XI

Ecrit par Les petits papiers de M

Bella

- Les hommes doivent être aveugles dans cette ville

- Qu’ont-ils encore fait à ma chère Lina ?

- Pour une fois, il ne s’agit pas de moi. Je te regarde et je me demande comment tu peux encore être célibataire

- Hahaha ! tu n’es pas sérieuse. Je suis encore jeune, rien ne presse

- À vingt ans ? ce n’est pas comme si tu avais même une demi expérience hein. Tu es carrément vierge !

- Et ça fait quoi ? Ya Philo dit que rien ne m’oblige à être comme tout le monde. De juste suivre mon cœur

- Ça c’est les histoires à deux francs des harlequins là

- Ça c’est encore quoi ?

- Vraiment Bella, je dois refaire ton éducation. Tu ne connais pas les harlequins ? tu lis quoi alors ?

- Les registres des marchandises de ta boutique et de celle de Ya Philo

- Tu es bête

- Plus sérieusement, je ne lis pas. Tu sais que je n’ai jamais été à l’école. C’est même à cause de Yaya que j’ai appris à lire et écrire. Et à cause du centre j’ai dû travailler mon français

- Il faut qu’on achève alors le travail. Rien qu’à ton apparence on ne peut pas savoir que tu n’es pas instruite, il faut qu’on corrige ça. Une belle femme doit en avoir dans la tête. Ça attire les vrais hommes

- Lina…

- Je ne parle pas de les attirer au sens que tu penses. Je sais très bien que tu n’es pas comme moi

- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire

- Même si c’était le cas, ça ne me vexe pas. J’assume ce que je suis. Pour en revenir à ton cas, laisse-moi te dire que les gens auront tendance à te sous-estimer s’ils savent que tu n’es pas instruite. La plupart des gens ne respectent que les diplômes ou l’argent. Et à défaut d’avoir l’un ou l’autre faut au moins que tu aies de la conversation. Tu pourras ainsi capter l’attention des hommes d’un certain niveau. Il ne faut pas qu’après tous nos efforts ce soit un Gontran ou un Dagobert qui vienne profiter

- Et c’est quoi un Gontran ou un Dagobert ?

- Quelqu’un qui ne saura pas reconnaitre ta valeur

- Hum… en tout cas, je ne me vois pas finir avec des pauvres types. Même s’il ne croule pas sous l’or, au moins le minimum

- Donc tu dois apprendre à avoir des hobby sérieux désormais. Ce n’est pas seulement faire les snaps et les statuts

- Hum Lina ! c’est ce que tu me dis aujourd’hui ?

- Je rigole ! je sais bien que ça a augmenté la clientèle. Tu as un don pour ces choses. Je t’assure que tu devrais songer à gagner de l’argent sur les réseaux sociaux. Tu vaux bien plus que le salaire de misère que tu gagnes au centre

- Mais tu me payes aussi non

- (se couvrant le visage avec la main) mon Dieu ! tu manques incroyablement d’ambition. Tu penses que tu vas vivre indéfiniment chez tes tuteurs ou que c’est avec ces pauvres sous que tu réaliseras quelque chose ? tu ne dois pas avoir de limites chérie. Tu dois aspirer à bâtir de grandes choses, à être indépendante. Regarde où je suis arrivée toute seule. Ma première maison est déjà en construction, j’ai deux masters payés de ma poche, je voyage comme je veux, je m’occupe de ma mère et tout ça avec mon argent. Tu n’as personne. Malgré tous les soins qu’ils peuvent t’apporter, tu n’es pas leur enfant. Prends ta vie en main

- Mais je ne vois pas ce que je peux faire pour gagner autant d’argent !

- Ne vois pas d’abord l’argent. Vois ce qui te passionne.

- J’aimerais bien ouvrir un restaurant mais évidemment je n’ai pas de sous pour ça

- Donc commence par quelque chose de plus simple et mets des sous de côté

- Je vais y penser

- Arrête un peu de penser et agis petite. Agis. Le temps n’attend pas.

