Vicissitudes : Chapitre 21

Ecrit par Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Maman Eric
Je ne sais pas ce qui m’arrive; depuis trois jours, je fais des cauchemars; je vois en rêve quelqu’un qui me menace mais je n’arrive pas à distinguer son visage. Je n’ai pourtant pas d’ennemis; que peut bien signifier de tels rêves?

Je n’ai pourtant pas l’habitude de rêver. J’espère que cette nuit encore, ce ne sera pas la même chose. Autrement je risque d’avoir peur de dormir. J'avais la main sur ma joue, cogitant intensément quand je sentis une main me tapoter. Je sursaute pensant que c’était l’homme qui me menaçait dans mon rêve mais c'était ma fille, Larissa.

- on dirait que je t 'ai fait peur, maman. Tout va bien ?

- oui Larissa, tout va bien ; tu es rentrée tôt aujourd’hui ;

- le dernier cours de la journée a été annulé ; mais je voulais discuter avec toi maman au sujet d’une préoccupation ;

- je t’écoute Larissa ;

- c’est à propos de Wilson ;

- qu’est ce qu’il a ?

- Je ne vois pas du tout un empressement de ta part pour le libérer ;

- Tais-toi petite impertinente ; à ton âge, tu dois t’occuper exclusivement de tes études à l’université ; pas d’autre chose ;

- Pourquoi tu t’énerves maman ? Je n’ai rien dit de mal ;

- Disparais de ma vue.

La remarque de ma fille m’embarrasse énormément ; pourquoi cette petite se mêle t-elle de cette affaire ? Est-ce moi qui ait envoyé Wilson en prison pour maintenant être celle qui va le faire sortir ? Je ne lui ai jamais demandé d’aller tuer son ami ; même si au fond de moi, je sais que Wilson serait incapable de tuer une mouche, il n’en demeure pas moins qu’il a été arrêté pour un crime ; seul Dieu sait ce qui s’est passé ce jour-là ! Peut-être même qu’il a effectivement tué son ami ! On ne connaît jamais bien les êtres humains, l’homme étant ondoyant et divers. Alors qu’il se débrouille. Il va falloir que je parle à Larissa pour qu’elle comprenne que c’est à Eric qu’elle doit de l’attachement et non à Wilson.

Adeline
Je suis en route ce matin avec Lolita pour aller payer la caution de Wilson ; nous avons opté pour le paiement par chèque. Quelques minutes après notre arrivée au tribunal, la caution est payée et je dispose du reçu que je devrais déposer à l’administration du Commissariat central ; Lolita me conseille de faire des photocopies avant de déposer l’original.

Du tribunal, nous nous rendons au commissariat central. Lolita a pris une permission spéciale pour m’aider à faire toutes ces courses. J’apprécie énormément le geste de mon amie qui m’assiste en tout ; je pense que Lolita est la sœur que je n’ai jamais eue. Elle est très gentille mais vraiment têtue et plein d’orgueil. Je ne sais même pas à qui elle ressemble car ses parents sont des personnes très humbles et effacées. A part ce côté déplaisant de Lolita, tout le reste est merveille. Je prie juste que face à ce nouveau problème dans son couple, qu’elle fasse preuve de discernement et qu’elle se laisse guider par son Créateur.

Après avoir déposé la quittance, Lolita, malgré sa tristesse de ces derniers jours s’adresse à moi :

- félicitations Adé, bientôt ton Wilson sera libre et vous allez filer le parfait amour ;

- j’ai vraiment hâte de sa sortie ma copine.

- J’espère que vous allez vous marier très vite et qu’il ne sera pas comme Issifou ;

- Issifou est très gentil Loli, c’est toi qui ne t’en rends pas compte à cause de ton vilain caractère ;

- Il est irresponsable ; il me trompe sans se protéger afin de me ramener des maladies ; mieux par sa faute, un enfant hors mariage est en cours de téléchargement et toi ma meilleure amie, tu le soutiens ?

