage de son cœur et de son âme.
J’ai fait mes aurevoirs à ma mère et j’ai appelé mon ami Yannick pour lui donner rendez-vous pour le lendemain matin. Je veux le remercier et surtout qu’il sache que je suis désolé pour tous ces malentendus entre nous. Je veux redevenir cet homme que j’étais avant que cette femme n’entre dans ma vie. Il faut que j’y arrive. Je ne peux continuer à vivre ainsi ; de ça je n’en doute point. J’ai tellement de choses à rattraper avec ma famille. Mes sœurs, ma mère, mes enfants. Et même dans mes affaires il faut que j’y mette de l’ordre. Dès que je fini de la mettre à la porte de chez moi, je pars voir Yasser afin qu’on puisse ramener toutes mes actions à mon nom. Je prendrais attache avec mon avocat pour dissoudre cette union qui me détruit, plus qu’elle ne me construit.
Je me rends compte que j’ai été trop longtemps aveuglée par cette femme. Et il faut que je me reprenne.
J’arrive chez moi très vite. Je paie le taxi et sonne à la porte. Le gardien semble surpris de me voir.
—Bonjour patron. Ah ça fait quand même deux jours que je ne vous vois plus et je n’ai plus de vos nouvelles. Comment allez-vous ?
—Je vais bien Moussa. J’ai juste eu un petit problème et j’ai été chez ma mère afin de me remettre de ce qui m’est arrivé.
—Dieu merci si vous allez bien. Je voulais vous demander même la permission pour m’absenter. Mais depuis je ne vous voyais pas et je ne pouvais laisser la maison comme ça. Madame aussi n’était pas toujours là. Je dois me rendre au village voire ma mère. Elle est souffrante et son état ne s’améliore pas depuis.
—C’est compris. Et tu peux prendre ta journée même si tu veux pour faire tes courses afin de préparer ton voyage.
Je luis remets de l’argent pour qu’il puisse s’aider avec ça. C’est un brave monsieur qui est d’une discrétion quasi maladive. Alors il mérite que je lui sois redevable. Je sais à quel point savoir sa mère malade peut être un coup dur pour un enfant. Je ne peux que donc le comprendre.
Je le laisse donc rassembler ses affaires. Lorsque je franchis la chambre, mon cœur bat la chamade. Elle n’est pas là et ses affaires ne sont plus à la même place. Elle a presque fini de tout ramasser. C’est bien qu’elle fasse ça. Je n’aurai pas grand-chose à jeter d’ici.
J’entreprends de fouiller ses affaires, encore une fois. Peu importe ce que je trouverai, cela ne pourra plus me faire du mal. Je sais maintenant quel genre de personne elle est. Elle ne mérite aucune de mes larmes, ni aucune de mes inquiétudes. Le règne d’Akabla est terminé dans ma vie.
Je suis concentré à farfouiller dans ses vêtements lorsque la porte de la chambre s’ouvre en coup de vent.
Akabla !
Le meurtrier revient toujours sur les lieux du crime. Pensais-je.
—Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda –t-elle sans détour.
Je suis stupéfait. Comment ais je été aussi aveugle durant toutes ces années ; cette femme ne m’aime pas et elle ne m’aimera jamais. Depuis combien de temps ne sommes-nous pas vu et c’est ainsi qu’elle m’accueille ? Elle ne s’inquiète nullement de ce qui m’est arrivé durant ces derniers jours.
—C’est encore chez moi, que je sache.
Elle éclate de rire. Se moquant presque de moi.
— Ce n’est pas croyable d’être aussi bête. Au risque de me répéter, cette maison est mienne. J’ai mon nom écrit noir sur blanc sur le titre de propriété. Alors monsieur je te pose encore ma question, qu’est-ce que tu fous chez moi ? cria-t-elle.