Lina n’a pas arrêté de me chauffer les oreilles avec cette histoire de construire ma vie, de me faire de l’argent en insistant bien sur le fait qu’elle ne me poussait absolument pas à faire comme elle. Comme elle l’a si bien dit, chacun a sa voie pour réussir. Je n’avais pas non plus l’intention de faire comme elle. Mais avec ma nouvelle apparence, j’ai commencé à avoir quelques dragueurs sérieux. Je crois qu’il est temps que je songe à me libérer financièrement et ensuite quitter la maison des Gbédji pour vivre un peu ma life. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé d’avoir une discussion sérieuse avec Ya Philo.

- Je t’ai toujours fait confiance Bella. Tu me jures que ce n’est pas une histoire d’hommes ?

- Je te jure yaya. Si c’était le cas je te le dirais

- Tu sais que si un homme te parle tu ne dois pas hésiter à me le dire ? ou tu peux même en parler à Lina pour qu’elle voie avec toi

- Je sais

- Nous sommes tes aînées, nous ne pouvons pas t’induire en erreur

- Je sais
- C’est ça vous dites. Je sais, je sais et après on voit seulement les grossesses

- Oh yaya ! je t’assure que non. J’ai juste beaucoup d’opportunités que je refuse à cause des horaires. C’est pourquoi j’ai décidé de t’en parler. Je peux me faire beaucoup plus d’argent en acceptant des rendez-vous privés. Depuis que j’ai créé ma page facebook et que Lina m’a prise pour égérie, j’ai beaucoup de clients au centre qui me demandent expressément. Lina dit que je serais bête de ne pas en profiter pour me créer une clientèle personnelle

- Et elle a raison

- Mais je n’ai pas de salon à moi. Donc je dois pouvoir honorer les rendez-vous à domicile. Avec ça et le pourcentage que Lina me paie à Entr’Filles, j’aurais de meilleurs revenus.

- Je comprends. Mais c’est également à toi d’imposer ta façon de travailler dès le départ. Tu vis encore chez nous, donc le couvre-feu sera de 22 heures dernier délai. Sauf si tu me dis que tu veux aller en boîte. Et même ça ce sera rare.

- Merci beaucoup yaya. C’est déjà suffisant
Après cette discussion, j’ai décidé de me former sur internet. J’ai pensé me lancer dans un premier temps dans les histoires d’influenceuse là mais franchement, j’ai moi-même été saoulée par ce qu’ils racontent : développement personnel, batailles de la femme de feu, femme de potentiel…bref trop compliqué. J’ai seulement continué à me filmer partout et faire des statuts de publicité pour montrer les mèches et les sous-vêtements que Lina vends dans sa boutique et aussi la remplacer dans les petites ventes privées qu’elle fait.

Petit à petit des boutiques ont commencé à m’appeler pour tester et parler de leurs produits. Finalement je me suis fait remercier du centre des Lys parce que je commençais à leur faire de l’ombre. C’est sans sourciller que je suis partie de là. De toute façon, j’emporte mes clients avec moi. Tout ce que je vais peut-être regretter c’est l’assurance de mon petit salaire à la fin du mois. Encore que je viens à peine de m’acheter une moto. Et sans trop me déranger grâce à la générosité d’un pointeur. Mais j’ai été claire avec lui, zéro promesse. Il banque s’il veut, je ne l’oblige à rien, alors qu’il ne m’oblige à rien. Lina m’a dit qu’il faut être clair et ferme avec eux dès le départ.

- Tu peux arrêter de râler chéco, ce n’est que cinquante mille que tu perds. Tu gagneras très vite plus

- Comment ? où ? telle est la question. Tu me vois aller tendre la main à mes tuteurs encore ?

- Mais je te paie non ? et Philo aussi

- Avec toute cette histoire de blog et publicité, il y a au moins trois mois que je n’ai pas travaillé pour Ya Philo donc rien perçu. Et toi-même tu me payes suivant mes pourcentages de vente. Qu’arrivera-t-il si ma petite notoriété retombe ? si les gens ne m’appellent plus pour les soins à domicile ? Et si les appels continuent ? et si des marques t’appellent pour te demander de les représenter ?

