XIX

Ecrit par Les petits papiers de M

Philo

J’avais de la peine à réaliser ce qui se passait sous mes yeux. J’avais le sentiment d’être sortie de mon corps et d’observer cette scène d’ailleurs. Je me serais volontiers pincée pour m’assurer que ce n’était pas un rêve. Mais je n’arrivais même pas à bouger. Je les regardais, Bella qui agrippait les draps du lit tentant de s’échapper et Romain plus fougueux que tout ce que j’avais pu connaître en une décennie de mariage, la maintenant fermement contre lui alors qu’il l’assaillait par derrière.

Et avec le choc de cette découverte, est venue en l’espace de quelques secondes la tristesse et puis la colère. Surtout lorsque j’ai vu Bella s’échapper enfin de ses mains en courant se mettre à genoux devant moi.

-         Yaya, pardon ! je t’en supplie, pardonne-moi. Je ne pouvais pas te dire quand ya Romain m’a obligée. Il a dit qu’il allait me chasser de la maison si…

-         Romain (hurlant presque) : Bella !

N’eût été ma promptitude à me mettre entre eux, il l’aurait giflée si fort qu’elle se serait écroulée

-         (l’ignorant complètement) : calme-toi ma chérie. J’ai tout entendu. Calme-toi

Il est resté un moment debout comme un idiot à nous regarder alors que j’essayais de calmer Bella prise de gros spasmes tant elle pleurait. A cette allure-là elle risquait vraiment de se rendre malade. Il a fini par se rhabiller avant de se diriger vers la porte. Je me sentais si profondément coupable et honteuse devant cette situation que je me suis moi aussi mise à pleurer.

Pourquoi, mon Dieu ? Pourquoi moi ? Comment aurais-je pu imaginer un seul instant que mon mari, cet homme parfait à quelques détails près pourrait être un violeur ? Comment un homme, un père, qui de surcroît a une fille peut-il forcer une autre femme ? Même si ce n’est qu’une domestique, il l’a vue grandir, il l’a quasiment élevée. Qu’est ce qui a changé ? Il y avait tant de questions qui se pressaient dans ma tête que je ne savais quoi faire si ce n’est pleurer. Nous sommes donc restées assises au milieu de sa chambre jusqu’à ce qu’elle se calme et que je la conduise sur son lit où elle s’est endormie sans qu’on ne puisse discuter. Je ne savais pas quoi dire non plus.

 

Bella

A peine, je prenais mon élan pour fuir que Romain me rattrapait déjà en me pressant très fort contre lui. Il a plongé son nez dans mon cou en humant mon odeur. Il a l’habitude de me dire que j’ai l’odeur la plus excitante qu’il ait jamais connu. Je ne lui ai pas laissé le temps d’en profiter que déjà je me dégageais en le suppliant de me lâcher.

-         Ro, ne fais pas ça. Arrête ! quelqu’un pourrait arriver

-         Applique-toi Bella. Tu sais que tu m’excites encore plus quand tu entres totalement dans la peau de ton personnage

-         On n’a pas beaucoup de temps. Prends juste ton pied et casses-toi de ma chambre avant le retour de ta femme

-         Arrêtes déjà de parler et amènes tes lèvres sur mon dard

Je m’étais alors penchée pour m’appliquer comme il me l’avait appris alors qu’il me menaçait de me punir ou de me chasser de la maison si je ne le faisais pas jouir à chaque demande. J’ai ensuite eu droit à une fessée qui m’a laissée toute trempée et surexcitée. Il m’a alors couchée sur mon lit face au miroir près de l’entrée de ma chambre. Je me suis mise à me plaindre pour ne pas trop me laisser envahir par le plaisir. Mais c'est l’une des choses les plus dures quand c’est Romain qui te prend en levrette en te fessant d’une façon dont lui seul détient le secret. Je n’en pouvais plus de lutter contre les vagues qui montaient de mon bas-ventre. Je me suis agrippée aux draps mais mes jambes tremblaient tellement que je glissais sans cesse vers le sol

-         (me fessant vraiment fort) Pourquoi tu ne dis plus rien hum ?

