Vivre avec le coeur brisé
Ecrit par Ibiki
-Mama Inès -
Gérald. Comment m'y prendre ? Comment le lui dire ? Je me disais que un jour je lui dirai. Mais c'était devenu compliqué. Lucas ne l'a jamais apprécié. Je n'ai pas compris au départ pourquoi il manifestait de l'animosité envers Gérald. Pourtant Il a toujours été bon envers lui. Venir lui dire un matin que... Il ne m'aurait jamais pardonné, jamais. Par contre Gérald aurait été content, il aurait mieux pris la nouvelle. J'ai eu peur de lui dire la vérité. Je ne voulais pas que Lucas se mette en colère contre moi. Les colères de mon fils pouvaient partir sur des mois. Et voir de la colère dans les yeux de mon fils, mon coeur n'aurait pas supporter.
Je suis assise dans le séjour de Gérald, il m'a dit de l'attendre chez-lui. Il voulait venir à la maison mais j'ai préféré que ça se passe ailleurs. Je ne sais pas comment ça va se passer. Je suis tentée de repartir. Je stresse, je redoutais ce moment mais jamais je n'avais imaginé que ça devait se passer ainsi.
- ma belle...
Gérald est arrivé je n'ai pas écouté sa voix ni même ses pas. Je veux me lever. Mais je n'y arrive pas.
Il me prend dans ses bras, et je ne peux m'empêcher de pleurer.
- j'ai mal...
- Je sais...
- J'ai perdu mon fils..
- je suis là... Ma belle. Je suis la là.
- Lucas est parti...
- ... Je sais... Sois forte Nayanka et les petits ont besoin de toi.
- Gérald.. Snif.. Snif..
- oui...
- Lucas s'en est allé... Notre fils est parti..
- Notre.. Attends quoi ?
Il relâche son étreinte, me regarde droit dans les yeux. Je reconnais ce regard que Lucas avait quand la colère commençait à le gagner.
- tu veux dire quoi par là ? Inès ! Réponds moi.
- ...
Ma bouche avait de la peine à s'ouvrir. Je tremble de tout mon corps. Il me saisit par le bras.
- Inès. Dis quelque chose.
- Notre... Notre fils... Lucas est ton fils.
Il me lâche. Il recule de quelques pas.
- Tu n'as même pas eu la décence de me dire ça.
Je veux m'approcher de lui il me stoppe net de la main.
- Ne m'approches pas ! Je t'avais demandé si après ce week-end à limbe où on a.. Je t'avais demandé si j'étais le papa de Lucas. Tu m'as dit non ! Que c'est celui de Robert ! Tu m'as dit que c'est l'enfant de ton mari ! J'avais fait le calcul, j'ai émis des doutes sur la paternité de Robert. Mais tu m'as dit que c'est son fils.
- Je voulais te le dire..
- ah bon ? Et quand ? À quel moment ? Tu as laissé Lucas me mépriser, pensé de moi que je veux détruire le bonheur de ses parents, salir l'image de son père ! Alors que c'était moi son père !
- je lui ai donné le prénom Lucas... Parce que tu souhaitais qu'on donne ce prénom à notre enfant.
- Et j'étais sensé croire, non, imaginer que c'est mon fils a cause du prénom ? Un prénom Inès !
- Je suis désolée..
- Tu as fait le choix de m'enlever mon fils. Inès il est mort, et jamais je n'ai pu l'entendre parler de moi en bien... Tu m'as volé la vie que j'aurais pu avoir avec lui.
- Je suis désolée.. Snif... Pardonne-moi
- Rentre chez-toi. Sinon je te tuerai de mes propres mains...
- Nayanka -
Ils sont là, il me regardent. Il viennent chacun à son tour me dire du bien de Lucas. Tssssp. Ils veulent me réconforter mais rien n'y fait. Mon cœur, ne bat plus. Il s'est arrêté la nuit où Jimmy m'a passé ce coup de fil. Je suis comme une morte vivante. Plus rien n'a plus de saveur, tout est insipide.
Je reste assise des heures sans parler. La douleur est trop grande. Comment est-ce que c'est possible de vivre avec ça ? Personne ne peut vraiment me comprendre, m'aider. Je pensais que partir était la solution. Maintenant je suis la plus malheureuse. Je voudrais me couper un bras juste pour que ma douleur psychologique devienne physique. Je suis vidée de l'intérieur.
Je veux être forte pour nos enfants, mais je n'y arrive pas. Ça me dépasse complètement. Oui j'avoue que je suis dépassée. Comment est-ce possible ? Maintenant je l'ai vraiment perdu. Plus jamais je ne le verrai. C'est de ma faute. Si je n'étais pas partie de la maison, si ce soir j'étais sortie pour lui parler. Non. J'ai voulu emprunter cette voie. Il était revenu, il voulait que je sois avec lui, il voulait qu'on forme un famille. Mais... Seigneur. Qu'est ce que j'ai fait ?
- Tiens, tu n'as rien avaler depuis le matin.
Mama Inès s'assoit près de moi.
- Je n'ai pas faim.
- Tu es enceinte... Si tu ne te bats pas pour toi, fais le au moins pour nous, pour le bébé. Perdre deux membres de la même famille ? S'il te plaît. Mange.