- Tu te crois où Lina ? dans tes pays de blancs où tu pars souvent là ? même si les marques m’appellent ? tu crois que ce sera les Nanawax ? zara ? qui vont penser à une bloggeuse à peine instruite qui emprunte les vêtements de la boutique de sa copine pour faire genre sur facebook ?

- Oookay… je vois que tu es vraiment remontée. J’ai peut-être une solution pour toi. Mais je ne sais pas si je dois t’en parler

- Au point où j’en suis, dis toujours
- On a besoin d’une masseuse supplémentaire au Boulot
- Je croyais que vous ne deviez jamais embaucher des proches

- On n’a aucun lien de famille. Donc si tu sais tenir ta bouche, ça devrait aller. En plus c’est temporaire. On fait une promo pour l’été à cause du nombre croissant de réservations pour ce service. Une fois le rush des vacances retombé tu pourras te retirer. Et peut-être que d’ici là tu auras trouvé mieux

- Quels seront mes horaires ?

- Neuf heures à dix-sept heures quand tu es de service de jour et dix-sept heures à quatre heures quand tu es de nuit

- Mais je ne pourrai jamais faire la nuit ! tu me vois dire à Philo que je travaille dans un endroit pareil ? c’est la fin de ma vie !

- Tu es obligée de lui dire ? et puis tu lui mens déjà quand tu vas à tes petits rendez-vous là

- Et comment expliquer que je rentre à l’aube ?

- De toute façon il y a plus de pourboires la nuit, donc les autres ne vont certainement pas se faire prier pour que vous échangiez vos places

- Et… euh… est ce que je dois… tu sais non ?
- Dois quoi ? parle clairement

- Je dois aussi leur donner ? aaah tu comprends ce que je dis

- (riant) c’est coucher là qui écorche ta bouche depuis ?
- Alors c’est oui ou non ?

- C’est si tu veux. Mais avant que je n’entre dans les détails, j’ai besoin de savoir si tu le prends ou pas ce boulot. Je n’ai pas envie de bavarder pour rien

- Je vais devoir passer un entretien ?

- Oui. Avec moi. Rachelle est encore repartie avec son homme pour quelques mois. Alors, partante ?

- Oui. Mais à condition de n’être obligée à rien de ce que vous faites là-bas. Je veux juste masser

- Bella, parfois il faut avoir l’esprit ouvert. On n’arrive à rien dans cette vie sans prendre un peu de risques. Même ta yaya a quitté son boulot pour aller vendre les vivres en gros au marché. Et elle ne s’en plaint pas aujourd’hui

- Où veux-tu en venir ?

- Le poste est un poste de masseuse. Mais pas que

- Pas que ça veut dire quoi ? va droit au but

- Mais pourquoi tu es tendue comme ça ? tu devrais vraiment t’envoyer en l’air pour te décoincer un peu

- Lina, si tu ne veux pas prendre mon problème au sérieux, c’est mieux qu’on arrête la discussion là

- Tu te calmes s’il te plaît. J’essayais juste de détendre l’atmosphère. Nous ne faisons pas que des massages simples mais un massage à caractère érotique dont le but est d’exciter le client de sorte à ce qu’il demande plus. Il y a certains clients qui viennent juste pour l’atmosphère de la chambre, la détente et un peu d’adrénaline. Mais il y en a beaucoup d’autres qui viennent pour être excités et pour aller jusqu’au bout, c’est-à-dire coucher.

- Et si je ne veux pas coucher ?

- Rien ne t’y oblige. Et les clients sont informés. Ils savent que nos masseuses à priori ne couchent pas même si actuellement elles ont toutes franchit la ligne. Mais c’était leur choix et tu peux faire un choix différent Il y a des cartes qui sont là pour ça : juste un regard, immersion douceur, plus si affinités. Je te les montrerai quand nous irons dans mon bureau. Le massage simple, c’est celui que tu connais, la version douceur, c’est celle qui consiste à lui procurer des sensations fortes et le plus, c’est coucher avec lui. Peu importe le choix du massage, il y a certaines attitudes qui vont de pair avec le job.

- Finalement votre truc là semble un peu trop sérieux

- Nous faisons juste notre travail avec professionnalisme. Et c’est ce qui garantit le succès de la boîte depuis plus de dix ans. Je te laisse cette nuit pour y penser. Si tu te sens prête alors nous irons sur place demain. A 16 heures.