- Je ne le défends pas mais reconnais que tu es en partie responsable de cette situation ; l’homme résiste moins aux pulsions sexuelles que la femme ; devant une paire de seins et de jolies fesses, très peu d’ homme arrivent à se maîtriser, surtout quand ils ont été sevrés brusquement comme c’était le cas chez Issifou.

- Adéline tu as des réflexions tordues de l’époque du moyen âge ; donc parce que nous nous sommes séparés un moment, il faut qu’il succombe ! Et si j’avais voyagé ?

- Si tu avais voyagé, il aurait fait l’effort de se maîtriser car vous seriez toujours en communion ; vous vous parleriez souvent et resterez en harmonie même à distance ; et tout cela aide ; mais tu étais en désaccord avec lui ; alors ça change forcément son état d’esprit.

- N’est-ce pas que Wilson sera bientôt libre et que tu vas te marier ? Je verrai bien si tu pourras supporter certaines choses.

- Détrompe toi ma chère, si j’étais à ta place, je reste calme dans mon coin ; au besoin, j’accepterai cette dame et son enfant ; tu verras que cela ne sera qu’un feu de paille ; si Issifou ne l’aime pas vraiment, leur union ne va pas durer et c’est après cela que tu seras véritablement la reine du cœur de ton mari car cette expérience lui aurait donné des leçons. Réfléchis bien avant d’agir, le divorce n’est pas conseillé dans ton cas ; à moins que tu ne décides de rester célibataire, tu ne peux jamais savoir sur qui tu vas tomber. Le loup que l’on connaît vaut mieux que l’agneau qu’on ne connaît pas.

- Tu bavardes pour rien Adé. Jamais de la vie, je ne vais vivre dans un foyer polygamique même pour deux minutes. Je veux être la seule épouse de mon mari.

- Dans ce cas il faut œuvrer pour à travers tes comportements et il faut te rapprocher de Dieu.

- Laissons ce débat Adé ; tes théories insensées m’énervent. Continuons nos courses.

Après le Commissariat, nous nous dirigeons vers le cabinet de l’Avocat pour lui remettre une copie du reçu de paiement de la caution; il nous accueille chaleureusement :

- Bonjour Mesdames ;

- Bonjour Monsieur l’Avocat ; vous connaissez sans doute Lolita MABOUDOU ;

- Non, pas du tout ;

- C’est la femme de Issifou MABOUDOU

- C’est donc elle la femme de mon amie Issifou ; enchantée de faire votre connaissance Madame ;

- Moi de même, lui répond Lolita.

- vous avez de la chance ; Issifou est un bon gars ; à l’université, il était le plus sérieux d’entre nous ;

- vous vous connaissez depuis l’université, et pourtant Issifou n’a pas fait le droit, répond Lolita

- Non, mais nous étions dans le même club de basket-ball. Il jouait très bien et comme il est beau garçon, toutes les étudiantes rêvaient d’être avec lui mais il est resté égal à lui-même.

Je me tourne vers Lolita et en tenant mon oreille gauche, je lui dis :

- Tu as entendu Madame ? Tu as un bon mari.
- Pffff ! Il vaut mieux que je me taise.

J’informe l’Avocat du paiement de la caution et je lui montre la copie de la quittance ; il la prend de mes mains et promet m’appeler pour la suite.

Wilson
L’un des Surveillants de la prison vient de m’annoncer à l’instant que ma caution a été payée et que je serai libre dans trois jours. Je n’y comprends rien ; à supposé que la maison soit vendue, pourquoi Eric n’est pas venu m’informer ? Il était ici il y a quatre jours pourtant ;inutile de me préoccuper, l’essentiel est que la caution soit payée ; je devrais être très content de sortir d’ici si Adéline ne m’avait pas déçu.

A ma sortie, je vais me consacrer au travail afin de véritablement occuper mon esprit ; il y a les biens de mon père à gérer ; je dois faire le point avec ma deuxième mère et Eric.
Papa m’a également fait connaître son Notaire. A la mort de papa, ce dernier était en voyage en Europe pour se faire soigner ; le testament n’a donc pas été lu jusqu’à ce que je sois arrêté deux mois après. Je pense que ma mise en liberté serait l’occasion propice de m’occuper de ces questions.