-         non yaya ! yaya, laisse-moi, laisse-moi

-          je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler yaya. Ce n’est pas bon ? hum ? dis que c’est bon, dis-le !

Je n’ai pas eu le temps de placer un mot que la porte s’ouvrait à la volée pour laisser place à Philo. J’ai cru que ma vie allait prendre fin sur le champ quand j’ai vu l’expression de son visage alors que la bite de Romain perdait son érection sur le champ. Sauver ma peau. C’est la seule chose que me hurlait mon cerveau. Sauve ta peau Bella ! Sauve ta peau !

Alors je me suis jetée à ses pieds en pleurant. Heureusement qu’elle avait été rapide, autrement Romain aurait fini avec ma vie en m’entendant dire qu’il m’avait forcée. De toute façon ce n’est pas loin de la vérité si on omet l’aspect colle cœur. Sa mère et lui m’obligent à coucher avec lui. Il est hors de question que je porte seule le chapeau de cette histoire et qu’on me fasse passer pour la domestique cupide qui veut s’accaparer le maître de maison.

Une fois que j’ai été sûre qu’elle avait quitté la chambre, je me suis redressée. C’est encore trop vif pour que je lui serve une histoire crédible. J’ai besoin de temps avant de lui parler. J’espère juste que d’ici là Romain ne foute pas ma vie en l’air parce qu’il a peur de perdre sa femme. Je suis la victime et je dois le rester.

 

Romain

Je n’aurais jamais imaginé que Philo tomberait sur nous. Je n’avais même jamais imaginé qu’elle découvre un jour cette histoire. Putain, je suis dans la merde. Et jusqu’au cou. Et là tout de suite je n’avais aucune idée de comment m’en sortir. Sans trop savoir pourquoi, je me suis dirigé vers la chambre de maman mais elle était vide. Je suis reparti en direction de notre chambre m’asseoir sur mon lit à la meilleure façon de sortir de cette histoire sans y perdre trop de plumes.

Merde alors ! Bella, c’est vraiment une salope. Me faire porter le chapeau de cette histoire alors qu’elle est totalement consentante. C’est bien elle qui m’envoie des messages coquins à longueur de journée, me concocte exprès des boissons aphrodisiaques. Elle m’a même inventé une douleur lombaire pour pouvoir me masser à la maison et en profiter pour me rendre fou de désir. Et c’est elle qui dit aujourd’hui que je l’ai forcée ? J’aurais vraiment du la mettre à la porte à l’instant où j’ai su que Sweety et elle ne faisaient qu’un. J’ai décidé de régler cette histoire en appelant Leroy.

-         Le Padre ! le seul et l’unique. Comment tu vas mon cher ?

-         Je ne vais pas bien Leroy

-         Ah bon ? que se passe-t-il ? en quoi puis-je t’être utile ?

-         Je ne peux pas tout t’expliquer tout de suite mais j’ai impérativement besoin que tu me rendes un service

-         C’est comme si c’était fait. De quoi s’agit-il ?

-         J’ai besoin que tu héberges Sweety quelques jours. L’idéal serait que tu lui trouves un appartement

-         Ok. elle est où en ce moment ?

-         Chez moi

-         Chez toi ?

-         Je t’explique plus tard. Viens chez moi vers 23heures. je t’envoie son numéro. Tu vas te garer un peu loin de la maison

-         O-kay

-         Merci beaucoup mon frère. Je t’explique tout dès que possible

-         Ok

J’ai rapidement fait un message à Bella avant de la biper à trois reprises. C’est notre code quand je veux qu’elle réponde à ses messages alors que Philo est dans les parages. Je remarque qu’elle a lu mais je n’ai aucune réaction de sa part. J’espère qu’elle dégagera de la maison sans faire d’histoires. J’ai ensuite attendu de longues heures l’arrivée de Philo dans notre chambre mais elle n’est pas venue. C’est Daisy qui est venue m’annoncer que le dîner était prêt. Je redoutais ce qui allait se passer en descendant dans la salle à manger. Mais l’atmosphère semblait normale, tout le monde à sa place.