Après une nuit d’intense réflexion je me suis décidée à accepter la proposition de Lina. C’est juste un boulot comme un autre. C’est à moi de m’imposer les limites à ne pas franchir. Parce que le salaire et les avantages doivent être conséquents quand je considère son train de vie. Quant à Philo, elle n’a pas besoin de savoir que j’ai changé de boulot. Elle ne saurait pas comprendre ce choix, j’en suis certaine. Malgré tout ce que je me disais intérieurement pour me convaincre, j’avais le sentiment profond d’être à un tournant décisif de ma vie. C’est le cœur battant et les mains moites que j’ai ouvert la portière lorsque Lina s’est garée sur le parking des employés.
- Ça va ?
- Oui

Le moins qu’on puisse dire c’est que les boss de Lina, ils ont fait fort. J’avais déjà vu plusieurs fois le côté bar qui semblait assez commun. Mais le côté club et harem ? j’ai eu l’impression de plonger dans un tout autre monde. Je ne m’y attendais pas étant donné que de l’extérieur, ça ressemblait juste à une villa un peu trop grande. En quittant le parking nous sommes passées par une entrée gardée par des vigiles auxquels Lina a présenté son badge en leur expliquant que j’étais une nouvelle employée. Ensuite nous avons débouché quelques minutes plus tard sur un hall joliment décoré où j’ai eu la surprise de voir des réceptionnistes habillées vraiment très légèrement.

- Vous ne perdez pas de temps pour donner le ton hein

- Ceux qui prennent par cette entrée savent tous à quoi s’attendre. Ici c’est la réception où les membres sont accueillis avant d’être dirigés vers la gauche s’ils vont au club ou à droite s’ils vont au harem

- Et ceux qui viennent discuter affaire ? vos fournisseurs et tout ça ?

- Le Padre, Rachelle et Serges qui gère le bar ont leur parking et leur entrée personnelle. Aucun de nous n’y a accès. Je suppose que leurs partenaires les voient là-bas s’ils viennent ici.

Après avoir salué les filles à la réception, nous sommes montées au harem en empruntant l’ascenseur. Celui-ci s’est ouvert sur un couloir dont les murs étaient décorés de photos de filles dans des dessous tellement sexy que ma bouche en est restée ouverte.

- Ce sont des mannequins ?

- Non. Ce sont les filles de la maison. Et si tu fais bien attention tu verras que les photos sont en fait des portes

- Tu as ta photo aussi ?

- Oui. Viens voir
Elle m’a emmenée trois portes plus loin. Elle était grandeur nature debout contre une espèce de poteau en petit tutu noir avec juste des fleurs sur les bouts de seins en guise de soutien. Ses yeux étaient cachés par un petit masque. La photo était vraiment très belle. Comme toutes les autres d’ailleurs mais je commençais à me sentir un peu mal à l’aise.

Elle a ouvert la porte et s’est effacée pour me laisser entrer.
- Pourquoi c’est écrit Mystica sur la porte ?

- C’est mon nom ici. La politique de la maison prévoit que nous puissions protéger notre identité. Il y en a qui sont parties d’ici après des années sans avoir jamais dit leur vrai nom à leurs collègues ou montré leur visage à leurs clients. Pour le moment je fais partie de la dernière catégorie. Notre pays étant très hypocrite, cela t’évite de te faire ficher en tant que pute quand tu décides de raccrocher. Seuls l’administration connait nos vrais nom et visages.

- C’est qui l’administration ?

- Le Padre, Rachel et l’équipe de soutien qui comprend le médecin et les habilleuses

- Et vous ne vous connaissez pas entre vous

- Bien sûr. On connait les visages les unes des autres puisqu’on se fréquente. On a une salle commue où on rigole et discute. Parfois nous faisons la fête ensemble et de véritables amitiés se créent. Mais la règle reste la grande discrétion sur la vie privée. En général nous nous ignorons quand nous nous croisons en ville si nous sentons que cela mettrait en danger nos camarades. Parce qu’il y en a qui sont dans des relations très sérieuses en dehors de ces murs

- Waoh ! et nous sommes où ici ?

