Une discussion s'impose
Ecrit par Farida IB
Ussama…
Papa : tu me disais avoir parler à ton frère ce matin.
Moi : oui, c'est ce que j'avais dit.
Papa : et moi, même pas un petit appel. Il a tiré la tronche ici qu’il ne veut pas partir au To go et maintenant qu'il y est il ne veut plus rentrer. (moue de dégoût) Deux mois pour un petit travail de communication.
Moi amusé : ils ont eu quelques contretemps.
Papa : lesquels ? Et comment ça se fait que Sharif et moi ne sommes pas au courant de cela ? J’espère qu’il n’est pas en train de farfouiller sous les jupons de je ne sais quelle pute encore en prétextant le travail.
Je toussote.
Moi : pas du tout.
Papa (me fixant en dessous de ses verres) : qu’est-ce que tu en sais ? Tu étais là-bas aussi ?
Moi secouant vigoureusement la tête : non non, c’est ce qu’il m’a dit.
Papa : il t’a dit, tu as vu ?
Moi : euh non.
Papa : alors n’affirme rien sans preuve, avec Khalil, c’est le contraire qui m’aurait étonné.
Il s’allonge sur le fauteuil sur lequel il était assis et pose sa tête sur l’accoudoir.
Papa : trouve-moi ma tablette, je vais regarder la maquette qu’il m’a envoyé.
Je fais un tour rapide dans son bureau et la lui ramène.
Papa (les yeux braqués sur l'écran) : dis à ta mère que je lui donne trente minutes pour servir le dîner, pas plus.
Moi : ok.
Je suis rentré depuis un bon moment déjà. Il a été la première personne que j'ai croisée dans le hall d'entrée et ça fait une heure qu'il m’a réquisitionné pour me faire la conversation. Il a d’abord exigé que je lui fasse le point de mes récentes activités, ce que j’ai fait en survolant l’affaire qui est censée m’envoyer aux Etats-Unis. Je n’ai pas encore trouvé un argument convaincant pour ça et heureusement qu’il n’est pas encore revenu là-dessus, en espérant même qu’il oublie cette affaire. C'est après cela qu'il s'est mis à se plaindre de Khalil, j'ai fini par comprendre qu'il lui manque en fait. Je longe les couloirs pour déboucher dans la cuisine où je ne trouve que maman, la gouvernante et trois autres domestiques.
Moi entrant : salam.
Maman (se retournant) : masalam mon chéri, tu es rentré ?
Moi : depuis perpète.
Maman : et tu étais où ?
Moi : avec papa (la charriant) je suppose que tu n’as pas bougé d’un iota de la maison aujourd’hui.
Maman faussement outrée : Ben Zayid tu te moques de moi ?
Moi riant : du tout maman ! Avant que je n’oublie, il dit qu’il dîne dans trente minutes.
Maman fronçant les sourcils : je pensais qu’on allait prier avant de le faire comme d’habitude. Je le croyais d'ailleurs à la mosquée.
Moi : nan, il s'est vautré dans le canapé du salon et apparemment il a faim.
Maman : ok, je me dépêche.
Moi : ta fille est où ? Elle était censée être ici.
Maman : elle a reçu un appel.
Moi : ok, je monte la voir.
Maman : je ne veux pas vous chercher après.
Moi : dacco dac !
Je me rend sans détours dans l'appart de Yumna. Lorsque j’arrive, elle est toujours en communication. Je me mets à tournoyer intéressé par le décor qu'elle a fait changer tout récemment. Ce n'est rien d’extraordinaire, elle a simplement retiré le look trop austère d’avant pour un intérieur sobre avec un style contemporain en noir et en blanc avec des mobiliers designs. Ça repose nos yeux des couleurs roses et fuchsia et des petits châteaux de princesses d’avant. Signe que la maturité a atteint son paroxysme, en tout cas je n'ai rien dit.
C’est le ton montant de sa voix qui me ramène sur le toit-terrasse où elle était quand je suis arrivée.
Yumna furieuse : mais qu’est-ce qui te prend au juste ces derniers temps ? (…) Et alors ? Je m’amuse comme toi (…) Ah ouais, et je peux savoir pourquoi ? (…) Pff ! Eddie tu gaze !
Je fronce les sourcils.
Yumna soupire rageur : (…) Ma mère me cherche, je dois raccrocher.