Par bonheur, Eric est venu me rendre visite. Parfois, on dirait que la vie nous donne exactement ce dont nous avons envie ; car je désirais ardemment voir Eric pour avoir une explication sur le paiement de la caution.

- Eric, c’est vraiment bien que tu sois venu ; ainsi, vous avez finalement pu vendre la maison !

- Qui t’a dit cela ? Aucune maison n’a été vendue ;

- Comment avez-vous alors fait pour payer la caution ?

- Payer la caution ?

- Mais à quel jeu tu joues Eric ? Un de nos Surveillants vient de me dire que ma caution a été payée et qu’une dame est venue déposer le reçu de paiement à l’administration du Commissariat. J’ai pensé que c’était maman ou Larissa.

Eric
Je me suis rendu en prison pour montrer les photos d’Adéline avec Darius à Wilson; je me suis rappelé enfin là où je l’ai connu ; il était un des clients intéressés à la vente de la maison ; je comprends alors que c’est Adéline qui a dû l’envoyer ; elle fait tout pour libérer Wilson.

Lorsque Wilson a parlé d’une dame qui vient de payer la caution, j’ai pensé à Adéline ; je la revois en train de prendre un chèque des mains de l’ homme à qui j’ai déjà eu affaire. Je comprends tout ; cet homme a dû donner un chèque à Adéline ; je ne pense pas qu’il puisse tout payer ; elle doit avoir pris de l’argent chez plusieurs personnes. Alors à la question de Wilson, je réponds :

- mon frère, qui d’autre que Adéline peut payer cette caution ? La bonne dame sait que personne ne voudra l’épouser à cause de sa prostitution ; alors, elle veut mettre le grapin sur toi ; comme le temps passe, elle veut vite te libérer afin que tu puisses l’épouser.

- C’est possible mais Adéline ne peut jamais disposer d’autant d’argent ;

- Elle a plusieurs hommes et pas des moindres avec qui elle passe du bon temps ; je t’avais pourtant apporté de nombreuses photos. Tiens par exemple, regarde cette photo ; tu as bien vu qu’un homme lui tendait un chèque ; voilà la preuve de ce que j’avance.

Wilson observe la photo et secoue la tête ; il se prononce :

- mais quelle garce ! Si je n’avais pas vu, je n’aurais pas cru ;

- Grand-frère, si j’étais toi, je refuse qu’elle utilise l’argent de la prostitution pour me faire sortir ; donc je reste ici en attendant ;

- Toi aussi Eric, comment tu peux dire cela ? Je ne peux pas au nom de l’orgueil rester en prison ! Je considère la caution qu’elle a payée comme étant le dédommagement du nombre d’années qu’elle m’a fait perdre à l’aimer. Par conséquent, je vais sortir d’ici, argent de prostitution ou pas.

Wilson m’énerve ; ne peut-il pas avoir un peu d’orgueil et décider de rester en prison ?

Kadessa
J’attends Issifou avec qui je dois aller dîner ce soir ; il a insisté pour que nous nous voyons ; je suis sûre que c’est pour me demander en mariage ;je porte une robe courte couleur bleue et moulant mes formes. Je fais un maquillage léger et je mets des chaussures à talon. Une chaîne en or orne mon cou. J’ai enroulé mes cheveux dans un chignon qui me va bien. Je me parfume et l’attends. Il fallait que je sois rayonnante pour mieux séduire Issifou.

Peu de temps après, Issifou arrive et nous nous rendons au restaurant. A ma grande surprise, il ne me fait aucun compliment comme d’habitude. Nous parlons de tout et de rien au cours du dîner. Puis Issifou m’interroge :

- Comment te sens-tu Kadessa ?

- Bien,

- Tu vomis toujours ?

- Par moment mais je sais que ce sont les maux de début de grossesse donc je m’adapte à ma nouvelle situation.

- Ok, je suis content que tout se passe bien ; j’aimerais que tu saches que je m’occuperai de la grossesse comme il se doit et à la naissance toi et l’ enfant ne manquerez jamais de rien.