- Dans ma chambre. Chacune a une chambre qu’elle peut aménager à sa guise pour fournir le meilleur de ses performances. Il y a la salle de bains avec un minuscule dressing dans la mesure où nous sommes à peine habillées la plupart du temps

- J’aurai une chambre aussi ?

- Non. Les masseuses ont une salle commune. Je vais t’y emmener plus tard

- Et lorsque le client désire plus avec la masseuse et qu’elle est d’accord ?

- Il y a des chambres neutres. Où ils peuvent utiliser la cabine de massage. Il doit y en avoir trois ou quatre. Il faut être titulaire au harem avant d’avoir une chambre avec sa photo dessus

- Ookay

- Viens je t’amène dans le bureau de Rachelle. Je l’occupe pendant que je la remplace. Nous allons faire quelques formalités.

Nous avons repris l’ascenseur qui s’est ouvert sur un autre hall à la décoration toujours aussi luxueuse mais plus sobre. Il y avait une grande double porte blanche au bout du couloir.

- C’est le bureau du padre. C’est là qu’il reçoit les filles pour les entretiens

- Mais tu m’as dit que c’est toi qui ferait mon entretien d’embauche

- Son entretien n’a rien à voir avec ce que tu imagines. Il couche avec les filles

- Hein ! vous toutes ? 
- Oui. Pour connaître vos capacités. Celles qui ne le satisfont pas ne sont pas souvent embauchées. Et il teste régulièrement pour être sûr que vous maintenez ses standards. Sinon bonjour la porte

- Dis donc. Je n’aimerais pas le rencontrer. Il m’a l’air d’être vraiment un homme compliqué

- Ce n’est pas moi qui vais te contredire. Heureusement pour toi, il n’est pas fan de massage. Il ne te testera que si tu veux franchir la ligne

- Ce qui ne risque pas d’arriver
- Si tu le dis. Bien ! assieds-toi. Tu veux boire quelque chose ?

Nous étions dans le bureau de Rachelle. Il était très beau comme le reste de la villa d’ailleurs. Elle avait d’un côté un bureau en demi-cercle avec un fauteuil qui donnait l’impression d’avoir un trône en face de soi. Sur la table, il y avait plusieurs photos d’elle. C’était une femme pas très belle mais avec des formes terribles et on sentait qu’elle prenait beaucoup soin d’elle. Il y avait un petit divan, deux fauteuils et une table basse avec un frigo. Des dossiers étaient rangés dans une armoire vitrée en face du bureau. L’autre côté du bureau, séparé par une baie vitrée était composé d’un grand lit. De ma position je pouvais apercevoir une porte que j’ai supposé être la salle de bains.

- Elle fait partie du harem aussi ?

- Pas exactement. Le Padre et elle sont amants depuis que je les connais. Et je sais qu’il arrive que des clients la demandent

- Vous êtes vraiment bizarres

- Revenons-en à toi. Il faut que tu comprennes qu’en te faisant entrer ici, je me porte garante pour toi. Bella, je te repose la question une dernière fois. Tu es sûre de vouloir travailler ici ?

- Oui je suis sûre. Arrête de stresser

- Toi et tes manières de vierge effarouchée là, on ne sait jamais. Tu n’as encore rien vu mais depuis tu ne fais que t’exclamer et écarquiller les yeux. Il ne faut pas faire ta villageoise partout et me foutre la honte. Sois le plus discrète possible. Observe et prends tes marques. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux après

- D’accord
- En premier il te faut un nom. Tu y as pensé ?
- Lily ?
- Il y en a déjà une
- Rose ?