-         Où est ta mère Daisy ?

-         Elle a dit que Bella est malade, donc elle est allée la voir

-         Ma Caro : on va l’attendre pour manger alors

-         Philo (entrant) : ce ne sera pas nécessaire. Je suis déjà là

Elle s’est assise sans aucun regard pour moi et a bénit le repas comme à son habitude. J’avais la gorge nouée, la nourriture passait difficilement. A quoi joue-t-elle ?

-         Philo : Ro, tu ne manges pas ? c’est toi-même qui m’as dit de faire du crincrin pour le dîner non ?

-         (sourire jaune) je n’ai pas très faim

-         Ma Caro : depuis quand c’est possible que tu n’aies pas faim devant un tel plat ?

-         Béni : c’est parce que c’est maman qui a préparé. Le crincrin de Bella est toujours plus doux

Philo m’a lancé un regard glacial alors que les autres rigolaient à la remarque de Béni. Il ne pouvait imaginer à quel point sa remarque était déplacée à ce moment.

-         Sinon, tu étais où cet après-midi maman ? je t’ai cherché en vain

-         J’avais de terribles maux de ventre ! je t’ai d’ailleurs appelé plusieurs fois et tu n’as pas pris la peine de me répondre. J’ai dû appeler Philo

-         Mais je ne  t’ai pas trouvée non plus quand je suis arrivée

-         Tu n’as pas bien cherché. J’étais dans la salle de bains

-         Et comment tu te sens maintenant ? j’ai complètement oublié de t’apporter les médicaments

-         Oh c’est rien. Une fois la diarrhée passée, je me suis sentie mieux. J’ai aussi pris une tisane. Alors comment va Bella ?

-         Elle va mieux. Elle s’est endormie. Tu ne demandes pas de quoi elle souffre Ro ?

-         Hum… ce n’est pas que je ne compatis pas, mais… je crois que je vais sortir de table. Excusez-moi

J’ai rejoint ma chambre le plus vite possible. Je sais ma femme de nature calme, mais je ne m’attendais pas pour autant à cette réaction de sa part. J’ai cru qu’elle en avait parlé à sa sœur ou sa mère. Mais je n’ai vu personne m’appeler jusqu’à ce qu’elle me rejoigne enfin dans notre chambre un peu avant 23h. Elle ne m’a pas adressé une seule fois la parole, elle s’est contentée de prendre sa douche et de venir s’asseoir à mes côtés pour la prière du soir, comme si c’était un jour ordinaire. J’ai craqué.

-         Tu veux bien te calmer pour que nous finissions la prière ?

-         Comment peux-tu prier quand tu sais que ce n’est pas sincère tes mots

-         Hum… c’est toi le baromètre de la sincérité Ro ? je vois bien ce que tu veux faire, mais ne comptes pas sur moi pour entrer dans ton jeu

-         Tu…

-         Stop. Tu dis un mot de plus et tu passeras la nuit hors de cette chambre.

Elle a achevé sa prière sans moi, a éteint les lampes et s’est couchée. J’ignore à quel moment je me suis endormi. Mais j’ai été réveillé par les cris de Philo. Quelques secondes après elle ouvrait et refermait notre porte avec fracas.

-         Je n’ai qu’une chose à te dire Romain. Tu fais comme tu veux, mais elle doit être revenue ici avant midi et en parfaite santé

-         (à peine éveillé) De qui tu parles ?

C’est la porte claquée que j’ai eu comme réponse. Je suppose que Bella est bien partie de la maison alors.

 

Philo

En me levant ce matin, ma première pensée a été pour Bella. Lorsque je suis partie la voir avant le dîner, elle n’a fait que me demander pardon. Encore et encore. Mais elle n’a répondu à aucune de mes questions. Comment en sont-ils arrivés là ? Depuis quand durait cette histoire ? Comment est-ce possible que personne n’ait rien vu ? Que moi-même je n’ai pas ressenti que mon mari me trompait ?