Je regarde le plat de légumes. Je n'ai pas envie de manger. Mais je prends la première bouchée. Insipide ! J'ai envie de recracher mais mama Inès me regarde.
- Nayanka. Il faut que je te dise quelque chose de très délicat.
Elle soupire profondément. Presse ses mains. Puis dresse le pagne de son kaba.
- J'ai caché pendant toute sa vie à Lucas... Qui est son père.
- Euh... Quoi ?
Elle me regarde, une larme roule sur sa joue. C'est la première fois que je la vois aussi bouleversée.
- Lucas n'est pas le fils de mon feu mari Robert. C'est celui de Gérald.
La nouvelle me laisse la bouche ouverte.
Elle inspire, puis essuie sa joue du revers de la main.
- Gérald et moi devions nous marier, mais sa famille étair contre. C'était l'amour de ma vie. C'était l'amour de ma vie. On s'est séparé. J'ai rencontré Robert. Je me suis mise en couple avec lui. Mais je n'arrivait pas à oublier Gérald. Les choses se sont vites passées entre nous et un an après il m'a épousé. Deux mois après mon mariage, Robert étant hors du pays pour trois semaines. Je suis retombée sur Gérald avec qui j'avais rompu tout contact. C'était comme si rien n'était arrivé. Une chose amenant une autre, on est parti en amoureux à Limbé. C'était magnifique. Je me sentais revivre. De retour à ma réalité, je me rappelle que je suis mariée et lui aussi. On est resté en contact tout en mettant la distance. Mais Gérald me disait qu'il était malheureux et voulait tout abandonner pour moi. Quand plus tard je me rends compte que je suis enceinte je prends encore plus de distances.
- Tonton Gérald n'est m'as au courant ?
- Si. Je lui ai dit ça, hier matin.
- Hier ?
Tonton Gérald a toujours aimé Lucas. Peut-être au fond il aurait tellement souhaité que ce soit son fils qu'il l'a aimé en tant que papa.
Cette histoire me laisse sans voix. Mama Inès à caché la vraie paternité de son fils. Le jour où j'ai trouvé que Lucas ressemble à Tonton Gérald, elle en avait fait toute une montagne. Maintement je comprends pourquoi. Lucas c'est son fils.
- Lucas n'a jamais su que c'est Gérald son père. Il est mort en ayant de l'animosité dans le coeur envers son père. Mon Dieu Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je suis surprise. Venant d'elle, elle ? Mama Inès ? Tout s'explique, Tonton Gérald est l'homme de sa vie. Elle a fait un enfant avec lui. Comment est-ce qu'elle ne l'aurait pas autant aimé ? Elle pardonnait tout, elle devenait une lionne pour son fils. Tout est clair. C'est le fruit de l'amour qu'elle a pour tonton Gérald.
Elle se mit à pleurer. Sa peine je la ressentis à cet instant . je la tiens par la main.
- Je suis là ça va aller. On va.. On va traverser tout ça.
- Gérald ne va pas me pardonner ça. Il...
- Ça va aller...
Je ne sais pas ce que je peux dire pour la calmer. Tout ça c'est trop d'information. Je ne la juge pas. Elle avait ses raisons. Elle a perdu l'amour de sa vie. Son fils. Celui qui était tout pour elle. Je n'ai même pas la force de m'insurger. Elle souffre doublement, perdre son fils et peut-être aussi perdre celui qu'on a toujours aimé ?
- David - Alexandre -
Carole, m'a appelé. C'est elle qui m'annonce le décès du mari de Nayanka. Je ne sais pas comment réagir. Je veux bien aller dans la maison du couple où se passe tout, mais je crains que ce soit pris comme du manque de respect.
Comment elle va réagir ? Et si elle me repousse ?
- Aller mon grand. Vas y !
Je prends le chemin de sa maison. Arrivé à destination, je reconnais à peine les lieux. Il y a du monde. La musique de circonstance résonne en fond sonore. Mon coeur est lourd. Tout ceci est un peu bizarre.
- Seigneur ne me fait pas tomber sur la sulfureuse Inès.
J'avance, et au loin j'apperçois Nayanka. Elle paraît absente. Son regard est vide, les yeux sont enflés. J'ai l'impression qu'elle a perdu du poids. Elle est sombre, les joues creuses. Elle semble perdu au milieu de ces personnes qui vont et viennent. Je me dirige vers elle.
- Bonsoir... Naya
Elle tourne la tête délicatement... Abore un sourire triste.
- Bonsoir. David-Alexandre. Comment tu vas ?
- Je vais bien et toi ?
- Ça va...
Elle me fait signe de m'asseoir. Ce que je fais sans tarder. Elle me regarde encore et sourit.
- Tu as mis du temps...
- Ooh. Je n'étais pas là.
- Je sais...
Nayanka. N'arrive pas à cacher son chagrin. Je suis convaincu, elle adorait son mari. Elle l'aimait encore trop. Elle a cru qu'elle pouvait ne pas souffrir de son absence, qu'elle pouvait vivre sans lui.
Elle l'aimait encore trop, pour m'aimer moi. Si à un moment j'ai cru qu'elle m'aimait... Je me rends compte ce n'était pas de l'amour. Peut-être un style d'affection mais pas de l'amour. Comme cet amour qu'elle a ressenti pour lui. Comme cet amour qu'elle ressent encore pour lui et qui la plonge dans un océan de douleur.