- Tu trouves tes noms là où ? ce n’est pas la maternelle ici hein. Trouve toi un nom qui donnera envie au client de te choisir quand il lira la carte

- Je n’arrive pas à réfléchir pour le moment. Disons Pepita ou Lolita. J’aime bien. Ça fait petite fille pétillante. Va pour Lolita. Non, non. J’ai une meilleure idée. Sweety. Comme les bonbons que j’achète souvent. Et arrête de lever les yeux au ciel Lina

- Mieux je me tais. Et ici je ne suis pas Lina. C’est Mystica ou Mysti. Ne te trompes pas s’il te plaît. Alors pour le salaire, il est de cent mille francs. Tu as droit à la consultation gratuite si tu es souffrante. Etant donné que tu n’es là que pour quelques mois, tu n’auras pas l’assurance maladie et les réductions avec nos boutiques partenaires. Mais tu pourras bénéficier des promos flash de nos partenaires et bien entendu des pourboires que te donneront les clients s’ils apprécient ton travail. On a des pingres mais également des extra généreux qui peuvent te faire gagner la moitié de ton salaire en une nuit. Ne sois pas surprise. Nous ne sommes pas dans la rue ici. C’est un établissement de luxe. Comme je te l’ai dit, ceux qui franchissent cette porte savent à quoi s’en tenir. Voilà ton contrat. Lis-le et signe en bas.

Une fois que nous avons fini, nous sommes redescendues en direction de la salle commune des masseuses. Elle m’a présenté Vanilla et Nina et bien entendu c’étaient de faux prénoms.

- Nina est la plus expérimentée. Dès demain, elle se chargera de t’apprendre ce que tu dois savoir sur le massage érotique. Ce soir, quand j’aurai fini avec toi tu pourras observer son travail depuis la loge des voyeurs

- Qu’est-ce que c’est ?

- Une petite pièce à l‘intérieur de la salle pour observer sans être vu. Ça fait partie des lubies de certains clients. Nous avons d’autres pièces qui en sont équipées dans la villa. Ici c’est ton armoire. Voici la clé. Tu peux voir que j’y ai déjà mis quelques tenues et masques

- Votre fournisseur de tenues est rapide hein

- C’est moi le fournisseur. Il y a un partenariat avec Entr’filles. La plupart des filles se fournissent chez moi en tenues sexy et avec de bons prix naturellement.

Lorsque j’ai jeté un coup d’œil aux tenues, j’ai failli m’évanouir. Je n’ose même pas me mettre en maillot de bain sans une blouse par-dessus et je vais devoir me pavaner dans de tels bouts de tissus ? Dans quoi je m’embarque ? C’est la tape que j’ai reçu sur la fesse alors qu’on venait de franchir l’entrée de la salle commune du harem qui m’a ramenée sur terre.

- Avec un cul pareil on aura de la concurrence au harem hein

C’est en riant que celle qui m’avait fessée a tourné autour de moi en appelant les autres pour m’observer. Elles étaient une demi-douzaine, toutes plus belles les unes que les autres et en sous-vêtements ou petit shorty.

- Mysti, tu as encore trouvé celle-là où ?

- Tu doutes de la petite de Queenie ? elle a le flair comme sa patronne pour dégoter les bons morceaux

En un clin d’œil, je me suis retrouvée entourée, à me faire palper fesses et seins sans que Lina ne dise rien. Et moi non plus parce que je ne savais pas vraiment comment réagir.

- Bas les pattes mesdames. C’est notre nouvelle masseuse. Juste pour l’été. Je vous présente Sweety

- Moi c’est Lily

C’est la fille qui m’avait fessée

- Avec un corps pareil, tu es sûre que tu ne veux que masser ? en tout cas on verra bien

Elles sont passées me saluer à tour de rôle en me faisant la bise avant de repartir à leurs discussions. Il y avait deux autres jeunes dames qui les maquillaient.

- Elles se préparent pour le club. Elles sont de tour cette nuit. Elles vont donc chauffer la salle, et faire les danses de la tentation.

- Et qu’est-ce que c’est ?
- Je te laisse imaginer.

J’ai passé les heures suivantes à suivre Lina partout tout en me faisant expliquer le fonctionnement de la maison. Lorsqu’une des filles lui a soufflé que le Padre venait d’arriver, elle m’a emmené à la loge des voyeurs et je n’en suis ressortie que pour rentrer chez moi. Je ne m’y attendais pas mais en sortant du Boulot ce soir-là, je n’avais qu’une hâte, y retourner. C’était un monde incroyablement fascinant plein de surprises et de choses que je n’aurais jamais pu imaginer. Les prochains mois promettent vraiment d’être intéressants.

Histoires de famille