Toutes ces questions me laissaient frustrée et dépitée. Et tant que je me sentirai ainsi, je ne pourrai pas discuter de cette situation avec Romain. Je me suis garée devant les marches de l’Eglise Bon pasteur et je suis allée rejoindre Isabelle. Bien que je n’habite plus la zone depuis longtemps je continue de fréquenter cette église. J’y trouve une paix et un calme indescriptible. J’ai retrouvé ma sœur sur l’un des bancs devant la statue de la Vierge. Et à l’instant où elle m’a enlacé les larmes ont jaillit. J’ai pleuré longtemps, faisant ressortir tout ce que je gardais au fond de moi depuis hier, la douleur, l’incompréhension et le dégoût.

Heureusement que l’Eglise était quasiment vide. Isabelle m’a passé un mouchoir et une bouteille d’eau en me laissant le temps de me calmer.

-         Tu veux parler de ce qui ne va pas ?

-         Romain couche avec Bella

-         Patate ! waoh ! ah ça ! euh… tu es sûre ?

-         Enfin, dis comme ça… il la force à coucher avec lui serait plus juste

-         Et pourquoi il ferait une chose pareille ? vous l’avez quasiment élevée

-         (me remettant à pleurer) je ne sais pas, je ne sais pas Iso. Je ne sais pas.

-         Calme-toi. Ce n’est pas pour prendre parti, mais tu es sûr que Romain la force vraiment ? parce que ton mari ce n’est pas tellement le genre infidèle. Et même s’il dérapait, j’ai du mal à comprendre que ce soit avec Bella

-         Mais puisque je te dis que je les ai vus !

Je lui ai raconté la scène surréaliste que j’avais vécu la veille.

-         Ok. que comptes-tu faire ? tu devrais discuter avec ton mari pour commencer

-         Je n’y arrive pas. Quand je le regarde je suis moi-même terrifiée par les pensées qui me traversent. J’étais à deux doigts de tenter de l’étrangler dans son sommeil. J’ai une telle rage en moi Iso. J’ai envie de le broyer, de le détruire, de le faire disparaître de la terre. Je me sens tellement humiliée. Si seulement ça n’avait été qu’une liaison entre eux… mais non. Il a fallu qu’il la viole ? quel homme fait ce genre de choses en paraissant comme un saint à la face du monde ? quand je pense qu’en plus il me demandait si elle était célibataire, quand est-ce qu’elle allait enfin partir de chez nous. C’était ça son plan ?

-         Calme-toi Philo

-         J’ai la rage. J’ai tellement la rage.

-         Et qu’est ce qu’elle dit de tout ça Bella ?

-         Tu ignores Romain ? il passe son temps à terrifier tout le monde dans la maison. même quand nous nous sommes retrouvées seules, elle n’osait pas prononcer un mot. Tu imagines ce qu’il a pu lui faire pour qu’elle soit à ce point terrifiée ?

-         Je suis dépassée par ce que tu me dis. Mais je pense quand même que tu devrais te donner le temps de te calmer et d’écouter Romain. Même s’il semble clairement fautif, commencez déjà par discuter de la situation. C’est une situation terriblement regrettable mais elle s’est déjà produite. La question, c’est que faites-vous maintenant ?

-         Il faut déjà que je retrouve Bella. Elle a disparu de la maison avec toutes ses affaires

-         Hum…ça sent la culpabilité à plein nez

-         C’est à cause des gens comme toi qui pensent que c’est toujours la faute des domestiques que les hommes comme Romain se permettent d’abuser d’elle.

   

Romain

Une fois Philo partie, j’ai pris mon temps pour me préparer et j’ai ensuite averti Vaïk que je serai en retard. Je pensais réfléchir posément devant mon café dans la cuisine, mais il a fallu que je retrouve madame DOSSOU mère, très prête pour moi.

-         Qu’est ce qui s’est passé hier et où se trouve Bella ?

-         Tu veux me faire croire que tu ne sais pas ?

-         Comment le saurais-je ?