—Tu es folle ma chère. C’est peut-être ton nom qu’elle porte, mais c’est mon argent qui l’a acheté et sur cette base, je ne te dois absolument aucune explication. Et c’est plutôt à toi que je dois demander ce que tu fais ici. Je croyais que tu voulais divorcer d’avec moi.
—Mais bien sûr que je veux divorcer d’avec toi. Pauvre idiot.
—Moi aussi je veux divorcer. Nous sommes donc quittes. Et je ne te permets pas de m’insulter Akabla. Je ne suis plus celui que tu crois. J’ai changé. Alors fais à attention à ce qui sort de ta bouche.
Elle me regarde surprise par ce que je viens de dire. C’est bien que tu comprennes que tu n’es plus la seule à vouloir dissoudre cette maudite union. Je le veux tout autant que toi.
—Ah je vois que tu en as pris de la graine. Aurais-tu rencontré une autre femme ? Parce que c’est comme ça avec les hommes comme toi. Tu laisses un cul, pour un autre. Mais sache que moi Akabla, je ne suis pas le genre de femme qu’on prend et qu’on jette après utilisation. C’est donc moi qui divorce, pas toi. C’est moi qui décide de mettre un terme à ce mariage. Pas toi. C’est à moi de dire merde ; toi tu n’es qu’un sale pantin entre mes mains. Je décide et tu obéis. J’ordonne et tu exécute. C’est comme ça et pas autrement. Tu es un toutou ; mon toutou. Mon chien qui me suis quand je le veux. Qui s’assoie quand je le veux. Alors de quel droit peux-tu exiger le divorce ?
—Je vois que ma mère avait raison. Tu es une vraie sorcière.
—Ta mère ? Tu as donc repris contact avec elle. Hum !
—Oui j’ai repris contact avec elle ainsi qu’avec toute ma famille. Et même mon ami sur lequel tu as menti. J’ai repris ma vie d’avant. Et sache que ton règne est terminé. Tu n’as plus rien à dire de moi ou de ma vie.
Je lui explique ce qui s’est passé ces derniers jours dans ma vie. Elle a l’air surprise mais se rattrape très vite.
—Tu vois que à quelque chose malheur est bon. Il fallait que je me fasse agresser pour que ma vie reprenne un sens. Je suis un autre homme Akabla. Et ça faut que tu te le mettes dans le crâne. Bref ! Je ne suis pas là pour me disputer avec toi. Il n’ya plus rien entre nous et je ne veux plus jamais te revoir de ma vie.
Elle s’approche tout doucement de moi ; le visage déformer par la colère. Quand elle est face à moi, elle me flanque une violente paire de gifle. C’est plus la surprise de la gifle qui me fait chanceler que la gifle elle-même.
—Tu es malade ? Espèce d’imbécile. Plus jamais tu ne me parleras comme ça dans ta sale vie de chien. Car c’est ce que tu es ; un chien. Un animal. Mon animal. De quel droit me parles-tu ainsi ? Je t’ai attaché à moi. Tu dépends de moi. Je t’ai mis sous mes pieds et tu ne peux rien sans moi. J’ai dépensé des milliers de francs pour t’avoir à ma merci et tu oses te planter devant moi pour me dire que c’est fini entre nous et que tu es délivré de moi. Jamais tu ne seras délivré de moi. Tu m’entends ? Jamais tu ne pourras vivre sans moi. Tu m’as dans la peau ; je suis ta drogue, ton opium. J’ai payé pour ça.
Je me masse la joue endoloris. Je ne comprends rien à tout ce qu’elle raconte. Mais je suis tellement énervé que je lui renvoie sa gifle. Ce qui la fait valser. Elle est surprise un peu comme moi aussi je l’ai été. Sauf que là, c’est moi l’homme et c’est moi qui suis le plus fort des deux.
Je luis saisi la tignasse et me mets à la cogner de toutes mes forces.