Elle raccroche d’aussitôt et se tourne vers moi la bouille amarrée.
Moi : qu’est-ce qui vous arrive encore vous deux ?
Yumna soupirant : laisse tomber, on me cherche ?
Moi : pas encore.
Yumna (passant la porte-fenêtre) : j’ai besoin d’un grand verre d’eau bien fraîche, il m’a saoulé.
Je la suis dans sa cuisine et m’adosse à l’encadrement de la porte, elle ouvre le réfrigérateur et sort une petite bouteille d’eau qu’elle vide sur le coup.
Moi curieux : c’est quoi le problème ?
Yumna (refermant la bouteille) : il me fait des scènes pas possible à cause d’Abdallah, je ne sais pas ce qui le prend d'un coup. D’aussi loin que je me souvienne, il n’est pas mon petit ami et même s'il l'était, en quoi ça le dérange que je patauge dans la piscine en maillot de bain en présence de mon cousin.
Elle laisse la bouteille vide dans le sachet déchet et sort de la cuisine.
Moi la suivant : tu as nagé avec Abdallah ?
Yumna : c’est ce que nous avons passé l’après-midi à faire.
Nous nous retrouvons au salon et prenons place chacun sur le canapé central.
Moi évasif : ah ok, il doit avoir ses raisons. Sinon, je venais une bonne nouvelle à t’annoncer si ça t'intéresse de l'entendre.
Yumna se redressant intéressée : lance le dossier seulement, tu as conclu avec Cartia ?
Moi roulant des yeux : Cartia oublie, elle n’est pas intéressée par moi.
Yumna : qui t’a dit ça ? C’est toi qui ne vois pas clair dans son jeu, elle ne fait pas semblant elle.
Moi : elle m’a pourtant dit le contraire ce soir, par ailleurs c’est elle qui m’a poussé à parler à une fille au club.
Elle écarquille les yeux d’étonnement.
Yumna : tu as parlé à une fille ?
Moi jubilant : oui, en fait…
Je lui raconte les circonstances de ma première rencontre avec Youri ensuite tout ce qui s'est passé ce soir.
Moi concluant : là, j’ai tremblé au début, mais après, j’ai trouvé ça fun. (fouillant dans ma poche) Tient elle m’a refilé ses coordonnées.
Yumna : à la bien ! Elle te plaît cette Youri ?
Moi haussant l’épaule : pas mal, une brunette rondelette avec un sourire accrocheur.
Yumna : cette description me rappelle quelqu’un, ah oui Hanna ! (taquine) tu aimes bien les rondes hein.
Moi me cachant le visage : on dirait bien.
Yumna : tu vas l’appeler ?
Moi arquant le sourcil : pour lui dire quoi ?
Yumna : demande lui si elle est bien rentrée, mieux encore écris lui, comme ça vous aurez une conversation qui te permettra de faire connaissance avec elle.
Moi : je vois, mais pas maintenant.
Yumna : Sama ?
Moi : je le ferai promis, enfin, j’ai intérêt à le faire. Je suis déterminé à trouver une femme, je veux me caser.
Yumna : ah, maman t’a convaincu ?
Moi : pas seulement elle, l’expérience avec Cartia m’a galvanisé à me trouver une femme avec qui bâtir une relation solide et durable. Enfin, moins prise de tête que Cartia. Une femme avec qui partager mes rêves, mes journées et qui me fera mes trois gosses.
Yumna ton enjoliveur : mais c’est formidable ! Il te reste juste à te donner les moyens pour l’avoir, mais pardon je t'en prie ne me ramène pas une BS à problème.
Moi rigolant : j’ai pris bonne note. (du tic au tac) Et toi ?
Yumna : moi quoi ?
Moi : les hommes, le mariage et tout, pour te dire franchement j’en ai marre que tu me racontes ta vie en temps et en heure.
Yumna : lol t’inquiète, j’ai Elias maintenant. Je libères ta ligne !
Moi : en parlant de lui, que se passe-t-il entre vous ?
Yumna haussant l’épaule : bah rien, c’est mon nouvel acolyte. Le courant est très bien passé entre lui et moi.
Moi suspicieux : hmm !
Yumna avec engouement : il est trop sympa et attachant, il est trop bien ce mec.
Je la regarde simplement, c’est clair qu’Eddie a du souci à se faire.