-         Maman, nous savons tous les deux que tu as sciemment appelé Philo dans cette maison hier

-         Tiens donc. Tu as des pensées terribles sur moi hein. Donc qu’est-ce que je voulais que Philo voit en rentrant ici ?

-         Il n’y a que toi pour me le dire. Parce que tu n’appelles Philo que pour l’emmerder. Et il y avait plein de monde ici pour t’aider si toutefois tu avais vraiment mal au ventre

-         Pense ce que tu veux. Une chose est sûre, j’étais souffrante et je vous ai appelés en vain Bella et toi avant d’avoir recours à Philo. Si malgré mes recommandations au sujet de faire vos conneries hors de la maison, vous avez continué de faire les lapins dans toutes les pièces de la maison, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. Ceci étant, qu’as-tu fait de la petite ?

-         J’ai demandé à un ami de l’héberger pour la nuit

-         J’espère que tu ne vas pas en profiter pour te débarrasser d’elle

-         Tu es sérieuse là maman ? ma femme me surprend dans le lit de la domestique et plutôt que de m’aider à me sortir de cette situation tu veux plutôt m’y enfoncer ?

-         Donc en conclusion c’est Bella qui doit payer les pots cassés ? je ne te demande pas de continuer à coucher avec elle si c’est ce que ton esprit pervers a pensé. Je dis juste que tu dois lui assurer de quoi vivre parce que si elle se retrouve à la rue aujourd’hui c’est entièrement ta faute. C’est toi l’adulte qui l’a embarqué dans cette histoire. c’est clair que maintenant elle ne peut plus vivre dans cette maison. et tu sais qu’elle n’a aucune famille. Donc tu dois en prendre soin

-         Et que fais-tu de Philo ?

-         Ta femme n’est pas le genre qui divorce. Elle est sous le choc, mais elle s’en remettra. A toi de faire profil bas pour te faire pardonner. Je vais lui parler si tu veux

-         Si c’est pour mettre de l’huile sur le feu, non merci.

Elle m’a passé l’envie du café finalement. J’ai contacté un de mes agents immobiliers pour me dégoter un appartement correct, différent de ceux nous appartenant à Philo et moi. Il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Une fois les clés et le contrat de l’appartement obtenu, je suis allé rejoindre Leroy chez lui.

-         (me faisant entrer dans son salon) comment tu vas mon frère ? tu veux boire quelque chose ?

-         De l’eau s’il te plait. J’ai besoin d’avoir les idées claires

-         Dis-moi tout. Comment Sweety a fini dans ta maison ? j’avoue avoir été vraiment surpris en la voyant hier

Je lui ai rapidement narré les faits. Rachelle et lui sont les seuls qui connaissent les deux aspects de ma vie et qui ne me jugent pas. Mes frères, eux ne comprendraient pas.

-         Elle n’a pas voulu répondre à mes questions hier. C’est vrai qu’elle semble bonne mais je dois te dire que tu as merdé mon frère. c’est pourquoi je tiens à mon célibat. Au moins personne ne me tape de crises peu importe où je trempe ma bite

-         Être marié a quand même ses avantages

-         Tu vas faire quoi d’elle à présent. M’en occuper jusqu’à ce qu’elle trouve du travail. Faut que j’y aille. J’ai une épouse à calmer et une je ne sais comment l’appeler à installer. Demande-lui de me rejoindre à ma voiture

C’est dans un silence de plomb qu’aidée du domestique de Leroy elle a transporté ses affaires à ma voiture. Je nous ai conduits à Agla. Nous nous sommes garés devant le portail de sa nouvelle maison. C’était une parcelle de quatre appartements dont chacun avait son portail. Elle occupait le deuxième appartement. J’ai rentré ma voiture et l’ai aidé à décharger ses affaires avant de prendre place sur l’un des fauteuils que j’avais fait livrer plus tôt. Et à ma grande surprise elle est venue se blottir contre moi.

