Une réconciliation possible ou une amitié terminée?
Ecrit par lpbk
Ca fait exactement deux semaines jour pour jour qu’Elie,
ma meilleure amie, ne m’adresse plus la parole. Elle n’a pas du tout apprécié
ma tentative d’intrusion à sa vie privée. J’ai tenté de lui expliquer les
raisons pour lesquelles j’ai agi de la sorte. Elle n’a rien voulu entendre et
en plus quand j’ai eu la confirmation de l’identité de son amant, sa colère s’est
multipliée par dix.
Deux
semaines auparavant à l’appartement d’Elie,
Je venais encore une fois de tomber en pleine face
quand j’ai enfin aperçu mon patron, monsieur Soucy, dans son salon, en sous-vêtement.
C’était évident qu’il n’était pas là pour faire une partie de cartes. Je les
regarde tous les deux toujours sur le choc et ensuite, je pose un regard sur
mon amie. Philippe est le premier à parler.
— Ah ! C’est cet homme-là que j’ai souvent vu, Angie, dit-il en s’adressant
à moi. tu sais quand je t’ai dit que…
Elie lui coupe la parole et dit :
— Ah ! Parce que vous parliez de mes affaires ensemble en plus. Vous
êtes deux à m’espionner maintenant !
— Non, Elie ! Je ne voulais pas… c’est que je m’inquiète pour toi. Quand
Philippe m’a dit que tu voyais un homme plus âgé, je me demandais pourquoi tu
ne m’en avais pas parlé. D’habitude on se dit tout. Là, on aurait dit que tu
voulais m’exclure de ta vie.
— Toi, toi et toi ! Tu me parles encore et toujours de toi ! Tu
n’as jamais pensé à moi ! Tu voulais juste être celle qui sait tout comme
toujours ! Qui sait tous les potins et être la grande sauveuse de l’histoire.
Tu voulais encore être la personne la plus égoïste que je n’ai jamais connue !
De toute façon, si je ne t’en ai pas parlé, c’est parce que tu ne m’aurais pas
écoutée ! Tu es tellement occupée avec ton histoire avec…
Non et non ! Elle ne va pas parler de Philippe. Elle
ne va pas tout dévoiler comme ça devant lui pour se venger. Je la vois hésiter
un moment et poursuivre :
— Avec tes affaires là ! Tellement que tu ne vois plu rien autour de
toi.
Ouf ! Elle n’a pas dévoilé mon secret. Il n’est
pas question que Philippe apprenne que j’en pince pour lui. Pas comme ça, pas
durant une dispute, pas devant mon patron à moitié nu. C’est totalement
absurde. Elie, de plus en plus enragée me montre la porte et me crie dessus :
— SORS TOUT DE SUITE DE CHEZ MOI, ESPECE DE FOUINE ! MELE-TOI UN PEU
DE TES AFFAIRES ET NE M’ADRESSE PLUS LA PAROLE ! AVEC QUI JE COUCHE NE TE
REGARDE PAS !
Mon Dieu ! Pourquoi elle est fâchée comme ça ?
Il me semble que mes fautes elles ne sont pas si graves. C’est vrai, j’ai
commis une erreur de jugement, mais pas au point de me faire sentir comme une
égoïste sans cœur. Je voulais l’aider. Mais si elle ne voulait pas de mon aide ?
Ah ! Parfois, j’ai le don de mettre les pieds dans les plats. Je sors de
chez elle sans dire un mot et en larmes. Philippe part de son côté après avoir
essayé de me consoler, en vain.
Deux
semaines plus tard,
Je suis en train de me préparer pour la fin de semaine
de ressourcement, en peine. Je termine ma valise et je prends le soin de
vérifier s’il ne me manque rien. J’ai apporté tous mes vêtements chauds et j’ai
chargé mon ipod au maximum. J’ai également apporté une tonne de romans. Pas question
de passer une fin de semaine dans la nature seule, sans musique et sans lecture
avec mes collègues. Je comptais sur Elie pour me distraire, mais avec notre
dispute, je ne crois pas que ce soit possible. En cachette, je me prépare aussi
un sac contenant des bouteilles de vin. Ça devrait m’aider à noyer ma peine.