Yumna…
Nous sommes à deux heures plus tard et nous venons de sortir de table pour nous retrouver dans le salon des parents en famille pour faire la causette. Le café est déjà servi pour ceux qui en ont demandé. Le dîner s’est bien passé, papa a animé la table tout le long avec ses blagues à mourir de rire. On ne sait pas ce qui s’est passé au cours de son voyage pour qu’il soit de si bonne humeur, mais c’est reposant de le voir ainsi.
En ce moment, je l’écoute, nous raconter quelques anecdotes de ses voyages un peu distrait. Enfin moi, j’attends seulement le moment où il va nous convoquer et Ussama aussi apparemment. Ça se voit qu’il est anxieux et même très, il n’a pas arrêté de se ronger le pouce et de trembler comme s'il avait la trembecilline. De mon côté, je suis sure à deux cent pour-cent qu’il ne sait rien de mon agression donc je panique moins. Par contre, je veux bien qu’il me fixe sur mon sort, je veux savoir sur quel pied danser. Je ne veux pas dormir ce soir sans savoir si je retourne à New-York ou pas, c’est pour ça que je le stoppe lorsqu’il se lève en vue de se rendre dans leur chambre après s’être plaint d’un coup de fatigue.
Moi : papa, je pensais qu’on avait un entrevue (il fronce les sourcils.) enfin, c’est ce que tu as dit lorsqu’on était à New-York.
Papa baillant : ça peut attendre demain.
Moi insistant : je voudrais simplement être fixée sur un point ça ne nous prendras pas plus de cinq minutes.
Papa : ok, suis-moi dans mon bureau, Ussama toi aussi viens.
Il nous précède dans le couloir.
Ussama : mais…
Il se ravise en avisant le regard de papa et hâte les pas vers moi en maugréant.
Ussama chuchotant : merci petite sœur, à cause de toi maintenant, on va se faire trucider.
Moi la petite voix : désolée.
Il soupire bruyamment et quelques minutes plus tard nous sommes assis devant papa.
Papa me fixant : je t'écoutes.
Je m’éclaircis la voix avant de parler.
Moi : je voudrais savoir quand je peux repartir à New-York.
Papa : tu veux repartir faire quoi là-bas ? Tu peux t’arrêter à ce niveau, ça ne gêne pas.
Moi : il me reste encore beaucoup à faire pour finir. En réalité, c’est maintenant que se décide mon avenir professionnel.
Papa : je le sais, mais tu n’es pas obligé de faire toutes ces années d’études, je peux t'aider à ouvrir ton cabinet. Le temps passe, tu dois penser à te trouver un mari.
Moi : j’y songerai papa, sauf que l’internat, c’est un passage obligé. C'est là que j'aurai l'occasion de pratiquer tout ce que j'ai appris et sans ça je ne peux pas prétendre ouvrir un cabinet.
Papa : et tu en auras pour combien d’années exactement ?
Moi : au plus quatre ans.
Papa criant : quoi ?
Moi parlant vite : ça peut être trois aussi.
Papa se radoucissant : c’est trois ou quatre ?
Moi : disons trois !
Il y a Abdallah qui entre en ce moment après avoir frappé un coup contre la porte.
Abdallah (venant dans ma direction) : le vieux ça fait quoi si elle fait dix ans de plus ? Si c’est ce qu’il faut pour qu’elle obtienne, son diplôme, laisse seulement couler.
Ussama et moi le regardons les yeux ouverts. Un silence pesant s’installe dans la salle, on attend la réaction de papa qui le regarde outré sans faire de commentaire. Il vient s’accouder à mon siège très serein. Est-ce que je vous ai déjà dit que ce mec n'est jamais intimidé par le Cheikh ?
Papa (s’adressant à lui) : qu’est-ce que tu veux ?
Abdallah (à moi) : tiens ton téléphone, il n’a pas arrêté de sonner.
Est-ce qu’il y a plus sorcier que celui-ci ?
Moi (lorgnant papa du coin de l’œil) : merci.
Abdallah : il y a de quoi princesse. Bon, c’était moi.
On le regarde partir complètement dépassé. Papa bouscule la tête avant de poursuivre notre discussion.
