Vicissitudes : Chapitre 16

Ecrit par Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Lolita
Si je savais, je n’allais pas traîner à présenter ses excuses qui du reste n’étaient même pas si difficiles à faire. Comment vais-je récupérer mon mari ? J’ai besoin d’aide ; il faut que je reparte chez Elisabeth ou les parents qui sauront me donner de sages conseils ; j’aurais dû les écouter ! Mais Issifou aussi ! Juste deux mois et il commence les bêtises ?

Plein de questions me traversent l’esprit ; quelle est exactement sa relation avec cette femme que j’ai vu chez lui ? En plus, elle est belle, bien plus ravissante que moi. Elle s’est habillée exactement comme Issifou aime. Il faut que j’ai une discussion sérieuse avec Issifou à propos d’elle. En m’épousant, il m’a promis de me rendre heureuse et il m'a certifié qu’il n’avait pas l’intention d’être polygame. J’ai été aussi bête de lui avoir permis que l’on se marie sous le régime polygamique ; j’avais accepté ce compromis pour ne pas faire jaser sa famille profondément ancrée dans l’islam. Mais Issifou m’avait rassuré. Il faut que je lui rappelle sa promesse.

Ce soir-là, je n’ai même pas su exactement quand est-ce que mon mari est rentré de son étrange sortie puisque je me suis endormie. Je ne l’ai vu que le lendemain matin. Malgré mon amertume, je ravale ma fierté pour le saluer en voulant l’embrasser comme nous le faisions auparavant mais il s’esquive. Je l’interroge :

- Qu’est-ce qu’il y a chéri ?

- Il y a que je te soupçonne de me tromper et tant que je n’ai pas les preuves du contraire, Lolita, vis ta vie et je vis la mienne.

- D’où sors-tu ces accusations Issifou ?

- Pourquoi tu as habité chez Adeline et non chez ta sœur ? Parce que tu voulais être libre de tes mouvements, n’est-ce pas ? En plus, j’ai reçu un message anonyme t’accusant ;

- Tu ne vas quand même pas y croire !

- Oh que si ! Puisque ton attitude a été douteux ! Je fais mes enquêtes ;

- Pourquoi m’as-tu demandé de revenir dans ce cas ?

- Pour Fatima ; afin que ta fille puisse vivre auprès de toi ; à son âge, elle a besoin de ta présence.

Après ces propos, Issifou ne me gère même plus. Il prend son bain, me lance une bonne journée et s’en va.

Je n’ai vraiment aucune envie d’aller travailler mais je n’ai pas le choix. Je menais pourtant une vie tranquille avec mon mari. Tout ceci est de la faute de sa mère.

Hélène
J’ai demandé à Adéline de m’indiquer chez elle parce que je devais la voir. Je suis donc sur le chemin pour m’y rendre. Je compte la convaincre de l’amour de Darius pour elle en espérant qu’elle m’écoutera. Je viens d’arriver au stade central où elle m’a demandé de l’attendre. Je lui téléphone et elle ne tarde pas à venir ; elle monte dans ma voiture, puis nous allons chez elle. Elle vit dans une cour commune assez vulgaire ; cette fille est vraiment bête ! Que fait-elle avec toute cette beauté ?

- Bienvenue chez moi Hélène ;

- Merci Adeline ; on s’est pas vu depuis que je t’ai présenté Darius ;

- Oui, je suis allée au village entre temps me reposer ;

- Ok, Darius m’a dit qu’il ne pouvait prendre la maison parce que le prix était trop élevé ;

- Oui, il me l’a fait savoir ;

- Justement, je suis venue te voir à propos de lui ;

- Il y a un problème ?

- Oui, Darius ne dort plus à cause de toi.

Adeline pouffe de rire. Je poursuis :

- Adeline, sois intelligente ; Darius est un homme riche ; il peut t’aider à faire sortir ton gars de prison ; quarante millions pour lui, c’est rien.

- Oui il peut m’aider mais il exige de sortir avec moi ;

- Et en quoi cela te dérange ? Tu fais semblant d’accepter et dès que ton gars sort, tu le largues.

- Non, ce serait malhonnête ;

- Tu es de quel siècle Adéline ?

- Hélène, je ne peux pas faire cela à Wilson ;

- Justement, tu dois le faire pour Wilson ; enfin, si tu l’aimes comme tu dis. Ne sais-tu pas que la fin justifie les moyens ? Une seule nuit avec Darius et sa caution est payée ; qui saura si tu ne dis à personne ? Ni vu, ni connu et après tu es heureuse avec ton gars.