—Tape autant que tu veux. Salaud. Mais tu ne pourras pas te débarrasser de moi ; je serai ton pire cauchemar. Tu pourras même me tuer si tu veux ; mais mon âme viendra te hanter pour le restant de tes maudits jours.
—La ferme ! Ferme ta sale et grande gueule.
Aveuglé par la colère, je ne faisais que la taper. Quand soudain j’ai sentis un violent coup à la tempe. Elle m’a frappé avec la lampe de chevet.
Je saigne de la tête et j’ai très mal. Elle aussi saigne du nez ; elle a la lèvre inférieure fendue.
—Espèce de chien. Regarde dans quel état tu m’as mis. Mais je te tuerai avant que tu n’en finisses avec moi. Et après ça, j’irai tuer ta femme et tes deux garçons. Je suis une sorcière et je vais me faire le plaisir d’envoyer toute ta famille en enfer.
—Si jamais tu oses toucher à ma famille…
—Quoi ? Que feras-tu ? Elle sourit méchamment. J’ai déjà brisé ta famille sous ton nez et tu n’as jamais rien faire. Alors cela ne changera pas. Je vais reprendre là où je me suis arrêtée. Je vais les empoisonner comme je l’ai fait la première fois avec Martine. Elle a été sauvée la première fois, mais cette fois, il n’y aura personne pour la conduire à l’hôpital. Ensuite je trancherai la gorge à tes deux garçons. Non non je vais plutôt faire le contraire. Tuer les enfants d’abord avant de m’attaquer à la mère. Ainsi elle verra de ses propres yeux comment je ferai souffrir ses enfants. Et crois-moi qu’après ça, elle me suppliera d’en finir avec sa chienne de vie.
Elle a de la haine dans la voix et dans le regard. Ses yeux sont injectés de sang et j’avoue avoir du mal à la reconnaitre. Où est donc passée la femme qui se jouait aux gens parfaits avec moi ? Je la vois enfin sous son vrai jour. Elle n’était qu’un loup ayant recouvert une peau d’agneau.
—Qui es-tu donc ? Demandais-je ébahis. De quoi parles-tu ? Qu’as-tu fais à martine ?
—C’est mieux que tu ne sache pas qui je suis. Oui c’est mieux ! Ricana-t-elle. Je suis ton pire cauchemar. Je suis celle qui te détruira. Crois-moi très cher tu regretteras de m’avoir rencontré.
Et c’est ainsi qu’elle me raconte toutes ses manigances, tout ce qu’elle a fait depuis qu’elle a mis les pieds chez moi. J’ai du mal à y croire. Non je ne peux pas avoir été et coucher avec cette femme. Celle qui a voulu tuer Martine et mon fils.
—Je t’ai fait bouffer tellement de merde. Mon pauvre ! Si seulement tu savais ce que je t’ai fait, je crois que tu te pendras. En fait, ta folle de mère avait raison, je t’ai fait bouffer même mes règles. Et sache que tu ne peux jamais changer tout ce qui s’est passé et aucune prière ne pourra te sauver. C’est soit tu restes avec moi, c’est soit la folie. Tu es mon chien. Un maudit animal. Mon animal…
N’en pouvant plus, je lui flanque une autre gifle. Je sens que je vais la tuer. Elle veut me pousser à bout, et bien elle y arrive sans grand effort. Mon cerveau ne commande plus mes actions, et les coups pleuvent sur elle. Plus violents les uns que les autres. Maman m’a dit que la colère est mauvaise conseillère. J’essaie donc de me maitriser tant bien que mal, mais je n’y arrive pas. C’est plus fort que moi. Je ressens tellement de choses à l’instant. La colère, j’ai une rage atroce dans mon cœur. Mais surtout la culpabilité.
Toute ma vie, j’ai cru dur comme fer à des choix
mûrement réfléchis, des choix que j’ai assumés et qui m’ont consumé comme
l’ardeur consume l’effort manifeste et tellement inutile... Or tout choix est
un risque avec ou sans arguments…Alors pourquoi anticiper ?