Papa : franchement, je n’aime pas l’idée que tu restes éloigner de nous pour quatre ans de plus, encore que tu es une femme et que tu dois vite penser à fonder ton foyer. Toutefois, je suis d’accord avec toi que tu ne peux pas t’arrêter en si bon chemin donc je n’ai pas le choix que de te laisser repartir. En revanche, je veux que tu sois là à chaque congé, même si c’est deux jours de congé, tu feras le deux jours ici.
Moi : d’accord papa.
Papa : j’espère que ce n’est pas pour te surprendre dans des histoires louches.
Moi (secouant vigoureusement la tête) : je serai sage, de toute façon ces études, je le fais pour moi parce que c’est ma passion. C’est pour cela que je mets tout en œuvre pour les réussir.
Papa : et bien tant mieux (se tournant vers Ussama) et toi, tu faisais quoi réellement en Amérique ?
Ussama : je te l’ai dit papa, c’était pour un rendez-vous professionnel.
Papa : je peux comprendre, mais tu n’étais pas obligé d’y aller comme un voleur. Je veux que vous sachiez que je n’ai pas la prétention d’avoir de l’ascendance sur vos vies. Tout ce que j’attends de vous, c’est un minimum de décence et d’honnêteté. Je n'aime pas le mensonge et c'est d'autant que vous perdre de vue. Je veux savoir avec exactitude où sont mes enfants à un instant T et si possible ce qu’ils font.
Moi (saisissant la balle au vol) : j’ai quelque chose à dire par rapport à ça.
Il fronce les sourcils avant de soupirer.
Papa : vas-y je t'écoute ?
Moi commençant : papa, on sait que tu nous aimes et que tout ce que tu entreprends dans notre sens, c’est pour notre bien et parfois dans le but de nous protéger. C'est juste que parfois nous trouvons ta manière de faire trop brusque. Enfin, ce n’est pas pour dire que tu es brusque, je trouve juste tes méthodes un peu extrêmes sur les bords. Aussi, tes convocations sont trop brutales et souvent inopportunes. Il y a des cas qu’on peut régler à distance et si ça nécessite un déplacement, on le fera sans rechigner. Si je prends l'exemple de l’incartade d’Ussama, tu pouvais simplement lui demander des explications au téléphone au lieu de nous faire venir magnum militari.
Il y a Ussama qui me donne des coups de pied, est-ce que c’est ça qui va m’arrêter ?
Moi continuant enhardie : il n’aurait pas dû partir en Amérique sans t’avertir, ok, je te le concède. Un parent bienveillant veut toujours avoir une idée de là où se trouve son enfant, mais il faut comprendre qu’il y a des situations qui nous amènent à prendre des décisions hâtives et unilatérales pour notre bien. À la lumière des constatations, il apparaît clairement que tu ne te rends pas compte que nous avons grandis et que nous sommes tous devenus des adultes responsables. Tu ne peux pas continuer à diriger ainsi nos vies, nous avons besoin d'une certaine indépendance. C'est vrai que nous aurons perpétuellement besoin de toi, de ta sagesse pour nous guider toute notre vie, mais il serait aussi opportun de nous laisser le choix de faire nos propres erreurs pour apprendre la vie par nous-même. Notre statut d’enfants de Cheikh ne fait pas de nous des êtres parfaits.
Il me regarde un moment sans rien dire.
Papa reprenant : si je veux bien comprendre tout ton bavardage, c'est pour me dire que je n’ai pas le droit de m’immiscer dans vos vies parce que vous vous croyez adultes.
Ussama intervenant : elle n’a pas dit ça papa, elle a bien spécifié que nous aurons toujours besoin que tu t’impliques dans nos vies. Seulement que tu dois nous laisser faire nos propres choix et écumer les responsabilités qui en découlent.
Papa : vous voulez prendre des décisions sans me prévenir encore moins me consulter.
Ussama : bien sûr qu’on le fera, juste qu'on ne veut plus que tu nous imposes ta volonté comme tu as l'habitude de le faire. Et je suis d'accord avec Yumna lorsqu'elle dit que tu abuses parfois. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de faire tracer nos téléphones par exemple ou de nous punir comme s'il s'agit des enfant de 10 ans ou encore que tu nous fasses venir en catastrophe pour des bémols. Je pense qu'il y a des moyens moins radicaux pour faire comprendre à des jeunes de 30, 26 et 23 ans leurs erreurs.
Ah, il a la bouche maintenant.