- Je suis vraiment inconfortable avec cette proposition ;

- Donc tu préfères que ton gars moisisse en prison ? Pardon Madame, arrête alors de chanter que tu l’aimes ; quand on aime quelqu’un, on veut le voir heureux et en prison, il n’est pas heureux. Tu ferais mieux de réfléchir à ce que je viens de te dire ; sur ce, j’y vais.

Issifou
Le message que l’on m’a envoyé concernant Lolita me perturbe ; j’ai confiance en elle mais ses attitudes me rendent suspicieux ; tant que je n’ai pas le cœur net, rien ne peut plus être comme avant ; je suis très jaloux et jamais je n’admettrai une quelconque trahison de Lolita. Il faut que je parle sérieusement avec elle ; elle doit me dire ce qu’elle a fait pendant la période de deux mois où elle est restée chez Adeline ; si au moins elle était avec Elisabeth, j’aurais été plus rassuré car je connais sa sœur ; jamais elle ne lui permettrait de rentrer tard et de faire ce que bon lui semble.

Maman Issifou
Kadessa a réussi à séduire Issifou ; il faut maintenant que je lui donne un coup de pouce. Je demande à Issifou de venir me voir, ce qu’il fait sans tarder.

- Bonsoir maman ;

- Bonsoir Issifou ; je t’ai demandé de venir parce que je dois te parler.

- Je t’écoute maman ;

- Je pense que tu devrais prendre une deuxième épouse ;

- Pourquoi ?

- Parce que tu as le droit d’en avoir plusieurs ; et dans les circonstances actuelles, cela s’impose à toi ;

- Que veux-tu dire par circonstances actuelles ?

- Tu penses que je ne sais pas que tu t’intéresses à Kadessa ? Elle ferait une très bonne épouse pour toi ;

Issifou soupire et répond :

- Maman, honnêtement, je suis confus ; je suis attirée par Kadessa mais tu sais que je n’ai jamais voulu être polygame ; je veux la paix chez moi.

- Chaque femme restera dans sa maison et le tour est joué mon fils ;

- Je n’ai pas les moyens pour ça maman, je n’ai même pas encore construit ma propre maison ; comment pourrais-je entretenir deux femmes dans ce cas ?

- Ta deuxième épouse peut rester ici ; si j’ai construit une si grande maison, c’est pour que tu puisses y rester avec ta famille ;

- J’ai bien vu ce que cela a donné quand Lolita a habité avec toi ;

- Ça n’a pas marché parce que Lolita est une mauvaise femme c’est tout ; elle est têtue et impolie ;

- Pas d’insultes maman, s’il te plaît, tu me l’as promis ;

- Non, j’ai promis ne plus insulter ses parents, mais elle, oui car je ne suis pas son égal.

- Laissons ce débat maman ; en passant, quand comptes-tu présenter tes excuses à Loli ?

- Laisse tomber d’abord cette affaire ;

- J’y tiens maman et je ne laisserai pas tomber ; autant je t’ai défendu, autant je me dois de la protéger. Et la paix reviendra entre vous si tu lui présentes tes excuses ;

- Je le ferai mais pour toi ; pense à ce que je viens de te dire au sujet de Kadessa ; elle t’aime beaucoup.

Je sens que mon fils est partagé ; c’est déjà un bon début. Il finira par prendre la décision d’épouser Kadessa en secondes noces.

Lolita
Depuis un mois que je suis de retour dans mon foyer, je ne suis pas heureuse ; mon mari ne m’accorde aucune attention ; les soirs, je le vois à peine ; il passe ses soirées dehors. Je pense que Issifou voit régulièrement une autre femme. Cette situation m’attriste ; c’est comme si je suis un décor. Je regrette amèrement d’avoir fait deux mois en dehors de mon foyer. Tous mes efforts pour le séduire sont vains.

Lorsque je sors du travail ce soir, je fais un saut chez Elisabeth ; j’ai besoin de lui parler :

- Lolita, la tristesse se lit sur ton visage comme si tu étais en deuil ;

- Ma sœur, Issifou a complètement changé ; il mange à peine à la maison, il n’est jamais là et en weekend, je ne le vois même plus. Il ne me touche plus en tant que femme ;

- Que lui as-tu encore fait ?

- Rien du tout ; au contraire, mais il me soupçonne de le tromper et dit que tant qu’il n’a pas la preuve du contraire, la situation demeure telle ; mais comment puis-je bien prouver que j’ai été fidèle ?

- Je t’avais bien dit d’habiter chez moi ; tu es trop têtue ; c’est bien fait pour toi.

- Ma sœur, aide-moi ; je fais comment pour prouver que je n’ai pas fait des bêtises ?