Laissons venir les choses au lieu d’aller les chercher, souvent elles ne sont pas
là où nous croyons. Inutile a été tout ça ; inutile a été toutes ces
souffrances infligées à ceux que j’aime. Et maintenant je dois reprendre les
choses en mains. Faire de mon mieux pour rendre ces souffrances en joie. Oui
c’est le temps de bien faire les choses.
En fait, si notre besoin de sécurité devient plus grand que notre élan de Vie, alors il est temps de reconnaitre que nous devons franchir une autre étape dans notre Vie.
Je veux en finir avec cette étape de ma vie. Je ne veux plus jamais ressentir ce que je ressens à l’instant et là mon instant me dit d’en finir une bonne fois pour toute avec l’étape Akabla.
*
**
***
****Akabla****
Cet imbécile finira par me tuer.
C’est lui ou moi. Si je ne me défends pas, je peux dire adieu à ma vie. Vue la rage qui l’anime, ce n’est plus Moctar qui parle ni qui agit, c’est plutôt son instinct animal qui a pris le dessus.
Après tout ce que je viens de lui dire, c’est sûr qu’il n’y a qu’une seule personne qui sortira vivant de cette chambre et ça ne sera pas lui. Soit je le tue, ou soit il me tue.
N’ayant plus d’autres issues, je lui mort le bras, et il me lâche en criant de douleur.
—Tu n’es qu’une salope.
—Oui je le sais déjà. Mais je suis une salope qui t’a réchauffé. Avoue que tes parties de jambes en l’air avec moi étaient mille fois meilleure qu’avec ta frigide femme.
Il se passe une main sur l’endroit où il Ya la trace de mes dents et crie d’une voix assassine.
—Ne parle pas d’elle. Elle est mieux que toi.
—Fallait y penser avec de me sauter dessus. Et puis tu ne faisais pas la bouche comme ça quand tu étais avec moi.
—Tu n’es qu’une…
Il sauta vers moi. Mais je suis plus prompt et pris mon téléphone. Il faut que j’appelle Yasser. Il devait venir me chercher dans une heure du temps. Je ne pensais pas trouver cet idiot ici. Et me voici en train de me faire battre tel un Tam Tam parleur. Il faut qu’il vienne me sauver sinon il me tuera.
Je cours au salon, avec Moctar à mes trousses. Je lance le numéro du marocain. Je n’ai pas le temps de parler, que l’autre con m’arrache le téléphone et le balance loin de moi.
Merde ! Je n’ai pu parler.
Oh mon Dieu il me tuera sans état d’âme. Vue l’expression de son visage, j’imagine ce qu’il me ferra.
Il me saisit encore par les cheveux. Je me débattais comme une belle diablesse, mais c’est peine perdue. Il est bien trop fort. Il me tira vers la cuisine et prends un couteau.
—Je vais anticiper sur tes projets. Tu veux en finir avec mes enfants, mais je ne vais pas te donner ce plaisir.
—Arrête Moctar. Lâche-moi. Qu’est-ce que tu fous avec ce couteau. Dis-je d’une voix paniquée.
— Ne T’inquiète pas. Ta mort sera lente et très douloureuse ; et après ça je te découperais morceau par morceaux. Mais pour l’instant tu fais trop de bruit. Et j’avoue que ta voix me casse les couilles.
Il déchira mon chemisier avec le couteau et m’attacha la bouche. Ne pouvant plus parler, je voyais ma mort venir lentement mais surement. Il revient avec moi au salon et enleva mon pantalon pour me m’attacher les pieds cette fois. Je ne portais qu’un minuscule string.
Qu’est ce qu’il fout mon Dieu ?
Je ne savais pas qu’il avait des tendances meurtrières. Et me voici mourant de la manière la plus atroce qui soit. Il posa ma main gauche sur le guéridon. Je me débattais, ne voulant pas me laisser faire. Il força au point de me faire mal au poignet et maintient ma main avec la paume posée à plat.