- Je n’en doute pas un instant mon chéri ; ma préoccupation actuelle est la célébration du mariage avant que mon père ne se rende compte que je suis enceinte.

- Non, nous ne pourrons pas nous marier, du moins pas tout de suite ;

Je tombe des nues ; je me reprends rapidement et je le questionne :

- Pour quelles raisons ?

- Tu sais que notre religion interdit d’épouser une femme enceinte ;

- Mais chéri, notre religion interdit aussi l’adultère ;

- Je sais mais il ne faut pas continuer d’aller de péché en péché. Attendons la naissance de l’enfant.

- Ce que tu viens de dire chéri n’est pas tout à fait juste ; pour ce que je sais de notre religion, une femme qui est enceinte suite à la fornication peut se marier avec l'homme qui l'as mis enceinte. Ainsi, afin de réparer le péché commis, nous devons absolument nous marier, nous repentir et assurer un avenir certain à cet enfant qui n'a rien demandé. Je t’invite à mieux te renseigner sur la question, si tu le veux bien. Mais fais le très vite avant que mon père ne remarque que je porte une grossesse.

Issifou
Je viens d’annoncer à Kadessa que je ne l’épouserai pas, du moins pas tout de suite. Je voulais en fait avoir le temps de mieux réfléchir quant à la conduite à tenir envers elle. Je lui ai donc dit que notre religion interdit d’épouser une femme enceinte. A vrai dire, c’est ce que j’ai appris mais je n’en suis pas certain ; il me faut me rapprocher des aînés pour en être sûr ; dans tous les cas, la manière de répondre de Kadessa est particulière ; si c’était à Lolita que je disais cela, elle m’aurait servi une réponse arrogante. J’essaie d’aller plus loin pour voir sa réaction :

- dis-moi Kadessa, et si je te disais que je n’ai pas du tout l’intention de t’épouser ?

Kadessa sourit et me répond avec un ton calme :

- je ne vois pas pourquoi tu n’aurais pas cette intention ; la loi et la religion te donnent ce droit et je sais que tu es un homme juste ; tu ne vas pas faire de moi une fille-mère dont la famille se moquera alors que tu as la possibilité de m’épouser.

Cette fille me met dans l’embarras ; au lieu de s’énerver pour que j’en profite, elle me répond avec calme, sourire et respect ; elle me traite même d’homme juste pour perturber ma conscience. Avec elle, je me sens admiré et respecté.

Lorsque je la dépose chez elle, j’entreprends de retourner chez moi car Lolita serait en train de m’attendre. Pendant le trajet, je reçois un coup de fil de Moussilimi, mon frère aîné ;

- Allo, salut Mouss

- Comment vas-tu frangin ?

- Je vais bien merci ; comment se porte Khadija ?

- Elle se porte bien, je t’appelle parce que maman m’a dit qu’elle doit retarder son arrivée en France parce que tu dois te marier à nouveau ; c’est quoi cette histoire dont tu ne m’as jamais parlé ?

J’explique à Mouss de quoi il s’agit ; je n’ai pas grand secret pour mon frère ; nous nous entendons bien ; je lui précise que je n’avais jamais prévu une telle situation.

- Alors, que comptes-tu faire ?

- Je suis embarrassé, Mouss ; il paraît qu’une femme enceinte ne se marie pas ;

- Tu te trompes Issifou, une femme enceinte suite à un mariage valide ne peut se marier qu’après son accouchement, si ce n’est pas avec l’homme qui l’a rendu enceinte. Cela veut dire que tu peux te marier avec elle puisque tu es le père du futur bébé.

- Même si c’est le cas mon frère, moi je ne voulais pas avoir de seconde épouse ;

- Ah mon frère, je te donne les possibilités, c’est tout mais à toi de décider. Ce que je te demande est de communiquer à maman ta décision finale sans tarder parce que la date de son arrivée ici dépend de tout cela.
- C’est compris, je vais me décider très vite.

Adeline
Aujourd'hui, je me suis réveillée avec un sourire aux lèvres car Wilson sort de prison.

A Suivre......

Vicissitude