Une douloureuse séparation

Ecrit par Yanolebon

Le jour de la séparation de Claudia et Claudie vint. Le jour tant attendu et redouté même arrivé. Claudia, admise à son examen d’entrée en 6e, laissa Claudie au village. Elle fut admise au lycée de la ville. Ce matin fut un moment de grande tristesse de pleurs, de larmes et de sanglots. Une matinée très triste en effet, et qui restera gravée dans la mémoire de chaque habitant de ce petit village. 

Avant l’arrivée du premier car, les deux familles s’étaient retrouvées à la gare du village pour participer au départ de Claudia. Claudie était là, accompagnée de sa mère. Elle voulait assister au départ de sa meilleure amie. Quel triste destin ! Elle, qui était la plus brillante de l’école, devrait reprendre sa classe. Claudia, accompagnée de sa famille, fondit en larme à la vue de sa meilleure amie. Elle courut vers elle, lui tint la main, mais elles n’osaient pas se regarder. Ce fut une séparation assez douloureuse, faite de chagrins, de pleurnicheries et de souffrances ! Les larmes coulaient à flots sur leurs visages. 

 Lorsque le car vint se garer à la gare pour prendre les passagers, les deux amies fondirent encore en larmes. Elles ne voulurent point se séparer et se tinrent fortement serrées l’une contre l’autre. Les lèvres tremblotantes, les yeux en larmes, elles entonnèrent leur chanson commune : Claudie !!! Bolo bolo !!! Claudia !!! Bolo bolo !!! Claudia lé !! Maman lé !!! Malé !!! Malé. 

Ce matin-là à la gare, l’atmosphère était morose, les parents des deux amies s’essuyaient les larmes eux aussi. L’ultime moment de la séparation fut douloureux et insupportable. Claudia pleurait à chaudes larmes. On sentait qu’elle ne voulait plus partir, elle ne voulait pas laisser Claudie seule dans ce village. Les parents n’arrivant plus à les maîtriser, pestant, résignés, consolaient. La scène de la séparation désolait et attristait tous les voyageurs de la gare. Les chauffeurs et les apprentis, attristés par la scène, venaient consoler parents et enfants. Un habile voyageur inventa une anecdote pour la circonstance afin qu’elle puisse détendre l’atmosphère. L’habile voyageur promit à Claudia l’arrivée très prochaine de Claudie au lycée : « Ton amie Claudie te suivra après ton départ », lui dit-il. Claudia finit par se calmer, fit un ultime effort, essuya ses larmes et, avant de monter dans le car, enleva son bracelet et dit à Claudie :

 — Claudia : Prends ce bracelet en souvenir de moi et surtout en souvenir de notre amitié. Quoi que tu fasses ou quoi qu’il advienne tu seras avec moi et je serai toujours avec toi. 

— Claudie : À mon tour, je te donne ce collier que tu porteras sur toi, en gage de notre amitié. 

— Claudia [en pleurant] : Je te promets de t’écrire dès mon arrivée en ville. Prends soin de toi. Je t’attendrai toujours. L’année prochaine tu seras avec moi au lycée. 

— Claudie [en pleurant] : Je sais que tu le feras. Je te promets de bien travailler pour te rejoindre l’an prochain au lycée. Claudia, assise à présent dans le car, méditait comme si elle venait de perdre une moitié d’elle-même. 

Claudie retourna pleurer dans un coin comme si elle venait de perdre, elle aussi, une moitié d’elle même. Les deux familles s’inquiétaient de ce vide qui, à entendre les uns et les autres, se comblerait difficilement. Le car démarra, emportant Claudia vers une nouvelle aventure, laquelle la conduisait ainsi dans un grand lycée de la capitale. Le car ayant disparu derrière les buissons et on ne voyait que des tourbillons de poussière se répandre sur les herbes en bordure de la route. Tout semblait être clos, comme si un nouvel épisode commençait pour les deux inséparables amies. 

Au village le temps passa très vite comme les aiguilles de la montre. Le temps restera le temps aussi longtemps que demeurera l’ignorance humaine sans qu’on ne s’en rende nullement compte. Le temps marque les événements, heureux et malheureux. 

À Tokpa-Domé, des événements s’étaient succédé aux événements et Claudie, après le départ de sa meilleure amie, faiblissait en classe. Elle manquait visiblement de courage et ne se sentait plus la volonté d’aller à l’école. Elle restait seule dans la case de sa mère aux souvenirs d’un passé nostalgique. À ses yeux, la vie n’avait ni de sens ni de goût. Elle attendait toujours la lettre de sa meilleure amie qui n’arrivait pas. « Que le temps passe vite », se disait-elle ! Mais les souvenirs restaient vivaces. Elle n’admettait pas que Claudia l’oubliât. Elle n’avait reçu aucune lettre de sa meilleure amie et cela l’attristait énormément et la décourageait. Les mois passèrent et Claudie, due se rendre à l’évidence : elle n’avait plus d’ardeur au travail. Elle quitta définitivement l’école. 

Quatre années après la douloureuse séparation, Claudie avait grandi. Elle était devenue la plus belle jeune fille du village et attirait les regards. Dans le village, elle ne passait jamais inaperçue. Le temps avait fait son œuvre et avançait, imperturbable et silencieux. Le temps fonctionnait, tournoyait et Claudie, avec son allure bien élégante et bien raffinée, résistait à la douleur. Jeune fille bien taillée, resplendissait à l’image d’Orphée. Elle ne supportait pas les avances que les gens du village lui faisaient. Préoccupée par la lettre de Claudia qui ne venait pas, l’irritait. Les avances des courtisans villageois l’énervaient et elle les repoussait, les refusait. Les jeunes gens, les courtisans, les commerçants, les fonctionnaires, les étudiants, les employés et les employeurs de tout genre et tous gabarits venaient la courtiser et repartaient déçus. Elle les décevait, les ignorait.

Toutes mes excuses pour le silence. j'ai été très coincé, mais je suis là maintenant. Nous allons passer un bon moment ensemble aujourd'hui bonne journée dominicale. bisouuuuuuuuu

Une Amitié Dangereus...