Sans mon ami Elie, je ressens un grand vide. J’aurais
aimé lui raconter que Philippe a tenté de m’embrasser. J’aurais aimé lui
décrire dans les moindres détails ce que j’ai ressenti à ce moment-là. J’aurais
pu aussi lui raconter ma déception quand nous avons été dérangés parce qu’elle
avait subitement ouvert la porte. Et il ne faut pas oublier les aventures de
Betty. J’aurais pu bavasser avec elle sur son compte et rire avec mon amie de l’aventure
de Betty et Marc. Maintenant, je n’ai plus personne à qui parler. C’est
officiel, je vais mourir seule, sans amies, sans amoureux. Je vais vieillir
seule dans un appartement miteux avec des chats. Je hoche la tête en essayant
de chasser les pensées négatives qui m’habitent. Peut-être que j’exagère un peu…
J’ai toujours tendance à exagérer les choses quand je suis triste.
Je ramasse mes derniers effets personnels, mets mon
manteau et sors de chez moi. J’entre dans mon véhicule pour passer prendre
Betty. Au départ, c’était convenu que je transporte Elie également, mais pour
les raison qu’on connait, elle a décidé de prendre son propre véhicule pour se
rendre au camping. J’arrive chez Betty qui m’attend à la porte. Elle avance
vers moi avec sa gigantesque valise rose bonbon. Je sors de ma voiture et je
prends son bagage pour le mettre dans mon coffre. Je ferme le coffre quand c’est
terminé, mais Betty me dit :
— Attends Angie ! J’ai une autre valise. Va donc la chercher.
Je la regarde en me demandant si elle est sérieuse. C’est
pas vrai que je vais être son esclave durant toute la fin de semaine. Masi comme
Betty a un tempérament insistant, je vais chercher sa valise sur la galerie. Je
n’avais pas envie de me disputer avec elle aujourd’hui. Je termine de remplir
le véhicule et nous partons. Pendant tout le trajet, Betty se dispute au
téléphone.
— Non, arrête ! T’es fatigant avec ça ! Tu ne vas pas
recommencer tes petites crises de jalousie. Je t’ai dit que je passais la fin de
semaine au camping, avec mes collègues. Hein ?... non… non… ben non !
Voyons ! Il y aura pas d’hommes. Non… non, pas question que je revienne à
la maison.
Quand j’entends Betty se disputer au téléphone, je
comprends qu’elle est en train de se disputer avec son conjoint. Surement que
celui-ci a compris le manège de sa copine. Il doit sentir qu’elle n’est pas
fidèle. Tout le monde au bureau sait que Betty drague en permanence des hommes.
En plus, elle lui a menti en disant qu’il n’y aurait pas d’hommes. N’importe
quoi ! Son amant, Marc, sera là en chair et en os.
Nous arrivons enfin au terrain de camping. Nous sommes
les derniers à arriver. On est en retard, car Betty a tenu à s’arrêter pour
aller aux toilettes plusieurs fois durant le trajet.
— Enfin ! s’écrie Marc, en nous voyant arriver.
Il regarde Betty avec des yeux provocateurs qui
veulent tout dire. Je m’éloigne d’eux et profite pour chercher Elie du regard. Je
la trouve en train de monter la tente avec Josianne. Celle-ci se tord les
doigts.
— As-tu vérifié s’il y avait des araignées ?
— Oui, oui, c’est fait et tout est correct, répond Elie, la mine basse.
Elle a l’air triste. Je trouve qu’elle n’a pas l’air
en forme. J’espère que ce n’est pas trop grave. J’espère qu’elle ne vit pas un
drame majeur dans sa vie. Je la connais, mon Elie et je sais quand elle va bien
ou non. Je dois lui parler, je dois être là pour elle. Je m’approche d’elle.
— Elie… bonjour, tu vas bien ?
Elle ne me répond pas et continue son travail. Je n’insiste
pas et vais installer mes affaires dans la tente d’à côté. Le comportement de
mon amie m’inquiète. Comme elle est encore fâchée contre moi, il est impossible
de pouvoir être à ses côtés. Je soupire et termine de me mettre en pyjama pour
me préparer à aller au lit. Je n’ai vraiment pas envie de passer la soirée avec
Elie qui me boude sans arrêt.
Je m’apprête à me coucher dans mon sac de couchage
quand Elie entre dans la tente, en larmes. en sanglotant, elle me dit :
— Angie, c’est épouvantable. Ma vie est fichue !
Elle se blottit contre moi.