-         Je te demande pardon Ro. J’ai paniqué quand j’ai vu Philo entrer dans ma chambre. Après tout elle a été très bonne envers moi. Elle l’est toujours. Et j’ai pris toute la mesure de la douleur que nous lui causons par cette relation. J’aurais aimé te dire de rentrer chez toi et t’oublier, te dire de m’oublier mais je ne peux pas. (se redressant en me regardant dans les yeux) ça a commencé par une méprise, ensuite j’ai vécu ça comme une contrainte, puis j’y ai pris goût. Romain, je ne peux plus te laisser. Je me sens tellement attachée à toi… (se mettant à pleurer) Comment allons-nous faire ? qu’est-ce que tu vas faire de moi maintenant que je ne suis plus à Akpakpa avec vous ? tu m’as mise ici pour m’abandonner ?

Je me sentais malgré moi profondément atteint par ses paroles. Je me suis dégagé de son étreinte en m’asseyant face à elle.

-         Je n’ai pas l’intention de t’abandonner. Et je suis sincère en le disant. Mais comprend que ma situation en ce moment est compliquée vis-à-vis de ma femme. je dois à tout prix sauver mon mariage. Tu me comprends n’est-ce pas ?

-         Et moi ?

-         Je ne pense pas que cette relation continuera. Je suis conscient de la position dans laquelle je t’ai mise. Et même devant Philo je compte en prendre toute la responsabilité. Mais il faut que ça s’arrête. Tu seras entièrement logée et prise en charge jusqu’à ce que tu trouves un boulot permanent qui te permette de subvenir à tes besoins

-         Hum… le refrain habituel des hommes mariés quoi. Tu veux te débarrasser de moi en douce et repartir dans le doux cocon de ton foyer

-         Ne laissons pas la colère nous faire dire des choses que nous pourrons regretter. Il faut maintenant que tu appelles Philo pour la rassurer que tu vas bien avant que je ne rentre à la maison

Elle a commencé par refuser. Mais je ne lui ai pas laissé de choix. C’est devant moi qu’elle a appelé Philo pour lui dire qu’elle était partie parce que trop honteuse après l’incident, qu’elle allait très bien et qu’elle ne comptait pas revenir à la maison. Je n’ai plus tardé avant de rentrer chez moi, accueilli par le regard accusateur et assassin de ma femme.

-         Avant que tu ne dises quoi que ce soit, j’ai fait ce que j’ai pu pour la retrouver. Mais elle ne prend aucun de mes appels.

-         Et tu t’attendais à ce qu’elle court dans tes bras peut-être ? cette pauvre fille est quelque part dans cette ville, livrée à elle-même. Tu imagines si ma Jeannette était encore vivante ? comment allions nous justifier son absence de cette maison ? bientôt c’est ta mère que j’aurai sur le dos quand elle saura cette histoire. mais évidemment ta bite n’a pas de cerveau pour réfléchir à tout ça !

-         Je ne veux pas en rajouter mais Bella n’est pas un enfant. Elle saura très bien s’en sortir loin de nous. Je suis navré que ce soit arrivé de cette façon mais un jour où l’autre, elle aurait quitté la maison. l’important en ce moment c’est que nous puissions nous concentrer sur nous et dépasser ce malheureux incident

-         Waoh ! bravo pour le discours. Maintenant je suis censée courir dans tes bras et dire que tout est oublié ? n’y compte pas. Tu me dégoutes. Tellement que je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que je ressens

Les jours suivants ont été les plus pénibles de mon existence. J’ai découvert une face de ma femme que je n’aurais jamais imaginée. En public ou devant les enfants, elle se comportait de façon tellement naturelle que j’avais l’impression d’avoir rêvé ce que nous vivions depuis qu’elle nous avait découvert Bella et moi. Mais dès que nous nous retrouvions seuls, j’avais droit à une froideur digne de l’hiver le plus rude.

Je sais bien que j’ai merdé mais au bout d’un moment il faut arrêter et passer à autre chose. Mais cela semblait trop dur à faire pour elle. Alors, plutôt que d’affronter chaque soir indifférence, reproches silencieux et regards assassins, j’ai préféré repartir là où je suis accueilli comme un roi, un homme aimé. Avec chaleur, amour et désir, chez Bella.

 
Histoires de famille