- Bien, un de ces soirs, je passerai chez vous avec mon mari ; nous allons essayer de lui parler.

- Vraiment, faites vite ; je ne supporte plus cette vie qu’il me fait mener.

Elisabeth rit aux éclats puis me dit :

- le rêve est terminé et tu es réveillée ; n’est-ce pas que tu pensais qu’il ne pouvait se passer de toi ? même si tu es en or, sache que le diamant peut te détrôner ; et puis, ne te leurre pas ; ton mari voit sûrement une autre femme ; prie juste que cela n’aille pas loin. Mais lui aussi ! On dirait qu’il attendait cette situation pour en profiter.

Darla
Lolita est toujours triste ces temps-ci ; je l’interroge :

- ma chère Lolita, tu as changé ; ton regard est terne ; pourtant tu es retournée dans ton foyer ;

- Darla, laisse-moi où je suis ; j’ai trop de problèmes ;

- Tu ne veux pas les partager avec moi ?

- N’est-ce pas toi qui m’a dit de ne plus parler aux amis ?

Je souris à cette remarque et je réponds :

- je te demandais de faire attention à qui tu parles c’est tout ; si la personne est malintentionnée, elle pourrait exploiter les informations que tu donnes ; mais me concernant, tu n’as plus rien à craindre ; parle-moi Lolita ;

- Mon mari m’accuse d’infidélité parce que je n’ai pas habité chez ma sœur et parce qu’il a reçu un message anonyme.

A ces propos de Lolita, je me sens coupable, ayant été l’auteur du message ; il faut que je répare ce fait ; mais comment avouer à ma collègue que j’en suis la base ? Il me faut du courage. Je lui réponds :

- sois sans crainte, si ce n’est que pour cela, il changera d’avis bientôt ; laisse le temps faire son œuvre.

Je réfléchis et j’eus l’idée d’aller voir Issifou au bureau ; oui, je dois le faire car quand on se rend compte d’une erreur que l’on a commise et que c’est encore possible, il faut prendre des mesures pour la corriger ; je connais son lieu de travail car Lolita me raconte beaucoup de choses. Je sollicite une permission pour une heure de temps auprès du patron et je sors ; Issifou est surpris de me voir ; il m’avait vu en venant chercher Lolita déjà une ou deux fois.

- bonsoir, tu me reconnais ?

- je sais que je t’ai déjà vu mais je ne sais plus où ;

- Je m’appelle Darla et je suis une collègue à Lolita ;

- Ok, que puis-je pour toi ?

Je narre tout à Issifou et je lui avoue que je suis l’auteur du message :

- je voulais trahir Lolita mais j’ai rencontré Dieu sur mon chemin et il a changé mon cœur ; ignore donc ce message ; ce n’est que pure mensonge.

En sortant du bureau d’Issifou, je me sens soulagée.

Adeline
Je suis désespérée ; cela fait un mois que je n’ai pas des nouvelles de Wilson ; Lolita et Issifou ont aussi été supprimés de la liste des visiteurs ; je n’ai même pas pu lui dire que sa Grand-mère m’avait remis de l’argent. Si je pouvais trouver le complément, j’irai payer cette caution pour qu’il soit libre ; parfois, je me demande si je fais bien de le laisser en prison alors que j’ai l’opportunité de le faire sortir par Darius ; cependant, cela m’embarrasse de sortir avec un homme pour de l’argent ; dans le même temps, si je ne le fais pas, Wilson risque de demeurer en prison ; quel dilemme ? Hélène a peut être raison, la fin justifie les moyens et ce sera ni vu, ni connu. Mais est-ce qu’après la sortie de Wilson, Darius voudra me lâcher ? Et si par malheur Wilson l’apprenait, est-ce qu’il me comprendrait ? Seigneur, éclaire-moi, que dois-je faire ?

Lolita

Comme convenu, le lendemain soir, Elisabeth et son mari viennent parler à Issifou pour qu’il ne doute plus de ma fidélité. Depuis cet entretien qu’ils ont eu avec lui, il a légèrement changé ; il est redevenu l’homme courtois et gentil que je connaissais ; mais un problème se pose toujours : il n’y avait aucune intimité entre nous malgré tous mes efforts. Tantôt il est fatigué, tantôt il est en prière ; il inventait mille et une raisons pour ne pas accomplir son devoir conjugal.

Lasse de cette situation, j’expose encore mon désarroi à Elisabeth qui me conseille d’en parler avec lui très sérieusement.

Darius
J’ai reçu un coup de fil d’Adeline qui réclamait un rendez- vous ; je suis surpris car cette fille est très tenace et très ferme dans ses positions. Que peut-elle bien avoir à me dire ?

A Suivre......

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