Papa : Ussama, j'ai fait tracer vos téléphones parce que c'est le seul moyen que j’ai trouvé de vous surveiller puisque vous avez refusé que je vous attribue des gardes.
Moi : mais papa nous n’avons pas besoin d’être surveillés, en dehors d’Abu-Dhabi personne ne nous connaît encore qu’ici ce n’est pas tout le monde qui nous connaît de visage.
Papa : c'est ce que vous pensez. Bref ! Vous me jugez (me fixant) brusque, mais n’oubliez que c’est cette brutalité qui vous a maintes fois sorti des situations confuses que j'ignorerais si je n’allais pas moi-même à la pêche des informations. Étant donné que je ne peux pas compter sur vous pour me dire ce qui se passe dans vos vies.
Moi balbutiant : on a souvent peur de ta réaction, c’est pourquoi.
Papa (posant les mains sur la table) : vous voulez que je vous laisse voler de vos propres ailes. (oui de la tête) Cela suppose que vous ne me donneriez jamais de quoi intervenir in extremis.
Nous timidement : oui papa.
Papa se levant : bien, j'aviserai. Bonne nuit !
Il se lève et s'en va nous laissant pantois. C'est la voix d'Abdallah qui entre nous rejoint qui brise le silence.
Abdallah : vous êtes encore vivant ?
Moi : plus que vivants lol.
Ussama : mouais nous l'avons échappé bel.
Moi : tu te réjouis à présent, ce n'est pas toi qui m'empêchais de parler ?
Il se gratte la tête.
Abdallah à moi : toi tu n'a jamais su que ton frère-ci, c'est une mauviette ?
Moi : il vient de le confirmer krkrkr.
Abdallah m'accompagne dans mon rire, on le charrie ensuite un moment avant de sortir du bureau en commentant l'échange. On se sépare plus tard avec la promesse de faire une conférence vidéo avec Khalil pour lui faire un compte-rendu. Ça, c’est un exploit qui mérite même d’être publier dans le journal (rire).
C’est lorsque je passe ma porte que j’appelle Elias pour lui annoncer la nouvelle. Il décroche à la seconde.
Elias d’entrée de jeu : j’attendais ton appel pour me mettre au lit, quel a été le verdict ?
Moi m'égosillant : c’est passé comme une lettre à la poste.
Elias : donc je t’attends ici dans quelques jours.
Moi : dans deux semaines, précisément, je veux profiter de ma famille un tout petit peu encore.
Elias riant : n’est-ce pas toi qui ne voulais pas y aller ?
Moi : lol oui, j’avais en horreur la condition dans laquelle il nous avait fait venir, mais depuis que je suis là, je trouve que ça a du bon.
Elias : ça a toujours du bon d’être en famille, j’ai également prévu passer le week-end avec la mienne. Ma cadette a une compétition qu’elle ne veut pas que je rate.
Moi : Jessie n’est-ce pas ?
Elias : non Harper.
Moi : oops skuzy, je me mélange à chaque fois.
Elias : t’inquiètes, tu auras le temps de maîtriser tout ça.
Moi : certainement.
On cause encore quelques minutes et c'est lorsqu'il me laisse que je remarque les appels en absence d'Eddie. Je zappe et vais me coucher. Lui, je ne sais pas ce qui lui prend dernièrement, il est juste saoulant. Depuis l’histoire de la vidéo, on n’a pas arrêté de se chamailler pour les mêmes histoires. D’abord, il m’appelle tout le temps pour me demander des comptes sur ce que je fais ou je ne fais pas, avec qui je suis, etc. Cheh ! On est des amis certes, mais cela ne lui donnes pas le droit de vouloir régenter ma vie. De un, c'est ma vie et j’en fais ce que je veux, et de deux, il n’est pas mon petit ami pour me prendre en grippe à cause d’un mec qui plus est mon cousin. Il avait pour habitude de se comporter ainsi, mais là, c’est juste exaspérant. Notre échange de ce soir m’a plus qu’énervé, vous imaginez que le gars m’interdit de m’approcher de mon cousin ? Que ça a commencé où ? Tchiuuupp ! J’ai même hâte de repartir pour qu’on mette les points sur les "i". C’est même quoi à la fin !
Je reprends mon téléphone dans l'optique d'écrire à Elias, je n’ai pas très envie de dormir avec toute la colère qu'il vient de fomenter en moi.