—C’est donc pour cette maudite bague que tu as brisé ma vie sans pour autant m’aimer. N’est-ce pas ? Parce que tu voulais forcement me mettre le grappin dessus et prendre tout ce que possédait Martine. Et maintenant que tu m’as, tu ne veux plus de moi… tu veux me jeter comme de la merde… n’est-ce pas ?
Je fais non de la tête ! Les yeux écarquillés d’horreur. J’ai peur d’imaginer ce qu’il compte faire avec ce couteau.
—Tu dis que je suis ton chien, ton toutou. Et bien chère maitresse c’est la révolte dans la niche. Tu m’as fait bouffer toute ta merde à cause de cette maudite bague, maintenant je vais te faire bouffer cette putain de bague. Et j’espère que tu vas bien digérer. Soit heureuse d’avoir fait de moi l’homme que je suis. Grâce à toi, je serai un meurtrier…
Joignant l’acte à la parole, il me coupa d’un coup sec l’annulaire gauche.
Je criais à m’en fendre l’âme. La douleur est indescriptible… le sang a jailli comme l’eau venant nouvellement dans une source asséchée. J’ai du mal à croire que c’est mon propre sang. L’envie de vomir me prends jusqu’au tripes.
—Savoure la douleur. Dit-il avec un sourire carnassier.
—Je t’en prie… je…
—Tu as dit quoi ? Je n’entends pas… tu me parle. Parle plus fort. Où est passé la gueule que tu avais tout à l’heure.
—Je … s’il te plait…
A force de saigner, je m’affaiblissais. Je vais donc mourir. Non pas maintenant et pas comme ça.
Mais comment alors ? Me demanda ma conscience. Je me meurs… je me vide de mon sang.
—Lâche là Moctar. Et tout de suite.
Le marocain !
Sa voix a fait revenir la vie en moi. J’ouvre grandement les yeux et les oreilles ; c’est vraiment lui… et il a une arme… une arme pointée sur Moctar. Ce dernier sourit doucement.
—Je comprends. Dit-il. Je vois que c’est toi le nouveau toutou. Yasser ; mon partenaire d’affaire qui baisait ma femme dans mon dos. J’imagine déjà les gros titres sur les journaux. Tragédie ou drame ; l’amant abat le mari cocufié pour les beaux yeux de la catin de service.
—Je ne suis pas ta femme. Répondis-je faiblement.
—En effet tu ne l’es pas. Il m’assena un autre coup sur la tête.
—Ne me pousse pas à bout Moctar. Éloigne-toi d’elle. Je ne veux pas que nous en arrivons à un bain de sang.
—Et pourtant cela est inévitable. C’est tellement inévitable ; mais surtout c’est tellement dommage qu’on en arrive là pour une chatte qui n’en vaut vraiment pas la peine. Tu ne sais pas dans quoi tu te mets avec celle-là. Elle porte en elle la mort et la désolation et partout où elle passe c’est le seul héritage qu’elle laisse sur son passage.
—Je ne suis pas comme toi ; moi je sais faire la part des choses. C’est toi qui n’as pas su te retenir. Tu t’es laissé prendre ; et maintenant l’étau se resserre autour de toi. Éloigne-toi d’elle.
Doucement il recula mais en tenant toujours le couteau ensanglanté. Yasser s’approcha de moi et me détacha la bouche et les pieds. Je me sentais tellement mal. Plus physiquement que moralement. Parce qu’à la vérité je m’en foutais de tout ce qui se déroule actuellement dans cette maison. Du moment où je suis libre, je n’ai plus rien à faire ici. Mais contre toute attente, Moctar se jeta sur Yasser. L’arme de ce dernier lui échappa des mains. Moctar avait toujours le couteau en main ; tout ça ressemblait à un mauvais scenario d’un mauvais film d’horreur.